jeudi 30 juin 2022

Homélies d'été

Chers amis, en raison des vacances d'été, les homélies seront présentées de nouveau aux dimanches d'Août. 

Merci de votre compréhension et bon été à tous.

HOMÉLIE 14ème Dimanche Ordinaire C. " Feuille de route pour la mission." - Lc 10,1-12.17-20 3 Juillet 2022

 

HOMÉLIE  14ème Dimanche Ordinaire C. Lc 10,1-12.17-20

3 Juillet 2022

 

 Feuille de route pour la mission.

 

    Au seuil de la période tant attendue des vacances, qui, je l’espère vont nous permettre de nous « recréer » physiquement, psychiquement et spirituellement, et dans la suite des ordinations sacerdotales que nous avons vécues dimanche dernier, voici que l’Évangile de ce dimanche nous présente Jésus envoyant ses disciples en mission et leur donne comme une « feuille de route ».

    Tout d’abord, Il en choisit 72 : 6 x 12. C’est le chiffre symbolique qui désigne dans la Bible (Gn 10,32) le nombre « des nations païennes qui se répartirent sur la terre après le Déluge ». Jésus envoie donc les disciples auprès de tous les hommes à qui le Royaume de Dieu est destiné et ouvert. La mission est donc universelle : sommes-nous aujourd’hui ouverts, les invitants à participer à la vie du Royaume ?

    Il les envoie 2 par 2, car selon la loi juive, une parole, un fait, un évènement ne valent que s’ils sont attestés par deux témoins. La mission n’est pas une affaire individuelle mais doit relier à une communauté d’Église, Corps du Christ.

    Il les envoie, mot à mot, « devant sa face », expression qui traduit le caractère sacré de la mission, car il s’agit de préparer la venue du maître.

    Quelles sont les recommandations qu’Il leur donne ?

La première est de « prier le Maître de la moisson ». Rien n’advient du Royaume de Dieu sans l’action de Dieu Lui-même. Nous coopérons à la construction du Royaume mais nous n’en sommes pas les maîtres d’œuvre. Si la moisson est abondante nous ne sommes les propriétaires ni du domaine, ni de la récolte. C’est pourquoi, au début de la mission, Jésus demande à ses disciples d’annoncer l’Évangile les mains vides. Viendra le temps où Il devra les quitter pour entrer dans sa Passion et Il leur demandera de prendre des moyens pour leur mission : bourse, sac et même épée ! (Non pas qu’Il exhorte les disciples à prendre les armes, Lui qui leur a fait apporter la Paix, mais seulement pour annoncer que la mission comportera des épreuves et des luttes). D’ailleurs, Il les prévient que bien accueillis ou pas, ils resteront les porte-voix du Seigneur : le résultat de la mission ne leur appartient pas.

    Rien ne doit faire obstacle à leur annonce : ni les nombreuses règles et prescriptions alimentaires du judaïsme (la Cashrout) qui peuvent empêcher de partager un repas et l’Évangile avec les païens, ni le risque de passer de maison en maison et de susciter ainsi l’esprit de chapelle (nous dirions aujourd’hui de « clocher »).

    S’ils guérissent les malades et soumettent les esprits mauvais, c’est bien au Nom du Seigneur qu’ils le font.

    Par-delà les épreuves rencontrées, que ce soit hier ou aujourd’hui, Jésus, par sa Croix transfigure les difficultés ou même les échecs apparents de nos missions. C’est ainsi que Paul pouvait en faire son orgueil : « La croix de Jésus-Christ reste mon seul orgueil » (Ga 6,14).

    Jésus nous envoie sur les routes d’aujourd’hui pour préparer le terrain où Lui-même doit passer. Il nous précède la plupart du temps et nous attend pour Le révéler à ceux qui voudront bien l’accueillir.

    Enfin, avez-vous remarqué le décalage qui existe entre l’impuissance dont Jésus  les prévient au départ de leur mission (« Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups… ») et la joie des disciples lorsqu’ils reviennent devant les bienfaits advenus au fil de leur rencontres !

     Alors, chacun à notre manière, répondons à son appel ; prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson, remercions-Le de nous appeler à cette mission et « réjouissons-nous de ce que nos noms sont inscrits dans les cieux », c'est-à-dire qu’Il soit avec nous jusqu’au bout et même au-delà !    

AMEN !

 

jeudi 23 juin 2022

HOMÉLIE 13ème Dimanche Ordinaire C. "Laisse les morts enterrer leurs morts" Lc 9,51-62 - 26 Juin 2022

 

HOMÉLIE  13ème Dimanche Ordinaire C. Lc 9,51-62

26 Juin 2022

 

    L’évangile de  ce 13° dimanche peut paraître un peu déconcertant pour célébrer les ordinations de prêtres et de diacre. Voyons de plus près.

    Jésus  monte résolument à Jérusalem avec ses disciples : il est même écrit qu’Il "durcit sa face". C’est dire sa détermination. Ses jours sont comptés. Les samaritains, en rivalité avec les juifs de Jérusalem, leur refusent l’hospitalité. Les disciples, Jacques et Jean, en appellent à une terrible sanction inspirée par un épisode de la vie du prophète Élie (2 R 1,9) qui justifie le surnom que Jésus leur avait donné : "fils du tonnerre" [boanhrgeV] (Mc 3,17). Jésus les réprimande vivement.

    Alors se déroule une rencontre sympathique avec un homme déterminé à suivre Jésus : réponse de Jésus, qui a de quoi le refroidir sur les conditions de vie concrète : « Il n’a pas où reposer la tête »

    Suit un appel que Jésus adresse à un autre homme : mais devant sa demande légitime et filiale d’aller enterrer son père, la réponse de Jésus est cinglante; “Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu”.

    Enfin, le dernier homme qui veut le suivre, bien disposé, mais attaché aux siens, se voit appelé à une autre  disposition nécessaire : « Ne pas regarder en arrière ! »

    De quoi décourager des vocations !

    Pourquoi ce comportement si exigeant de Jésus ?

Il annonce le Royaume de Dieu qui est proche et ce Royaume fait entrer dans une vie nouvelle. Certes elle ne va pas sans lutte et c’est pourquoi, c’est un combat à mort qu’Il va livrer à Jérusalem d’où surgira la vie nouvelle de la Résurrection. C’est une tellement bonne nouvelle que plus rien d’autre ne l’emporte désormais, pas même le bien précieux qu’est l’amour d’un fils pour son père. « Laisse les morts enterrer leurs morts » devient alors une façon d’exprimer cette conviction : il n’est plus temps de s’occuper des morts puisque Dieu vient offrir une Vie Nouvelle. Il y a urgence absolue à mettre ses forces pour qu’advienne le Règne de Dieu. Les propos de Jésus n’ont pas pour but d’empêcher le disciple d’aller enterrer son père, mais de lui annoncer, par une image forte, que le Règne de Dieu vient balayer la mort. Être son disciple, c’est croire en cette Vie Nouvelle et ne pas se laisser enfermer par la mort.

    Mais Jésus également donne un double sens au mot « les morts ». Le mot désigne d’abord ceux qui sont morts physiquement. Mais il désigne aussi ceux qui sont morts spirituellement, ceux qui n’ont pas voulu se laisser conduire par l’Esprit Saint, écrit St Paul dans la 2ème lecture. Suivre Jésus qui est la Vie, c’est appartenir à la vie véritable et renoncer à s’attacher aux choses périssables. « Pour toi, semble dire Jésus à cet homme qu’il a appelé, va-t’en annoncer le Règne de Dieu » Va-t’en dispenser la Vie.

    Les deux autres conditions pour suivre Jésus (ne pas avoir d’endroit où reposer sa tête…Faire ses adieux aux gens de sa maison…)  vont dans le sens de cette annonce du Règne de Dieu et des ruptures nécessaires avec le passé, les ancêtres, les coutumes, le confort bien naturel d’une vie même simple.

    Cependant, la vie chrétienne n’est pas à côté de la vie. Jésus nous laisse redéfinir notre relation à nos parents, à notre passé, à tout ce qui fait notre vie. Seulement ce nouveau réseau de relations ne sera plus déterminé par des comportements inconscients et stéréotypés, des hérédités contraignantes ou des nécessités sociales, mais deviendra l’expression de notre liberté, de notre affection pour Jésus et de notre responsabilité, animées par la présence de Dieu Lui-même. Être disciple de Jésus, c’est finalement aimer autrement mieux, en particulier sa famille.

    Très sincèrement, avec le recul, je peux témoigner que l’appel du Seigneur auquel j’ai répondu il y a plus de 60 ans m’a permis d’apprendre à aimer de mon mieux les personnes qui m’ont été confiées sans perdre l’affection de ma famille qui m’a compris et soutenu tout du long.  En ces jours où plusieurs jeunes seront ordonnés prêtres au service de leurs frères, remercions le Seigneur de les avoir appelés et prions pour eux qui ont répondu à cet appel : que d’autres jeunes ne craignent pas de se mettre en route : eux et leurs familles ne seront pas déçus: ils en seront même profondément heureux !     

 AMEN !

mercredi 15 juin 2022

FÊTE du Saint-Sacrement du CORPS et du SANG du CHRIST - Lc 9, 11b-17 – 19 Juin 2022

 

FÊTE du Saint-Sacrement du CORPS et du SANG du CHRIST - Lc 9, 11b-17 – 19 Juin 2022

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger  ».

Comment comprenez-vous cette parole de Jésus ?

 

Le sens le plus évident, et que les Apôtre ont compris ainsi, c’est : « Vous, donnez-leur à manger » Comme si Jésus leur confiait une mission quasi impossible pour nourrir les 5 000 hommes rassemblés ! Et cependant, ils exécutent sa demande et préparent une distribution de nourriture dont ils n’ont pas la moindre idée de savoir comment elle se réalisera : ce sont vraiment des hommes de foi !

 

Que s’est-il passé précédemment ? Aux foules qui l’avaient suivi, Jésus avait parlé du règne de Dieu et avait guéri ceux qui en avaient besoin. Il comble leurs manques et se donne tout entier à ces gens en souffrance ou en attente de connaitre ce qu’est le règne de Dieu. Le jour commençait à baisser et ces mêmes foules risquaient d’être affamées sans abri pour la nuit. Jésus va les nourrir : comment ? A partir des pains et des poissons qu’elles lui apportent.

 

Après s’être donné, Lui, Parole de Dieu, il va nourrir avec le pain multiplié, ce pain qui annonce un autre Pain qui est son Corps donné pour nous.   

 

Alors nous pouvons comprendre le « donnez-vous vous-mêmes à manger » comme ce qu’Il a fait Lui-même : « Donnez-leur de vous manger vous-mêmes ». Bien sûr, Il ne nous demande pas de nous donner en nourriture à la façon dont Il se donne dans l’Eucharistie, mais Il nous demande d’être "mangés" par ceux qui s’adressent à nous dans le besoin, lorsqu’ils manquent de toute forme de chose. N’est-ce pas le sens des œuvres de miséricorde ?

Quand cela nous arrive, nous devenons comme Lui, surtout si nous le faisons avec le même cœur que Lui, un cœur touché par le manque d’un frère et qui cherche à le combler.

D’accord me direz-vous, mais comment faire, bien souvent tant l’entreprise parait difficile ou même insurmontable ? Faisons comme Jésus : Il part du réel qui se présente à Lui, c’est-à-dire les cinq pains et deux poissons qu’on lui présente. Puis Il met sa confiance en Son Père et L’invoque. Cette double attitude de la prise en compte du réel et de la confiance dans la fidélité du Père nous est offerte encore aujourd’hui.

En venant communier, nous « devenons ce que nous recevons » : nous demeurons en Lui comme Il demeure en nous. Il est vraiment nourriture, nous en sommes fortifiés. Soutenus ainsi, transformés parce qu’habités par Lui, nous sommes relevés de nos fatigues, de nos inerties et du poids du péché. Nous pouvons alors agir avec Lui.

Prendre ce pain, c’est entrer dans cette dynamique du don de soi comme Lui-même l’a fait et devenir nourrissant pour nos proches.

Donne-moi faim de Toi, Seigneur ! Préserve-moi de la routine et de l’habitude ; que ce pain ne devienne insipide, comme la manne dans le désert. Et lorsque je t’aurai reçu, ouvre mes yeux et mon cœur vers ceux qui sont tes frères et que tu mets sur mon chemin. Mes eucharisties deviendront passionnantes, car remplies de Toi et alors, je pourrai Te représenter. Ta Parole m’éclairera pour moi et pour eux ; Ton Pain sera ma nourriture et celle de Ton Corps et ton Sang tout entiers auquel Tu m’associes.

 « Il est vraiment grand ce mystère de la Foi ! » Nous t’en remercions et nous faisons Eucharistie avec Toi.

AMEN !

jeudi 9 juin 2022

HOMÉLIE FÊTE de la TRINITÉ – 12 Juin 2022

 

HOMÉLIE FÊTE de la TRINITÉ – 12 Juin 2022

 

Vous ne trouverez pas le mot TRINITÉ dans les Saintes Écritures.

Depuis ses débuts, l’Église a été amenée à préciser ce en quoi elle croit. Pour parler de Dieu, il ne s’agissait pas de retomber dans la présentation d’une trilogie de divinités païennes que la vie civile et religieuse romaine allaient abandonner en même temps que l’empereur Constantin, vers 313, (Édit de Milan). Il s’agissait d’abord de garder la fidélité à la Révélation, transmise dans les Saintes Écritures : Dieu est Un, grande affirmation de la foi juive que Jésus n’a pas démentie, mais au contraire proclamée : “Écoute Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un” Dt 6,4) Mais il fallait aussi  tenir compte de la venue dans l’Histoire de Jésus, Christ et Seigneur, et de l’Esprit Saint de Dieu, qui se répandait sur toute la terre et tous les peuples. Oui Dieu est UN, mais s’Il est l’Amour, comment peut-Il rester seul ? Si Dieu est Amour, Il n’est pas solitaire mais Il n’est pas non plus divisé. Au 3ème siècle, l’Église a dû forger un nouveau nom, pour rendre compte de cette réalité révélée de Dieu. Et c’est la proposition faite par les Pères de l’Église d’introduire, au cœur même de l’intimité de Dieu,  la notion de “personne”, qui est un être unique, capable de relations, distinct des autres, de même nature qu’eux: Une seule nature divine, en trois personnes distinctes, unies par un Amour infini … Ils ont alors créé un nouveau mot : Tri-Unitas, qui signifie “Unité de Trois”. Elle fait partie d’un des trois grands mystères de notre foi : Incarnation, Rédemption et Trinité. C’est à dire que nous n’aurons jamais fini de comprendre qui est Dieu.

Cela vaut le coup cependant de s’arrêter un instant sur cette proposition de foi en Dieu. L’idée que nous pourrions nous faire d’un dieu seul pourrait nous enfermer dans une définition, une conception, que nous pourrions alors nous approprier et qui pourrait devenir vite oppressante, exclusive : "Dieu de justice", "Dieu tout-puissant", "Dieu très grand" : "Allah kbar" ! Ces définitions expriment souvent nos volontés de puissance: elles en font un dieu, forcément “avec nous”, "Gott mit uns" comme sur les ceinturons des soldats de la Wehrmacht. Avec Dieu Trinité, nous avons un "Dieu Trois personnes" unies dans une relation d’amour incessante qui nous empêche de l’enfermer dans une idéologie quelconque, car Il est un courant de Vie.

De plus, si nous prenons au sérieux les premières paroles de la Bible qui présente la création de l’homme : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa, mâle et femelle Il les créa » (Gn 1,27). Il existe en l’homme et la femme, inscrit dans leur nature, cette nécessité de vivre en relation aux autres, différents mais semblables, dans l’amour, sans lequel il ne peut y avoir de vrai bonheur. La Trinité Sainte, loin d’être une simple notion théologique, est ce “Dieu tendre et miséricordieux” déjà révélé à Moïse au Sinaï.

Les textes de notre Messe d’aujourd’hui rappellent les trois caractéristiques trinitaires.

Le Père qui par sa Sagesse nous apprend à maîtriser et soumettre autant qu’il est possible, l’univers pour le bien de tous. Nous sommes coresponsables  de la Création avec Lui, “Créateur du ciel et de la terre”. Sg 8,22. Lire l’encyclique du pape François « Laudato si… » « Loué sois-Tu… »

Le Seigneur Jésus-Christ, par qui nous avons accès au monde de la grâce” qui donne la force au travers des épreuves “nous conduisant à la persévérance, la valeur éprouvée et l’espérance qui ne trompe pas” (Rm 5, 5).

L’Esprit Saint nous guide par les Paroles du Fils et du Père pour nous conduire aux situations vraies, aux échanges riches qui permettent la communion (Jn 16,12-15). Il nous rend capables de vivre des relations d’amour désintéressées, des relations qui ne soient ni dépendance, ni domination blessante. Il nous rend libres.

Oui, "Dieu Trinité" est toute entière puissance d’amour créatrice et productrice. Les trois personnes nous invitent à entrer dans leur intimité par la grâce du “Baptême d’eau” en leurs Noms. Si bien que nous pouvons les prier l’une ou l’autre, selon nos sensibilités, la nature de notre prière ou l’évolution de notre foi. Il n’y a ni rivalité, ni jalousie entre elles. Elles nous apprennent la communion entre nous. Comme chacune de ces personnes, il faut avoir un cœur humble et accueillant, capable de “plonger” (sens du mot “baptême”) dans ce courant d’amour infini. Ces dispositions de cœur et d’esprit, nous les demandons pour nous-mêmes, pour nos proches, notre communauté paroissiale et toute l’Église et pour le monde entier. Rendons grâce et prions la TRINITÉ SAINTE.                    AMEN !