jeudi 28 novembre 2013

HOMELIE 1er Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 24,37-44. - 1°Déc. 2013



HOMELIE  1er Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 24,37-44.
1°Déc. 2013

Venue du Seigneur

En ce début Décembre nous inaugurons en effet une nouvelle année liturgique. Ce rythme, annuel est destiné à revisiter l’ensemble de notre foi chrétienne et à progresser grâce aux nombreux textes de l’Ecriture, que nous entendrons, dimanche après dimanche, différents d’une année sur l’autre, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce n’est pas entrer dans un perpétuel recommencement, tel une rengaine, mais c’est progresser telle une hélice qui, en tournant, propulse un engin vers l’avant. Nous quittons Saint Luc pour aborder Saint Matthieu.
Propulsé à l’avant, nous le sommes en effet par l’évangile de ce premier dimanche qui aborde la question de l’avènement (La venue du Fils de l’Homme, terme que Jésus utilise pour se désigner Lui-même). Aux Apôtres qui Lui ont posé la question : « Quand aura lieu cet évènement ? » Jésus, au verset précédant le texte d’aujourd’hui, leur avait répondu : « Quant à la date de ce jour et à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne : le Père seul » v. 36.
Jésus va orienter les Apôtres vers une autre préoccupation et celle-ci est bien à leur portée : « Comment allez-vous accueillir cet évènement ? » semble-t-Il leur dire.
Car cet évènement sera soudain, inattendu… Comme aux jours de Noé où les gens vaquaient à leurs activités habituelles et journalières. Ainsi, Jésus leur recommande d’être prêts, de veiller. Ce qui peut davantage choquer, c’est la manière dont Jésus parle de cette venue brutale et imprévue, pouvant laisser entendre que l’intervention de Dieu serait arbitraire : « L’un est pris, l’autre laissé… ». Il ne s’agit pas d’arbitraire mais de la grande liberté que Dieu donne à chacun, car pour une même annonce, l’un aura entendu, l’autre non, et la manière dont chacun, au cœur de ses activités habituelles, veille ou non, déterminera s’il est pris ou laissé, comme il en a été de Noé, qui écoutait et faisait ce que le Seigneur disait : il fut pris et sauvé du Déluge. « Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains et il marchait avec Dieu » Gn 6,9.

Veiller, ce serait donc écouter le Seigneur et être fidèle à ce qu’Il nous dit.
ü  Garder une de ses paroles et la méditer en notre cœur pour qu’elle porte du fruit. Ses paroles sont peut-être actualisées par celles qui nous viennent de notre pape François, en particulier dans la belle exhortation « La joie de l’Evangile » qu’il vient de publier. Je vous recommande de la découvrir : elle est tonique !
ü  C’est aussi accueillir les personnes qui sont mises sur notre route ou même qui vivent à nos côtés et auxquelles nous serions plus attentifs pour les regarder, les écouter et les mieux aimer.
ü  Enfin, c’est chercher le sens d’un évènement qui nous touche, nous bouscule, nous dérange, voire nous heurte et en nous mettant sous le regard bienveillant de Dieu.

Le temps que nous consacrons au Seigneur pour nous mettre devant Lui est en cela très important et indispensable. Dans le temps qui sans cesse nous échappe, il est essentiel de prévoir ces pauses où l’on peut ressaisir le sens de ce que nous faisons, disons ou pensons et l’ajuster constamment à la volonté de Dieu.

Veillons non seulement parce que nous ne savons quand le Fils de l’homme viendra, mais parce que c’est notre force et  notre bonheur de l’accueillir et de marcher avec Lui chaque jour.

Que ce temps de l’Avent nous aide à mieux vivre ainsi !


AMEN !

NOUVELLE ANNEE LITURGIQUE A.

En ce Dimanche 1er Décembre 2013,

 nous entrons dans une nouvelle année liturgique 

Année A, et nous entendrons de 

nombreux passages de l'Evangile de St Matthieu.

mercredi 20 novembre 2013

HOMELIE Christ, roi de l’univers, C. Le Bon Larron. Luc 23, 35-43 - 24 Novembre 2013



HOMELIE  Christ, roi de l’univers, 24 Novembre 2013
Luc 23, 35-43

« Le Bon larron »

Pour célébrer le Christ, Roi de l’univers, l’Eglise a choisi de nous faire contempler le Christ crucifié, souffrant atrocement, nu, mis au rang des malfaiteurs, méprisé et insulté par tous. « Mon Royaume n’est pas de ce monde » a-t-il répondu à Pilate quelques heures avant. Quelle est donc cette royauté qu’Il revendique ?
         St Luc est le seul évangéliste à relater cette scène. Il met en présence le peuple qui regarde et se tait. Mais les chefs ricanent ; les soldats se moquent et même l’un des malfaiteurs l’injurie. Ils personnalisent à eux seuls les tentations du malin qui s’y prend comme au désert, là où Jésus pourrait être le plus vulnérable. « Si tu es le Messie, si tu es le roi des juifs… sauve-toi toi-même ! » Ils mettent Jésus au défi de prouver qu’Il est le Messie. Mais n’est-ce pas son être profond ? N’est-ce pas pour cela qu’Il est sorti d’auprès du Père ? N’a-t-Il pas confirmé cette mission tout au long de son ministère en Galilée puis à Jérusalem, manifestant que le « salut » était arrivé en guérissant nombre de malades, en libérant nombre de possédés, en remettant les péchés et même en ressuscitant les morts ? «  Il en a sauvé d’autres : qu’Il se sauve Lui-même ! » reconnaissent d’ailleurs les chefs tout en ricanant. Or, d’après les Ecritures,  « Jésus ne peut montrer qu’il est le Messie qu’en exerçant son pouvoir de sauver » (J. Dupont). Que va-t-Il faire ? Si Jésus succombait à cette tentation, usant de son pouvoir à son profit, comment pourrait-Il révéler jusqu’où va l’amour de Dieu ? Cet Amour infini qui renonce à toute forme de puissance, séductrice, menaçante ou contraignante pour se manifester par une attente, un appel,  une demande : « J’ai soif ! » J’ai soif de toi, de ce que tu sois toi aussi un invitant à aimer en toute liberté et générosité. Comme devant Pilate, Jésus se tait.
         Tout autre est l’attitude du « bon larron ». S’adressant à Jésus, il semble comprendre son amour donné jusqu’au bout ; il sait que Jésus est innocent et il lui fait confiance. Il se tourne vers Lui et, chose unique dans tous les évangiles, il l’appelle par son petit nom : « Jésus ! ». D’habitude, on appelle Jésus : Maître, Seigneur, Fils de David… Jésus Lui-même se donne le nom de « Fils de l’Homme ». Mais jamais « Jésus » n’est mentionné seul. Or que signifie le nom de Jésus ? « Dieu sauve » « Car c’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés » Mt 1,21.
         Le bon larron confesse donc la messianité de Jésus faisant appel à sa capacité de sauver, non pas dans ce monde mais « quand tu viendras inaugurer ton Règne » v.42.
         Alors, malgré ses souffrances, Jésus parle. Mais contre toute attente en ce moment tragique, Il annonce l’imminence de ce salut qui n’était attendu qu’à la fin des temps. Les temps vont être accomplis dans quelques instants, lorsque Jésus aura été jusqu’au bout du don de Lui-même. C’est un solennel « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». C’est donc aujourd’hui que Jésus inaugure le salut messianique et le premier à en bénéficier, c’est un malfaiteur croyant et repenti, premier canonisé ! Et par Dieu Lui-même ! Il pénètre avec Jésus au Paradis, ce lieu où se trouve l’arbre de vie (Gn2, 8) d’où l’homme et la femme avait été chassés. « Ainsi, Jésus a répondu au défi qui Lui a été lancé : il a sauvé un homme, non pas en le préservant de la mort physique, mais en faisant de cette mort un passage à la vraie vie et au bonheur » (J. Dupont). Il est donc le Messie promis par le Père, annoncé par les prophètes et accueillis par les justes, dont ce malfaiteur. Tel est notre Roi : personne n’a pu l’inventer. Il nous surprend et nous emmène au-delà de notre univers.
         Puissions-nous aujourd’hui nous garder de juger tout “malfaiteur” quel qu’il soit, et à l’heure de notre mort, invoquer « Jésus » « Dieu Sauve » afin qu’Il nous aide à passer de ce monde à son Règne qui est déjà là et, hélas, pas encore totalement déployé.

AMEN !

jeudi 14 novembre 2013

HOMELIE 33ème Dimanche Ordinaire Année C, "Fin du monde ?" Luc 21, 5-19 - 17 Novembre 2013



HOMELIE  33ème Dimanche Ordinaire Année C, Luc 21, 5-19.
17 Novembre 2013

Fin du monde

Dans l’Evangile de ce Dimanche, Jésus annonce la ruine du Temple de Jérusalem qui faisait non seulement l’admiration des disciples mais aussi de tous les peuples du Moyen Orient. Il sera incendié 40 ans après, en 70 de notre ère et définitivement rasé en 135 après la 2ème révolte juive.
Puis Jésus parle d’évènements terribles : des guerres, des tremblements de terre, et çà et là, des épidémies de peste et des famines, des faits terrifiants ! Cela a-t-il beaucoup changé aujourd’hui, avec ce que les journaux télévisés ou les informations de la radio nous ont appris ces derniers jours de la catastrophe aux Philippines ? Cela peut nous faire peur ou nous attrister voire même nous bouleverser.
                  Eh bien justement, Jésus Lui-même décrit ces évènements. Il le fait au moyen d’un genre littéraire qu’on assimile trop vite dans notre mentalité à la fin du monde : le genre littéraire « apocalyptique » (du grec : Apokalupto, apokaluptw: découvrir, dévoiler ce qui est voilé ou couvert; d’où révéler, mettre à nu et porter à la connaissance, rendre manifeste). Cette manière d’écrire invite à ne pas en rester aux évènements, mais à voir dans ces évènements la présence de Dieu qui transforme le monde pour former un monde de justice et de paix. Jésus, qui est Dieu, sait très bien que le monde est inachevé, mais plus encore que le cœur de l’homme est malade : il peut faire du mal. Dieu ne l’en empêche pas parce qu’Il le veut libre : alors certains vont profiter de cette liberté, à l’occasion de ces évènements douloureux, pour faire du bien autour d’eux et Dieu s’en réjouit. D’autres ne savent pas profiter de cette liberté et ils font du mal : ils veulent toujours avoir plus ; ils refusent de partager avec ceux qui n’ont pas grand-chose ; ils abiment, ils salissent, ils détruisent ; ils veulent toujours dominer et écraser les autres : ils sèment le malheur !
         Mais Dieu nous abandonne-t-Il ?
         Non ! Bien sûr ! Même s’il nous arrive des malheurs ou qu’on nous maltraite parce qu’on est chrétien et qu’on veut vivre comme Jésus, Dieu est là. « Mettez-vous bien dans la tête… » (Mot à mot : Dans vos cœurs), dit Jésus, que je serai là pour vous défendre.
Jésus n’a cependant pas dit que ce serait toujours facile et que nous n’aurons plus rien à faire : il nous dit qu’il faudra aussi porter notre croix : c'est-à-dire, être courageux pour Lui rester fidèle, pour mettre en pratique ses paroles qui nous invitent à mieux aimer, à pardonner, à aider et servir ceux qui en ont besoin ou qui souffrent. Parce que nous tiendrons bon, Il nous donnera sa vie et nous serons plus forts contre le mal. N’ayons donc pas peur de tout ce qui arrive et au contraire, faisons de plus en plus confiance à Jésus qui a vaincu la mort en ressuscitant et qui veut que nous vivions comme Lui ; Il nous a promis de nous aider si nous Lui demandons.
 C’est donc un message d’espérance qu’Il nous donne lorsqu’Il dit : « Pas un seul cheveu de votre tête ne sera perdu ! » Pourtant, un cheveu, qu’est-ce que c’est ? Quand ils sont trop longs, on les coupe : çà veut dire qu’ils ne valent pas grand-chose ; et pourtant Jésus nous garantit qu’il veille sur eux ! A plus forte raison, combien plus Il veillera sur chacun d’entre nous !
« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » dit-Il encore (mot à mot : « Par le fait de rester là, de résister » Upomonè, upomonh ). Celui qui est persévérant, c’est celui qui ne dévie pas du choix qu’il a fait de suivre Jésus et qui Lui est fidèle et loyal, qui compte sur Lui. Cela suppose une grande confiance et une grande intimité avec Jésus qui nous donne son Esprit-Saint. Prions-le chaque jour et, à présent, réjouissons-nous, rendons-Lui grâce en L’accueillant : Il vient pour chacun de nous : Lui Il est fidèle.

AMEN !

vendredi 8 novembre 2013

HOMELIE 32ème Dimanche Ordinaire Année C, La résurrection ? Luc 20, 27-38. 10 Novembre 2013 -



HOMELIE  32ème Dimanche Ordinaire Année C, Luc 20, 27-38.
10 Novembre 2013
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Pour prendre en défaut Jésus sur son enseignement, des Sadducéens, qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection, viennent Lui présenter un scénario pittoresque et sournois, ressemblant à un cas d’école destiné à montrer les aberrations de la croyance en la résurrection.
Qu’y a-t-il après la mort ?” Ce n’est pas une question anodine puisque tout le monde se la pose depuis les débuts de l’humanité : Que reste-t-il de nos amours, de nos liens d’affections, de ce que chacun a vécu d’unique ?  Question qui est revenue en ce temps où nous avons évoqué nos défunts.
De tout temps, on a recherché les mots et les images capables de représenter la vie après la mort. Toutes les civilisations de l’Antiquité l’on fait : égyptiens, babyloniens, grecs, romains, sans compter celles d’Extrême Orient, et aujourd’hui encore, se font jour régulièrement des doctrines sur la réincarnation, bien différentes de celles du Bouddhisme. Aucune n’a évité la tentation d’imaginer une vie après la mort à l’identique de la nôtre. Les Sadducéens n’y échappent pas non plus.
Jésus va présenter sa propre conception de la résurrection. Tout d’abord, Il affirme la différence radicale entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite en ressuscitant. Dans ce monde-ci, les humains engendrent et meurent. La sexualité assure la survie de l’espèce. En ressuscitant, on ne connaît plus la mort : plus besoin de procréer : “Ils sont semblables aux anges ”. Cette expression signifie que la résurrection des morts n’est pas un retour à la vie terrestre, mais une nouvelle création. On ne peut l’imaginer puisque nous n’avons pas de modèle, si ce n’est le Christ. Notre résurrection sera donc une transformation radicale de notre être humain qui nous fait naître à la condition céleste, celle des anges et met les êtres humains en présence du Dieu vivant, comme le sont eux-mêmes les anges.
Est-ce à dire que les liens qui nous ont unis dans cette vie terrestre n’existeront plus ? Tout l’Evangile dit le contraire puisque ce que nous faisons, et donc toutes les relations d’amour que nous vivons maintenant, nous accompagne dans le Royaume où triomphe l’amour, comme Jésus nous l’a montré en ressuscitant. Et donc, bien sûr, les relations d’amour conjugal, parental, filial ou amical. Mais elles seront vécues autrement.
         Jésus ajoute à cette présentation de la résurrection un recours au texte de la Loi, que ses adversaires ne contestent pas. Si vous dites que Dieu ne s’intéresse qu’aux vivants et qu’il se désintéresse des morts, comment se fait-il que Moïse lui-même, au buisson ardent, dans le Sinaï, appelle le Seigneur le “Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob” ? C’est qu’à ses yeux, ils sont vivants ! Ils sont, bien que morts, appelés à une vie éternelle auprès de Lui. Moïse fait référence à l’Alliance que Dieu a faite avec ces patriarches ainsi qu’aux promesses qu’Il leur a données de veiller sur leur descendance. Dieu est fidèle à sa Parole et rien, pas même la mort, ne peut empêcher cette fidélité. Il en va de sa crédibilité : oui ou non, est-il un Dieu juste qui rend justice ?  “Il n’est pas le Dieu des morts mais bien des vivants : tous vivent en effet pour Lui”.
         Jésus confirme donc la foi profonde et héroïque des sept  frères Martyrs d’Israël qui a été exprimée dans la première lecture de ce jour. Elle n’est pas qu’une idée. Jésus Lui-même en sa personne a vécu la mort et la résurrection. Celle-ci a été constatée par nombre de témoins, des Apôtres jusqu’aux cinq cent frères réunis, comme le rapporte St Paul dans sa 1ère Lettre aux Corinthiens, ch.15.
Ainsi, les hommes qui aiment vraiment et se donnent au service de leurs frères, se conduisent, consciemment ou inconsciemment, selon la loi divine de l’amour fraternel. Ils portent en eux le germe de la vie nouvelle.
Préparons-nous, comme eux, à “ne pas mourir” mais à marcher vers cette joie merveilleuse des vivants : leur gloire est d’avoir, comme Jésus et avec Lui, triomphé de la mort par le don d’eux-mêmes. C’est ce que nous allons célébrer maintenant dans cette Eucharistie, mémorial de Sa mort et de Sa résurrection, qu’Il a inauguré pour tous.                                   
AMEN !