jeudi 25 février 2016

HOMELIE 3ème Dimanche Carême C - "Faits divers " Luc 13, 1-9 – 28 Février 2016



HOMELIE  3ème  Dimanche Carême C Luc 13, 1-9
28 Février 2016

Des faits divers qui appellent à la conversion :
Mais quelle conversion ?

On vient rapporter à Jésus l’événement tragique des Galiléens massacrés par les soldats de Pilate, tandis qu’ils offraient un sacrifice. Jésus pose alors à ses auditeurs la question : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient plus pécheurs que tous les autres… ? » Et il fait aussitôt allusion à un autre événement tragique, celui de la tour de Siloë qui s’est écroulée entraînant la mort de dix-huit habitants de Jérusalem. St Luc est le seul évangéliste à relater cet épisode de la vie de Jésus. Sans doute, parce que, Luc, grec, originaire d’un monde païen où les dieux étaient pourvoyeurs de bienfaits, tout malheur était considéré comme une malédiction de leur part. Les juifs, comme les Apôtres n’étaient pas étrangers à cette manière de penser, qui attribuait toute maladie ou malheur à un péché commis par celui qui en était atteint ou même son entourage. Cela nous est relaté par St Jean, dans le récit de la guérison de l’aveugle-né, où surgit la question des Apôtres : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? ».(Jn 9,2). « Ni lui, ni ses parents ! » Répondra Jésus.
Quelle représentation ont-ils de Dieu ? Un juge qui rétribue de façon implacable ? Ces malheurs ne sont-ils pas le fait de châtiments divins qui tombent sur des pécheurs ? Et le fait d’en être épargnés eux-mêmes ne les rassure-il pas sur leur propre “justice” ?

Ces tragédies rejoignent l’innombrable série des catastrophes rapportées par les médias pour lesquelles beaucoup cherchent des explications. Et lorsqu’ils n’en trouvent pas, ils sont tentés de mettre Dieu en cause : soit qu’Il punit, soit qu’Il ne nous aime pas ou qu’Il n’existe pas !
La pensée de Jésus est totalement autre. Il n’y a pas de lien direct de la part de Dieu entre le malheur et le péché : non ! Les Galiléens massacrés n’étaient pas plus pécheurs que les autres Galiléens ! Non ! Les habitants morts à Jérusalem sous la tour de Siloë n’étaient pas plus coupables que les autres habitants de Jérusalem ! Par contre, ces événements sont pour  Jésus une invitation pressante à se convertir : mais que faut-il convertir ?
La parabole du figuier qui ne donne pas de fruit va nous éclairer. Raisonnablement, un arbre qui ne donne pas de fruit au bout de trois ans épuise le sol et n’est bon qu’à être coupé. Quelqu’un de pécheur et qui ne se repent pas, doit être éliminé d’une façon ou d’une autre, semblent sous-entendre les gens rapporteurs du massacre des Galiléens par Pilate. Alors, à travers l’image de ce vigneron qui réclame un délai pour ce figuier, Dieu est tout à la différence de ce propriétaire impatient, qui exige des fruits. En effet, pour Jésus, il en est tout autrement : « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il vive… » (Ezéchiel 18, 23). Lui sait attendre patiemment que le pécheur change, et Il lui apporte ce qu’il lui faut, espérant qu’il pourra se transformer et porter du fruit
« Si vous ne vous convertissez pas… » Quelle conversion faut-il donc faire ? N’est-ce pas celle qui porte sur notre image de Dieu ? Ne faut-il pas changer notre représentation d’un Dieu punisseur en un Dieu tel que le Psaume 102 de ce Dimanche nous le présente « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein d’amour » et tel que Jésus nous le manifeste jusque sur la Croix, pardonnant à ses ennemis et accueillant le bon larron ? Sinon, nous mourrons spirituellement, comme cette part d’humanité qui ne fait pas confiance à Dieu et le rejette en déformant ce qu’Il est et ses desseins bienveillants pour elle. Voilà ce qu’il nous faut convertir : une fausse image de Dieu, fabriquée par nos manières toutes humaines de voir les choses et les êtres.

Il est vrai que les malheurs peuvent ébranler notre foi en Lui : en fait, ils pourraient nous aider à détruire l’image païenne, que nous avons toujours au fond de nous-mêmes, celle, séduisante, d’un dieu pourvoyeur inlassable de bienfaits, qui est la solution à tous nos problèmes, souffrances et malheurs. Comment se présente-t-Il à Moïse ? Il voit, Il entend et connaît les souffrances de son peuple (Exode 3,7) et Il l’accompagne : Il est résolument avec nous contre tout mal, Lui qui n’est qu’amour. Jésus ne donne pas de réponse au mystère du mal : il demande simplement que nous reconnaissions que les événements tragiques nous échappent bien souvent et que nous n’en sommes pas les maîtres ; il nous invite à les traverser sans jamais en attribuer la cause à Dieu et sans perdre confiance en son Amour infini.   
Alors, plutôt que de s’en prendre à Dieu, offrons-lui nos mains, la générosité de nos cœurs et l’intelligence à trouver des solutions et des moyens pour aider ceux qui souffrent et être Sa Présence à côté d’eux. 
AMEN !

vendredi 19 février 2016

HOMELIE du 2ème Dimanche de CARÊME- C. La Transfiguration de Jésus Lc 9,28b-36 - .21 Février 2016.



HOMELIE du  2ème Dimanche de CARÊME- C.
21 Février 2016. – Lc 9,28b-36

La Transfiguration de Jésus.

 En ce temps-là… C’est la façon habituelle d’introduire un passage d’évangile dans nos liturgies du dimanche, une manière de dire que les paroles d’Evangile, bien que situées dans le temps, ont une vocation intemporelle et donc sont valables pour aujourd’hui.
Mais si vous allez les chercher dans l’évangile de St Luc, d’où ce passage est extrait, vous découvrirez qu’il commence par : « Or environ huit jours après ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques… » Quelles étaient donc ces paroles ? Je vous les résume. Pierre, à la question de Jésus « Pour vous, qui suis-je ? » répond : « Tu es le Messie de Dieu ». Jésus défend alors aux disciples de n’en rien dire à personne et annonce sa Passion, son rejet par les chefs du peuple juif de l’époque, sa mort sur la croix et sa résurrection. Vous devinez la stupeur et le traumatisme chez les disciples qui revenaient enthousiastes de leurs missions, tant leur succès était grand auprès de ceux qui accueillaient leur message avec joie tout en étant témoins des guérisons qu’ils opéraient !
Jésus va donc choisir trois apôtres, les mêmes qui seront témoins de son agonie, lors de sa « défiguration » au Jardin des Oliviers, à Gethsémani. Il veut leur donner la force d’être confrontés à l’insupportable pour, malgré tout, continuer à Le suivre.
La prière de Jésus,
Le changement d’aspect de son visage et de ses vêtements, Les deux témoins : Moïse représentant la Loi et Elie, les prophètes
Enfin la voix venue depuis la nuée, qui confirme que Jésus est bien le Fils, Celui que le Père a choisi, qu’il faut écouter, tout cela marquera profondément les apôtres.
Si bien que Pierre, plusieurs années après,  pourra écrire pour justifier son témoignage : « En effet, ce n’est pas en nous mettant à la traîne de mythes sophistiqués que nous vous avons fait connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus Christ, mais pour l’avoir vu  de nos yeux dans tout son éclat. Car Il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire, quand la voix venue de la splendeur magnifique de Dieu lui dit : ‘‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir’’ (2 P 1,16-17).

         Que nous fait comprendre ce beau texte de la Transfiguration ?
Tout simplement l’importance et la place de la prière dans nos vies. Alors, dans nos rencontres avec le Seigneur,
·         Choisissons un lieu calme,
·         Un moment paisible
·         Faisons silence en prenant le temps de contempler Jésus et son visage rayonnant de l’amour divin qui est infini, plein de compassion pour tous les hommes et particulièrement pour ceux qui sont profondément éprouvés ou qui se perdent, proches ou lointains.
Ainsi, quand nous quitterons ce moment d’intimité avec Dieu, notre regard sur ceux que nous rencontrerons en sera changé et rempli de sa miséricorde. Comme l’exprimait le Psaume de notre messe d’aujourd’hui, (Ps 26[27], ‘‘nous verrons mieux les bontés du Seigneur sur la terre des vivants’’. N’est-ce pas en cela que, comme l’écrivait St Paul aux Philippiens, nous sommes déjà ‘‘citoyens des cieux ’’ ?

         Avec les 115 catéchumènes de notre diocèse (dont Laura et Marc-Antoine de notre paroisse), qui ont été appelés au Baptême par notre évêque dimanche dernier, goûtons la foi d’Abraham (Gn 15,6) [1ère lecture] et l’espérance que nous apportent ces textes de l’Ecriture et comme Pierre, disons simplement : « Maître, il est bon que nous soyons ici » tous ensemble, avec Lui, pour devenir un peu plus chaque jour, Celui que l’on contemple.


AMEN !

vendredi 12 février 2016

HOMELIE du 1er Dimanche de CARÊME- C. Les Tentations : Lc 4,1-13 - 14 Février 2016.



HOMELIE du  1er Dimanche de CARÊME- C.
14 Février 2016. - Lc 4,1-13

       Chaque année, le premier dimanche de Carême présente, sous des aspects divers selon les évangélistes, les tentations de Jésus, 40 jours au désert. C’est un moment clé de la Vie du Seigneur.
 Le diable (dia-bolos [dia- ballw: jeter] = celui qui se jette en travers) sait très bien qui est Jésus. Il va lui suggérer de faire ce que les hommes ne peuvent pas faire et donc de renoncer d’être un homme comme tout le monde: « Si tu es le Fils de Dieu…», fais ce que les hommes ne peuvent pas faire ! Or Jésus a voulu éprouver ce qu’éprouve l’humanité dans sa fragilité, sans tricher, de façon à l’épouser et la sauver radicalement, et même, la diviniser. Il s’expose donc aux tentations comme nous le sommes nous-mêmes.
Mais tout d’abord une remarque de vocabulaire à propos du mot ‘‘tentation’’. Le texte grec original utilise : Péirasmon (peirasmon) qui signifie ‘‘épreuve’’. Jésus n’est donc pas tenté, mais éprouvé. Il ne subit donc pas un test de séduction, culpabilisant, dans une perspective moralisante, mais une expérience vitale et spirituelle qui relève d’un combat pour la vérité. « La tentation hypnotise,  L’épreuve galvanise »     
Comment va-t-Il affronter ces épreuves ?
D’abord en puisant sa force dans la Parole de Dieu elle-même, celle que nous trouvons dans les Saintes Ecritures et dans le cas présent, celle de la Première Alliance (Ancien testament) :
 « L’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8,3)
« C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte » (Dt 6,13)
 « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (Dt 6,16)
En même temps, Jésus va démasquer les trois genres de tentations qui nous séduisent et qui sont toutes contre l’ordre naturel voulu par Dieu :
-      N’est-il pas contre nature que la pierre devienne du pain ?
-      N’est-il pas contre nature que l’homme domine tout ?
-      N’est-il pas contre la nature de Dieu de s’opposer aux lois naturelles qu’Il a créés ? (ici, celle de la gravité universelle).
Bien au contraire, notre foi ne nous invite-telle pas à nous référer à la Parole de Dieu, en en découvrant son dessein bienveillant et plein d’amour ? Reprenons chaque épreuve :
-      N’est-ce pas le Corps du Christ, et non pas les pierres, qui a vocation de devenir pain ? (Jn 6,47)
-      N’est-ce pas l’Evangile, et non pas un gourou ou dictateur, qui a vocation de se répandre sur tout l’univers ? (Mt 28,19)
-      N’est-ce pas Celui qui a fait la volonté du Père jusqu’au bout en s’abaissant jusqu’à la mort sur la Croix, et non celui qui mettrait à son profit la puissance divine au bas du Temple, qui a été glorifié dans sa résurrection ? (Ph 2,5-11)
Voilà que les tentations/épreuves du Satan ont été prises à rebours. A notre tour de faire comme Jésus, en nous appuyant sur ses paroles, par exemple,
-      Sommes-nous tentés de dire du mal d’un frère ?  « Ce que tu n’aimes pas, ne le fais à personne » (Tobie 4,15).
-      Sommes-nous tentés de refuser le pardon ? « Pardonnes-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » Mt 6,12
-      Sommes-nous tentés de retenir ce que nous pourrions donner ? « Donnez et on vous donnera. C’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on versera dans le pan de votre vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi pour vous » Luc 6,38.

« C’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste » écrivait St Paul aux romains : faire de notre combat, forts de la Parole de Dieu, une offrande qui Lui soit agréable et Lui rende gloire, telle est la corbeille (Dt 26,4) que nous pourrons déposer avec les catéchumènes que, ce W-End, nos évêques appellent au baptême pour Pâques. AMEN !