vendredi 27 décembre 2013

HOMELIE Dimanche Sainte Famille. Année A. Mt 2, 13-15.19-23 - 29 Déc. 2013



HOMELIE  Dimanche Sainte Famille. Année A. Mt 2, 13-15.19-23
29 Déc. 2013

« Agissez comme le Seigneur …» Col 2,13

« Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : “D’Egypte, j’ai appelé mon fils” » Mt 2,15 « Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : “Il sera appelé Nazaréen” » Mt 2,23 et encore, dans le texte du massacre des saints innocents que la liturgie d’aujourd’hui n’a pas retenu et qui se situe entre les deux passages que nous avons entendus : « Ainsi s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie… » Mt 2,18. Cette insistance sur l’accomplissement des Ecritures pourrait laisser entendre que Dieu réalise ses projets quoiqu’il arrive et télécommanderait ses créatures pour qu’elles accomplissent ses volontés. C’est oublier un peu vite que Dieu s’adresse avec un grand respect aux hommes et aux femmes auxquels Il s’adresse : certains d’ailleurs, comme Moïse, Jérémie et jusqu’à Zacharie, père de Jean-Baptiste, lui opposent des résistances. D’autres, davantage “ajustés” au désir de Dieu, comme Marie et Joseph ou encore Siméon, manifestent une hâte à accomplir les demandes du Seigneur. Il n’en demeure pas moins que ces derniers gardent leur liberté et savent prendre des initiatives personnelles comme Joseph qui, craignant que le fils d’Hérode, Arkélaus, régnant sur la Judée, aurait pu avoir les mêmes intentions que son père, averti en songe, décide de  s’installer à Nazareth. Ces références constantes aux Ecritures sont là pour confirmer que Dieu est fidèle à ses promesses. Par ailleurs, Matthieu écrit pour des juifs qui ont besoin de cette continuité avec la première Alliance.
Mais pourquoi a-t-on choisi ce texte d’évangile pour la fête de la Sainte Famille ?
Ce passage de l’Evangile de St Matthieu met en évidence le rôle très discret mais non moins réel de Joseph, qui veille en responsable sur la famille que Dieu lui a confiée. Dans une société patriarcale, c’est bien le père qui prenait les décisions importantes. C’est bien pourquoi, en écoutant tout à l’heure la lettre de Saint Paul au Colossiens, certains ont pu être choqués de la recommandation qu’il fait aux femmes : « Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ». Saint Paul ne pouvait pas dire autre chose dans ce type de société où le père avait plein droit sur les membres de sa famille, en vertu de sa responsabilité. Mais ce à quoi personne ne s’attendait à l’époque, c’est la recommandation qui suit, adressée cette fois-ci aux maris : « Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréable avec elle » Et Paul de continuer de recommander aux enfants d’écoutez leurs parents, et aux parents, de ne pas exaspérer leurs enfants. « Dans le Seigneur, c’est cela qui convient, c’est cela qui est beau ! » Ces recommandations, radicalement nouvelles, ne sont-elles pas l’application de la recommandation plus générale que Paul nous adressait à tous au début de ce passage de sa lettre : « Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous mutuellement et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire ».  
Et au nom de quoi ferions-nous ainsi ? Tout simplement au nom du fait que nous avons été choisis par Dieu, que nous sommes ses fidèles et ses bien-aimés…et qu’il ne nous reste plus qu’à  Agir comme le Seigneur…nous qui sommes « icônes de Dieu ».
Cette vocation est à vivre d’abord au cœur de notre famille qui sera la meilleure école d’amour pour parents et enfants, pour la vivre avec non seulement la famille plus large des frères dans la foi mais aussi avec l’immense famille humaine que Dieu aime.
Que le Seigneur bénisse et soutienne nos familles et « Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait le l’unité dans la perfection »
          



AMEN !

mardi 24 décembre 2013

HOMELIE de la NUIT de NOËL - 24 Déc. 2013.



HOMELIE  de la NUIT de NOËL - 24 Déc. 2013.

« Il est l’Icône du Dieu invisible » Col 1,15

Pour entrer un peu plus dans le Mystère de Noël, nous avons pu contempler l’icône qu’un auteur russe du temps de Jeanne d’Arc avait réalisée. Icône,du grec « eicon » eikon qui vient de eikw, qui signifie « être comme » : elle n’est pas simplement une belle peinture religieuse représentant le Christ, la Vierge Marie ou un saint ; elle n’est pas réduite à un symbole, qui sur mon écran d’ordinateur me permet  de rejoindre le logiciel désiré ; elle n’est pas seulement incarnée en la personne d’un homme, comme Nelson Mandela par exemple, dont les médias ont dit qu’il était « l’icône du pardon et de la paix sociale ».
L’icône est chacun d’entre nous ! Comment ça ? C’est écrit dans le premier livre de la Bible, la Genèse, (Gn 1,27) : « Au commencement…Dieu dit : faisons l’être humain comme notre « icône » et notre ressemblance… ». Oui ! Notre vocation est d’être l’icône de Dieu : rien que ça ! Elle est tellement élevée et exigeante et nous trouvons bien souvent que l’icône que nous sommes, ou que nous rencontrons dans la personne de notre prochain, est bien abimée. C’est pourquoi, Dieu Lui-même en la personne de son Fils, a voulu être cette icône parfaite qui partagerait totalement et sans tricher notre condition humaine souvent bien difficile. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu » écrivait dès la 2ème siècle St Irénée, évêque de Lyon.
Dieu est « avec nous » (Emmanuel)  tous les jours : Il nous accompagne pour restaurer en nous son icône. Il nous invite à voir dans chaque visage d’homme ou de femme, quel qu’il soit, l’icône de Dieu. Jésus n’a-t-il pas dit : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » !
Ce soir, dans la foi confiante en ce Dieu qui fait pour nous des merveilles et qui se fait tout-petit dans la crèche, regardons-nous les uns les autres comme des icônes de Dieu, certes encore inachevées mais appelées à le devenir.
C’est le bon et beau Noël que je vous souhaite !
AMEN ! 

jeudi 19 décembre 2013

HOMELIE 4ème Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 1, 18-24 22 Déc. 2013



HOMELIE  4ème Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 1, 18-24
22 Déc. 2013

« Dieu avec nous » Mt 1,23
Les textes des Ecritures, à la veille de Noël, nous plongent au cœur de l’histoire humaine à la fois collective et personnelle.
Lorsque le Seigneur envoie le prophète Isaïe auprès du roi Acaz, roi de Juda, descendant de David, vers 734 avant Jésus-Christ, la situation du Royaume de Juda n’est pas brillante : ses deux voisins, le roi de Samarie et le roi de Damas, ont décidé une expédition punitive contre Jérusalem qui tentait de faire alliance avec le roi d’Assyrie. La dynastie davidique est alors menacée et risque d’être interrompue. Isaïe, malgré le manque de foi du roi Acaz, lui annonce qu’un fils va être donné, promesse d’un avenir, et avant même que cet enfant ait atteint l’âge de raison, les ennemis seront vaincus. C’est ce qui se réalisa en 721.
Dieu intervient dans le cours de l’histoire. Il agit en faveur de son peuple. Il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Quel en est le signe ? « Voici que la jeune femme est enceinte ». Matthieu cite cette prophétie d’Isaïe, dans la version grecque des LXX, en disant : « Voici que la vierge concevra… ». Dans le cas de Joseph, Dieu intervient de nouveau et d’une manière encore plus affirmée. Ici auprès d’un descendant de David afin que soit accomplie la prophétie faite à David lui-même par le prophète de Natan. Cependant, la situation de Joseph est embarrassante : il est fiancé à une jeune fille qui est enceinte. Or Joseph est un homme juste. Mais en quoi est-il juste ? Il devrait appliquer la loi qui, dans ces circonstances, exige que l’on répudie publiquement celle qui a fauté. Il est certainement bon ; il ne veut pas faire de mal, ni de scandale ; je crois qu’il a probablement grande estime de Marie et ce qu’elle a du lui dire le conduit à ne pas s’attribuer la paternité d’un enfant qui n’est pas le sien, dont il pressent qu’il est hors du commun. Il ne veut pas s’immiscer dans le projet de Dieu qui le dépasse.
C’est alors qu’intervient le Seigneur pour Lui faire une double demande : prendre pour épouse Marie, qui a risqué elle-même pour Dieu sa propre réputation ; donner à cet enfant une ascendance davidique, « messianique »  « christique » accom-plissant les Ecritures, « né de la race de David » comme l’écrira St Paul aux Romains (Rm1,3). Et Joseph fait ce que Dieu lui demande : il est juste, c'est-à-dire “ajusté” à Dieu.
Les voies du Seigneur ne sont pas les nôtres. Elles surprendront davantage lorsque l’on découvrira que ce « Messie », ce « Sauveur », montrera un chemin de bonté, d’attention aux petits et aux malheureux là où beaucoup attendait un Messie puissant et vengeur face à l’oppression romaine. Lui-même épousera la souffrance et la détresse humaine à l’extrême jusqu’à en mourir manifestant à quel point « Dieu est avec nous ». Mais par sa résurrection, écrit St Paul,  Il sera établi Fils de Dieu. Il sera aussi « Le Seigneur qui Sauve » « Jésus » « Yeoshua »
L’Evangile d’aujourd’hui où Dieu entre en la personne de son Fils dans l’histoire humaine, ouvre le temps de la Bonne Nouvelle à laquelle nous sommes appelés. Quelle est-elle ?
Tout d’abord, prendre conscience qu’à aucun moment nous ne sommes seuls puisque Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps. C’est d’ailleurs une des grandes révélations présente tout au long de la première Alliance. Dieu ne demande-t-Il pas à Abraham : « Marche en ma présence et soit intègre ” ? (Gn 17,1). Ne promet-Il pas à Moïse : « Je serai avec toi  » au moment de l’envoyer auprès de Pharaon pour libérer son peuple ? Et encore, que répond le prophète Michée à ses contemporains, croyant satisfaire Dieu par des pratiques cultuelles tout en ignorant la morale ? « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8). Voilà donc ce leitmotiv qui court de siècles en siècles.
Cette présence de Dieu avec nous est-elle Bonne Nouvelle pour chacun d’entre nous ?  Bon et joyeux Noël !

AMEN !

jeudi 12 décembre 2013

HOMELIE 3ème Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 11, 2-11 15 Décembre 2013



HOMELIE  3ème  Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 11, 2-11
15 Décembre 2013

« Et cependant, le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui »  
Mt 11,11

Cette phrase de Jésus, qui clôt l’Evangile d’aujourd’hui, a de quoi étonner quand on connait la vie totalement donnée à Dieu de Jean le Baptiste et sa fin tragique : décapitée pour le caprice d’une gamine, la vengeance de sa mère et le triste pari d’un roitelet d’alors.
Jésus dit-il cela parce que Jean-Baptiste a douté de Lui ? Cela n’est-il pas contredit aussitôt par Jésus Lui-même qui fait son éloge : « Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean-Baptiste » Il est vrai que son honnêteté, son courage, son humilité et la fidélité à la mission que Dieu Lui a confiée le font le dernier et l’un des plus grands prophètes de la Première Alliance.
Et pourtant, il est “dépassé” par le plus petit dans le Royaume des cieux : pourquoi ?
Parce que le plus petit qui est entré dans le Royaume des cieux a totalement mis sa confiance dans le Christ ressuscité, parfois au risque de sa vie (comme c’est le cas aujourd’hui dans plusieurs pays). Mettre sa confiance en Jésus ressuscité, c’est accepter d’être vulnérable comme Jésus l’a été jusqu’au don de sa vie pour nous sauver de toute volonté de puissance qui enferme et détruit.
Pour cela, il est un chemin : celui d’aller vers ceux dont « les mains sont défaillantes » (1ère lecture de ce Dimanche, dans le livre d’Isaïe Is 35,3) : comprenons “ceux qui ne sont pas sûrs d’eux-mêmes et qu’ils n’osent pas faire…” ; « affermissez les genoux qui fléchissent » comprenons “ceux dont le poids de la vie est trop lourd, qui sont épuisés et menacent de tomber”. Bref, allez vers ceux qui sont vulnérables.
Ce n’est pas si facile car nous devons faire un discernement qui n’est pas toujours aisé. Mais aussi, parce que nous sommes en général attirés, à l’instar de notre société, par ceux qui sont forts, sûrs d’eux-mêmes, habiles, efficaces, qui réussissent, bref vers ceux qui sont performants.

Jésus ne s’en détourne pas, mais Il va vers les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds…Il annonce sa Bonne Nouvelle aux pauvres. Notre Baptême nous unit à sa cause et aujourd’hui, les chrétiens sont crédibles dans la mesure où ils sont fidèles à cette Bonne Nouvelle et font comme Lui. Elle va certes à l’encontre de ceux qui suivent l’esprit du monde, mais cet Evangile peut les sauver de leur mal être, de leur mal de vivre, de leur course effrénée vers ce qui ne les comble pas, leur laisse un goût amer, les déçoit, les laissant avec un grand vide au cœur et même parfois au corps qui les plonge dans la déprime.

En préparant Noël, demandons au Seigneur de nous faire comprendre que nous Le trouverons chez ceux qui sont vulnérables, souvent sans défense, auxquels Lui-même a été et est encore profondément uni, nous invitant à reconnaitre nos propres vulnérabilités. Il sera alors tout proche de nous pour nous aider à les accepter.
Cette attitude purement évangélique ne conduit-elle pas à la vraie joie, celle que notre pape François a mise en lumière dans son exhortation « La Joie de l’Evangile » ? L’avez-vous lue ? Un beau cadeau de Noël !

AMEN !