vendredi 26 avril 2013

HOMELIE 5ème Dimanche de PÂQUES. Jn 13, 31-35 - 28 Avril 2013


HOMELIE 5ème Dimanche de PÂQUES. Jn 13, 31-35
28 Avril 2013

“Je vous donne un commandement nouveau…” Jn 13,34

         « Aimez-vous les uns les autres » n’est pas à proprement parler un commandement nouveau. La première Alliance le recommandait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,19).
Pourquoi Jésus le présente-t-il comme nouveau ?
« Aimer comme soi-même », c’est prendre pour mesure notre capacité d’aimer (qui bien souvent n’est pas petite ! mais qui est, somme toute, limitée) et c’est déjà un pas énorme vers l’accueil et le don que l’on destine à autre que soi.
« Aimer comme je vous ai aimés, de la façon dont je vous ai aimés », quand cela vient de Jésus Lui-même, cela n’a pas de limite. C’est proprement inatteignable sans Lui. Et pourtant, Il le demande ! Et il parle même d’un commandement !
Mais, peut-on aimer sur commande ?
On ne peut aimer qu’en étant libre et non sous l’effet d’un ordre, si bienveillant soit-il. Ce que l’on a traduit habituellement par commandement (entolh) pourrait plutôt être traduit par “précepte, prescription”, à la façon dont un médecin prescrit des médicaments pour son patient, une ordonnance (où l’on retrouve la notion d’ordre). Autrement dit : Jésus nous prescrit, en bon médecin, de nous aimer comme Il nous a aimés. Si nous refusons, nous sommes dans la situation du malade qui ne veut pas guérir ou ne fait pas confiance à son médecin. Loin de nous imposer une contrainte, Il veut nous rendre la santé, la Vie.
         Cela va encore plus loin. En l’écoutant et en faisant ce qu’Il nous prescrit, nous élargissons son influence auprès de nos prochains, à tel point que nous devenons disciples du salut qu’Il à apporté à tous les hommes.
En effet, à quoi reconnaît-on un disciple de Jésus ? Parce qu’il va à la Messe, Non ! Parce qu’il prie ? Non !  Parce qu’il est baptisé et qu’il communie ? Non plus ! Alors ? « A ceci, tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns envers les autres » Jn 13,35.
L’amour fraternel vécu est le signe par excellence de la présence de l’amour de Dieu dans nos vies ; il est le don de la guérison que Jésus nous fait par ses prescriptions et la grâce qui les accompagne.

 Si l’annonce de l’Evangile par les premiers Apôtres, comme nous la présente la première lecture de ce Dimanche, n’a pas été sans difficultés et oppositions, elle a pourtant été incroyablement efficace et rapide puisque, 40 ans après la Résurrection du Christ, des “Eglises”, certes modestes, étaient présentes partout dans le Bassin Méditerranéen. Sans l’amour fraternel qui les animait, ces missionnaires n’auraient rien pu faire.

Que le Seigneur nous donne la force d’annoncer avec audace l’Evangile autant par nos paroles que par le souci de vivre fraternellement autour de nous et tout particulièrement à l’occasion de nos assemblées dominicales.

Que la docilité de la Vierge Marie à la Parole de Dieu et aux prescriptions de son Fils nous accompagne tout particulièrement en ce mois qui va lui être consacré !

 

AMEN !

samedi 20 avril 2013

HOMELIE 4ème Dimanche de Pâques. « Je suis le Bon Pasteur ». Jn 10, 27-30 – 21 Avril 2013.


HOMELIE  4ème Dimanche de Pâques Jn 10, 27-30
21  Avril  2013.

« Je suis le Bon Pasteur »

Avez-vous remarqué dans les textes liturgiques de ce Dimanche, deux images qui présentent Jésus-Christ. L’apocalypse le présente comme l’Agneau qui a donné son sang ; l’évangile de Jean révélant Jésus Lui-même se présentant comme le Bon/Beau Pasteur. Y aurait-il contradiction entre ces deux images ?
L’Apocalypse nous donne déjà une réponse, puis que le texte que nous venons d’entendre dit explicitement : « … L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur Pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie ».
Les images bibliques, si elles peuvent apparaître déroutantes et même opposées, sont là pour nous aider à approcher la riche réalité des situations ou des personnes. Elles ne fonctionnent pas en : « Ou Jésus est l’Agneau, ou Il est le Pasteur » mais « Jésus est à la fois l’Agneau et le Pasteur ».
Comment ? Le Christ est l’Agneau Pascal qui, selon la foi juive, rachète les hommes au prix de son sang ; Il est aussi le Serviteur de Yahvé, agneau muet qui va au sacrifice, dans le livre d’Isaïe (Is 53). Jésus n’a-t-Il pas vécu sa Passion comme ce Serviteur ? N’est-il pas mort au moment où l’on sacrifiait l’agneau pascal ?
Mais Il est aussi le Beau Pasteur, puisque tout son être de Fils ainsi que son union au Père, guide le troupeau vers ce qui le nourrit, le désaltère. Le Bon, le vrai pasteur n’est pas pasteur pour lui-même, mais pour son troupeau et parce qu’Il est uni à Celui qui est à l’origine de toute vie, Il donne vie.

Ainsi doit-il en être de ceux que l’Eglise, au nom du Christ, a appelés comme pasteurs. Tellement unis au Christ qu’ils sont aussi agneaux offerts. Ils donnent leur vie pour leur troupeau ; Ils connaissent les membres de ce troupeau, en prennent soin, le conduisent vers ce qui est vital. Ils restent toujours en union avec le seul Pasteur, Jésus-Christ. C’est cela qui permet de discerner une vocation sacerdotale parmi bien d’autres appels non moins nécessaires au peuple de Dieu, mais qui n’est pas la prise en charge du troupeau, comme il est demandé au Pape, à l’évêque ou au prêtre.

Mais comment discerner un appel de Dieu à ce ministère comme, d’ailleurs, à toute autre mission qu’Il voudrait nous confier ?
La première condition me semble la plus nécessaire : faire taire les bruits extérieurs, images, idéologies ou modes qui nous rendent étrangers à nous-mêmes pour trouver un silence habité. Ce silence nous fait voir l’essentiel, c'est-à-dire le dessein de Celui qui nous a fait venir à la vie parce qu’Il nous aime et qu’Il est fidèle. Alors l’envie est  non seulement de ne plus Le quitter mais de le faire connaître à d’autres. C’est à mon sens le cœur de toute vocation laïque, sacerdotale ou religieuse, et en tout cas celle à laquelle j’ai répondu pour ma part et à laquelle je réponds encore aujourd’hui.

C’est donc avec une immense humilité et la conscience aigüe de ne rien pouvoir faire sans Lui qu’une femme, un homme peut envisager de s’engager à répondre et à vivre son appel.
Prions pour tous ceux qui y ont répondu.
Prions pour ceux qui pensent y répondre.
Prions pour favoriser l’accueil de tels appels dans nos familles et autour de nous,
Remercions le Seigneur de nous en avoir jugés dignes malgré nos limites et nos faiblesses.
Enfin, aidons-nous à prendre des moments de silence où nous rentrons en nous-mêmes pour entendre sa voix.
AMEN !

jeudi 11 avril 2013

HOMELIE 3ème Dimanche de Pâques Jn 21, 1-19. – 14 Avril 2013.


HOMELIE  3ème Dimanche de Pâques  Jn 21, 1-19.
  14  Avril  2013.

« Le Seigneur : Il est Dieu !»

La scène de la troisième et dernière manifestation de Jésus ressuscité à ses disciples clôt l’Evangile de St Jean et se situe après Pâques, au bord de la Mer de Galilée. Les disciples ont repris leur premier travail, la pêche. Ils sont sept, chiffre parfait, chiffre de l’universalité, chiffre de la rencontre du divin et de l’humain. Ils passent la nuit à jeter leurs filets mais ne prennent rien. Jésus se tient au bord du rivage : il ne se fait pas reconnaître. Pourtant Il n’en est pas à sa première rencontre avec eux après sa résurrection. Seulement, Il veut les faire aller plus loin dans leur foi : comment ?
Pas de “Bonjour !” ou de “La paix soit avec vous !” Juste une demande : « Les petits, avez-vous quelque nourriture ? ». Puis, à leur réponse, Il leur adresse une invitation qui ressemble étrangement à celle qu’ils avaient déjà entendue : « Jetez vos filets à droite de la barque, et vous trouverez »  C’était au jour de leur premier appel. Le miracle s’accomplit et aussitôt, le “disciple que Jésus aimait” le reconnaît : « C’est le Seigneur ! » mais l’on peut traduire par : « Le  Seigneur : Il est ! » C'est-à-dire que Jésus, Seigneur, ressuscité, est vraiment Dieu Lui-même : qui seul est par excellence, d’ailleurs, n’est-ce pas  le nom difficilement traduisible qu’Il a révélé à Moïse au buisson ardent du Sinaï ? “Je suis  qui je suis Je suis celui qui est” ou encore : “Je suis Celui qui sera” (sous-entendu, avec toi et avec mon peuple).
 Plus que leur maître, plus qu’un prophète, plus que le Messie, Jésus est Dieu : trois fois, nous aurons cette expression : « Le  Seigneur : Il est ! »  A la troisième, l’évangéliste écrit : « Aucun disciple n’osait Lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que le Seigneur, Il est ». Leur foi en la personne de Jésus devient complète : de la confiance en Jésus de Nazareth, ils passent à la foi en Jésus, Dieu, Fils de Dieu.

Il ne s’agit pas simplement d’une définition de catéchisme : il s’agit pour nous aussi d’apprendre à dire, avec tout ce que cela entraîne de conséquences, que Jésus est Notre Seigneur et Notre Dieu. Et donc qu’Il est au cœur de notre vie ; que nous avons à le chercher et le trouver dans tout ce qui fait notre existence. Certes, Il peut, comme pour les disciples, nous sembler plus souvent absent que présent, mais il est des temps et des moments où Il nous donne rendez-vous pour percevoir plus clairement qu’Il est là ; qu’Il nous éclaire et nous aide dans les moments où nous ne pêchons rien, c'est-à-dire où nos efforts humains pour aimer, pour vivre avec notre entourage de façon harmonieuse ; pour rendre la société plus juste et fraternelle n’aboutissent pas, ne donnent rien. Cela peut se faire dans les rencontres personnelles de notre prière. Cela peut se faire en Communauté lorsque Sa parole est proclamée, écoutée, méditée : qu’elle donne sens à ce que nous faisons et nous rend courage et espoir. Cela est vécu dans le signe, non plus du pain et du poisson grillé, mais du Pain de Vie, donné, reçu et partagé qui nourrit nos cœurs affamés et vides. L’assemblée des frères qui nous entourent réconforte notre foi et nous pouvons ensemble proclamer : « Toi, Seigneur, Tu es notre Dieu ! »

Tu as fais des premiers disciples des pêcheurs d’hommes, tirant dans leur filet 153 gros poissons, chiffre qui, d’après les naturalistes de l’époque relate St Jérôme, correspondait au nombre d’espèces connues. Ces 153 gros poissons désignent symboliquement la totalité des peuples de la terre. De plus, il ne s’agit pas de « fretins » (« opharion ») comme ce poisson qui était au-dessus du feu de braise mais de poisson « ictus » « iktuon », mot qui désignera les fidèles du Christ : « Iesou Chistos Théo Uios Sator » Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur » au début de l’ère chrétienne. Ils ont à être tirés de la Mer, lieu symbolique de la mort et donc sauvés des puissances du mal.

Toi, notre Seigneur et Notre Dieu, Tu peux alors faire de nous les pêcheurs d’hommes d’aujourd’hui, Toi qui nous as ramené à la Vie pour que nous les ramenions à Toi qui es la Vie, à Toi qui es Dieu.

AMEN !

vendredi 5 avril 2013

HOMELIE 2° Dim. de Pâques. 07.04.13 - Jn 20,19-31 - La foi de Thomas - -


HOMELIE  2° Dimanche de Pâques. 7 Avril 2013
Thomas -  Jn 20,19-31

Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

                   L’Evangile nous fait contempler Thomas, le disciple courageux qui avait quitté le Cénacle, la semaine précédente, où les Apôtres s’étaient verrouillés par peur des juifs. Thomas sans doute se posait d’immenses questions : quel était le sens de la vie de Jésus ? De son témoignage ? De la pertinence de ses paroles et de son enseignement puisqu’Il avait fini sa vie comme un pauvre malfaiteur, abandonné de tous ? Qu’on lui annonce que Jésus était vivant, alors là, c’était trop pour lui : il ne voulait plus être trompé et déçu.
                   En tout cas, le dimanche suivant, de nouveau Jésus se trouve au milieu d’eux. Il n’en veut pas à Thomas et au contraire, dans sa bonté, Il s’adresse à lui pour combler son attente. Jésus peut alors l’inviter à passer du voir au croire.

                  Mais cette profession de foi de Thomas ne porte pas simplement sur la joie de retrouver Jésus vivant, ressuscité. Les marques de ses mains et de son côté ne sont pas seulement la preuve de son identité, mais le signe éclatant qu’un homme, éprouvé jusqu’à la mort la plus cruelle, est entré dans la vie éternelle avec toute l’histoire souffrante de sa vie humaine.
                  Autrement dit, il nous invite à croire que même si, dans nos existences, les vents sont contraires, même si nous traversons des tempêtes ou les pires épreuves, le Dieu de miséricorde, Notre Père, « ne laisse pas son ami voir la fosse » Ps 16(15).
                  Thomas a compris, semble-t-il, le sens profond de la mort de Jésus : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16)  ou encore : «  Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). C’est pourquoi éclate sa belle profession de foi, éclairée et renforcée par la miséricorde de Jésus qui l’aide à voir, c'est-à-dire à comprendre qui Il est: « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
                  
                   Non ! Le doute de Thomas n’est pas le doute du sceptique, du soupçonneux, limité  par sa raison, étranger au sens des réalités qui lui échappent et qui se ferme à toute nouveauté, qui finalement reste seul avec lui-même. Il est de ceux qui questionnent devant l’extraordinaire, l’insolite, l’inattendu, “l’incroyable” : ils veulent vérifier qu’ils sont bien dans la cohérence et la vérité de ce qu’ils voient et entendent, mais ne se ferment pas au dessein de Dieu le “tout autre”.
                  Ce Dieu ne nie pas la souffrance des hommes, mais en son Fils, Il la prend et la conduit à la vie. Cette perspective, pour nous  comme pour Thomas, est tellement déconcertante que nous pouvons entendre des croyants et particulièrement des priants qui dans la Bible, Lui lancent des questions telles que : Où es-tu ? Que fais-tu ? Jusqu’à quand nous laisseras-tu dans cette détresse ? Souvenez-vous du dernier cri de Jésus Lui-même sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Début du Ps 22 (21)  mais qui se termine par un chant de louange : «   J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai ».
          Ce sont des doute-questions qui débouchent sur la foi-louange.
                  
                  Bienheureux Thomas qui éduque nos propres doutes, nous invitant à poser les bonnes questions ; à les partager entre nous ; à les porter et à les dépasser jusqu’à exprimer joyeusement notre foi. Rendons grâces à la délicatesse de Dieu qui nous a donné un tel témoin !
                   Mais qui est son “jumeau” ? Ne le serions-nous pas tous un peu ?
                 
AMEN !