vendredi 28 novembre 2014

HOMELIE 1er Dimanche AVENT. Année B – "Veillez" Mc 13,33-37 30 Novembre 2014.



HOMELIE 1er Dimanche AVENT. Année B – "Veillez"  Mc 13,33-37

30 Novembre 2014.

Jésus parle à ses disciples de sa venue, alors qu’Il est là, avec eux. C’est qu’Il est à quelques jours de Pâques : Il va être arrêté, condamné et mis à mort. Il prévient ses disciples pour qu’ils ne tombent pas dans le désarroi et le désespoir. Que leur dit-Il ? “Prenez garde: veillez !” Mot à mot : “Ayez l’œil ! Ne dormez pas” et même ne soyez pas hypnotisés” agr-upvneite agr-upneite (hypnose) Par quoi ?   
D’abord par la peur : pour les Apôtres, celle de son absence et celle de subir le même sort que leur maître.
Pour nous devant les délais de sa venue, peur de nous être  trompés en mettant notre confiance en Lui. Et puis, nous avons tant de raisons d’être absorbés par tous les soucis de la vie, les préoccupations qui ne manquent pas de nous envahir; ou bien par tout ce qui attire, fascine et fait oublier les choses importantes et surtout les personnes : on passe à côté ! On ne les voit plus !
Jésus par quatre fois nous dit : « Sortez de votre “hypnose” ! Avez-vous remarqué, l’homme parti en voyage ne laisse pas ses serviteurs dans l’oisiveté : « Il leur a donné tout pouvoir, fixé à chacun sa tâche et recommandé au portier de sa maison de veiller ». Aujourd’hui, Il nous confie l’Evangile à faire connaître et vivre ; Il nous demande de faire grandir son Eglise, chacun à notre place, en fonction de nos possibilités. Pas question de s’endormir : visitons nos proches et ceux qui sont plus loin, auxquels nous ne pensons pas  !

Le vrai danger ne vient pas, pour nous, des persécutions comme actuellement les chrétiens du Pakistan, d’Irak, d’Egypte ou de certains pays d’Afrique, mais le danger vient de l’assoupissement, de la tiédeur, des anesthésies intérieures et extérieures, des bonnes raisons du repli sur soi pour ne plus voir, ne plus entendre, ne plus sentir, ne plus être attentifs, attentionnés, saturés comme nous pouvons l’être par les médias… Car Il est déjà là, comme son Royaume. Il nous le faisait déjà savoir Dimanche dernier en nous rappelant que “tout ce que nous faisions au plus petit des ses frères, c’est à Lui que nous le faisions”.
Ne nous laissons pas non plus hypnotiser par les courants de pensées qui s’expriment largement sur la plupart des médias officiels et qui ne donnent pas la parole à de vrais débats sur les aspects fondamentaux de notre vie en société.
Veiller, ce n’est pas être passif comme lorsqu’on s’ennuie et qu’on “tue le temps”. Mais chaque rencontre vraie, chaque appel, chaque geste, chaque signe d’amitié, chaque parole bienveillante, chaque « visitation » à des personnes "qui sont les plus petits d’entre les siens", sont manifestations de sa présence et nous rendent bien vivants. De façon plus large, n’y a-t-il pas nombre de postes de veille dans notre société où nous avons particulièrement à veiller ? Dans toutes les questions qui concernent la vie en ses débuts, son cours (famille, éducation, travail, logement, partage des richesses au plan national et international, immigrés, travail pour la paix …) et, comme  Notre Pape François l’a exprimé au parlement européen de Strasbourg : « L’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine ». Par biens des points de son allocution, il a voulu réveiller l’Europe en nous appelant à ne pas oublier notre vocation européenne. Que de chantiers !
 
Veiller pour qu’Il ne trouve pas notre foi en Lui « endormie ». De plus, veiller remplit la tête et le cœur de Sa Présence, voilée, certes, mais réelle, comme le Pain Eucharistié est le signe visible qu’Il se donne à nous.

Seigneur, en ce temps de l’Avent, tiens-nous en éveil ; augmente en nous la foi et fais-nous comprendre ce qui compte pour Toi, ce qui t’intéresse chez nous ; que nous aimions ce que Tu aimes et regardions avec Ton regard.
    
AMEN !

vendredi 21 novembre 2014

HOMELIE de la Fête du CHRIST, ROI de l’Univers – Mt 25, 31-46. Le 23 Novembre 2014



HOMELIE de la Fête du CHRIST, ROI de l’Univers – Mt 25, 31-46.
Le 23 Novembre 2014.

“Parabole du jugement dernier”

C’est ainsi que l’on a coutume de l’appeler, car en effet, il est question de la fin des temps quand viendra le Christ, Roi de l’Univers. Comme toutes les paraboles (“para” et “ballô”, jeter à côté un récit, mettre en parallèle…), elle comporte une “diabole”, “jeter en travers”. Elle a donc quelque chose qui rebute, peut faire trébucher, douter, en tous cas dérange : ici, la diabole est le sort de ceux qui n’ont pas vu et qui sont condamnés : n’ont-ils pas, comme nous-mêmes, mille excuses ?… Puisqu’elle est “Evangile”, en quoi cette parabole est-elle une “Bonne Nouvelle” ?
         Tout d’abord, elle ne concerne pas seulement les croyants, juifs du temps du Christ ou chrétiens d’aujourd’hui : elle s’adresse « à toutes les nations ». Elle met en scène le « Fils de l’Homme » qui vient dans sa Gloire et tous les anges avec Lui : c’est un grand moment de l’Histoire du monde, la fin de ce temps et le début d’une ère nouvelle. Ce Fils de l’Homme est Berger. Le texte d’Ezéchiel, (Ez 34) écrit quelques siècles auparavant, ainsi que le Psaume 22 (23), nous décrivent ce « beau Berger ». Il veille sur tous avec beaucoup de douceur et prend particulièrement soin des brebis mal en point. Il les mène toutes vers de beaux pâturages, leur faisant traverser les ravins de la mort. Et ce Berger, c’est Dieu Lui-même (Ez 34, 11-18)
         Que fait alors ce berger ? Il sépare : nous n’aimons pas tellement cette mesure ; voilà encore une « diabole ». Elle est là pour nous faire prendre conscience de ce que nous faisons et nous éviter une énorme illusion : dissocier l’amour de Dieu de l’amour du prochain, qui est bien concret. Il ne faudrait pas que nous découvrions, un peu trop tard, que notre attachement au Christ était factice. Que nous ne le servions qu’en pensée, en parole, mais non en acte. N’ayant pas vu nos frères dans le besoin, nous sommes passés à côté de Celui que nous cherchions en l’ignorant.

Au contraire, la Bonne Nouvelle, c’est que cette parabole nous presse d’être à l’image de ce berger, attentifs à nos frères. Avons-nous bien compris à quel point le Seigneur veut nous associer à son amour, de telle façon que ce que nous faisons pour nos frères, c’est à Lui que nous le faisons ? Ce Roi de l’Univers est loin d’asservir les sujets que nous sommes : Il nous  rend acteurs. Il semble même avoir besoin de nous puisque nous sommes ses mains, sa voix, ses oreilles auprès de ceux qui souffrent. Il nous est tellement uni chaque fois que nous aimons !

Que le Seigneur, qui nous a montré sur les routes et les villages de son pays comment faire, nous aide par sa parole et par le don de Lui-même à combattre toute sorte de mal et nous forme à sa manière d’aimer, particulièrement en ces temps plus difficiles pour beaucoup. Il nous unit à Lui, quelques soient nos faiblesses. Que nous puissions l’entendre dire à notre égard : « Viens avec tous les bénis de mon Père ! Viens avec tous ceux qui ont cru et mis en pratique cette compassion divine pour notre propre humanité ».
AMEN !


vendredi 7 novembre 2014

HOMELIE 33ème Dimanche Ordinaire A – (Mt 25, 14-30). 16 Novembre 2014



33ème Dimanche Ordinaire A(Mt 25, 14-30).
16 Novembre 2014
La Parabole des Talents

A lire cette parabole au premier degré, ce maître que Jésus présente comme image de Dieu est franchement rebutant ! Immensément riche, dur, autoritaire, sans cœur… bref pas du tout ce que nous essayons d’imaginer du Dieu de Jésus. Alors, pourquoi cette Parabole ?
Lisons bien la parabole : quel est le portrait de ce maître ?
Les deux premiers serviteurs ?  Comment le laissent-ils entrevoir, eux ? D’abord, ils reçoivent leurs talents comme des dons. Le maître en effet remet au premier cinq talents, au second deux. “Remet” = Donne : (en grec, didomi) le mot désigne le don que l’on fait, dans un héritage par exemple (comme pour l’enfant prodigue : Lc 15, 12). Il donne donc sans intention de reprise. Il lui transmet ainsi les pleins pouvoirs sur ses biens qui ne sont plus les siens. Il fait plus : Il respecte chacun en leur donnant “chacun selon ses capacités”,  c’est à dire, selon la force qui est propre à chacun d’accueillir des responsabilités. Il est juste, délicat même ! Puis Il part, longtemps… Là encore, après avoir donné, Il fait confiance, dans une plus grande liberté laissée aux serviteurs du fait de son absence.
Aussitôt, celui qui a reçu cinq talents va œuvrer avec” dit le texte : il les travaille, les transforme, les fait valoir et les deux premiers serviteurs gagnent chacun la somme équivalente à celle que le maître leur avait confiée : cinq pour l’un, deux pour l’autre. La production est bien sûr inégale, mais le comportement est identique. Inégaux dans “l’avoir”, ils sont semblables dans ce qu’ils sont : des créateurs, des “fructifieurs” ! Que pensez-vous de ce maître ? Ne serait-Il pas “Le Créateur”, L’éveilleur en humanité. Ne l’a-t-il pas faite à son image, comme sa ressemblance,  donc créatrice ?
Lorsqu’Il vient… (Il n’est pas écrit “lorsqu’Il revient” !) . S’Il re-venait, ce serait pour régler ses comptes. S’Il vient, ne serait-ce pas parce qu’Il est intéressé de se rendre compte de ce que ses serviteurs ont fait des talents donnés (Lui qui est immensément riche, avait-t-Il besoin de la plus value de ses serviteurs ?). L’Evangile invite davantage à assister à un compte-rendu de l’usage que les serviteurs ont fait de leurs dons, plutôt qu’à un règlement de comptes ! D’ailleurs,  lisons bien pour nous permettre de mieux comprendre. L’Evangile écrit : “Celui qui a reçu 5 talents s’approche en apportant cinq autres, disant : ‘Maître, tu m’as remis cinq talents. Vois ! Cinq autres j’ai gagnés !’ - Très bien serviteur bon et fidèle…”  Avez-vous fait attention ? Le serviteur ne présente pas dix talents, mais les cinq qu’il a gagnés, son œuvre à lui, preuve qu’il a bien compris que son maître lui avait donné les cinq premiers talents. Quant au maître, Il peut voir, se rendre compte qu’il a bien placé sa confiance dans ces deux serviteurs.  Il peut alors consacrer ces serviteurs, non plus dans ce qu’ils ont ‘en plus’ mais dans ce qu’ils sont devenus, semblables à leur maître, capables de créer, de faire fructifier. Ce maître retrouve des serviteurs à qui Il peut confier beaucoup, qui peuvent entrer dans la joie de leur maître. Et tout cela est bon, comme au temps de la Création où Il avait demandé à l’homme de la faire fructifier.
Tout autre est l’attitude du serviteur qui n’a reçu qu’un talent, lui aussi ‘selon ses capacités’. Il est d’usage de s’apitoyer sur lui, mais regardons bien son comportement. Il n’a pas compris que le Maître lui donnait, comme aux autres, son talent (somme colossale correspondant à 17 ans de salaire !). Se défiant de son maître, (même attitude à l’origine du premier péché, dit “péché originel», souvent inconscient, inavoué mais caché au fond du cœur de l’homme), il va se fabriquer une idée détestable de ce maître : exigeant, dur et sans appel, un maître qui va revenir demander des comptes. Cette idée va polluer sa pensée, son cœur, son imagination, si bien qu’il sera paralysé et qu’il n’aura même pas l’initiative de déposer son talent à la banque pour le faire fructifier : il l’a enfoui, enterré : comportement de mort, comme le regard qu’il porte sur son maître.

La raison de cette parabole ?
Pas seulement de nous faire savoir que Dieu attend que nous fassions fructifier nos talents. Mais aussi et surtout nous interroger sur l’image de Dieu que nous avons dans la tête ? Dans le cœur ?  Le voyons-nous comme un personnage, sans état d’âme, qui nous demanderait de faire fructifier ses biens et viendrait régler ses comptes avec nous jusqu’au dernier centime ? Un dieu d’une exigence telle qu’il ne pourrait qu’engendrer l’inquiétude et la peur de ne pas être à la hauteur ?
Ou alors comme quelqu’un qui nous donne de ses biens, à chacun selon nos capacités, sans intention de reprendre, mais en nous faisant confiance, en nous voulant “créateur” comme Lui ? 
…Et qui n’attend qu’une chose : nous donner davantage et nous faisant entrer dans sa joie.
Enfin, comment comprendre la phrase finale, un peu énigmatique ?
“A tout homme qui a, (parce qu’il a fait fructifier le  don qui lui est fait, parce qu’il fait confiance à Celui qui lui donne) l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas (parce qu’il ne croit pas au don et ne fait pas confiance à Celui qui lui donne), même ce qu’il a (le don qui lui a été fait) lui sera retiré”.
Mais pire, il restera enfermé dans sa défiance et sa pensée mortifere : c’est peut-être cela les “ténèbres et les grincements de dents”.
AMEN !

samedi 1 novembre 2014

HOMELIE COMMEMORATION des FIDELES DEFUNTS - Jn 12,24 à 28. Le 2 Novembre 2014.



HOMELIE COMMEMORATION des FIDELES DEFUNTS - Jn 12,24 à 28.
Le  2 Novembre 2014.


« Amen, amen, je vous le dis :
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul.
Mais s’il meurt,
il donne beaucoup de fruit »

C’est une parole solennelle (Amen, amen…) que Jésus livre à ses Apôtres quelques jours avant sa mort. Comme bien souvent, Il se réfère à la nature pour donner un sens à ce qui nous apparaît comme un scandale. Il y a en effet dans nos existences une « dynamique de la mort pour donner vie » : le cycle de la nature : printemps, été, automne, hiver nous le rappelle. Mais ceci n’est pas facile à admettre parce que la mort produit un bouleversement en nous et autour de nous, dont Jésus n’a pas été épargné. La mort apparaît comme une fin de vie et d’une certaine manière elle l’est. Jésus cependant va la présenter non plus comme une fin, mais comme une transformation, un passage d’une vie à une autre vie, très différente, comme celle du grain de blé à l’épi, mais en continuité.
Qui va opérer cette transformation ?  C’est le Père qui ne délivrera pas son Fils de cette heure, comme Il ne nous délivrera pas de notre heure, mais qui sera là, au cœur de ce bouleversement,  pour en assurer le passage et nous conduire dans sa gloire.
Qu’est-ce « qu’être glorifié» ? Dans la pensée biblique, la gloire (en hébreu "kavod») est ce qui est lourd (en hébreu "kaved"), dense, consistant, qui ne se délite pas. Etre glorifié, c’est devenir pleinement ce que nous sommes, appelés à être fille ou fils de Dieu, en pleine communion d’amour avec Lui et avec tous, rayonnant de la pure joie d’aimer comme Lui.

Revenons à la 1ère lecture que nous avons choisie, extraite du livre de Job (19,1.23 à 27). « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin, il se dressera sur la poussière des morts, avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas » Quelle force ! Quelle flamme dans ces paroles de foi en Dieu, venant d’un homme accablé d’épreuves dans sa vie, sa famille et jusque dans son corps !
La certitude de Job est bien semblable à celle de Paul dans la 2ème lecture que nous avons choisie. (1 Thess. 4,13 et 14 ; 17 et 18) « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité. De même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi, nous serons toujours avec le Seigneur ».

Quand nous évoquerons nos défunts, que le Seigneur nous remplisse de la certitude sans faille de Job ; de celle, basée sur le témoignage de Paul en la résurrection de Jésus et de la détermination confiante, mais non insensible, de Jésus marchant vers sa Passion et sa mort, sûr de l’amour libérateur et victorieux de son Père. Qu’Il nous permette ainsi d’être en communion avec eux en attendant de les rejoindre lorsque nous aurons fait notre passage avec le Père et avec Jésus pour être toujours avec eux,




AMEN !