jeudi 29 janvier 2015

HOMELIE 4ème Dimanche Ordinaire B. Mc 1, 21-28 1er Février 2015



HOMELIE 4ème Dimanche Ordinaire B. Mc 1, 21-28
1er Février 2015

« Voilà un enseignement nouveau proclamé avec autorité »

Jésus enseigne à la synagogue de Capharnaüm, et l’assemblée est frappée par son enseignement “car il enseigne avec autorité et non pas comme les scribes.”  
Qui sont les scribes ? Ce sont les spécialistes et les interprètes officiels des Saintes Ecritures. Au terme de longues études, vers l’âge de 40 ans, on était ordonné scribe, ce qui conférait autorité dans les décisions juridiques. Souvenez-vous du roi Hérode, qui lors de la venue des mages, s’adresse à eux pour savoir où, d’après les Ecritures, devait naître le roi des juifs.
Mais qu’est-ce donc que l’autorité ? Le mot vient du verbe latin “augere” qui signifie “croître”, et aussi “faire croître, faire grandir”. L’autorité a donc pour fonction essentielle de permettre à celui qui l’exerce d’aider ou de faciliter quelqu’un à devenir lui-même, homme à part entière, responsable de son histoire, capable d’initiative et de solidarité. “Une autorité véritable autorise l’autre à être auteur de sa vie”.
Les scribes avaient une autorité qui tenait à leurs connaissances, mais, nous l’avons vu avec la venue des mages, s’ils savaient beaucoup de choses, cela ne les faisait pas bouger pour autant. Ils transmettaient quantité de règles de tout genre, mais faisaient-ils grandir ?  Jésus plus tard, dans l’Evangile, les prendra à partie, car “ils disent et ne font pas” (Mt 23,3). Il leur reproche les excès dus à leur science et au souci des honneurs.
Jésus par contre exerçait une autorité de service, avec une compassion active, en particulier pour ceux qui étaient les plus fragilisés, et c’est le cas de ce pauvre homme, tourmenté par un esprit mauvais. Que fait-il ? Il fait comme Dieu son Père, au début du monde. Il sépare cet homme de l’esprit mauvais qui s’est installé en lui, là où il ne devait pas être. Dieu n’a-t-Il pas créé les êtres humains pour qu’ils soient libres et non pas aliénés par les forces du mal ? Jésus, à la surprise générale, se comporte à l’inverse de cet esprit du mal : il l’interpelle vivement, lui commande de quitter le pauvre homme et domine ses cris. On comprend que l’assistance ait eu très peur, tant cela était inhabituel, et comment elle se mit à s’interroger sur la personne de Jésus à l’écoute et au vu de ce qu’il venait d’accomplir : « Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! [N’en est-Il pas la source ?] Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent ! [N’est-il pas le maître de la création et son sauveur ?].
Le règne de Dieu est donc arrivé. Il révèle un Dieu qui veut tirer les hommes de toutes les puissances de mal qui le rende prisonnier de lui-même.
Aujourd’hui, Jésus nous associe à ce salut et en particulier, dans toutes les formes d’autorité que nous pouvons exercer, dans la mesure où nous détenons une responsabilité et donc un pouvoir qui lui est lié.
Comment exerçons nous cette autorité ? Pour dominer ? Pour nous mettre en valeur ? Ou en respectant l’autre ; en accueillant son désir lorsqu’il est bon; en lui faisant confiance. Savons-nous appeler ? Essayons-nous de rendre notre proche auteur de sa propre vie ?

Jésus nous montre une autorité qui aime : il ouvre aux autres et conduit à son Père.
Savons-nous saisir ou provoquer des temps de parole sur ce qui est important pour nous dans la vie ? Nous donnons-nous des occasions de partager en famille ce qui fonde nos attitudes face aux évènements ? Echangeons-nous sur les textes de la Parole de Dieu que nous avons écoutés à la messe ? Sur l’homélie, pourquoi pas ? Donnons-nous la parole à ceux qui n’osent pas la prendre ?
Bon Dimanche ! Bonne semaine ! Que la Parole et la présence du Seigneur vous fassent grandir, à son image !
AMEN !

jeudi 22 janvier 2015

HOMELIE 3° DIMANCHE Ordinaire B. Mc 1, 14-20 25 Janvier 2015.



HOMELIE 3° DIMANCHE Ordinaire B. Mc 1, 14-20
25 Janvier 2015.

« Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes »

A entendre cet Evangile, qui n’est pas surpris de la rapidité avec laquelle les premiers disciples répondent à l’appel de Jésus ? « Aussitôt, laissant là leur filet, (leur gagne-pain), ils le suivirent » « Aussitôt, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent dernière lui ». Pouvoir magnétique de Jésus ? Fascination d’un gourou ? Toute chose qui serait dénoncée aujourd’hui comme une atteinte à la liberté des personnes.
Pourtant, les évangiles des dimanches précédents nous avaient présentés les premières rencontres de Jésus avec ces mêmes disciples sous le parrainage de Jean-Baptiste. Ils connaissaient donc Jésus et avaient déjà pris conscience de sa personne : « Nous avons trouvé le Messie » dit André à son frère Simon-Pierre avant de le présenter à Jésus. Et le sceptique Nathanaël de professer : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ! ». Que s’est-il donc passé ?
Après son Baptême dans le Jourdain, Jésus s’est retiré au désert. Ce n’est qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste, qui ne peut plus exercer son ministère de prophète, que Jésus va commencer le sien. Il va donc retrouver ces hommes que Jean-Baptiste lui avait désignés et avec lesquels il avait passé quelque temps, pour les appeler à participer à l’annonce de la Bonne Nouvelle, car « les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ».  Et on ne peut pas y rester indifférent : il y a urgence, comme pour les habitants de Ninive en réponse à la prédication de Jonas : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle= Evangile ».
Les disciples que Jésus appelle ont été d’abord disciples de Jean-Baptiste ; ils doivent donc être très affectés par la mise en prison de leur premier maître. Jésus d’une certaine façon prend le relais et, le connaissant déjà un peu, ils n’hésitent donc pas à la suivre.     
Mais il y a plus dans leur décision me semble-t-il.
Jésus les invite à devenir des pêcheurs d’hommes. Comment comprenez-vous ces images ? Un filet qui enserre et capture…Un pêcheur qui donne la mort à ses captures…même si c’est pour la bonne cause : nourrir ! De plus, d’une certaine façon,  elles donnent l’impression que Jésus va leur faire faire « une bonne pêche », c'est-à-dire faire du nombre en adeptes de ceux qui les suivront. Ce sont des images un peu gênantes, voire traumatisantes lorsqu’on prend conscience de ce qu’elles représentent, ne trouvez-vous pas ?
 Seulement pour un juif, plongé dans la mentalité et la symbolique biblique, il n’en va pas ainsi.
Jésus, écrit St Marc, « chemine auprès de la mer… » Mer : Thalassa et non Lac : limnén comme écrit St Luc, qui lui n’est pas juif. Et en effet, le lac de Génésareth, (de Galilée ou de Tibériade) est bien un lac de 21 kms N/S et 13 kms dans sa plus grande largeur, E/O.
Alors pourquoi Marc, mais aussi Matthieu et Jean, qui sont juifs, le désignent toujours par “Mer” ? Parce que la mer, dans la symbolique juive, est toujours considérée comme le lieu des puissances du mal et de la mort. Des eaux primordiales sur lesquelles tournoient l’Esprit de Dieu, d’où Dieu fera émerger la création, jusqu’à la mer qui a englouti Jonas fuyant l’ordre de Dieu d’aller proclamer la conversion aux ninivites, en passant par les eaux du Déluge et celles de la Mer Rouge engloutissant tous les violents de la terre, sans oublier la prière de nombreux psaumes parlant du monstre le Léviathan, et enfin Jésus qui s’adresse aux flots en furie comme il s’adresse au démon pour le chasser d’un pauvre possédé à Capharnaüm et qui marchera sur la mer annonçant qu’Il vaincra la mort par son amour, sur la Croix, il est bien question de tirer des hommes de ces lieux de morts, de les sauver des puissances du mal. Les premiers disciples le pressentent déjà et suivent sans hésiter Celui qui sera leur Sauveur.
Il ne s’agit pas de suivre Jésus pour faire nombre mais pour faire connaître ce merveilleux Sauveur. Tous les chrétiens doivent se convertir, croire à la Bonne Nouvelle et proposer cet Evangile à tous : c’est ainsi que se fera le plus tôt possible l’Unité des chrétiens, lorsque toutes les Eglises et communautés chrétiennes, avec leurs diversités, n’auront qu’un souci, celui de leur Seigneur, Sauver le monde. Devenons pêcheurs d’hommes.         AMEN !

mercredi 14 janvier 2015

HOMELIE 2ème Dimanche Ordinaire. Année B - Jn 1,35-42 18.01.15



HOMELIE 2ème Dimanche ordinaire. Année B - Jn 1,35-42
18.01.15 

« Voici l’Agneau de Dieu ! ». Comment Jean-Baptiste pouvait-il désigner ainsi, à deux de ses disciples, ce cousin qu’était Jésus, fils de sa tante Marie de Nazareth ? Et comment, tout célébrant, en vous invitant à venir communier, peut-il vous présenter l’hostie consacrée en reprenant les mêmes termes ? Certes, par le don de sa vie sur la Croix à la veille de la Pâque, Jésus était vainqueur de la mort et accomplissait le dessein de Dieu : nous sauver. Dès lors, il a été considéré par les premiers chrétiens comme l’agneau pascal, non pas celui que devaient sacrifier les hébreux avant d’être libérés de l’esclavage d’Egypte, mais celui qui libère de la mort et de l’esclavage du péché.
                  Or il se trouve que dans la langue parlée par Jésus et Jean-Baptiste, qui est l’araméen, proche de l’hébreu, le mot qui désigne l’agneau, “talya”, signifie également “jeune homme” et “serviteur”. Lorsque l’évangéliste rapporte, longtemps après, cette première rencontre de Jésus avec ses deux premiers disciples, Jésus a vécu sa Pâque et s’est bien montré le Serviteur qu’annonçait Isaïe sur lequel pesait le péché du peuple et qui par son sacrifice allait le racheter  (Is 53,7 ;10-11) : « Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire… il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé s'accomplira. A la suite de l'épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes ». En désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste, en prophète, prédit la destinée de Jésus.
                   Ceci semble confirmé par un petit détail qui à priori, semble sans intérêt. L’évangéliste se rappelle l’heure de cette rencontre si importante. « C’était vers quatre heure du soir ». En fait, il est écrit : « C’était environ la dixième heure ». Pourquoi cette précision ? Elle a une valeur hautement symbolique. Car d’après une tradition juive, la veille de la Pâque, il fallait avoir terminé le sacrifice de l’agneau pascal avant la dixième heure pour avoir le temps de le rôtir et pouvoir le consommer durant la nuit de Pâque. Après la résurrection du Christ, les Apôtres comprendront qui est le véritable et définitif Agneau pascal et bien sûr ils se souviendront de cette première rencontre avec leur Seigneur, qui avait du être déterminante pour eux.
                   Ce qui est d’ailleurs remarquable dans cette première rencontre, c’est la manière dont Jésus aborde ses premiers futurs disciples (et pourquoi pas chacun de nous). Il leur pose la question : « Que cherchez-vous ? ». Il n’annonce rien, n’affirme rien : Il nous interroge sur notre recherche. Le désir est la condition pour avancer dans la foi. C’est d’ailleurs la question que l’on pose aux catéchumènes à leur entrée en catéchuménat. Cette question est une invitation à faire la lumière sur nous-mêmes, nos désirs, nos projets, ce qui compte réellement pour nous, ce qui a le plus de prix à nos yeux…
                   La réponse des disciples à la question de Jésus est assez déconcertante : « Maître, où demeures-tu ? » Mais si c’était la bonne, la seule et unique question  que l’on pouvait faire à Dieu: savoir où Il demeure pour être avec Lui, tant Il nous a montré qu’Il voulait être avec nous !
                   La réponse de Jésus est non moins étonnante : « Venez et vous verrez ! » N’exprime-t-elle pas l’infini respect que nous porte Dieu et qui en appelle à notre pleine liberté ?
A Gethsémani, la question de Jésus à ceux qui viennent l’arrêter ne sera plus : « Que cherchez-vous ? » mais « Qui cherchez-vous ?». Au bout de notre recherche, de notre désir, il n’y a pas des idées, des biens matériels, des réussites, la gloire… que sais-je ! Il y a quelqu’un.
                   En communiant, accueillons l’Agneau de Dieu qui “soulève” nos péchés pour les extirper de notre cœur et de notre pauvre monde et nous invite à le connaître de mieux en mieux et demeurer avec Lui.
                    
AMEN !

samedi 10 janvier 2015

HOMELIE du Dimanche du BAPTÊME du Seigneur Année B Mc 1,7 -11 - 11/01/2015



HOMELIE du Dimanche du BAPTÊME du Seigneur Année B
Mc 1,7 -11  - 11/01/2015

Au terme de ce temps de Noël, nous célébrons déjà  le Baptême du Seigneur. Vous connaissez la signification du mot Baptême : il vient du grec « baptizo » qui signifie : plonger, immerger. Ne prend-il pas aujourd’hui une signification toute symbolique alors que notre pays vient d’être plongé dans une tragédie qui nous a tous bouleversés et laissés avec tant de questions sur le sort des victimes, des tueurs, de notre vie, de notre société ?
L’Evangile d’aujourd’hui nous présente le baptême que Jean donnait à ses contemporains. Il avait choisi ce geste symbolique pour exprimer la purification et le changement de vie de celui qui demandait à être plongé dans l’eau qui lave et purifie de tout ce qui nous déshumanise. C’est sans doute cela qui justifie l’horreur que nous avons ressentie ainsi que la compassion envers les victimes devant ces crimes froidement exécutés. Certes, je ne partage pas les dessins des caricatures de Dieu que le journal avait dénoncées, car ils ont blessé nombre de croyants sincères et innocents. Mais le motif de vengeance avancé par les tueurs ne justifiait pas leur acte. Encore ne nous faut-il pas tomber dans toute forme de haine à leurs égards qui nous rendrait inapte à accueillir l’amour de Dieu (1Jn 4,20) et à triompher du mal en nous faisant réagir et penser comme eux.    
Jésus avait-il besoin de ce Baptême, Lui qui était sans aucune impureté ? Pourquoi alors Jésus vient-Il se faire baptiser ?
Si Jésus demande le Baptême, c’est pour être plongé entièrement  dans l’humanité et être solidaire avec elle qui a tant besoin d’être purifiée : les évènements d’aujourd’hui nous le manifestent cruellement, sans oublier ce qui s’est passé le même jour au Nigéria où 16 villages ont été détruits et 2000 personnes massacrées par le groupe islamiste de Boko-Haram.

Que faire alors devant ce déferlement de violences ?
Deux dispositions fondamentales nous sont offertes. Je les trouve dans la lettre que St Jean adresse aux premiers chrétiens, dont nous avons un extrait dans la 2ème lecture d’aujourd’hui :
1.   Garder les commandements de Dieu.
2.   Croire que Jésus est Fils de Dieu 
Garder les commandements de Dieu : aimer Dieu et aimer aussi son frère. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli. »  1Jn 4,12. Ces commandements ne sont pas un fardeau car ils nous rendent heureux d’accueillir Dieu Lui-même qui nous permet d’aimer à notre tour et de rendre heureux nos frères.
St Jean ajoute autre chose : « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » Et le Fils de Dieu, sur la Croix, écrasé par le péché des hommes, est plongé, « baptisé », dans la mort mais pour ressusciter trois jours après. La mort est vaincue, le mal est terrassé par l’amour de Jésus qui pardonne : une Vie Nouvelle est inaugurée. C’est ce qu’écrivait St Jean dans la 2ème lecture : « Jésus-Christ [qui] est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement l’eau (allusion au Baptême de Jean), mais avec l’eau et le sang (qu’Il a répandu en mourant sur la Croix). C’est l’Esprit qui rend témoignage ». Quand ce témoignage de l’Esprit sera-t-il donné ? A la Pentecôte où les Apôtres, ayant reçu l’Esprit-Saint, baptiseront ce jour-là jusqu’à trois mille personnes qui mirent leur foi en Jésus, Fils de Dieu. Voilà pourquoi Jean-Baptiste annonçait un autre Baptême : le Baptême dans l’Esprit-Saint, qui est Dieu.
Aujourd’hui, à nous qui avons été baptisés, l’Esprit-Saint est donné : Il nous rend capable d’aimer avec Dieu Lui-même et de vaincre toutes les forces de mort qui semble dominer le monde, en nous comme autour de nous.
Alors, à chaque baptême, la voix venant des cieux peut reprendre pour chacun d’entre nous : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie ». 
 AMEN !