mardi 27 avril 2021

HOMELIE 5ème Dimanche de Pâques - "Hors de moi, vous ne pouvez rien faire" - Jn 15, 1-8 - 2 Mai 2021.

 

HOMELIE 5ème Dimanche de Pâques -  Jn 15, 1-8

2 Mai 2021.

 

«Moi je suis la vigne, et vous les sarments …car hors de moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5

 

Belle image que celle de la vigne et des sarments pour exprimer l’union du Corps entier avec chacun de ses membres, celle du Christ avec ses disciples.

         Une phrase cependant peut étonner par sa radicalité : « …car hors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Un être humain ne pourrait-il pas par lui-même réaliser de belles choses ? Mais alors, le Christ ne serait-Il venu que pour certains privilégiés qui auraient pu le connaître ? Comme toute citation, elle ne se comprend et ne vaut que par le contexte dans lequel elle a été exprimée. Prenons un autre exemple avec une formule bien connue : « Hors de l’Église point de salut ! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu utiliser cette formule pour exprimer l’exclusion de tous ceux qui ne feraient pas partie de l’Église ? Mais d’où vient cette formule ? Elle provient d’un Père de l’Église, Origène, théologien et bibliste à Alexandrie en Égypte, qui vers 240 de notre ère s’adressait aux chrétiens qui s’étaient séparés de l’Église. Voici la citation entière : « Que personne ne se fasse illusion, que personne ne se méprenne, hors de cette maison, c'est-à-dire hors de l’Église, personne n’est sauvé. Si quelqu’un en sort, il se rend responsable de sa propre mort » et quelques années après, vers 250, l’évêque de Carthage, St Cyprien écrivait : « Quiconque se sépare de l’Église se frustre des promesses de l’Église ; s’il abandonne l’Église du Christ, il n’aura pas accès aux récompenses du Christ… » Dans les deux cas, ces propos concernent un conflit interne à l’Église qui conduit à une séparation. Origène comme St Cyprien mettent en garde les chrétiens qui quittent l’Église pour former une secte à part et qui se situent en rupture avec l’ensemble de la Communauté Chrétienne. En aucun cas, elle ne s’adresse à ceux qui, pour des raisons diverses, ne font pas membre de l’Église.

         Il en est de même pour la formule de St Jean. Resituons-la dans le passage d’Évangile que nous avons entendu. Il commence par : « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à SES DISCIPLES… » Et il se termine par : « …ainsi vous serez pour moi des DISCIPLES. » Jésus s’adresse donc à SES DISCIPLES et non à tous les humains. Ces derniers, en toute innocence, n’auront peut-être jamais entendu parler de Lui. Et pourtant, Jésus est venu pour tous. Lui-même en surprendra plus d’un lorsqu’ils paraîtront devant Lui à la fin des temps et qu’ils s’entendront dire, tout étonnés : « Venez les bénis de mon Père, car j’avais faim, soif, j’étais malade, prisonnier, étranger et vous êtes venus à moi …Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25, 40.

         C’est Dieu qui sauve et non l’Église, même si celle-ci a reçu les moyens d’accueillir et de transmettre le don du salut. Jésus, le Fils du Père, s’est donné à Tous. Il ne faut donc pas réduire l’action salutaire de Dieu aux frontières de l’Église, frontières qu’il n’est d’ailleurs pas aisé de tracer. Notre pape François, en nous invitant à aller aux périphéries, rappelle ce souci qu’avait le Christ d’envoyer ses disciples jusqu’aux extrémités du monde. Ces démarches  illustrent l’attention et le respect que porte le Saint Père, au nom de toute l’Église, envers tous ceux qui partagent les mêmes valeurs que le Christ a promues pour leur en faire découvrir la source.

         Que les disciples du Christ restent bien unis à leur Seigneur comme le sarment recevant la sève du Cep sans lequel ils ne pourraient porter beaucoup de fruits et encore moins le faire connaître. Et que ceux qui ne le connaissent pas encore (ou qui n’en connaissent qu’une image déformée) suivent la conscience que le Créateur leur a donné, comme l’écrivait St Paul aux chrétiens de Rome : « En effet, quand les païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; ils montrent la réalité de cette loi inscrite dans leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres… au jour où Dieu jugera les pensées secrètes des hommes selon mon Évangile, par le Christ Jésus » (Rm 2,14-16).

Dieu n’aime-t-Il pas tous ses enfants et ne veut-Il pas qu’ils portent du fruit et soient un jour auprès de Lui, eux aussi ?

AMEN !

 

jeudi 22 avril 2021

HOMELIE 4 ème Dimanche de PÂQUES. Année B 25 Avril 2021 – Jn 10,11-18 Journée universelle de prière pour les vocations

HOMELIE 4 ème Dimanche de PÂQUES. Année B

25 Avril 2021 – Jn 10,11-18

Journée universelle de prière pour les vocations

 

“Je suis le bon pasteur;

Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.” Jn 10,11

                  L’image du berger retrouve aujourd’hui une signification forte avec les questions que pose le lâcher des ours dans les Pyrénées, quand ce n’est pas celle de la présence des loups dans le Mercantour, au Sud des Alpes. C’est qu’il en faut de la surveillance et même du courage pour garder ses brebis : nous sommes bien loin de l’image traditionnelle du doux berger !

         Jésus est le Bon Berger [l’évangile a même écrit : le “beau berger”, kalos,  au sens de noble, honnête, vrai ; tout différent du mercenaire qui ne travaille que pour de l’argent]. Il est beau parce qu’Il donne sa vie pour ses brebis. Là encore, il faudrait dire comme cela est écrit dans le texte grec : Il dépose sa vie.  Il le redit à la fin de notre évangile d’aujourd’hui : « Personne ne m'enlève la vie; mais je la dépose de moi-même. J'ai pouvoir de la déposer et j'ai pouvoir de la reprendre; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père. »

         Déposer, [se dessaisir] / prendre de nouveau, comme Jésus, à la Sainte Cène, la veille de sa mort, déposera son vêtement pour le reprendre une fois lavés les pieds de ses disciples. Il est Maître et Seigneur. Il a fait ce geste en toute conscience et en toute liberté, comme Il déposera sa vie le Vendredi Saint pour l’obtenir de nouveau de son Père au matin de Pâques ; car sa vie même, en Fils, Il la reçoit du Père. C’est le cœur même de Jésus que cette union au Père, qui Lui-même ne cesse de donner.

Ce qui vaut pour le Père et le Fils vaut désormais pour chacun de nous : goûter à l’amour divin, recevoir sa vie et la donner, recevoir le commandement du Père et exercer sa liberté en y adhérant.

Tous baptisés, nous sommes appelés d’une manière ou d’une autre à vivre cela.

ü  Pour certains, par notre présence active au service des hommes de notre monde, de notre pays, de notre société et bien sûr, de notre famille, dans un monde très préoccupé de lui-même et souvent inhumain et en détresse.

ü  Pour d’autres, par une vie consacrée, signe clair et généreux de la présence de Dieu au cœur de son humanité et lui rappelant sa destinée éternelle et heureuse auprès de Lui.

ü  Pour d’autres encore, par une vie configurée à Jésus, beau pasteur, dans un ministère diaconal, presbytéral ou épiscopal tout donné au service des membres de son peuple.    

         Tous, complémentaires les uns des autres ; tous donnant de leur vie les uns aux autres ; tous habités par l’Esprit d’amour du Père et du Fils pour le monde qu’Ils veulent sauver.

Voici ce que disait Benoît XVI au Vatican le 3 Décembre 2007 commentant la prière sacerdotale de Jésus  (Jn 17, 21) :  

« C’est seulement dans un terrain spirituellement bien cultivé que fleurissent les vocations au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée. En effet les communautés chrétiennes, qui vivent intensément la dimension missionnaire du mystère de l’Église, ne seront jamais portées à se replier sur elles-mêmes. La mission comme témoignage de l’amour divin, devient particulièrement efficace quand elle est partagée d’une manière communautaire, “afin que le monde croie”

AMEN !

 

jeudi 15 avril 2021

HOMELIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B. "Manifestations du Ressuscité" Lc 24,35-48 - 18 Avril 2021

 

HOMELIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B.   Lc 24,35-48

18 Avril 2021

"Manifestation de Jésus ressuscité "

Cet Évangile est la suite immédiate du passage dit « des disciples d’Emmaüs ». On aurait pu penser que le cœur brûlant avec lequel les deux disciples avaient témoigné du Ressuscité aurait stimulé la foi et l’espérance des autres disciples qui leur disaient : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon. » Lc 24,34. Avant cela, il y avait bien eu le témoignage des femmes venues au tombeau le matin de Pâques mais cela était resté sans effet.

Un évènement va les surprendre. Alors qu’ils sont en train de parler ensemble de Jésus, celui-ci se tient au milieu d’eux et leur dit tout simplement : « La Paix soit avec vous. » Cela suffit pour qu’ils soient saisis de stupeur et de crainte. Étrange ! Car ils venaient d’apprendre que Jésus était bel et bien ressuscité.

Quelle est la raison de cette crainte ? « Ils croyaient voir un esprit ! » Et de fait, c’est tellement improbable qu’il y a de quoi être déstabilisé !  Mais n’est-ce pas plutôt le fait que Jésus, qui se rend présent au milieu d’eux, est différent de l’image qu’ils se sont fait de Lui, et dont ils continuaient à parler entre eux quelques instants auparavant ?

 

Cela nous conduit à chercher qui est pour nous Jésus Ressuscité ? Pour les premiers disciples, comme pour nous aujourd’hui, cela fait appel à notre foi. Jésus ne se manifeste qu’à ceux qui croient en Lui ou comme Thomas, qui cherchent à croire en Lui. Sans doute une exception à cela : St Paul, sur le chemin de Damas. Mais justement, St Paul était animé d’un zèle jaloux pour Dieu et il croyait de bonne foi que les premiers chrétiens étaient des blasphémateurs. Il reçoit le don de la foi à l’instant même où il entend la voix de Jésus : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? » Et Paul répond : « Qui es-tu Seigneur ? »  « Je suis Jésus que tu persécutes. » Ac  9,4-5.

Les apparitions de Jésus sont des manifestations de sa présence, la présence qu’Il avait promise à son Eglise. Ces apparitions, pleine de fraîcheur et de tendresse sont des rencontres pour faire grandir leur foi et les préparer à témoigner du Christ vivant et ressuscité. N’auront-ils pas  à annoncer le message de « la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » ?

Et pourtant, « dans leur joie, ils n’osaient pas y croire et restaient saisis d’étonnement. » Là encore, pourquoi ce contraste dans la réaction des disciples ?

Les disciples, avant même la mort de leur maître avaient une foi profonde en Lui. Pendant trois ans, Ils l’avaient découvert et l’avaient suivis jusqu’au bout : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous nous avons cru et nous avons connu que Tu es le Saint de Dieu ». Jn 6,68-69. Cependant, déconcertés par l’attitude passive de Jésus face aux responsables du peuple qui le condamnaient, ils ont eu peur et l’ont abandonné.

Au soir de Pâques, lorsque Jésus s’est manifesté à eux, leur foi en cette présence nouvelle avait quelque chose de radicalement différent : joie de le voir vivant, d’éprouver que leur foi en Lui n’était pas vaine, mais était-ce bien Lui ? D’où ces “preuves tangibles” que Jésus leur apporte et qu’une fois données, Il va dépasser pour les ouvrir à d’autres “preuves spirituelles” relevant de la foi dans les Écritures, manifestant le dessein de Dieu : « Alors Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures…”

 

Aujourd’hui, notre foi en Jésus s’appuie non seulement sur le témoignage éprouvé et digne de foi de ses disciples, qui ont donné leurs vies pour Lui, mais sur la lecture et l’interprétation des Écritures en Église.  Cela resterait encore insuffisant, comme le rappelait St Jean dans la 2ème lecture, si nous ne mettions pas en pratique les commandements du Christ, et notre foi est vérifiée par l’amour qui est partagé envers tous. Enfin, cette foi peut se nourrir et s’exprimer grâce aux sacrements, signes de la présence divine.

 

Laissons-nous habiter par cette joie simple de la foi en « Celui qui est avec nous jusqu’à la fin des temps » Mt 28,20

 

AMEN !