jeudi 29 décembre 2022

HOMELIE 1er Janvier 2023 – Marie, Mère de Dieu. Vœux 2023 - Lc 2,16-21

 

HOMÉLIE 1er Janvier 2023 – Marie, Mère de Dieu.- Lc 2,16-21

Vœux 2023

 

Je suppose que des vœux, vous avez dû en recevoir beaucoup ces derniers temps, exprimant diverses souhaits.

 À mon tour, en vous présentant mes vœux pour cette nouvelle année 2023, alors que son horizon semble bien sombre, je voudrais reprendre ce qui est écrit de Marie dans cette finale de l’Évangile de la Nativité après la visite des bergers.

 « Marie, cependant, retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ».

De quels évènements s’agit-il ? Il s’agit de la visite des bergers et de ce qui leur avait été annoncé par l’ange au sujet de cet enfant : « Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur qui est le Christ (Messie) le Seigneur. ». Enfin semblent se réaliser les promesses tant attendues que Dieu avait fait au  peuple juif par les prophètes. Les bergers, après s’être rendu à la crèche et avoir vu l’enfant, Marie et Joseph, sont repartis. Ils ont  annoncé à leur tour la Bonne Nouvelle à tous ceux qu’ils ont rencontrés et tout le monde s’en est étonné !

« De son côté Marie, d’après le texte original grec, gardait tout avec soin ces choses dites aux bergers, les retenant dans son cœur »

"Les retenait" : ce mot grec ("sumballoussa" sumballousa) signifie : mettre ensemble, interpréter, chercher les sens… des évènements qui se présentent et ce que l’on dit à leurs sujets. Voilà ce que la Mère de Dieu gardait avec soin dans son cœur pour connaître et répondre à ses desseins.

Je nous souhaite donc d’imiter la Vierge Marie, afin que nous accueillions les évènements et les personnes qui se présenteront ou feront appel à nous cette année. Nous ne pouvons certes pas répondre à tous les appels mais nous avons, comme Marie, à les interpréter, les discerner et chercher à comprendre comment y répondre. Ceci en les gardant parfois un certain temps dans notre cœur et à la lumière de l’Esprit Saint, à qui, à notre tour, nous avons fait appel.   

AMEN !

 

jeudi 22 décembre 2022

HOMÉLIE DE LA MESSE DU JOUR DE NOËL 2022 - Jn 1,1-18

 

HOMÉLIE DE LA MESSE DU JOUR DE NOËL 2022 - Jn 1,1-18

 

Pour nous faire entrer dans ce merveilleux Mystère et Évènement qu’est la Nativité du Seigneur, l’Église a choisi pour la Messe de ce Jour le Prologue, début de l’Évangile de St Jean.

Il débute par : « Au commencement… ». Comme dans le premier livre de la Bible, la Genèse : « Au commencement, dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1). Le mot hébreu utilisé est : « Bereshit » qui mot à mot signifie : « Entête ». Si je peux me permettre un anthropomorphisme, qu’y avait-il dans la tête du Créateur ? Quel était son dessein ? Bien sûr, la Création toute entière. Mais dans le prologue de St Jean, c’est le Verbe, le Logos, "logoV", c’est-à-dire la pure Parole de Dieu.

Cette Parole nous révèle que ce Verbe, « fait humain »a « dressé sa tente parmi nous, afin que tous ceux qui l’ont reçu puissent devenir enfants de Dieu ». C’est l’Évènement que nous célébrons aujourd’hui en la Nativité de ce Verbe.

 

         Je vais maintenant quitter un instant ce très bel Évangile pour attirer votre attention sur un phénomène quasi universel  qui accompagne de façon totalement différente ce jour de Noël.

Vous avez sans doute chez vous, comme chez la plupart de nos concitoyens un sapin de Noël. Quel lien pourrait-il y avoir entre ce sapin et cette fête si ancienne célébrée dans toute la Chrétienté et dans bien d’autres coins du monde aujourd’hui ?

L’apparition du sapin dans les demeures de certains peuples de l’hémisphère Nord, où le soleil, en cette période de l’année, est au plus bas à l’horizon (voire même a disparu le plus au Nord), est bien antérieur au christianisme. Juste après le solstice d’hiver, lorsque le soleil commence à s’élever plus tôt de nouveau, on a voulu célébrer cette quasi renaissance et pour ce faire, on a choisi le seul arbre qui n’avait pas perdu ses feuilles en restant toujours vert.

 

Le christianisme s’étant progressivement répandu dans tous les peuples de notre hémisphère, au Moyen Age, on célébrait la Nativité du Sauveur sur les parvis des cathédrales et des églises, et à côté de la crèche vivante, on plaçait un sapin. Pourquoi ?

Jésus, Yeoshua, "Dieu sauve", entre dans notre pauvre humanité qui vit continuellement des malheurs faits de conflits, de maladies ou de famines. N’avait-elle pas été créée pour habiter un merveilleux jardin dont la seule condition était de ne pas manger le fruit d’un arbre planté en son milieu ? Trompés par le serpent symbolisant le "mauvais", père du mensonge, nos premiers ancêtres avaient enfreint l’interdit et avaient dû quitter ce lieu de confiance et d’amour tel que l’avait établi le Créateur. Mais Celui-ci ne voulait pas perdre ses créatures et au terme de longs siècles, Il avait préparé la venue du Verbe, son propre Fils, pour que ceux qui le voulaient puissent un jour rejoindre ce Paradis que ce Verbe allait rouvrir en donnant sa Vie.

Ce sapin rappelait la faute originelle

Près de la mangeoire, où le Verbe était couché, il annonçait le retour de l’humanité vers le jardin du Paradis et Son Créateur.

 

Pour le signifier davantage, on lui accrocha des boules évoquant les fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, du bonheur et du malheur. Certaines boules avaient même l’aspect de pommes, sans doute inspirées par la mauvaise traduction en latin, du mot hébreu fruit.

Alors, frères et sœurs, accrochez des boules à votre sapin, mais ne faites pas comme Ève et Adam qui ont croqué le fruit. Pas de soupçon ou de doute sur ce que demande le Seigneur ; ne recommençons pas leur désobéissance et demandons à notre Sauveur bien-aimé de nous accompagner ver ce jardin de bonheur : n’est-il pas le premier don qu’Il fit sur sa Croix, en introduisant dans le Paradis le malfaiteur crucifié avec Lui !

Que la fête de Noël soit célébrée comme celle de la Nativité de Notre Sauveur qui vient nous prendre aujourd’hui par Sa Parole et Sa Présence afin de nous introduire dans Son Royaume, un Royaume d’amour et de Paix avec tous.

AMEN !

 

jeudi 15 décembre 2022

HOMÉLIE 4ème Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 1, 18-24 - 18 Déc. 2022

 

HOMÉLIE  4ème Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 1, 18-24

18 Déc. 2022

Les textes des Écritures, à la veille de Noël, nous plongent au cœur de l’histoire humaine à la fois collective et personnelle.

Lorsque le Seigneur envoie le prophète Isaïe auprès du roi Acaz, roi de Juda, descendant de David, vers 734 avant Jésus-Christ, la situation du Royaume de Juda n’est pas brillante : ses deux voisins, le roi de Samarie et le roi de Damas, ont décidé une expédition punitive contre Jérusalem qui tentait de faire alliance avec le roi d’Assyrie. La dynastie davidique est alors menacée et risque d’être interrompue. Isaïe, devant le manque de foi du roi Achaz, roi de Juda, le reprend vertement : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! » (Is 7,13). Isaïe lui annonce quand même qu’un fils va lui être donné, promesse d’un avenir, et avant même que cet enfant ait atteint l’âge de raison, les ennemis seront vaincus. C’est ce qui se réalisa en 721.

Dieu intervient dans le cours de l’histoire. Il agit en faveur de son peuple. Il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Quel en est le signe ? Matthieu alors cite cette prophétie d’Isaïe que nous avons entendue en première lecture de ce dimanche  « Voici que la vierge concevra… ». (Is 7,14)

Dans le cas de Joseph, Dieu intervient d’une manière encore plus affirmée. Ici auprès d’un descendant de David afin que soit accomplie la prophétie faite à David lui-même par le prophète Nathan. (2 Samuel 7,11-12). Et pourtant, la situation de Joseph est embarrassante : il est fiancé à une jeune fille qui est enceinte. Or Joseph est un homme juste. Mais en quoi est-il juste ? Il devrait appliquer la loi qui, dans ces circonstances, exige que l’on répudie publiquement celle qui a fauté. Il est certainement bon ; il ne veut pas faire de mal, ni de scandale ; il a sans aucun doute une grande estime pour Marie et, ce qu’elle a dû lui dire, le conduit à ne pas s’attribuer la paternité d’un enfant qui n’est pas le sien, dont il pressent qu’il est hors du commun. Il ne veut pas s’immiscer dans le projet de Dieu qui le dépasse.

C’est alors qu’intervient l’ange du Seigneur pour lui révéler l’origine divine de cet enfant et lui faire une double demande : prendre pour épouse Marie, qui a risqué elle-même pour Dieu sa propre réputation  et donner à cet enfant une ascendance davidique, « messianique , « christique » accomplissant les Écritures, « né de la race de David » comme l’écrira St Paul aux Romains (Rm1, 3). Et Joseph fait ce que Dieu lui demande : il est juste, c'est-à-dire “ajusté” à Dieu.

Les desseins du Seigneur ne sont pas les nôtres. Elles surprendront davantage lorsque l’on découvrira que ce « Messie », ce « Sauveur », montrera un chemin de bonté, d’attention aux petits et aux malheureux là où beaucoup attendait un Messie puissant et vengeur face à l’oppression romaine. Lui-même épousera la souffrance et la détresse humaine à l’extrême jusqu’à en mourir manifestant à quel point « Dieu est avec nous ». Mais par sa résurrection, écrit St Paul,  Il sera établi Fils de Dieu. Il sera aussi « Le Seigneur qui Sauve » « Jésus » « Yeoshua »

L’Évangile d’aujourd’hui où Dieu entre en la personne de son Fils dans l’histoire humaine, ouvre le temps de la Bonne Nouvelle à laquelle nous sommes appelés. Quelle est-elle ?

Tout d’abord, prendre conscience qu’à aucun moment nous ne sommes seuls puisque Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps. C’est d’ailleurs une des grandes révélations présente tout au long de la première Alliance. Dieu ne demande-t-Il pas à Abraham : « Marche en ma présence et soit intègre ” ? (Gn 17,1). Ne promet-Il pas à Moïse : « Je serai avec toi  » au moment de l’envoyer auprès de Pharaon pour libérer son peuple ? Et encore, que répond le prophète Michée à ses contemporains, croyant satisfaire Dieu par des pratiques cultuelles tout en ignorant la morale ? « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8). Voilà donc ce leitmotiv qui court de siècles en siècles.

 

        Cette présence de "Dieu avec nous" est-elle Bonne Nouvelle pour chacun d’entre nous ?  Bon et joyeux Noël !    

 AMEN !

jeudi 8 décembre 2022

 

HOMELIE  3ème  Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 11, 2-11

11-Décembre 2022

 

« Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » » Mt 11,2

 

Étonnante cette question que les disciples de Jean-Baptiste adressent à Jésus, alors qu’il a été enfermé dans son cachot par le roi Hérode. Ne laisse-t-elle pas apparaître de sa part un certain désarroi devant un messie qu’il n’attendait pas sous cette forme ? Comment Jésus va-t-il lui répondre ? Va-t-il se justifier ?

Il ne répond pas directement, mais il invite les disciples de Jean à se faire une opinion à partir de la réalité de ce qu’ils voient : les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les morts, les pécheurs et les pauvres ont repris vie. La prophétie d’Isaïe que nous avons écoutée en première Lecture s’accomplit et Jean qui la connaissait bien ne va pas s’y tromper : Jésus est vraiment l’envoyé de Dieu, le Messie ; ses paroles et ses actes l’attestent.

Aujourd’hui, comme Jésus invitait Jean Baptiste à le faire, Il nous demande de regarder ce qui nous entoure et de discerner la valeur d’une action, d’un évènement en « reconnaissant l’arbre à ses fruits » Mt 7,20. En particulier, Il attire notre attention vers ceux dont « les mains sont défaillantes » (1ère lecture de ce Dimanche, dans le livre d’Isaïe Is 35,3) : comprenons “ceux qui ne sont pas sûrs d’eux-mêmes et qui n’osent pas faire…” ; ceux dont «  les genoux fléchissent » comprenons “ceux dont le poids de la vie est trop lourd, qui sont épuisés et menacent de tomber”. Bref, il nous dit d’aller vers ceux qui sont vulnérables.

Ce n’est pas si facile car nous devons faire un discernement qui n’est pas toujours aisé. Mais aussi, parce que nous sommes en général attirés, à l’instar de notre société, par ceux qui sont forts, sûrs d’eux-mêmes, habiles, efficaces, qui réussissent, bref vers ceux qui sont performants.

 Une fois les disciples de Jean partis, Jésus s’adresse aux foules en faisant le plus bel éloge de ce « plus que prophète ; le messager envoyé par Dieu pour préparer le chemin du messie ; aussi est-il le plus grand parmi les enfants des femmes » 

Et pourtant, « le plus petit dans le Royaume des cieux  est plus grand que lui » Pourquoi ?

Rassurez-vous : il n’y a pas concurrence entre Jean-Baptiste et Jésus, mais avec Jésus, le Règne de Dieu tant attendu est enfin là ; il y a un changement dans l’histoire de l’humanité. Jean Baptiste pouvait énergiquement dénoncer le mal, mais il ne pouvait le vaincre, ni pardonner et habiter les cœurs.

Par notre Baptême, Jésus ressuscité nous unit à sa cause et aujourd’hui, les chrétiens sont crédibles dans la mesure où ils sont fidèles à son Évangile et font comme Lui. Elle va certes à l’encontre de ceux qui suivent l’esprit du monde, mais la présence de Jésus et la mise en pratique de Sa Parole peut les sauver de leur mal être, de leur mal de vivre, de leur course effrénée vers ce qui ne les comble pas, leur laisse un goût amer, les déçoit, les abandonnent dans un grand vide au cœur et même parfois au corps qui les plonge dans la déprime.

En préparant Noël, prenons davantage conscience qu’avec Jésus nous pouvons agir sur le monde pour le faire évoluer et même changer avec la force de l’Esprit du Ressuscité. Comme les disciples d’Emmaüs qui Le découvrirent  alors qu’ils ne s’y attendaient vraiment pas, soyons témoins de cette joyeuse espérance qui sait reconnaître les signes discrets mais réels de la venue du Seigneur, tout spécialement auprès des plus blessés de la vie.

« Soyons dans la joie du Seigneur, soyons toujours dans la joie : le Seigneur est proche » (Ph 4, 4.5)

 

AMEN !