jeudi 26 juin 2014

HOMELIE FÊTE St Pierre et St Paul - Mt 16,13-20 29 Juin 2014



HOMELIE  FÊTE St Pierre et St Paul -  Mt 16,13-20
29 Juin 2014

Profession de foi de Pierre

A la question de Jésus : « Le Fils de l’Homme, qui est-il, d’après ce qu’en disent les hommes ? » les réponses des apôtres sont diverses et incertaines, ce qui pousse Jésus à leur demander de se prononcer eux-mêmes. Et nous, aujourd’hui, que dirions-nous de Jésus, pour nous-mêmes et pour ceux qui nous interrogeraient, au travail, à la maison, entre relations ou entre amis ?
         Réponse de Pierre : « Tu es le « Christos », le « MassiaH », le « Oint du Seigneur » autrement dit, Tu es Celui qui est tout entier pénétré et habité par l’Esprit du Seigneur, « Tu es le Fils du Dieu vivant ! », terme unique dans les Evangiles. Réponse non humaine, réponse inspirée par l’Esprit de Dieu Lui-même, à l’œuvre  en celui, qui bien que fragile, Pierre, a tout quitté pour suivre ce Fils.
         Jésus en posant en deux temps la question à ses disciples, voulait-Il recevoir de son Père le signe qui Lui permettrait de fonder son Eglise ? Cette Eglise, qui malgré ses imperfections, a traversé des siècles d’Histoire et ne cesse de grandir, non seulement par la venue de baptisés mais par la réponse de ceux qui ont discerné l’appel du Seigneur à le suivre et qui seront ordonnés ces jours-ci. Cette Eglise, qui à l’image de Pierre, reste une réalité à la fois profondément humaine et totalement divine, non fondée par les hommes mais donnée par Dieu. Il s’engage envers elle et envers ses chefs, les papes que sont les successeurs de Pierre, à la protéger jusqu’à la fin des temps. L’histoire nous montre qu’elle ne sera pas épargnée par les troubles et les scandales de ses chefs mêmes. Elle traversera en effet de sombres périodes, manifestant la fidélité de Dieu à sa promesse, lui permettant de tenir bon. A ces moments-là précisément, Dieu n’a-t-Il pas suscité nombre de saintes et de saints qui ont permis à l’Eglise de continuer sa mission ? Ste Catherine de Sienne, St Charles Borromée, St François de Sales pour n’en citer que quelques-uns. Il y a aussi, Dieu merci, nombre de successeurs de Pierre qui ont été de saints pasteurs et tout particulièrement ces derniers temps.
                   Malgré sa faiblesse ou peut-être en raison d’elle, et aussi grâce à sa foi ardente et profonde, Pierre reçoit le pouvoir de “lier et délier”. Dans la Bible, il signifie les pleins pouvoirs. Ces pouvoirs sont confiés à une autorité qui interdit ou permet, qui exclut ou accueille, qui interprète les Ecritures. Elle s’exerce d’habitude de façon collégiale : « Les grands prêtres et les scribes » disent souvent les évangélistes lorsqu’une décision importante est prise. Et en Matthieu 18, verset 18, Jésus donne ce pouvoir à tous les disciples, ainsi qu’au soir de Pâques, pour le pardon des péchés : Jn 20, 23.          
                   Rendons grâce au Père de nous avoir fait cet immense cadeau qu’est l’Eglise. Fragile et indestructible, elle est la barque qui permettra à notre monde de passer sur l’autre rive, malgré les vents contraires. Même s’il nous vient à souffrir de la part de ses membres ou de ses institutions, ne l’abîmons pas par des jugements qui pourraient se retourner contre nous-mêmes, mais travaillons à la rendre plus sainte, plus à l’image de son Seigneur.  Acceptons les critiques qui viennent de l’extérieur, parfois fondées mais souffrant souvent d’un manque d’informations objectives. Eclairons alors ceux qui les formulent en nous renseignant nous-mêmes. Il y a des sujets brûlants et récurrents comme les croisades, l’Inquisition ou l’affaire Galilée qui ont besoin d’être sérieusement documentées et resituées historiquement et non idéologiquement.
                   Enfin, cherchons l’unité entre chrétiens autour de Jésus, à son écoute dans la prière, en étant fidèles à ses enseignements et en les mettant en pratique, dans la charité.
         AMEN !

jeudi 19 juin 2014

HOMELIE Dimanche de la FETE du CORPS et du SANG du CHRIST Jn 6,51-58 - 22 Juin 2014



HOMELIE Dimanche de la FETE du CORPS et du SANG du CHRIST
Jn 6,51-58 - 22 Juin 2014

 « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle… » Ces paroles, si elles sont prises au premier degré, sont choquantes et incompréhensibles. L’expression “boire le sang” viole l’un des tabous alimentaires les plus forts de la Loi juive : interdiction absolue de s’approprier le sang d’un animal et à plus forte raison d’un homme. Le sang, c’est la vie (Lévitique 7,11) et la vie appartient à Dieu. On comprend que cela en ait rebuté plus d’un.
Alors comment comprendre ces paroles et que croyons-nous lorsque nous allons recevoir le Corps du Christ ?
Quelques précisions de vocabulaire pourront les éclairer et en faire saisir la profondeur et le don incroyable que nous fait le Seigneur.
                   L’Evangile de Jean n’emploie pas le mot corps “soma” [swma] comme le font les trois autres Evangiles ainsi que Paul,  mais le mot chair “sarx”, [sarx]. Dans la Bible le mot chair désigne non pas la matière faite de cellules, mais la personne qui est déterminée par son corps. « Toute chair verra le salut de Dieu »  « De nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant ma face, dit Yahvé. » (Is 66, 23) et « Et si ces jours-là n’étaient abrégés, personne (mot à mot : toute chair) n’aurait la vie sauve ». (Mt 24,22) La chair  qualifie la condition terrestre et fragile, par opposition à l’esprit qui indique l’origine céleste ou divine : « Le Verbe s’est fait chair… » exprime l’abaissement du Fils du Père qui prend, sans tricher, notre condition d’homme avec ses limites.
                  Enfin, la chair, sous l’influence de l’hellénisme, désigne parfois la pesanteur de l’homme et sa propension au mal, au péché : « Car la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair; il y a entre eux antagonisme, si bien que vous ne faites pas ce que vous voudriez » (Ga 5, 17)

         Quant au mot corps, il n’est pas sans signification non plus. Il n’est pas seulement la matérialité d’un être. C’est lui qui nous donne notre identité. Il y avait, jusqu’à il y a quelque temps, l’empreinte digitale ; il y a maintenant l’œil et évidemment l’ADN ! Je suis mon corps ! Quant au sang, il exprime évidemment la vie puisque sans lui, nous sommes morts. Quand Jésus dit aux Apôtres : « Ceci est mon Corps » Il dit : « Ce pain, c’est moi, et non un autre ! Quand Il dit : « Ceci est mon sang » Il dit : « Ce vin, c’est moi vivant ! ». Par ce langage symbolique, Jésus invite les siens à Le recevoir, Lui, Dieu, et à recevoir la vie qu’Il communique de sorte que nous pourrons, avec Lui, “livrer” notre vie, ce qui n’est pas le plus facile à faire.
                   Les paroles de Jésus portent encore un autre symbolisme très fort. Il est le Pain vivant : Il n’est plus ce pain que Dieu a donné chaque jour à son peuple, la manne, tout au long de son Exode pour le soutenir dans sa marche et le nourrir jusque la Terre Promise où il ne sera plus nécessaire. Il est le « Pain descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ». Désirons-nous vraiment cette nourriture essentielle pour notre chemin sur la terre ? Ce pain qu’Il nous donne « pour que nous vivions éternellement »  jusqu’à ce que nous soyons arrivés au terme de notre vie, c'est-à-dire en Terre Promise ?  « Donne-nous notre pain de ce jour » demandons–nous dans le Notre Père. (Il est même écrit, mot à mot : Donne-nous le pain supersubstanciel). Il est tellement essentiel que Jésus ne nous demande pas seulement de le “manger” [fagon] mais de le “mastiquer” [Trwgon], comme les juifs étaient invités à mastiquer la chair de l’Agneau pascal pour goûter la libération d’Egypte que le Seigneur leur offrait. Ne devons-nous pas goûter à notre tour la libération que nous apporte “l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde” : Lui qui prend notre mal, nos péchés, pour nous en délivrer ?
                   Rendons grâce de tout notre être, corps, cœur, esprit, âme à Celui qui nous aime jusqu’à se donner entièrement à nous et en nous et qui nous invite à faire Corps avec Lui et à « former un seul corps puisque nous avons part à un seul pain » (1 Corinthiens 10,17) !

AMEN !

vendredi 13 juin 2014

HOMELIE Dimanche de la TRINITE – Jn 3,16-18 15 JUIN 2014



HOMELIE Dimanche de la TRINITE – Jn 3,16-18
15 JUIN 2014

                   Nous fêtons la Trinité tous les jours : tous les jours nous rendons gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit par le simple fait que nous nous signons en leurs Noms. La Trinité fait partie des trois grands Mystères chrétiens avec  l’Incarnation et la Rédemption. Lorsque l’on emploie le mot “mystère”, on ressent parfois un petit malaise du côté de notre désir de connaître. Qu’est-ce qu’un mystère ?  Non pas ce qu’il ne faut pas chercher à comprendre » comme on le dit souvent. Mystère vient du mot grec : musterion, [musthrion] chose cachée, un secret, un mystère ; chose secrète, non évidente à la compréhension d'un dérivé de 'muo' [muw]  se fermer ; se tenir les yeux fermés (parce que l’on est ébloui comme par le soleil, qu’on ne peut regarder sans brûler ses yeux ; également, se tenir la bouche close, tellement l’on n’a plus rien à dire, qu’à rester silencieux et contempler ! N’est-ce pas le sens profond du Mystère repris par la Tradition Chrétienne ?
Le Mystère chrétien est une réalité qui n’est pas démontrable par la raison mais qui est donnée à connaître par Dieu pour le bonheur de l’homme. St Augustin le définissait comme “ce que l’on a jamais fini de comprendre”, un peu comme une œuvre artistique géniale que l’on ne cesse de regarder, d’écouter ou de comprendre, ou alors comme la personne d’un enfant ou d’un conjoint qui ne cesse de nous surprendre.
         Le mot “Trinité” n’est pas dans la Bible. C’est à Théophile d’Antioche, aux alentours de 180 ap. J-C, dans sa 2ème lettre à Autolycus, qu’on doit le mot de “Trinité” forgé à partir de “Tri” et “Unitas” : Trois Personnes ne formant qu’Un. Il est propre à la foi chrétienne. La foi chrétienne, comme celle du judaïsme et de l’islam, est monothéiste ; mais révélant un Dieu qui n’est qu’Amour, elle distingue entre la nature divine unique (il n’y en a pas d’autre) et l’unité des personnes. « Une seule nature divine que partagent trois personnes ». La Bible dit que Dieu est Un. Èhad: « Ecoute Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un ! » (Dt ; 6,4). Mais « si Dieu est Amour, Il n’est pas solitaire, mais Il n’est pas non plus divisé. Il faut donc pour le nommer, utiliser à la fois le pluriel et le singulier, aucun des deux n’étant capable de l’exprimer à lui tout seul. Dieu est tellement Amour qu’il fait trois, mais que ces trois ne font qu’un... La foi chrétienne croit que Dieu est capable d’engendrer sans pour autant se défaire ; de se donner sans pour autant s’appauvrir ; de se distribuer sans pour autant se casser. C’est parce qu’Il se communique en Lui-même qu’Il est capable de se communiquer en dehors de Lui à sa créature, du même Amour par lequel le Père engendre le Fils dans l’Esprit-Saint » (“Théo”, p.675 b Droguet et Ardant/ Fayard). Cette réalité spirituelle divine n’est donc pas une idée abstraite, théiste, mais elle présente un Dieu personnel qui renonce à soi pour se donner et accueillir l’autre personne et lui rester unie, courant d’amour qui brûle sans consumer. Ne se révèle-t-Il pas ainsi à Moïse au buisson ardent ? (Ex 3, 3)
L’image la plus approchante de la Trinité serait celle du couple humain dont Jésus, reprenant la Genèse (Gn 2,24), dit de l’homme et de la femme qui s’aiment « qu’ils ne sont plus deux mais une seule chair », sémitisme qui signifie un seul être.
En se révélant Trinité, Dieu nous fait entrer véritablement dans son mystère, son secret, l’Amour divin, créateur et sauveur. Ainsi, chaque fois qu’un vrai geste d’amour, de charité, est fait, chaque fois la Trinité s’exprime et se donne à notre monde afin qu’il voit qu’il est possible d’être Un dans la diversité, comme à Pentecôte.       
Baptisés « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » nous sommes marqués profondément dans notre être par cette vie Trinitaire à laquelle Jésus nous invite : « Père, qu’ils soient uns en nous eux aussi afin que le monde croie que tu m’as envoyé… » (Jn 17,21).
Chaque fois que nous nous signons, exprimons notre foi en la Trinité Sainte et exprimons par des actes la sainteté de vie à laquelle Elle nous associe et rendons-Lui grâce.

AMEN !

vendredi 6 juin 2014

HOMELIE Dimanche de Pentecôte. Année A. Jn 20, 19-23 7 juin 20114



HOMELIE Dimanche de Pentecôte. Année A. Jn 20, 19-23
7 juin 20114

« Je crois en l’Esprit-Saint ».

Proclamons-nous chaque dimanche dans notre Credo. L’Esprit Saint : Pneuma Agios, [pneuma agioV], le souffle sacré, celui que Jésus au soir de Pâques offre généreusement à ses pauvres Apôtres paralysés par la peur. Je crois en Celui qui a sans cesse animé Jésus, à Celui qu’Il a constamment écouté, suivi, tant Il en était imprégné. A notre tour, Il nous en fait le don si bien qu’avec l’Esprit Saint, Jésus inscrit sa présence en nous et nous pouvons nous conformer à Lui. Il nous rend frère et sœur du Christ et par conséquent, fils et fille du Père : Nous pouvons alors nous adresser à Dieu en l’appelant « Abba ! » Terme familier pour dire « papa » en hébreu (Rm 8,14-17). L’Esprit nous apprend à voir le monde avec les yeux du Christ, à mener notre existence de façon évangélique.
Mais loin de Le recevoir de façon individualiste, puisque nous sommes frères et sœurs les uns les autres par le Christ, sa présence en nous nous met en communion avec tous ceux qui cherchent à faire connaître ce Seigneur et à procurer la Paix qu’Il nous a apportée. (C’est d’ailleurs l’une des significations du “geste de Paix” que nous pouvons recevoir et donner de la part du Christ avant d’aller communier). Tous, en effet, nous “travaillons à la moisson”, les uns avec les autres ; tous, nous nous encourageons, nous nous soutenons, nous prions les uns pour les autres ; nous nous réjouissons quand elle produit de beaux fruits ou pleurons quand elle manque son but, voire scandalise ; tous, nous apprécions la tâche de chacun et louons le Seigneur pour la diversité des dons accordés: « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7). Voilà qui est à rechercher et développer dans nos communautés chrétiennes : familles, mouvements, paroisses, Eglises. L’Esprit souffle également au loin, hors de nos Communautés chrétiennes : Pierre l’a reconnu auprès du centurion Corneille lorsque le Seigneur l’a envoyé à Césarée maritime auprès de lui et de son entourage. Ce fut d’ailleurs la Pentecôte des païens car l’Esprit Saint « tomba sur ceux qui écoutaient la parole de Pierre » Ac 10, 44. Notre pape François nous invite de façon incessante à aller rejoindre l’Esprit Sant à ce qui l’a appelé les « périphéries », terme qui a fait florès depuis son élection.

Ensemble, aujourd’hui, réjouissons-nous et unissons-nous par la prière, d’une part aux 190 adultes dont 12 du Doyenné qui ont reçu hier à la cathédrale St Louis ce don divin, mais aussi prions pour les jeunes de nos paroisses qui s’y préparent. Prions également pour les 58 enfants qui ont fait leur première communion hier ou pour les 30 enfants qui la ferons dans 15 jours ainsi que pour leurs familles.

Le dynamisme de la Pentecôte est moins dans le merveilleux du “parler en langue” que dans la force convaincante de l’amour vécu en communion les uns avec les autres, cette “langue” comprise et goûtée avec joie par tout le monde, cette langue que la Vierge Marie parlait avec les Apôtres et qu’elle continue de parler avec des gens simples, comme Bernadette Soubirous ou Benoîte Rencurel, pour la sanctification de tous.



AMEN !