samedi 29 avril 2017

HOMELIE 3° Dimanche de Pâques. A. Le chemin d’Emmaüs - Lc 24,13-35. 30 avril 2017



HOMELIE  3° Dimanche de Pâques. A. Lc 24,13-35.
30 avril 2017

Le chemin d’Emmaüs 

Qui dans sa vie n’a pas découvert, d’une manière ou d’une autre, qu’il était en chemin, tout particulièrement lorsqu’une épreuve survenait : deuil, accident de santé, rupture de relation, perte d’emploi, examen à passer ou tout simplement, choix difficile à faire lorsqu’il subsiste beaucoup d’inconnues ou d’incertitudes. N’est-ce pas le cas aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous face à l’avenir de notre pays ?
Oui ! Nous sommes en chemin vers l’avenir et nous pouvons ressentir inquiétude, angoisse ou même déception. Est-ce raison pour désespérer et se laisser abattre ?

L’Evangile d’aujourd’hui nous présente le cas de deux proches de Jésus, quittant Jérusalem au soir du 1er jour de la semaine, après la Pâque, le cœur lourd, désemparés, ne comprenant pas ce qui s’y était passé et comprenant encore moins la personne de Jésus en qui ils avaient mis l’espérance de la libération de leur pays. De plus, ils restent enfermés dans leur désespoir, ne pouvant prêter foi aux femmes, venues  dès l’aurore au tombeau, constatant l’absence de corps de Jésus  et  signalant la présence d’anges révélant que Jésus était vivant.

         Sur ce chemin, un « étranger » les rejoint, les écoute et recadre complètement leurs propos à partir de ce qu’ils connaissent de Moïse et des Prophètes (c’est-à-dire toute la première Alliance), mais qu’ils n’ont pas eu l’intelligence de relire et interpréter au sujet de ce qu’ils venaient de vivre et de découvrir en la personne de Jésus ce « Christ qui devait souffrir pour entrer dans sa gloire ».
         Les paroles de l’étranger ont ouvert un chemin brûlant dans leur cœur et ils veulent le retenir : « Reste avec nous… ». Alors qu’ils sont à table, un geste avec le pain, une bénédiction et alors ils voient Celui qui disparaît à leurs yeux. Plus de raison de rester  à l’auberge malgré le soir qui s’est approché et la nuit qui est arrivée : ils reprennent le chemin vers cette ville, Jérusalem,  qui les avait tant déçus et vont, tout brûlants de joie et de certitude, retrouver le groupe des Apôtres qui confirme leur découverte.

Jésus leur a fait comprendre qui Il est vraiment : non pas le Messie libérateur d’une puissance opprimante qui serait vite remplacée par une autre, mais Celui qui ouvre une espérance inimaginable et autrement heureuse : ressuscité, Il est la Vie définitive, qui ne craint plus la mort. Une Vie fondée sur l’amour, qu’Il peut, à présent, communiquer à tous : d’une part en “réchauffant le cœur” par l’intelligence des Ecritures qui révèlent notre destin et celui du monde, d’autre part en se donnant “par la fraction du pain”, Lui Vivant, Lui « le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6 ; Lui, marchant à nos côtés, ne nous laissant jamais seul. « Je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin des temps » Mt 28,20  


Qu’Il continue de nous « apprendre les chemins de vie, de nous remplir d’allégresse par sa présence » comme Pierre le rappelait aux Juifs à la première Pentecôte (1ère Lecture d’aujourd’hui - Ac 2,28)


AMEN !

samedi 15 avril 2017

HOMELIE JEUDI-SAINT. A. Lavement des pieds -Jn 13,1-15 13 Avril 2017



HOMELIE  JEUDI-SAINT. A. Lavement des pieds -Jn 13,1-15 13 Avril 2017


En cette fête du Jeudi-Saint où nous faisons mémoire de la Cène du Seigneur, je voudrais vous inviter à regarder Jésus tel qu’Il se présente dans cette magnifique scène qui commence par : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour Lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » Jn 13,1 mot à mot : « Jusqu’à la fin »
 c’est-à-dire : « A l’extrême »
Comment Jésus va-t-il montrer à ses disciples qu’Il les aime “à l’extrême” ?
Par deux gestes qui montrent bien qui Il est. Certes, « Maître et Seigneur », mais de quelle façon ?

La première, c’est en déposant son vêtement pour prendre la tenue du serviteur (le terme exact est "esclave"  ) pour accomplir la tâche de l'esclave qui consistait à laver les pieds des hôtes de leur maître ; c’est-à-dire, laver les membres du corps qui ont été les plus exposés à la saleté des chemins ou que la chaleur du pays et de la marche avaient rendus mal odorants. Il le fait avec soin, avec respect, avec douceur, prenant le temps pour chacun, pour qu’il comprenne combien il compte à ses yeux.
Par ce signe délicat qui touche chaque corps, Jésus manifeste que nous sommes une personne unique au monde : Il touche aussi notre cœur. Le lavement des pieds est une rencontre personnelle dans laquelle chacun est aimé pour lui-même.

L’autre geste sera de prendre le pain pascal sans levain et de prononcer les paroles qui en font, parce qu’Il est Dieu, son Corps livré pour nous. Il prend aussi une coupe de vin et prononce las paroles qui en font la coupe de son Sang versé pour nous.


Ainsi Jésus montre qu’Il aime ses disciples jusqu’au bout, de tout son être, avec tout son corps et tout son cœur. Mais Il n’en reste pas là : dans les deux cas, Il nous demande de l’imiter.
Il nous dit : «Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » - « Eh bien, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns les autres ». Autrement dit, soyez serviteurs comme je le suis pour vous tous ; “aimez-vous comme je vous ai aimés, jusqu’au bout”.
 Il bénit le pain, le rompt et le donne aux disciples en disant : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps livré pour vous !  Jésus vient à nous ; Il veut “faire corps avec nous”, même si nous ne sommes pas parfaits, mais justement, pour nous apprendre et nous aider à Lui ressembler.
Chacun de nous reçoit l’amour de Jésus qui le rend capable de l’imiter corporellement, par des actes de la vie concrète, et de manifester qu’Il est bien vivant en nous.

Plus particulièrement, Il en appelle à Le suivre et le représenter dans ce ministère de service et de dons envers les membres de son Corps qui est l’Eglise. C’est pourquoi, en cette Fête de la Cène, nous célébrons non seulement l’institution de l’Eucharistie, mais celle du  Presbytérat, des prêtres qui la servent et répondent à cette demande de Jésus Lui-même :
 « Faites ceci en mémoire de moi ! »

C’est bien ce qu’à présent je vais faire dans un premier temps en lavant les pieds d’un paroissien qui, à son tour, lavera les pieds de son voisin et ainsi de suite. Imaginez que Jésus le fait pour chacun d’entre vous, parce qu’Il vous aime à l’extrême !

Puis avec mes confrères prêtres, Bruno et François, et vous tous, nous ferons mémoire du dernier repas de Jésus où Il continuera à nous livrer son Corps et son Sang afin que nous vivions par Lui, avec Lui et en Lui.

                        AMEN !

HOMELIE Dimanche de Pâques. La Résurrection du Christ - Jn 20,1-9 16.04.2017



HOMELIE  Dimanche de Pâques. Jn 20,1-9
16.04.2017

La Résurrection du Christ 

Nous célébrons aujourd’hui la Résurrection de Jésus, sa victoire sur la mort remportée par sa totale confiance en son Père et par son amour extrême pour nous tous, se rendant solidaire de tous nos malheurs et injustices. Mais qu’entendons-nous par « Résurrection » ? Si l’on vous demandait d’exprimer en quelques mots ce que cela signifie, que diriez-vous ?
L’Evangile de ce matin de Pâques nous permet de rejoindre les premiers témoins de la découverte de Jésus ressuscité. Cela n’a pas été immédiat et il a fallu un cheminement pour prendre acte de cette réalité toute nouvelle.
Premier constat, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Le verbe utilisé ici est blèpo, qui signifie voir-constater, qui donnerait lieu à un procès-verbal décrivant ce que l’on voit de nos yeux de chair. Elle ne va pas plus loin ; elle n’entre pas pour chercher d’autres indices. Sur ce constat, elle en déduit qu’on a enlevé du tombeau le Seigneur et s’engage sur une fausse piste. C’est dire combien elle reste dans un univers très humain, dominé par l’émotion bien compréhensible.
Arrive le disciple que Jésus aimait, Jean sans doute : que constate-t-il ? le tombeau est vide ; il se penche et voit (même verbe blèpo) “les linges qui sont là, à plat”. Nouveau constat, avec un nouvel indice : les linges, à plat. Arrivé le premier, il n’entre pas, par respect sans doute pour Pierre, chef des Apôtres.
Simon-Pierre arrive à son tour: il n’hésite pas, il veut en avoir le cœur net et il entre. Que constate-t-il ? La même chose : les linges, cette pièce de drap de 4 m environ qui entourait le corps de Jésus et dont les deux faces reposent sur elles-mêmes. Quant au suaire, qui entourait la tête, il est resté en sa place, distinct du linceul. Il regarde.
Le verbe ici est théorao  (qui a donné en français : théorie, théoriser, théorème...) Il signifie : observer, regarder attentivement, examiner, inspecter et même contempler. Simon-Pierre se met donc à tenter de comprendre : on n’a pas pu voler le corps de Jésus puisque tout est en place. Alors ?
Entre enfin l’autre disciple : il voit les mêmes choses, sauf que le verbe utilisé Orao [qui, sous une autre forme conjugale, a donné en français : ophtalmo] signifie voir au sens de comprendre : « Ca y-est ! J’ai vu ! » “Il vit et il crut”. D’ailleurs au verset suivant, l’évangéliste utilise le même verbe : «En effet, les disciples n’avaient pas compris, (vus) que selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d‘entre les morts ». Jean, lui, avait bien retenu les paroles que Jésus avait annoncées aux disciples par 3 fois concernant sa Passion, sa mort et sa Résurrection le 3ème jour.

Pour en revenir à la résurrection, ce mot n’existe pas dans la Bible. C’est un mot qui vient du latin : "resurrectio" de "resurgere". Alors, comment l’exprime-t-on dans les Ecritures ?
De deux façons liées à la manière dont on parle de la mort : soit « couché avec ses pères » soit « endormis ». Ainsi ressusciter c’est « se relever d’entre les morts » ou « se réveiller d’entre les morts » .
Il ne s'agit donc pas d'un retour à la vie terrestre, comme pour Lazare (qui est de nouveau mort) mais d’accéder à la vie pleine et définitive que Dieu nous donne, avec notre être tout entier, corps et esprit.
C’est pourquoi, Jésus se manifeste avec son Corps marqué à présent par ses plaies, mais affranchi des conditions terrestres habituelles qui font qu’Il est présent au milieu de ses disciples, « toute portes étant fermées » ou même qu’Il est à plusieurs endroits différents au même moment : Jérusalem et Emmaüs par exemple.

Mais Jésus ressuscité nous est présent non pas comme un corps réanimé, mais selon St Paul, comme un "corps spirituel". De plus, il a choisi des signes de sa présence corporelle en désignant le corps ecclésial, l’Eglise ; mais aussi en transformant notre regard vis-à-vis de « l’affamé, de l’assoiffé, de l’étranger, de celui qui est nu, du malade, du prisonnier ». Et bien sûr, Il a désigné le Pain et la Coupe de vin consacrés, comme la réalité corporelle et spirituelle de sa présence, chaque fois que nous les partageons en faisant mémoire de Lui.
Certes la Résurrection du Christ défie nos perceptions humaines. Comment l’accueillir et la comprendre progressivement ? Suivons l’invitation de St Paul qui nous est faite en 2ème Lecture : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non celles de la terre »
Soyons témoins joyeux de ce Seigneur ressuscité qui est venu donner sa Vie à tous et renouvelons la foi de notre Baptême !
AMEN !