mardi 30 octobre 2018

HOMELIE TOUSSAINT. Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a) - Jeudi 1er Novembre 2018.


HOMELIE TOUSSAINT.
Jeudi 1er Novembre 2018.

Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a)

Quel paradoxe entre l’attrait suscité par l’invitation joyeuse de Jésus à être heureux et le défi que lance au bon sens commun de l’homme chaque béatitude ! Vous avez entendu : « Heureux les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, les affamés de justice, les miséricordieux… » Mais c’est tout le contraire ! Tous ces gens-là n’intéressent personne et même on les fuirait comme des rabat-joie ou des gêneurs.
Et pourtant, ceux-là même qui les critiquent et s’en moquent sont-ils vraiment heureux ?
Il convient bien sûr de ne pas faire de fausse interprétation sur ces béatitudes et tout d’abord, de les traduire correctement. Pauvre n’est pas opposé à riche, mais à orgueilleux (Pauvre de cœur, mot à mot : « petit de souffle » c'est-à-dire non rempli de soi-même, et donc il y a de la place pour les autres… et pour Dieu ! Toutes les autres béatitudes en découlent mais elles peuvent nous effrayer par leurs exigences.
C’est là que les saints nous sont d’un grand secours à condition de ne pas les prendre d’abord comme des héros, mais comme des femmes et des hommes de foi qui ont fait confiance en écoutant et suivant leur maître et Seigneur Jésus.
Croyez-vous que les François d’Assise, les Vincent de Paul, les mères Teresa, les Charles de Foucault, les Jeanne Jugan ou les curés d’Ars bref tous les bienheureux et les saints aient été au départ des champions de l’Évangile ? Je ne crois pas, mais un jour ou petit à petit, ils ont été touchés par une parole du Christ et ils ont découvert qui était le Père dont parlait si souvent Jésus. Un Père passionnément amoureux des hommes et qui désire que chacun devienne son enfant comme nous le rappelait St Jean dans la deuxième lecture de cette fête. Bien sûr, Le Père compte sur notre concours et ne fait rien sans nous : c’est une question d’amour respectueux. La multitude de ces hommes et de ces femmes que nous dévoilait l’Apocalypse a donc écouté le Fils et mis en œuvre une des béatitudes en l’accomplissant jusqu’au bout.
L’humilité pour Saint François, le curé d’Ars, Sainte Bernadette, la petite Thérèse ; la douceur et la sagesse spirituelle pour Saint François de Salles ; la soif de justice pour Jeanne d’Arc, Marcel Calot, Mgr. Oscar Romero ou l’aumônier allemand Franz Stock ; la miséricorde pour mère Teresa, Jeanne Jugan ou Sr Faustine ; la fidélité dans la persécution pour sr. Edith Stein et sa solidarité avec son peuple d’origine… Vous en nommeriez bien d’autres, canonisés, béatifiés ou en voie de l’être ; peut-être aussi parmi un proche de votre famille ou de vos connaissances qui ont illuminé leur vie par l’humilité, la douceur, la patience, la compassion, la droiture et le pardon. Vous en trouveriez  même parmi les membres d’autres confessions chrétiennes (comme Martin Luther King ou Bonhöffer) ou même encore s’inspirant de l’esprit évangélique, sans être chrétien, comme Gandhi. En chaque témoin, nous pouvons retrouver l’une ou l’autre des Béatitudes proposées par Jésus. Chacune conduit au vrai bonheur, celui d’aimer en vérité et  de rencontrer Dieu, source de cet amour. Et enfin, de devenir son enfant bien-aimé.
C’est en nous engageant sur ce chemin de bonheur que l’Esprit de Dieu transforme notre cœur en venant l’habiter et en combattant contre les forces du mal, comme encore cette multitude de gens vêtus de blanc dont parlait l’Apocalypse et qui était sauvée par Jésus, l’Agneau. Jésus n’a-t-Il pas illustré Lui-même ces Béatitudes tout au long de sa vie ?

En Communion avec Lui et avec tous les saints et bienheureux, choisissons l’une des béatitudes et familiarisons-nous avec l’un ou l’autre de ces aînés dans le Royaume qui l’ont particulièrement bien illustrée en le prenant comme “parrain” ou “marraine”, non seulement comme notre modèle, mais également comme intercesseur, actif auprès du Père dans cette immense Communion des Saints que nous proclamons chaque Dimanche dans notre Credo.
Rendons grâce au Seigneur pour le Trésor spirituel qu’Il nous offre et Bonne Fête à Tous !
        
AMEN !

jeudi 25 octobre 2018

HOMELIE 30ème Dimanche du Temps Ordinaire B.Bartimée, l’aveugle de Jéricho. - Mc 10, 46-52 - 28 Octobre 2018.


HOMELIE 30ème Dimanche du Temps Ordinaire B.
28 Octobre 2018. Mc  10, 46-52

Bartimée, l’aveugle de Jéricho.

Josué  [Jésus et Josué se disent dans la Bible grecque des LXX de la même façon : Yeoshua, « Dieu sauve »] sort de Jéricho : il a traversé la ville et il ne s’est rien passé !  Et pourtant, Jéricho représente le moment fort de l’entrée en Terre Promise, la première ville conquise par les hébreux arrivant d’Égypte après 40 ans de désert. Regardons de plus près.
Tandis que les disciples et une foule nombreuse accompagnent « Jésus de Nazareth », assis au bord du chemin, se tient un homme qui a perdu la vue, Bartimée. En tant qu’aveugle, comme s’il avait péché, il est exclu de la vie ordinaire, laissé sur la touche. Cependant, s’il ne voit pas, il écoute, en vrai fils d’Israël : « Écoute Israël… » « Shema Israël… » Deutéronome 6, 4, profession de foi de base de tout israélite, répétée trois fois par jour. Dans sa nuit, n’éprouve-t-il pas un manque profond de communication ? Il est de ceux que désigne la béatitude : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Matthieu 5, 5) que l’on peut traduire mot à mot : « En marche (levez-vous !) ceux qui sont en deuil (et qui donc vivent un manque profond) : ils auront la Consolation, (c'est-à-dire, le Messie Lui-même) », comme le vieillard Siméon qui attendait la “Consolation d’Israël” : Luc 2, 25.
Un cri jaillit alors de sa poitrine : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » N’est-ce pas là une vraie profession de foi messianique?  La foule ne voit en Jésus que le rabbi guérisseur de Nazareth à qui elle fait honneur. Elle est gênée par les cris de détresse et d’espoir de cet aveugle. Mais lui, de plus en plus fort, clame sa profession de foi et son espoir : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Malgré le brouhaha, Jésus s’arrête : lui aussi sait écouter. Alors la foule change d’attitude : « Bon ! Courage ! Lève-toi, Il t’appelle ! » Et lui rejetant son manteau, se libérant du peu qu’il avait, bondit vers Jésus.
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Quelle drôle de question ! Mais ne traduit-elle pas toute la délicatesse de Jésus qui demande que nous disions clairement ce que nous désirons, même quand la demande est on ne peut plus naturelle et humaine ?  « Que je recouvre la vue ! » A comprendre au premier comme au second degré : voir, jouir de sa vue, et voir le vrai sens des choses telles que Dieu les voit. « Va, ta foi (cette autre manière de voir à la façon de Dieu) t’a sauvé ». Elle t’a fait entrer dans toute la lumière, Bartimée, à tel point qu’à présent, tu veux suivre ton Sauveur. « Il recouvra la vue et le suivait sur le chemin ».
Jésus quitte Jéricho pour monter à Jérusalem, cœur de la foi. Il va y être acclamée par la foule aux cris de : « Hosanna au Fils de David ! » (Marc 11, 8-10) et les gens jetteront leurs manteaux sur son passage.
         Le chemin de libération du Sauveur commence à Jéricho pour s’achever à Jérusalem, avec, comme pour héraut et premier sauvé, Bartimée. Ce chemin fait appel à la foi qui fait entrer dans la Vie.

ü “Voir” au-delà des apparences, comme Bartimée qui devint son disciple (acolyte dans le texte) et non comme cette foule « suiveuse » qui accompagnait Jésus.
ü Eprouver nos manques pour lui demander de les combler, Lui le Messie, la Consolation d’Israël, le Fils de David.
ü Suivre le nouveau Josué, suivre le libérateur, sur la route alors qu’Il monte à Jérusalem pour passer de ce monde à son Père, de cette terre à la terre promise définitive.

Bartimée : le fils de Timée, dit l’Évangile, mais cela ne nous renseigne pas beaucoup. Et pourtant, Timée, en araméen, désigne l’impur ; celui qui a péché : Bartimée, le “fils de l’impur” ; mais en grec, cela signifie : “Le fils très précieux” !
Ne nous invite-t-il pas à une magnifique conversion ?
AMEN !

jeudi 18 octobre 2018

HOMELIE 29ème Dimanche Ordinaire B - Demande des fils de Zébédée. Mc10,35-45 - 21.10.2018


HOMELIE 29ème Dimanche Ordinaire B. Mc 10,35-45
21.10.2018

Demande des fils de Zébédée

L’Évangile de ce Dimanche est à la fois pittoresque et bien révélateur. Pittoresque car il met en scène deux disciples qui composaient, avec deux autres frères, Pierre et André, le noyau dur des Apôtres de Jésus. Il les a appelés à être témoins de la résurrection de la fille de Jaïre : Mc 5,37 ; de sa Transfiguration : Mc 9,2 ; de ses pleurs sur Jérusalem « qui n’a pas connu le temps où elle a été visité » : Mc 13,3 enfin de son Agonie : Mc 14,33.
« Fils de Zébédée », quelle belle appellation ! Elle vient de l’hébreu « Ze-badyahu » qui signifie « Cadeau de Dieu » ! Ne croyons pas trop vite qu’ils aient été plus ambitieux que les autres apôtres qui s’indignèrent de leur démarche. N’ont-ils pas  tout quitté pour suivre Jésus ? Ils avaient pourtant une belle place auprès de leur père Zébédée, patron d’une pêcherie florissante. S’ils demandent à être l’un à droite, l’autre à gauche de Jésus, n’est-ce pas pour rester tout près de Lui ? D’ailleurs, Jésus ne les blâme pas, ni ne se fâche : à aucun instant il ne conteste leur désir d’être auprès de Lui : mais Il les invite à Le suivre sur le chemin difficile et étroit de Sa Passion et de Sa Mort où « Il boira Lui-même la coupe jusqu’à la lie ».
         Jésus livre alors son message essentiel, celui qui nous révèle Dieu tel qu’Il est. « Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Le mot « rançon » est souvent mal compris. J’emprunte à Marie-Noëlle THABUT le commentaire suivant : « Aujourd'hui, quand nous entendons le mot rançon, c'est dans le contexte d'une prise d'otage, il s'agit de payer la somme exigée par les ravisseurs, seul moyen d'obtenir la libération du prisonnier. Le mot "rançon" désigne le montant de la somme à verser... Tandis qu'à l'époque du Christ, au contraire, le mot rançon  signifiait la libération, c'est-à-dire la seule chose importante en définitive. Le mot grec qui a été traduit par rançon (Lutron) est dérivé du verbe Luo) qui signifie « délier, détacher, délivrer…Dieu est libérateur »                 
        
Rester près de Jésus et porter son message comme l’ont fait Jacques et Jean, c’est devenir « serviteur » comme le maître, donné à fond, "jusqu’au bout". (L’Evangile utilise également le mot "esclave"). Seuls ceux qui ont vécu et vivent aujourd’hui cela ont été ou deviennent vraiment "missionnaires". Tels sont  les sept nouveaux saints que le pape François vient de canoniser. Chacun à leurs manières, ils ont été serviteurs.
Exercer un pouvoir dans l’Église, à la suite du Christ, c’est être au clair avec nos motivations et repérer toutes celles centrées sur nos propres désirs et intérêts qui auraient pour conséquences d’écraser les autres. Être à sa place, souvent appelé par une autorité responsable dans l’Église ou par la Communauté, et avoir une vie intérieure humble et qui a de l’espace pour Dieu et les autres.
 C’est bien ce à quoi le Christ nous appelle tous et chacun d’entre nous, dans des situations très diverses : parents, éducateurs, enseignants, catéchistes, animateurs d’Aumônerie de Club St Quentin, de mouvements scouts, membres de Communauté Nouvelle, mais aussi engagés et bénévoles dans un service caritatif ou auprès de malades ou personnes âgées : le champ est large et il y a de la place pour tout le monde. Vivons en serviteurs avec ce "cocktail missionnaire" fait de respect, bienveillance, accueil, patience, vigilance et courage, priant sans cesse l’Esprit Saint.
         Prions-Le les uns pour les autres ; pour les missionnaires au loin ou tout près de nous,
                 
AMEN !

jeudi 11 octobre 2018

HOMELIE 28ème Dimanche Ordinaire B. Mc 10, 17-30 - 14.10.2018


HOMELIE 28ème Dimanche Ordinaire B. Mc 10, 17-30
14.10.2018

L’Homme riche

Voici donc la célèbre rencontre de Jésus avec un homme, jeune chez St Matthieu, notable chez St Luc, les trois évangélistes s’accordant pour remarquer qu’il était riche. A la question qui semble essentielle à ses yeux : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus, en bon rabbin, comme dimanche dernier, répond par une autre question : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? » Déroutant, n’est-ce pas ; d’autant plus déroutant que nous savons qu’Il est Dieu et qu’Il semblerait faire comprendre qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et que celui-la seul est bon. Ceux qui refusent de reconnaître la divinité de Jésus utilisent ce passage comme preuve donnée par Jésus Lui-même. Eh bien précisément, Jésus nous révèle quelle est la nature du vrai Dieu : non pas Celui de nos rêves et de nos imaginations venant combler tous nos désirs ou nos frustrations, mais Celui qui s’est voulu tellement aimant, proche et respectueux de la liberté de sa créature, l’homme, qu’Il renonce à sa toute-puissance pour ne lui proposer que son amour humble, qui accepte même le refus à son appel et n’en demeure pas moins aimant. Ce faisant, dans ce même passage de l’Evangile, Jésus ne nous révèle-t-il pas son amour infiniment puissant : « Tout est possible à Dieu »
         A aucun moment Il ne se comporte comme un gourou. En Lui, aucun désir de possession, et c’est pourquoi, il répond quand même à son interlocuteur en le renvoyant au Décalogue (les dix Paroles) qu’il connaît bien, en les limitant d’ailleurs à ce que l’on pourrait qualifier de « loi naturelle ». [Marc ajoute même un commandement qui n’est pas dans le Décalogue mais qui résume ceux énumérés: « Ne fais de tort à personne ». Bien utile !]
         L’homme riche déclare les observer tous depuis sa jeunesse, sa Bar Barmitsva, l’âge où il est devenu « fils d’Israël ».
         Alors « Jésus, après avoir posé son regard sur lui, l’aima » Étonnant ! Comme s’il ne l’aimait pas avant ! Voilà bien la manière de faire du Dieu Vivant qui attend notre bonne volonté et notre détermination ; partant d’elle, Il révèle ce qui manque pour accomplir en nous la plénitude de sa présence. Il manifeste un amour plus personnel. « Une seule chose te manque… » Que lui manque-t-il ? « Va ! » (Ne reste pas dans l’état où tu es…) ; « Vends ce que tu as… » (Dépossède-toi de ce que tu as : en fait, tu crois posséder toutes tes richesses, mais n’oublie pas qu’elles sont à Dieu et que tu n’en es que le gérant. Alors, imite ton Dieu : il s’est dépossédé de sa toute puissance : tu viens d’en avoir un modèle sous tes yeux en la personne de Jésus…). « Donne-le aux pauvres… » Puisque tu en as été le bon gérant, puisque tu es riche, fais-en profiter les pauvres : tu donneras un plus grand sens à ta gérance et tu seras déjà en communion avec le ciel, c'est-à-dire Dieu Lui-même… : « Puis viens, suis-moi ! » Suprême invitation à entrer dans la démarche et l’intimité non pas d’un gourou mais d’un Sauveur, Dieu, qui s’est fait notre frère et nous apprend à l’être avec tous.

         Que retenir de tout cela ?

  1. Cette belle affirmation du Père Varillon : « Dieu n’est tout-puissant que de la toute-puissance de l’amour ! ».

  1. Que toute relation aux autres doit être chaste, c'est-à-dire emprunte d’un infini respect pour ce qu’il est, ses projets, ses choix, et en particulier lorsque nous sommes en responsabilité dans une relation, notamment conjugale, parentale, éducative ou comme témoin du Christ, de son Évangile et de son Église.

  1. Que dans le rapport à nos biens et richesses de tous ordres, nous avons à nous situer en gérant et non en propriétaire. Cela a des répercussions en matière de partage avec de plus pauvres, en matière d’écologie, en matière d’équilibre de vie : nous voulons tellement tout faire, tout voir…


Mais ce que vous proposez est impossible !

« Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu » J’ajoute : « Parce qu’Il nous aime qu’Il ne veut rien faire sans nous et… que nous voulons l’aimer »

        
AMEN !