vendredi 30 mai 2014

HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A 01 Juin 2014



HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A
01 Juin 2014

 La prière sacerdotale de Jésus

« Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné… ».
Voilà des paroles de Jésus qui, au premier abord, peuvent paraître étranges, voire même sectaires !
         Il faut les replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a célébré la Sainte Cène avec les disciples et Il se rend au Jardin des Oliviers où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le Vendredi-Saint, Il aura donné sa vie sur la croix. Il aura donc quitté ce monde, mais les disciples, eux, resteront dans ce monde.
         Quant Jésus parle du monde, de quoi parle-t-Il ?
St Jean emploi le mot “Cosmos”, kosmoV, [qui vient du verbe grec “Kosmeo” : ordonner, agencer]. Il désigne non seulement l’univers, comme dans notre langue française, mais le lieu où vivent les humains.
Dans l’usage qu’en fait l’évangéliste, le monde est d’abord synonyme de toutes les forces hostiles à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu le théâtre des méfaits du “prince de ce monde”, le malin ; plus encore, le monde est tombé en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni Jésus, ni ses disciples, ni même l’être humain en tant que tel. Il ne cesse de le défigurer et de le réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a pas pu prier pour ce monde, celui du malin.
Paroles irréelles, d’un autre temps ?
Ne célébrons-nous pas cette semaine le 70ème anniversaire du débarquement en Normandie qui mènera, non sans sacrifices, à la victoire des forces de libération sur un monde déshumanisé qui a conduit aux pires monstruosités ? D’autres mondes ont, hélas, surgi depuis et l’irradication  de ces maux n’est pas encore achevée : on peut légitimement penser que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit de toute puissance et de domination, de convoitise et de perversion du prince de ce monde . De ce monde, ne nous arrive-t-il pas parfois  d’en être ?

Cependant, l’évangéliste présente également le monde comme l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le visiter dans sa profonde détresse. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » Jn 3, 16.
Croire, c’est partager la bienveillance de Dieu sur tout être humain et le respecter, depuis sa conception, jusqu’à sa mort, en lui donnant les conditions matérielles, psychologiques, morales et spirituelles décentes pour le cours de sa vie.
Quant à la “vie éternelle” que Jésus promet, ce n’est pas seulement un temps infini qui se situerait après la mort : c’est un état dans lequel il nous est possible, dès à présent, de demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous sauve de l’esprit du monde et rend notre vie libre, joyeuse, en communion avec les autres et avec Dieu.
A cette vie éternelle, Jésus associe la Gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit “kavod”, désigne dans la Bible ce qui est dense, lourd [“kaved” en hébreu], ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement et allant jusqu’au don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde, permettent de triompher des forces du mal.
Il n’est pas si facile de vivre ainsi et c’est pourquoi Jésus prie pour ceux qui ont à rester dans le monde sans être du monde, gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous permettra d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il recrute toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il aime tellement. Alors, qui que nous soyons, osons le suivre !
AMEN !

lundi 26 mai 2014

HOMELIE de l’ASCENSION .Année A.- Mt 28,16-20 29 Mai 2014



HOMELIE  de l’ASCENSION .Année A.- Mt 28,16-20
29 Mai 2014

                   Avec l’Ascension, le dessein bienveillant du Père, de faire venir l’humanité et la Création auprès de Lui, trouve un début de réalisation. Il fait asseoir son Fils à sa droite dans les cieux, place symbolique de celui à qui est destiné le pouvoir royal. Car ce Fils a mené à bien sa mission : révéler au monde l’amour sans limites que le Père lui porte, renonçant Lui-même à toute forme de pouvoir, invitant tous, dans la liberté, à coopérer à son œuvre, en l’imitant et en faisant épanouir sa Création. En sa personne, notre humanité peut donc accéder à Dieu. Jésus nous attend ; Il est allé nous préparer une place, annonçait-il à ses disciples, juste avant d’entrer dans sa Passion (Jn 14,3). Nous savons donc où nous allons, même si nous ne savons le moment où nous atteindrons le but. D’autres nous ont précédés.          
                   Mais ce but, plus ou moins proche, ne doit pas nous distraire de la mission confiée aux premiers disciples et qui est aujourd’hui la nôtre : “faire disciples toutes les nations” telle est la traduction littérale : Jésus ne nous demande pas tant de faire du nombre mais de rendre « disciple » toute personne, quelle qu’elle soit.

         Mission impossible ?  Projet utopique ? Rêve d’un monde idéal ?
         Oui, si l’on retient les innombrables foyers de désordres, d’injustices et de violences, proches ou loin de nous, dont nous abreuvent les médias et devant lesquels nous nous sentons impuissants.
         Non, si nous savons regarder près de nous toute  l’attention, la générosité, le dévouement manifestés dans les familles pour les enfants ; dans les hôpitaux par les soignants ; dans les maisons de retraite par le personnel et les visiteurs et si nous prenons en compte tout l’immense activité de ceux qui accomplissent leur tâche avec conscience, compétence et esprit de service ; et encore, ceux qui rendent belle la vie par leur art, leur esprit créatif et leur dons.

Que dire enfin des innombrables associations humanitaires, souvent animées par la foi, qui agissent le plus souvent avec un courage qui n’a d’égal que les risques que prennent leurs membres et qui, hélas, sont bien réels !

Des jeunes de nos communautés les rejoignent aussi.

Que de raisons de se réjouir et de louer le Seigneur dès à présent pour toutes ces richesses humaines et spirituelles, quand elles sont mises en œuvre et inspirées par l’Esprit d’amour qui conduit au Père. Il faut savoir regarder non pas seulement vers le ciel, forts de l’espérance qui nous est promise, mais aussi sur terre et prendre part à cette mission reçue du Seigneur « qui est avec nous jusqu’à la fin des temps » c'est-à-dire, jusqu’à ce que l’humanité et la Création accueillent « les cieux nouveaux et la terre nouvelle » inaugurés par l’Ascension du Christ.        
          
         Que l’offrande de toutes nos tâches soit unie à l’offrande du Christ que nous présentons maintenant avec toute l’Eglise.
                  
                   Paul s’adressant aux chrétiens d’Ephèse priait le Père pour « Qu’il ouvre leur cœur à sa lumière pour leur faire comprendre l’espérance que donne cet appel ». C’est à nous, qu’aujourd’hui, que cet appel est  adressé : répondons avec joie et confiance.


AMEN !


jeudi 22 mai 2014

HOMELIE 6° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 14,1-12 L’Esprit Saint, PARACLET – 25 Mai 2014



HOMELIE  6° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 14,1-12
L’Esprit Saint, PARACLET – 25 Mai 2014

« Moi, je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Défenseur qui sera toujours avec vous… ».

                   Pourquoi donc Jésus promet-il à ses Apôtres et à nous-même un « Défenseur » ? Et nous défendre de quoi et contre qui ?
                   La première idée à rejeter, c’est de penser qu’il faudrait nous défendre contre un dieu qui nous accuserait de tous nos péchés. Même Jésus ne nous jugera pas : sa Parole seule révèlera nos erreurs et notre méchanceté. Son Père ne l’a-t-Il pas envoyé pour nous sauver ?
                   Dans la Bible et en particulier les Evangiles, quel est l’adversaire, l’ennemi de l’homme, celui qui veut le voir tomber ?
Il a de nombreuses appellations : le “Satan”(}=&): “l’adversaire”, “l’ennemi”, “l’accusateur”… Jésus le désigne encore par le “prince de ce monde”, car c’est bien l’esprit de ce monde qui met les disciples du Seigneur en procès continuel.       
                   Il est vrai que suivre les commandements du Seigneur, “ses prescriptions ”, n’est pas chose facile. Ils vont à rebrousse-poil, d’abord, de nos inclinations, de nos désirs, souvent légitimes, de tranquillité, de bonheur : pourquoi s’occuper des autres ? Cà peut être bien dérangeant et décevant ! Pourquoi se priver quand c’est à notre portée ? Et tant d’autres bonnes raisons… Qui nous défendra contre nous-mêmes et nos pentes naturelles à protéger notre vie au détriment d’appels à la justice, au partage, à la bonté et à l’amour du frère ? Car “ Qui veut sauver sa vie la perdra ”. Qui nous aidera à “trouver notre vie” (Mt 16, 25) en n’ayant pas peur et étant assez fort pour accepter de la perdre et donc de la sauver ?
                   De façon plus générale, qui nous aidera à avancer à contre-courant des mentalités, souvent médiatisées, qui sous couvert de compassion, veulent donner la mort ; sous couvert de liberté, sont égoïstes et individualistes ; sous couvert d’efficacité, laisse dans la misère tant de personnes au profit de quelques nantis ?

                   Alors, voyons quel est ce “Défenseur” que Jésus a promis de nous envoyer.
                   Le texte liturgique a traduit le mot grec “Paraclet” Paraklhton (de “para” “à côté de” ; “klhton” de “kalew” “appeler” ) : “Celui qui est appelé à côté de quelqu’un”, un avocat  qui assiste un accusé lors de son procès en lui “soufflant” des réponses pour sa défense. C’est aussi un conseiller, un interprète et même un intercesseur et un consolateur. C’est donc un terme très riche en significations que l’Evangile a choisi pour exprimer cette personne que Jésus va envoyer. Cet Esprit de Vérité apporte aux croyants la pleine lumière sur le Père et le Fils et nous révèle leur regard et leur action bienveillante pour notre pauvre humanité.
                   Ainsi nous pouvons compter sur Lui pour nous éclairer et nous aider en toute situation. C’est Lui, par exemple, qui nous permettra une vraie compassion auprès de celui qui souffre, cherchant à le soulager autant qu’il est possible, mais en restant une présence pleine d’écoute, de respect, parfois de silence. C’est Lui qui nous aidera à exercer notre liberté en même temps que notre responsabilité en étant solidaire de ceux qui vivent des situations de précarité. C’est encore Lui qui nous fera renoncer à une efficacité immédiate qui ne conduit qu’à un cumul de richesse et prépare les révoltes de ceux qui n’en peuvent plus.
                   Pierre nous invitait “à rendre compte de l’espérance qui était en nous”, évitant tout propos triomphaliste ou totalitariste et sûr de lui-même mais “en le faisant avec douceur et respect” comme le rappelait le Concile Vatican II et l’a fait le successeur de Pierre, le pape François en se rendant en Terre Sainte.
                   Il y a bien des chantiers où les chrétiens peuvent apporter au monde une intelligence éclairée et une force d’action : encore faut-il accueillir et même prier le Paraclet, l’Esprit de vérité. En préparation à Pentecôte, faisons-le dès à présent.
        


AMEN !

jeudi 15 mai 2014

HOMELIE 5° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 14,1-12 18 Mai 2014.



HOMELIE  5° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 14,1-12
18 Mai 2014.

Jésus, Parole de Dieu

                   La première lecture de ce dimanche (Ac 6,1-7) nous montre que pour l’Eglise naissante, servir la Parole de Dieu est une priorité. Mais pour rester fidèles au service des frères, qui avec la prière, fait partie des exigences de la vie apostolique, les Douze vont proposer une organisation nouvelle : le service des tables. Il sera pris en charge par “des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse”. Ce service a pour nom “diaconie”. Ainsi apparaît dans l’Eglise des fonctions qui plus tard deviendront des « ordres sacrés », dont les diacres. Ils sont 58 dans le diocèse. Leur ministère a été rétabli dans l’Eglise par le Concile Vatican II. Le diacre est principalement associé à la responsabilité propre d’un évêque dans le domaine des œuvres de charité, mais aussi dans celui du gouvernement et de l’annonce de la Parole.
                   La prière et le service de la Parole sont donc, pour les Apôtres et pour les évêques leurs successeurs, la tâche principale.
Qu’est-ce donc que ce “service de la Parole” ? S’agit-il seulement de la prédication ? Qu’est-ce que la Parole ?
                   Le mot qui désigne la parole en grec est : “logos”, logo" ; en hébreu, “dabar”. Dans ces cultures, les paroles ne sont pas que des mots véhiculant des images ou des idées : elles sont “récits”, “commandements” (en hébreu les “Dix Paroles”) mais aussi choses, réalités, affaires, évènements. Point de parole qui ne soit réalité ; point de réalité qui soit communicable sans paroles. Parler, c’est agir, ce qui est vrai avant tout de Dieu qui crée par sa Parole : « Il dit et cela est ».
                   Plus encore : la Parole par excellence était « au commencement ». On a l’habitude d’entendre le début du prologue de St Jean, que le prêtre dit encore à la fin de la messe en forme extraordinaire du rite romain : « Au commencement était le Verbe… », traduction du latin « In principio erat Verbum », mais dans le texte grec, il s’agit bien du “Logos”, la Parole. « Au commencement était la Parole… ». Dans ce même Evangile, la Parole se fait chair en la personne de Jésus, Fils de Dieu. A la différence des prophètes qui introduisent souvent leurs interventions par : « Oracle du Seigneur ! », Jésus déclare : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres » «  …et si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres ». Les œuvres de Jésus comme sa parole sont les œuvres et les paroles du Père. C’est bien pourquoi Jésus répond à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père »
                   Cette Parole, c’est Jésus Lui-même qui se donne totalement à nous si nous voulons bien l’accueillir totalement. Le service de la Parole, c’est le service de Jésus Lui-même. C’est donc mettre en œuvre tout ce qui permettra de demeurer en Lui dès à présent : faire connaître sa Parole mais aussi prendre toutes sortes d’initiatives pour qu’elle imprègne nos intelligences, nos mentalités, nos réflexes, nos cœurs. Cela n’est pas réservé qu’à ceux qui font de la “pastorale : c’est bien à tous qu’il est proposé de rechercher sa Parole, de la goûter pour la mettre en pratique. Alors, nous accomplirons les mêmes œuvres que Lui. Nous en accomplirons même de plus grandes…

                   Connaissez-vous quelqu’un de plus humble, nous accordant autant de liberté et de confiance ? C’est bien Jésus, notre Dieu, Celui qui veut nous « prendre avec Lui » pour nous mener vers le Père. Il est vraiment le Chemin et la Vérité et la Vie”. Pas étonnant que de si nombreuses familles choisissent ce texte pour l’adieu à leur défunt, tant il est plein d’amour, de tendresse et d’espérance. Que, jour après jour, la Parole soit pour nous chemin vers la maison du Père !
                  
AMEN !