mercredi 27 mars 2024

HOMÉLIE JOUR de PÂQUES – “Il vit et il crut”. Jn 20, 1-9 31 Mars 2024.

 

HOMÉLIE JOUR de PÂQUES – Jn 20, 1-9

31 Mars 2024.

 

“Il vit et il crut”. (Jn 20,8)

 

Croire en la résurrection n’est pas chose facile dans un monde rationnel qui, à l’instar de St Thomas, disciple de Jésus, ne croit que ce qu’il voit.  L’Évangile de ce dimanche nous présente le chemin de l’Apôtre Jean qui apprend à dépasser cette posture pour accéder à la merveilleuse et inattendue découverte de la Vie de Jésus Ressuscité.

“Il vit et il crut”.

Qu’a-t-il "vu", Jean ? Non pas le corps de Jésus qui avait disparu, mais il a "vu/compris" que Jésus a été relevé d’entre les morts selon ce qu’annonçait les Écritures …

Qu’a-t-il cru, Jean ? Que la vie, celle de son Maître et Seigneur, était plus forte que la mort.

À ceux qui Le croient et accueillent son Esprit, Jésus communique le pouvoir de vivre dès maintenant dans la puissance de la résurrection. Comment ?

 

Comme Il l’a fait Lui-même, dans un compagnonnage avec les hommes:

Ø  Lorsque nous avons de la compassion et du soutien pour toute créature, en particulier, les "petits", ceux qui souffrent physiquement, moralement, affectivement…

 

Ø  Lorsque nous travaillons à la justice qui libère des situations de mort où gisent tant de femmes et d’hommes : sous-développement, chômage longue durée, exclusion, habitat indécent…

 

Ø  Lorsque nous acceptons de dépenser notre vie et nos biens pour d’autres.

 

Ø  Lorsque nous pardonnons comme Jésus, sans attendre de retour…

 

Ø  Lorsque nous construisons des communautés où l’individualisme fait place à la communion, le “moi” au “nous”…

 

Ø  Lorsque nous renonçons à nous affirmer nous-mêmes, sans les autres ou contre eux, laissant de côté notre recherche d’identité pour être plus solidaires avec les autres hommes de bonne volonté…

 

Ø  Lorsque, dans les situations d’opposition ou de conflits, nous gardons la joie profonde d’un respect pour l’adversaire en même temps que la conviction qu’il y a une issue possible que le Seigneur connaît…

 

Ø  Enfin, lorsque dans les cas extrêmes, nous acceptons de donner notre vie librement et par amour, jusqu’à prier pour les assassins ou les dictateurs, comme nous pouvons le faire en ces temps de violence : « Père pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Lc 23,33

 

Bien sûr, tout ce “compagnonnage” peut nous faire peur : on ne “voit” pas la Résurrection en oubliant la Croix, nos croix. “Si le grain de blé ne tombe enterre et ne meurt, il ne porte pas de fruit” (Jn 12,24). Alors, nous pourrons témoigner, parfois sans parole, mais toujours avec foi, que la vie est plus forte que la mort : n’est-ce pas ce que le monde, à court d’amour et d’espérance, attend aujourd’hui ?

 

Que l’Esprit de Jésus vivant, ressuscité nous y aide !

 

AMEN !

mercredi 20 mars 2024

DIMANCHE des RAMEAUX et de la PASSION B. - 24 Mars 2024

 

DIMANCHE des RAMEAUX et de la PASSION B.

24 Mars 2024

 

 

Lecture de l’Évangile des Rameaux. Mc 11,1-10

Pour accueillir “Celui qui vient au Nom du Seigneur les gens de Jérusalem l’accueillent en le saluant avec des rameaux. Ces rameaux de feuillage toujours verts veulent nous rappeler que la vie ne finit pas. Ils évoquent la victoire de Jésus sur la mort, sa résurrection. Ils criaient : « Hosanna ! » ce qui veut dire, en hébreu : «  Dieu, donne le salut ! »

Bénédiction des Rameaux

Jésus demande à ses disciples d’aller chercher un petit âne. Pourquoi ? Le prophète Zacharie avait prédit que le roi d’Israël viendrait à Jérusalem « juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon tout  jeune » (Za 9,9). Jésus non seulement accomplit l’Écriture, mais se montre plein d’amour pour son peuple : Il ne monte pas sur un cheval qui était un animal puissant, réservé à la guerre, mais sur un âne qui est un animal doux, humble, fidèle, robuste, qui ne fait jamais de mal aux enfants. Les propriétaires de l’âne le comprennent très bien et ils le  prêtent volontiers au Seigneur.

 

Entrée dans l’église.

 

Lecture de la Passion du Christ selon St Marc – Mc 14,1-15-47

 

 (Après la Lecture de la Passion, silence et recueillement)

Le mot “Passion” vient du latin qui signifie : “souffrir”. Il désigne les épreuves très dures que Jésus a subies avant de mourir sur la croix. Jésus n’avait pas envie de mourir dans de telles souffrances. Mais Il a voulu, jusqu’au bout, être fidèle à sa mission. Devant les chefs de son peuple, Il n’a pas renié qu’Il était Dieu et c’est pour cela qu’ils l’ont condamné. Il a voulu nous montrer jusqu’où Dieu nous aimait en partageant le sort de milliers d’innocents, qui, encore aujourd’hui, sont persécutés, condamnés et exécutés. Il a cru que Dieu son Père ne l’abandonnerait pas dans la mort, même s’il s’écrie en reprenant le début du Ps. 22(21) « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Psaume qui décrit beaucoup d’éléments de la passion du Christ, mais qui s’achève par : « Tu m’as répondu ! Je vais redire ton nom à mes frères… » : C’est ce que, ressuscité, Il fera au jour de Pâques, vivant pour toujours.

 

 

 

 

 

jeudi 14 mars 2024

HOMÉLIE 5ème Dimanche CARÊME ou 1° Dimanche de la Passion. B – "Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle" Jn 12,25 - 17 mars 2024

 

HOMÉLIE 5ème Dimanche CARÊME ou 1° Dimanche de la Passion. B – Jn 12,20-33

17 Mars  2024.

 

         « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » Jn 12,25

 

Lorsque St Jean rapporte ces paroles de Jésus, pour désigner « sa vie », il utilise le mot  "psukèn" (yuchn), (que l’on traduit aussi  par « âme »). Perdre sa vie, c’est évidemment à contre-sens de nos réflexes naturels et de ce que nous propose le monde. Mais qu’est-ce que vouloir "sauver sa vie en ce monde" si ce n’est servir le « Moi d’abord ! » ou le « chacun pour soi » ? Celui qui se comporte ainsi  ne risque t-il pas, au bout du compte, de “rester seul ? Ne s’oriente-t-il pas vers une certaine mort ? Et alors "Perdre sa vie en ce monde", ne serait-ce pas, au contraire, tenir compte des autres en se détachant du superficiel, de l’accessoire pour accepter de donner de sa vie pour que d’autres vivent ? N’est-ce pas déjà commencer à vivre en plénitude ?  « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » 1 Jn 3,14.

Jésus nous inviterait ainsi à nous détacher de cette "vie en ce monde", pour que nous la gardions pour la "vie éternelle".

Quelle est-elle, cette vie éternelle ? St Jean n’utilise pas le même mot pour la désigner : ce mot c’est "Zoë" (zwhn) ». Il comporte l’idée d’une force qui se manifeste particulièrement à travers le souffle et le sang. Elle anime nos relations, nos activités, nos initiatives, nos projets et aide à les construire. C’est le même mot que Jésus utilise lorsqu’Il répond à Thomas : « Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6.

Il est en effet le « Vivant » par excellence, et vivre, c’est se laisser envahir par la foi en ce Vivant ; ne plus vivre pour soi-même mais appartenir pour toujours au Seigneur.

Est-ce parce que c’est si peu naturel, si difficile à accepter que Jésus est soudain bouleversé ? Est-ce parce qu’Il pense qu’Il ne sera pas compris que le découragement le gagne ? Est-ce enfin parce que le chemin qui se dessine devant  Lui est particulièrement ardu et terrible ?

« Père, délivre-moi de cette heure ! » Prière de supplication qu’il nous est bon d’entendre quand l’avenir nous paraît trop lourd à porter !

 « Mais non ! » Se ressaisit-t-Il aussitôt : « C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton Nom ! ». Que signifie « glorifier» ? Dans notre langue, cela signifie : Honorer, exalter quelqu’un en proclamant ses mérites. Dans la Bible, en hébreu, le mot gloire, kâvôd  est de la même racine que kâvêd  qui signifie lourd ; autrement dit, la gloire est identifiée à la renommée, à ce qui fonde le renom, lui donne du poids.

Jésus et arrivé à cette heure où Il s’offre à perdre sa vie pour l’accomplissement de l’œuvre qui glorifiera le Père en manifestant son amour infini pour le monde, Lui qui a renoncé à Sa Toute-Puissance  en n’intervenant pas pour empêcher la mort infâme de Son Fils.

Le Fils peut alors affirmer : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

Les grecs voulaient voir Jésus. Ils pourront le voir sur la croix et tenter de comprendre jusqu’où Lui et Son père nous ont aimés pour qu’à notre tour nous le fassions aussi.

Avec nos catéchumènes, suivons ce Seigneur qui nous fait entrer dans la vraie vie, celle qui ne déçoit pas, qui a vaincu la mort et nous fait entrer dès à présent dans la vie éternelle.

AMEN 

jeudi 7 mars 2024

HOMÉLIE 4ème Dimanche CARÊME. Année B " Le serpent d'airain" Jn 3, 14-21 – 11.03.2024

 

HOMÉLIE 4ème Dimanche CARÊME. Année B

Jn 3, 14-21 – 11.03.2024

 

« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert,

ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, » Jn 3, 14

 

                  Au début de cet Évangile, Jésus fait allusion à une histoire tragique arrivée aux hébreux lorsqu’ils étaient dans le désert du Sinaï après leur sortie d’Égypte. Ils sont assaillis par des serpents venimeux dont la morsure était fatale. Ils sont convaincus d’avoir péché contre Dieu en récriminant contre Lui, qui pourtant était déjà venu à plusieurs reprises à leur secours. « Le peuple vint trouver Moïse en disant : “Nous avons péché en critiquant le Seigneur et en te critiquant ; intercède auprès du Seigneur pour qu’Il éloigne de nous les serpents !” Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui dit : “Fais faire un serpent brûlant [c'est-à-dire venimeux] et fixe-le sur une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. Moïse fit un serpent d’airain et le fixa sur la hampe ; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et avait la voie sauve” (Nombres 21, 7-9).

                   Est-ce de la magie ! Bien sûr que non, la Bible dénonce sans cesse les mensonges des pratiques magiques. Ce n’est pas le serpent qui sauve par lui-même, mais c’est de faire confiance en Dieu et de Lui obéir,  Lui qui a dit de regarder cet objet  symbolique pour être sauvé  de la mort.

                   De la même façon que Moïse, Jésus demande qu’on le  regarde élevé de terre : qu’est-ce à dire ? Quand sera-t-Il élevé de terre ? Cloué sur la croix !

                   Comment regardons-nous la Croix du Christ ? Comme un objet tellement familier qu’on n’y fait plus attention ? Comme un homme supplicié qui meurt dans des souffrances atroces alors qu’Il est totalement innocent ? Non ! Jésus veut que nous reconnaissions en "Lui crucifié", "élevé de terre", Dieu qui se donne jusqu’au bout, solidaire de tous ceux, crucifiés eux aussi par toutes sortes de maux. C’est la plus belle preuve de l’amour de Dieu qui ne triche pas avec la condition de tant d’innocents broyés par le mal et la souffrance et qu’il partage avec nous.

                  Reconnaissons en son Fils Jésus, Dieu qui renonce à sa toute-puissance divine, manifestant un amour sans limite, jusqu’à pardonner à ses ennemis et ses bourreaux. Par l’acceptation de son supplice, Dieu renonce à retirer leur liberté aux responsables qui ont condamné Son Fils, et s’Il était intervenu, Il ne serait plus le Dieu d’amour parfait qui fonde et donne cette liberté, sans laquelle on ne peut aimer. 

                   Envers ce Dieu si donné, si bon, si pacifique, si bienveillant, qui pourrait avoir peur ? Bien au contraire, nous pouvons croire en Lui ; nous fier entièrement à Lui pour qu’Il nous conduise vers ce qui « est bon, conforme à la voie que Dieu a tracé pour nous» écrivait St Paul aux Éphésiens. (Ep 2,9). Nous serons alors apaisés, joyeux et tout éclairés. Nous n’aurons plus envie de rester dans le noir, de faire des choses en cachette, que nous n’oserions pas faire au grand jour devant tout le monde. Au contraire, nous serons tout heureux de partager ce que nous pouvons faire de bien et ce que les autres font de bien. Ainsi, nous ne périrons pas mais « obtiendrons la vie éternelle » Jn 3,16.

                   Les hébreux ont reconnu leurs péchés et Dieu, pour les guérir, leur a donné le signe du regard tourné vers le serpent brûlant (que les professionnels de la santé ont repris d’ailleurs comme emblème). N’ayons pas peur, à notre tour, de reconnaître nos erreurs, nos torts, nos injustices, nos égoïsmes ou notre orgueil, bref, nos péchés.

                   Tournons notre regard vers Celui qui a été élevé de terre. Confessons nos péchés à ce « Dieu [qui] a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en Lui ne périra pas, mais obtiendra la vie éternelle ». Recevons le signe de son pardon par le ministre à qui il a donné ce pouvoir inimaginable de remettre les péchés en son Nom et de renouveler en nous la vie de son Esprit Saint.

                   Remercions-Le ; adorons-Le ; redisons-Lui que nous l’aimons et réjouissons-nous en ce dimanche de "Gaudete", réjouis-toi Jérusalem !

 

AMEN !