vendredi 29 septembre 2017

HOMELIE 26ème Dimanche Ordinaire A –“Parabole des deux fils » Mt 21,28-32 1.10.2017



HOMELIE 26ème  Dimanche Ordinaire A – Mt 21,28-32
1er octobre 2017

“Parabole des deux fils »


La conduite du Seigneur est étrange, disent les compatriotes du prophète Ezéchiel. Et de fait, les textes de ce Dimanche en sont l’illustration.
Jésus, qui était dans la condition de Dieu s’est dépouillé pour prendre la condition d’esclave, dit l’hymne de St Paul aux Philippiens (qui est peut-être un des hymnes liturgiques le plus ancien du christianisme).
« Les voleurs et les prostituées vous précèdent dans le Royaume des cieux » dit Jésus aux responsables religieux de son peuple.
Pour qui donc ces paroles sont-elles étranges ?
Peut-être pour certains qui se sont fait un Dieu à leur image. C’était bien l’attitude des chefs des prêtres et des anciens qui n’estimaient pas le besoin de se convertir lorsque Jean-Baptiste les y invitait : en quoi des gens qui suivaient fidèlement les prescriptions de la Loi données par Moïse, et donc par Dieu, avaient-ils besoin de conversion ? Une espèce de suffisance les empêche de se remettre en question. Ils savent ce qu’il en est des choses de Dieu et ils ne peuvent plus voir autre chose que leurs propres certitudes. C’est ce que leur reproche Jésus : « Même après avoir vu Jean-Baptiste vivant selon la justice…même après avoir vu la conversion des pécheurs…vous n’avez pas voulu croire »
         Les publicains et les prostituées ont réagi tout autrement. Ce sont des pécheurs publics, certes et ce n’est pas cela que Jésus complimente. Ils sont comme le premier fils de la parabole : ils ont commencé par refuser de travailler à la vigne : jusque là, rien d’admirable ! Seulement voilà : Jean Baptiste les a touchés, ils ont écouté sa parole et ils se sont convertis, ils ont changé leur vie. Ce n’est pas parce qu’ils sont pécheurs qu’ils entrent dans le Royaume, mais parce qu’ils se sont convertis. Se sachant pécheurs et ayant un sentiment très vif de leur indignité, de leur pauvreté, ils étaient sans doute plus aptes à se convertir, ils avaient les oreilles et le cœur plus prêts à s’ouvrir.
         Les oreilles et le cœur prêts à s’ouvrir, voilà l’attitude fondamentale du croyant dans la Bible.

Lorsque la plupart d’entre nous ont dit ‘oui’ au Seigneur, ‘je veux te suivre’, ‘tu es mon Dieu’, c’était sincère. Mais bien vite, nous risquons de continuer à vivre sans trop nous soucier de la volonté de Dieu. Bien sûr, il y a souvent coïncidence entre nos actes et cette volonté de Dieu, mais lorsque entre elle et notre vouloir personnel surgit une discordance, c’est celui-ci qui l’emporte : nous nous laissons entraîner par nos désirs et à nos caprices.
         Or la vie chrétienne, le oui au  Seigneur n’est pas de l’ordre d’une simple inscription, comme le second fils qui dit Oui à son Père et ne fait rien. C’est un vouloir vivant et continu, une acceptation constante et actuelle de la volonté de Dieu sur nous. C’est un ‘Oui’ sans cesse répété. une réponse à un appel personnel de Dieu. Cet appel varie selon les circonstances et c’est pourquoi Jésus demande que nous ayons les oreilles et le cœur ouverts chaque jour pour le suivre, pour connaître le chemin. Il faut donc savoir remettre en question ce que l’on fait, pour se maintenir toujours en état de disponibilité devant Dieu.
         Comment ?  Le seul moyen de connaître la volonté de Dieu, c’est de l’aimer : c’est de préférer cette volonté de Dieu à la sienne, de la rechercher dans Sa Parole (familiarité avec les Saintes Écritures), de méditer cette Parole écoutée et gardée dans son cœur, enfin, d’ouvrir les yeux et d’être attentif aux besoins de nos frères, puisque Dieu nous fait signe en eux.

         Alors, même si nous avons pu avoir une première réaction de refus, nous goûterons combien il est bon et heureux d’aller travailler à la vigne du Père, car Lui-même s’en réjouit.

AMEN !

vendredi 22 septembre 2017

Commentaires de L'EVANGILE Mt 20,1-16 -Marie-Noëlle Thabut, dimanche 24 septembre 2017



Chers amis,
N’ayant pas d’homélie à donner ce W-End en raison de la Messe de rentrée paroissiale, la seule de ce dimanche, j’ai eu l’idée de vous faire profiter du Commentaire de l’Evangile que Marie-Noëlle Thabut donne sur Radio Notre-Dame 100.7 le dimanche entre 8h et 8h30, et que vous pouvez également trouver sur le site de la Conférence des Evêques de France en vous adressant à :
Vous ne perdrez rien à le lire.
Bon W-End !


Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, dimanche 24 septembre 2017
Imaginez un patron d'entreprise qui emploierait des méthodes pareilles ! Il aurait certainement une bonne partie de ses ouvriers en grève dès le deuxième matin ! Mais Jésus a bien dit qu'il ne parlait pas d'une entreprise comme les autres puisqu’il a introduit sa parabole en disant : « Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine... » : d’entrée de jeu, nous savons qu’il est question du Royaume des cieux ; et nous savons bien, Isaïe nous l’a rappelé, que « les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées... »
Et donc, dans cette vigne très particulière, il y a des ouvriers embauchés à toute heure du jour... Apparemment, le travail ne manque pas. Mais la pointe de la parabole n’est pas là : comme toujours, il faut chercher d’abord ce que ce texte dit sur Dieu. « Moi, je suis bon » dit Dieu ; « Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » Dieu est bon, et d’une bonté qui ne fait pas de comptes. Cela veut dire que sa bonté surpasse tout, y compris le fait que nous ne la méritons pas ; cela veut dire qu’il faut que nous abandonnions une fois pour toutes notre logique de comptables : dans le Royaume des cieux, il n’y a pas de machine à calculer les mérites... Elle est là, peut-être, la conversion qui nous est demandée ; cette logique de comptables, nous avons bien du mal à nous en défaire : nos efforts, nos sacrifices, nos souffrances, nous voudrions toujours les comptabiliser pour nous rassurer ; cela nous donne, pensons-nous, des droits sur le Royaume, sur l’amour de Dieu...
A l’inverse, il nous paraîtrait juste que Dieu ne traite quand même pas tout le monde de la même manière : « Tu les traites à l’égal de nous ! », reprochent les ouvriers de la première heure, sous-entendu nous méritons mieux. Et justement, Jésus veut nous faire sortir de cette logique du mérite : l’amour ne compte pas. L’amour ne s’achète pas, il est donné. Cette leçon-là, pourtant, n’était pas nouvelle ; allez lire le psaume 126/127 : « Dieu comble son bien-aimé quand il dort »... Il n’est pas question de mérites là-dedans ; pire, le même psaume affirme : « En vain tu devances le jour, tu retardes le moment de ton repos, tu manges un pain de douleur... » autrement dit : ne calcule pas tes mérites et tes heures supplémentaires, Dieu te comble au-delà de tout. Le psaume d’aujourd’hui nous faisait chanter « Le SEIGNEUR est juste en toutes ses voies »... visiblement ce n’est pas une justice calculée comme nous l’entendons ! La justice de Dieu, c’est d’aimer, sans distinction, tous ses enfants également, c’est-à-dire infiniment, sans mesure.
Pour rester dans l’Ancien Testament, Jonas lui aussi, trouvait scandaleux que Dieu pardonne si facilement à ces mécréants de Ninivites : le peuple élu s’efforçait laborieusement depuis si longtemps d’être fidèle à la loi ; ces affreux païens n’avaient eu qu’un geste à esquisser pour être pardonnés. Dès l’Ancien Testament, donc, on savait bien qu’il y a des derniers qui deviennent premiers. De la même manière, au temps de Matthieu, l’arrivée massive d’anciens païens dans les communautés chrétiennes faisait murmurer ceux qui venaient du Judaïsme et se savaient les héritiers d’une longue lignée de fidèles. Et Jésus lui-même a rencontré l’hostilité des croyants de longue date quand il a côtoyé amicalement des publicains et des pécheurs.
Jusque sur la croix, nous en connaissons au moins un qui était « dernier » et qui est devenu « premier », c’est le bon larron...Voilà bien un ouvrier de la dernière heure. (C’est dans l’évangile de Luc et non de Matthieu, mais la leçon est bien la même !) C’est à la dernière minute seulement que le bon larron crucifié en même temps que Jésus, enfin, se tourne vers lui ; et là, il a suffi d’une parole de vérité dans sa bouche et il s’est entendu dire ce dont nous rêvons tous pour notre dernière heure « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis ».
Mais si on veut bien regarder la vérité en face, elle devrait nous faire plutôt plaisir, cette parabole... Qui d’entre nous peut se vanter d’être un ouvrier de la première heure ? Qui que nous soyons, nous ne sommes tous que des ouvriers de la onzième heure ! C’est lorsque nous l’oublions que notre regard devient mauvais. « Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » Les ouvriers de la première heure récriminent contre le maître de maison dont ils ne comprennent pas la logique ; Jonas récriminait contre Dieu qui pardonnait trop facilement à ces pécheurs de Ninivites ; les Pharisiens récriminaient contre Jésus, trop accueillant aux gens de mauvaise vie ; le fils aîné murmurait contre le père trop accueillant pour le fils prodigue... Quand la logique de Dieu est trop différente de la nôtre, la tentation qui nous prend est de contester.
C’est le moment ou jamais de nous rappeler la phrase d’Isaïe dans la première lecture : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, dit Dieu... Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »
 

jeudi 14 septembre 2017

HOMELIE 24ème Dimanche Ordinaire A. Mt 18, 21-35 17 Septembre 2017



HOMELIE 24ème  Dimanche Ordinaire A. Mt 18, 21-35

17 Septembre 2017
“Le Pardon : jusqu’à combien de fois ? »

Vous connaissez les expressions : « Je ne lui pardonnerai jamais ! » ou « Il m’en a trop fait voir ! » ou encore « Je veux bien être bon mais pas être poire ! ». Autant dire que pardonner n’est pas chose naturelle et qu’on admire même Pierre qui va proposer au Seigneur de pardonner jusqu’à 7 fois. La réponse de Jésus est claire et sans appel : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois 7 fois ». Pourquoi donc ce chiffre ? Les forts en calcul, ne vous cassez pas la tête (ici, c’est facile : 490 fois !), c’est une vieille histoire qui remonte aux origines de l’humanité.
Après que Caïn ait tué Abel, Dieu va mettre un signe sur lui pour que personne, en le rencontrant, ne le frappe : « Si l’on tue Caïn, il sera vengé 7 fois. » Gn 4, 15. Dieu veut tuer dans l’œuf le cycle infernal de la vengeance qui prend rapidement de l’ampleur, puisque, 4 générations après, son descendant Lamek lance à ses femmes ce terrible chant : « J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. Caïn sera vengé 7 fois, mais Lamek soixante-dix-sept fois ! » Gn 4, 23-24.
Jésus, en reprenant ces chiffres et en les multipliant par 7, chiffre parfait, manifeste sa volonté absolue d’éradiquer totalement toute violence et invite ses disciples à apprendre le pardon.
Est-ce bien possible ? Ne nous en demande-t-Il pas un peu trop ?
C’est d’abord une question de bon sens. La première Lecture de Ben Sirac le Sage nous montre, de façon claire, l’incohérence de celui qui demande le pardon alors qu’il ne sait pas ou ne veut pas pardonner. « Si un homme n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? »
Mais il faut aller plus loin et c’est bien pour révéler qui est son Père qu’Il propose cette Parabole du débiteur impitoyable. Dieu est amour et cet amour s’exprime à fond dans le pardon, la remise totale des dettes, fussent-elles exorbitantes comme celle de cet homme sans cœur qui lui devait, tenez-vous bien, (je l’ai calculé un jour) 4 459 vies de travail ! Dieu est remué jusqu’au entrailles, dit le texte, parce que ce pauvre homme ne s’en sortirait jamais ! Mais sa compassion se tourne en colère quand on lui apprend que ce serviteur, libéré de toute sa dette, s’est montré intransigeant à l’égard de celui qui lui devait une somme dérisoire : 100 jours de travail ! « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’ai eu pitié de toi ? ». Le châtiment qui suit permettra à ce serviteur sans cœur de mesurer l’immensité de sa dette, ce qu’il n’avait sans doute pas fait.
Avons-nous mesuré la dette qui est la nôtre ?  La première chose est de le faire et de découvrir à quel point nous sommes pécheurs, sans doute bien plus profondément que nous ne le pensons, tant notre égoïsme est ancré et caché en nous. Nous serons alors beaucoup plus humbles et reconnaissants de ce pardon que Dieu nous donne totalement, et il nous sera plus aisé de pardonner.
Mais qu’est-ce que pardonner ?  Voici ce qu’écrit le P. Varillon : “… Pardonner, c’est la forme supérieure du don. J’insiste toujours pour qu’on écrive par-donner, avec un petit tiret, pour qu’on mette en valeur le préfixe « par » qui, dans plusieurs langues, signifie à fond, jusqu’au bout…. Les hommes ont toutes les peines du monde à se pardonner vraiment. La forme supérieure du don, c’est le don de la paix. Pardonner, c’est effacer mon ressentiment, piétiner mon orgueil, faire la paix, la construire. Le pardon n’est pas un coup d’éponge, il est une re-création : pardonner, c’est permettre un nouveau départ. Nous sommes là au cœur de la spiritualité. Le refus du  pardon, c’est le péché qui ne peut pas être pardonné, par la force des choses.”
Une dernière objection : « De quoi aurais-je l’air si je fais le premier pas, si je pardonne ? » Je réponds : « Tu as l’air de Jésus lui-même : Il pardonne à Pierre qui trahit, à l’un des condamnés crucifiés avec Lui, à ses bourreaux… »
Alors, demandons sans cesse la force de l’Amour divin, infini, riche en miséricorde: il est le seul à pouvoir nous entraîner à pardonner. Prions sérieusement le Notre Père lorsque nous disons à Dieu : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé… ».        AMEN !