jeudi 25 août 2016

HOMELIE 22ème Dimanche Ordinaire Année C. Lc 14,1a.7-14 – 28 Août 2016.



HOMELIE 22ème Dimanche Ordinaire Année C. Lc 14,1a.7-14 –
28 Août 2016.

Quand tu es invité à des nocesmot à mot : "Ne t’étends pas" sur le premier lit…parce qu’un autre plus important que toi pourrait prendre ta place et alors, tu serais obligé de te relever et tout confus, d’aller t’allonger au dernier lit !   Certes, il y a une certaine habileté dans ces conseils mais ils ont quelque chose d’un peu calculateur ! Alors, quelle est l’intention réelle de Jésus ? C’est de nous mettre en garde contre toute suffisance, car cette trop grande estime de soi peut tourner à la honte lorsque nous nous créons des hiérarchies  dans le rang familial, social, culturel ou dans la recherche du pouvoir. On ne se trouve plus à sa place. Ce n’est vraiment pas la manière de Dieu : Il voit autrement, Lui “qui renverse les puissants de leur trône et élève les humbles” Lc.1,52
Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé” Lc 14,11. Autrement dit, pour vivre heureux, vivons humbles.

Dans la seconde partie de l’évangile, Jésus critiquerait-il nos repas conviviaux ? Telle n’est certainement pas son intention ! Le Seigneur sait bien qu’ils entretiennent nos relations familiales et amicales si nécessaires au bonheur que nous pouvons construire ici-bas, fondé sur des rencontres et des marques d’affection, dont je profite amplement au milieu de beaucoup d’entre vous et je leur en suis très reconnaissant : c’est très réconfortant ! Qui plus est, j’en suis sûr, Il se réjouit de tous ces moments de bonheur entre nous. Lui-même n’a-t-Il pas été reçu chez ce pharisien ou chez Marthe et Marie ? 
Cependant, comme Il nous aime et voudrait nous faire partager sa façon d’aimer, Il nous alerte sur un risque bien naturel qui porte à "rester avec les mêmes", à ne vivre qu’en réseaux, avec une propension à faire des “grumeaux” ! (Vous connaissez bien l’expression !) Et finalement, le retour d’ascenseur est attendu ! Dans le fond ce n’est pas très gratuit tout ça, c’est même parfois très intéressé ! Alors, Il nous éveille à l’attention aux pauvres, car avec eux, il n’en est pas ainsi : “Quand tu donnes un festin, invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles…” 
Les pauvres : qui sont-ils ?
Pauvre,  ptokoï…“celui qui se blottit, se replie”, parce qu’il lui manque quelque chose pour pouvoir vivre décemment. Ainsi dans la Bible sont considérés comme pauvres “l’étranger, la veuve, l’orphelin”. Sont encore pauvres aujourd’hui ceux qui vivent un handicap, une situation précaire ou de souffrance physique, morale, psychique ou enfin économique… Pauvre au sens spirituel, c’est aussi très proche de “humble”, ne se gonflant pas d’orgueil, ne se mettant pas en avant : il y a de la place pour les autres dans leur cœur et ils attendent des autres et de Dieu ce qui leur manque.
De nombreuses occasions nous sont données d’ouvrir notre table, mais aussi notre cœur, et de porter notre attention, de donner de l’écoute, du temps, comme le font déjà bien des familles ou des associations. Aux appels qui vous seront bientôt adressés en cette reprise d’année, répondez, selon vos possibilités, en particulier, à l’occasion des Forums d’Associations qui se tiennent un peu partout.
Enfin, avez-vous remarqué que, s’il est invité à un repas chez un pharisien, dans la parabole qu’il raconte, Jésus  parle de noces. Or dans la Bible, le festin de noces désigne le Royaume de Dieu. Dans ce Royaume, il n’appartient à personne de s’attribuer les meilleures places : c’est Dieu qui les donne. Plus encore, ce sont les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles qui sont les invités prioritaires comme la deuxième partie de l’évangile d’aujourd’hui nous l’indique à travers les conseils que Jésus donne à son hôte.
En ce temps de reprise d’activités, adoptons dès maintenant les mœurs nouvelles du Royaume par notre humilité envers tous pour manifester l’amour que Dieu porte à tous ses enfants. Approchons-nous avec reconnaissance de ce festin de l’Eucharistie, qui annonce Celui du Royaume, et où nous goûtons déjà la présence de Celui qui nous y accueilleras à la place qu’Il nous a préparée. Jn 14,3.
AMEN !

samedi 20 août 2016

HOMELIE 21ème Dimanche Ordinaire C - Lc 13,22-30 21 Août 2016



HOMELIE  21ème Dimanche Ordinaire C - Lc 13,22-30
21 Août 2016

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

Question qui était bien d’actualité à l’époque puisque certains rabbins affirmaient que "tous les Israélites auront part au monde futur" (Mishna, Sanhedrin X, 1) ; et d’autres rabbins,  "que ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés" (Quatrième Esdras IX, 15).
Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il entraîne plus loin. Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce pas : « Est-ce que moi je serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »
Personne !  Mais voici la condition. « Efforce-toi d’entrer par la porte étroite ».
Qu’est-ce que cette porte étroite  et où se trouve-elle ? Elle est dans ma vie de tous les jours.
Mais, tout d’abord, une remarque de bon sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît étroite ! Il me faut donc m’alléger, me détacher de certaines choses non nécessaires, futiles et sans doute de “l’encombrante personne qui est moi-même” disait avec humour St Thomas Moore: traduisez, de mon ego prédominant.
Jésus ne répond pas à la question mais Il parle de la lutte qu’il nous faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Ces efforts se présentent à nous le plus naturellement du monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours un pas qui me fait avancer et même passer par la porte étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste que l’on m’a infligé, chaque fois que je dis « oui » à une croix que j’ai à porter, je fais un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume. Par cette image de la porte étroite, Jésus nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition humaine et en même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux valeurs de l’Evangile ; ce qui ne va pas sans certains efforts mais surtout de dispositions d’accueil et d’humble demande de ces dons de conversion.
Jésus continue avec l’image de la porte qui cette fois-ci est fermée : cela peut choquer ! Il y a un véritable risque de rester dehors, à l’extérieur du Royaume, parce que nous aurions commis l’injustice, c’est-à-dire, que notre vie serait incompatible avec celle du Royaume de l’Amour.
      
Jésus adresse à ceux qui le connaissent, à nous, un appel urgent et insistant pour s’engager dans une vraie attitude de conversion. D’autres, venant des quatre horizons, qui ne l’ont pas connu ni fréquenté, se verront ouvrir la porte car leur vie sera faite de tous ces passages de portes étroites que nous avons évoqués et qui les ont fait connaître du « maître de maison », parce qu’ils ont vécu selon son Esprit.

Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat. Encore une fois, toute relation superficielle avec le Christ, toute piété sans conversion réelle qui est accueil de sa présence et de son action en nous, ferait trouver la porte fermée. Nous sommes invités avec insistance par le “maître de maison”, Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous introduire dans la compagnie “d’Abraham, Isaac et Jacob et de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus qu’amicale, divine ! N’hésitons pas ; avançons sans peur avec Lui en passant par ces portes étroites qui se présentent à nous : ne nous accompagne-t-Il pas ?


AMEN !

lundi 15 août 2016

HOMELIE ASSOMPTION C - Lc 1, 39-56 15 Août 2016



HOMELIE  ASSOMPTION C  - Lc 1, 39-56
15 Août 2016
A ma connaissance, il n’existe pas de créature humaine qui soit aussi humble et aussi vénérée que la Vierge Marie. Outre le “Magnificat”, merveilleux cantique que nous venons d’entendre et qui est repris à chaque office de vêpres par des milliers de personnes, laïcs, prêtres, religieuses ou religieux, je n’ai relevé que cinq paroles de Marie dans les Evangiles.
         Marie la servante, disponible au dessein de Dieu, qui veut devenir l’un d’entre nous, en tout point semblable, hormis le péché. Elle cherche, comme pour l’aider, à connaître par quel moyen va se réaliser ce projet : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme » Lc 1, 34. Une fois éclairée par l’ange, elle donne un oui total : « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ! » Lc 1, 38.  Marie permet ainsi à Dieu de réaliser ce Mystère de l’Incarnation, où son Fils demeure pleinement Dieu, tout en devenant pleinement homme. St Paul écrira ainsi aux Galates : « Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né de la femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets  de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale » Ga 4, 4-5. En cela, elle est déjà notre mère.
         Marie louant son Seigneur : Le cantique du Magnificat est entièrement centré sur Dieu et ce qu’Il réalise en elle.
         Marie ne s’évadant pas de notre condition humaine. Non seulement elle évolue dans un monde violent qui a ses propres lois (massacre des saints innocents, passion de son Fils), mais elle éprouve en elle questionnements, angoisse : Lorsqu’elle retrouve Jésus au Temple après deux jours de recherche : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés ! - « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » » Lc 2, 48-49. Luc nous rapporte qu’ils ne comprirent pas la réponse de Jésus. Cette incompréhension se poursuivra plus tard au sein de sa famille, lorsque Jésus aura commencé sa prédication : « Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes soeurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère? Et mes frères ?"  Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères.  Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère." » Mc 3, 31-35
                  Marie, attentive aux besoins des hommes et sûre du pouvoir de son Fils. A Cana, s’adressant à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » A la réponse étonnante de Jésus : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore arrivée ». Elle poursuit, assurée : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » Jn 2, 2-5.
                   Marie, compatissante. Quand l’heure de son Fils est venue, elle est là, impuissante au pied de la Croix : « Jésus donc voyant la mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à la mère: " Femme, voici ton fils."  27 Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Jn 19, 26-27.
                   Marie présente à l’Eglise naissante. Elle est assidue à la prière avec les Apôtres, de quelques femmes et des frères de Jésus. Elle se trouvera avec eux, tous ensemble, à Pentecôte pour recevoir le don de l’Esprit Saint qu’elle avait déjà accueillie en elle à l’Annonciation. Ac 1, 14 et 2,1.  
                  Oui, Marie, humble servante « bénie entre toutes les femmes… Toutes les générations te diront bienheureuse »
                   Marie, Toi la Femme, n’es-tu pas celle que nous présentait l’Apocalypse, mettant au monde un enfant mâle qui doit mener toutes les nations… ? N’es-tu pas celle qui reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert ? N’es-tu pas celle que la Tradition nous présente s’endormant au milieu des Apôtres pour être enlevée au ciel comme quelques grands personnages de la Bible : Hénoch, le patriarche, enlevé, car « il suivait les voix de Dieu » Gn 5,23. Elie le prophète, qui monta au ciel dans la tempête sur un char de feu : 2 Roi 2, 11 ; peut-être Moïse, qui mourut face à la Terre Promise et dont on ne retrouva jamais la tombe : Dt 34, 6.
                  Marie, sois aussi notre mère ; sois présente à nos côtés pour nous élever vers ton Fils, maintenant et à l’heure de notre mort,    AMEN !

samedi 13 août 2016

HOMELIE 20ème Dimanche Ordinaire, C - Lc 12,49-53 14 Août 2016



HOMELIE  20ème Dimanche Ordinaire, C - Lc 12,49-53
14 Août 2016


« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division».

Voici des paroles qui peuvent nous laisser perplexes, tant elles vont à l’encontre de l’image que nous avons de Jésus, Prince de la Paix, pardonnant jusqu’à ses ennemis.
Mais Il dit encore : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fut déjà allumé ! »  Après cette semaine de terribles incendies, Jésus serait-il pyromane ?
Mais de quel feu veut-il enflammer la terre ?
Comme toutes les images symboliques, en particulier dans la Bible, elles peuvent avoir plusieurs significations : ainsi l’eau qui désaltère mais dévaste aussi ; le vent qui souffle et apporte la vie mais aussi la tempête ; le feu qui détruit mais aussi purifie, réchauffe et révèle.
Il en va ainsi de la paix. Si elle est ardemment cherchée parce qu’elle permet une vie harmonieuse, elle peut, parce que mal établie, préparer de nouveaux conflits : pensez au Traité de Versailles, après la guerre de 1914-18 qui va faire naître un esprit de revanche chez un peuple allemand humilié par les conditions de ce traité de paix.

Plus encore, dans ce passage d’Evangile, Jésus se présente comme un « diviseur », un « diabolos » ! La concorde familiale n’est-elle pas prise à partie ! Il ne fait pas allusion, bien sûr,  aux inévitables conflits traditionnels évoqués bien souvent par une culture populaire entre belle-mère et belle-fille : non ! C’est bien plus profond que cela. Il met en garde contre tout espace fusionnel qui exclue du groupe ceux qui sont différents. Il dénonce ainsi les unités factices faites du « politiquement », « médiatiquement », « culturellement » corrects qui conduisent à des totalitarismes étatiques dont nous sommes encore témoins aujourd’hui, hélas.

Comment éviter cela ?
Ne faut-il pas un vrai baptême, comme Jésus l’a vécu, auquel Il fait allusion, où il y a mort à soi-même pour s’ouvrir, naître aux autres et au Tout-Autre ?

N’est-ce pas l’œuvre de l’Esprit-Saint où, à Pentecôte, il se manifeste comme un feu donné à ceux qui croient et « qui éclaire, purifie » (1 Co 3,13). N’appelle-il- pas à recevoir ce feu d’amour nous mettant en relation vraie les uns avec les autres, se respectant et accueillant leurs différences et particularités ?

Inspirons-nous de l’attitude d’Ebed-Mélek, cet étranger, Ethiopien, qui contre la décision unanime des princes de Jérusalem de jeter le prophète Jérémie dans une citerne jusqu’à ce qu’il meure de faim, vint trouver le roi Sédécias afin de le sauver. Discernons quelles sont les valeurs de nos relations humaines : corporatistes ? Suivistes ? Fusionnelles ? Ou bien ouvertes et bienveillantes, cherchant à comprendre et bâtir une véritable unité faite des richesses de chacun ?

Ne cessons pas de demander l’assistance de l’Esprit-Saint et sa présence en nous.


AMEN !