jeudi 28 mai 2015

HOMELIE Dimanche de la TRINITE. B Mt 28,16-20 – 31 Mai 2015



HOMELIE Dimanche de la TRINITE. B
Mt 28,16-20 – 31 Mai 2015

     L’affirmation de notre foi en la TRINITE SAINTE fait partie d’un des trois grands mystères que l’Eglise nous propose d’accueillir et comme l’écrivait le P. François VARILLON, « Un Mystère, c’est ce que nous n’aurons jamais fini de comprendre !» Mais il nous fait avancer progressivement dans la connaissance du vrai Dieu. Plus encore, ce mystère nous fait entrer dans son intimité. Si Dieu est amour, comment peut-Il être seul ?  Pour aimer, il faut être au moins deux de même nature. Mais là encore, se pose la question de la liberté de choix de l’être aimé: à deux, elle n’existe pas et il faut donc être plusieurs. Cependant, comme en Dieu tout est parfait, trois exprime à la fois cette liberté et cette unité. Ainsi la Bible nous fait découvrir un Dieu Père (parfois mère) qui ne cesse de créer ; un Fils qui accomplit à la perfection le vouloir du Père et qui continue de sauver ; l’un et l’autre unis dans l’Esprit Saint qui donne la vie. Et c’est dans cette famille divine unie par un amour infini que nous sommes appelés à entrer : quelle merveille !   
     Savez-vous où cette Trinité apparaît le plus clairement pour la première fois dans la Révélation ? C’est au Baptême de Jésus. Lorsque Jésus descend dans les eaux du Jourdain pour être baptisé par Jean-Baptiste, à la suite de son peuple, l’Esprit descendit sur Lui sous la forme d’une colombe, et Il entendit la voix du Père disant : « Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis mes complaisances ». Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, au moment de quitter ses disciples, Il leur dit de “faire disciples” toutes les nations (il ne s’agit pas de faire de la quantité, mais de la qualité) et de les baptiser « Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit ».
Ce qui est le plus merveilleux dans ce Mystère de la Trinité, c’est que Père, Fils, Esprit Saint nous font héritiers de l’amour qui les unit dans un élan commun. Et ils nous poussent à chercher les chemins d’une communion toujours plus vraie au cœur de notre humanité blessée où règne plutôt l’individualisme et le chacun pour soi qui laissent seul.
Alors comment exprimer cette mystérieuse réalité divine ?  L’Eglise a cherché plusieurs années et elle a créé un mot à partir du IIIème siècle : « Tri-unitas », Trinité, Trois en Un. Pour l’illustrer avec une image que je tiens du catéchisme de mon enfance pour approcher ce grand Mystère, on pourrait se représenter « Trois bougies bien distinctes mais tellement unies qu’elles ne donnent qu’une seule flamme, l’amour ».

En méditant sans cesse ce Mystère, nous apprenons une manière de connaître Dieu qui échappe à notre raison mais qui rend admirablement compte de la manière de vivre avec Lui et nos frères, sans peur, en respectant l’autre et en cherchant comment être en grande communion avec lui.
      
Que nous prions tantôt l’une ou tantôt l’autre personne divine n’a pas d’importance ; cela manifeste tout simplement que notre esprit peine à saisir ce mystère d’amour dans sa totalité. Notre prière au Père est davantage filiale ; celle au Fils est plus fraternelle et celle à l’Esprit-Saint est sans doute plus “opérationnelle”, lui demandant d’agir en nous par les sept dons qui le caractérisent et qui nous font aimer en vérité et devenir des fils qui crions : « Abba ! Papa ! ».

L’essentiel n’est-il pas de prier et de vivre pour entrer dans cet espace d’amour dans lequel nous sommes invités. Qu’elle soit louée et que nous en soyons reconnaissants.

Bonne Fête de la Sainte Trinité !

AMEN !


jeudi 21 mai 2015

HOMELIE de Pentecôte. Année B - Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15 : 24 Mai 2015



HOMELIE de Pentecôte. Année B  - Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15 :
24 Mai 2015

   “Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26

         Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, il s’appelle “Paraclet” de “para” (para)  [qui signifie “à côté”, comme parabole, un récit que l’on jette, “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens] et de “clètos” qui signifie “appelé, convoqué” et qui vient du verbe “kaléo(kalew) appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux appelés par le Christ qui constituent l’Eglise]. Le Paraclet est donc celui qui est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre défense.

         Mais de qui va-t-il nous défendre ?
De trois ennemis.

D’abord, le monde. Dimanche dernier, Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans le monde. Pour définir le monde tel que Jésus le désigne dans ce passage (car il est aussi aimé par Dieu : Jn 3,16), on peut reprendre l’énumération de St Paul dans la lettre aux Galates (Ga 5, 16-25) que nous venons d’entendre (excellent pour un bon examen de conscience…) : ce qui est débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre : bref tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des fruits : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi… L’esprit du monde agresse continuellement bien des aspects de la vie que les chrétiens proposent ; la dérision, le mensonge l’hostilité, la haine et la violence sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses adversaires, ont souvent désarmés leurs accusateurs par une sagesse inspirée. Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ! »

Le deuxième ennemi, c’est nous-même, lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et notre égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous n’acceptons pas nos limites, nos imperfections, parce que nous nous sommes fait une trop haute idée de nous-même, qui ne correspond malheureusement pas à la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les fruits de douceur, d’humilité et de maîtrise de soi.

Enfin, le dernier ennemi, c’est Dieu ou plutôt, l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, empêcheur de “vivre sa vie” ;  tantôt “bon-papa gâteau”, fermant les yeux sur nos bêtises et laissant un peu tout faire. Le Paraclet nous guidera vers la vérité toute entière sur Dieu. Il nous permettra d’entrer dans l’intelligence profonde de la mission de Son Fils qui est sa parfaite image ; du don qu’Il nous a fait à tous, manifestant l’amour du Père qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer.

Plus encore : il nous fait comprendre la place que nous avons chacun dans la communauté à laquelle nous appartenons, notamment à notre paroisse : « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7).
Dans le même souffle, il nous fait les dons adaptés à la mission que nous avons  reçue de Lui et ceux nécessaires à une vie de chrétien authentique, qui est dans le monde, mais non pas du monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ou des échanges délicats à mener à bien. Ne l’avons-nous pas reçu au Baptême et pour beaucoup à la Confirmation ?
AMEN !

jeudi 14 mai 2015

HOMELIE ASCENSION B. Mc 16,15-20 14 Mai 2015



HOMELIE ASCENSION B.  Mc 16,15-20
 14 Mai  2015

« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle
à toute la Création »

                   Etonnante que cette finale de l’Evangile de St Marc. Une Bonne Nouvelle proclamée, au terme de laquelle la réponse doit être claire et sans appel : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné » et puis tous ces signes extraordinaires qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : comment comprendre cela sans l’associer à une quelconque offre promotionnelle de la Bonne Nouvelle ?
                   Avez-vous remarqué que St Marc n’écrit pas : « Allez proclamer la Bonne Nouvelle “à toutes les nations” ou “à toute l’humanité”. Il écrit : « A toute la création ». Ce mot n’a pas été choisi au hasard. Le Nouveau Testament nous montre l’incarnation du Christ comme une nouvelle création, comme le début du retour à l’harmonie initiale de la Création annoncée pour la fin des temps. Is 11,6-8  Le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon.  La vache et l'ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main.”.  C’est bien le sens des miracles qu’accomplit le Christ: ils ne sont pas tant pour épater ou convaincre mais pour manifester le rétablissement de l’harmonie initiale telle que le Créateur l’a voulu. Gn 1-2.
                   Cette réalisation est encore à venir. St Paul, dans l’épître aux Romains constate cet inachèvement de la création: Rm 8,19
  Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu...v.22. Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement”. Elle sera totale lorsque le Christ reviendra (1ère lecture, finale des Actes des Apôtre).
                   En attendant, le Christ confie à ses Apôtres de continuer cette œuvre de restauration. C’est à nous disciples de « travailler » avec l’Esprit-Saint du Seigneur, non pas en “restant à regarder le ciel” mais en étant présents et actifs dans les réalités de ce monde et de notre société. N’y a-t-il pas des enjeux considérables, notamment à partir des toutes les questions de justice, de paix, de respect de la vie et de toutes les données de la Création ?
                   Plus que jamais la réflexion et le discernement sont à exercer devant des situations nouvelles qui engagent l’avenir et le bien-être et bien-vivre de nos contemporains et successeurs. Une prise de conscience se fait de plus en plus vive et une écologie de la nature doit être accompagnée d’une écologie humaine : Benoît XVI l’a rappelé aux « verts » du Bundestag lors de son dernier voyage en Allemagne.
                   La Bonne Nouvelle a ceci d’universel, c’est qu’elle touche à l’intime du cœur humain et de sa conscience qui le rend responsable. Mais surtout, elle nous met en relation avec notre Créateur qui veut notre bonheur: Il l’a montré en son Fils qui est « assis à la droite de Dieu» mais qui continue de « travailler avec nous en confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (finale de l’Evangile).
                    Ces signes ne seraient-ils pas faits aujourd’hui par toute forme de construction fraternelle qui harmonise la création qui nous est confiée ?



AMEN !




HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques B. 17 Mai 2015



HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques B.
17 Mai 2015

“Ils ne sont pas du monde de même que moi je ne suis pas du monde » Jn 17, 14.

Dans son discours d’adieu à ses disciples, Jésus avant de passer de ce monde à son Père, les confie à son Père. Il a accomplit sa mission qui était de veiller sur eux, malgré la défection de Judas, (preuve qu’Il laissait bien ses apôtres libres de Le suivre). A présent, les disciples, qui ont reçu le don de la Parole du Père, vont continuer sa mission et porter cette Parole au monde. Cela ne va pas être facile, car le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde de même que Jésus n’est pas du monde.
Que désigne donc Jésus par “ le monde” ?
Sous la plume de Jean, “le monde” a différentes significations : le terme cosmos, kosmoV” vient de cosmeo kosmew qui signifie : agencer, ordonner. (Cosmétique a la même origine : ce qui orne pour mieux paraître !) Le monde est le lieu où vivent les humains : est-il pour autant si ordonné ? Le Seigneur y envoie ses disciples pour qu’ils soient ses témoins et pour que ce monde soit sauvé et sans doute rétabli, “ordonné”, dans l’harmonie, que lui avait donné son Créateur : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique…Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Jn 3, 16-17. Mais, dans la Bible, il peut également désigner toutes les forces hostiles à Dieu : « Il est venu dans le monde, mais le monde ne l’a pas reconnu » Jn 1,10. Ces forces du mal sont les opposants à Jésus, ceux qui refusent d’accueillir son message, de voir clair et qui sont sous l’emprise du Mauvais. Jésus prie pour que ses disciples ne soient pas contaminés par eux, qu’ils restent fidèles à Dieu et à son envoyé et qu’ils soient témoins de la Vérité qui est Sa Parole.
                   Ce discours d’adieu s’achève par une consécration. Par sa mort et sa résurrection, Jésus devient le grand prêtre, arkihiéreus l’archi-hiéreus,arciereuV par excellence qui offre sa propre vie, afin que ses disciples soient également consacrés pour offrir à leur tour leurs propres vies. Dans la troisième prière Eucharistique, le prêtre-célébrant, après la consécration, fait cette prière : « Que l’Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire… » Et c’est bien ce que nous sommes invités à faire tous les jours en nous conformant aux paroles de l’Evangile. Cette démarche profondément concrète et spirituelle, nous l’exprimons encore à la Messe en nous unissant au Christ et en répondant par l’AMEN à la doxologie : ce mot vient de doxa “doxa” -> ce qui fonde le renom, qui a du poids : la gloire; et loguia “logia - >la parole, le discours.
                   Où se situe cette doxologie ? C’est le chant de louange et de gloire adressé à Dieu (ou à la Trinité Sainte) qui clôt la grande prière Eucharistique, lorsque le célébrant élève à la fois le Corps et le Coupe du précieux Sang du Christ en chantant le plus souvent :
« Par Lui, avec Lui et en Lui,
 à Toi Dieu le Père tout-puissant
dans l’unité du Saint-Esprit,
tout honneur et toute gloire
pour les siècles des siècles. »

                   C’est le sommet de toute l’Eucharistie [Action de grâce] à laquelle nous sommes associés.

                   En nous unissant ainsi à Lui, en nous préparant cette semaine à la fête de Pentecôte, « que la joie de Jésus soit en nous et que nous soyons comblés de joie » selon sa prière.


AMEN !