jeudi 28 mars 2013

HOMELIE Dimanche de Pâques. 31 Mars 2013 Jn 20,1-9


HOMELIE  Dimanche de Pâques. 31 Mars 2013
Jn 20,1-9

La Résurrection du Christ : il y a voir et voir !

Croyez-vous que la Résurrection de Jésus se soit manifestée de façon éclatante, comme certains peintres l’ont imaginée (sur le retable d’Issenheim, à Colmar, par exemple) : un bel homme, rayonnant de vie, aux plaies refermées, jaillissant d’une tombe ouverte, auréolé de lumière ! Non ! L’Evangile de St Jean nous conduit de façon toute autre à découvrir, par des signes, la foi en la Résurrection. Cela se fait en quelques étapes que St Jean, par le choix du vocabulaire, semble indiquer. Parcourrons le récit.

Tout d’abord, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Le verbe utilisé ici est blèpo, blepw qui signifie voir-constater, qui donnerait lieu à un procès-verbal décrivant ce que l’on voit de nos yeux de chair. Elle ne va pas plus loin ; elle n’entre même pas pour chercher d’autres indices. Sur ce constat, elle en déduit qu’on a enlevé du tombeau le Seigneur et s’engage sur une fausse piste. Ayant alerté les Apôtres, Simon-Pierre et “le disciple que Jésus aimait” sortent à leur tour et se mettent à courir vers le tombeau, eux-mêmes intrigués.
 v.5 - Le disciple arrive le premier, se penche et voit (même verbe blèpo) “les linges qui sont là, à plat” *. Nouveau constat, avec un nouvel indice : les linges, retombés à plat. Mais il n’entre pas.
v.6 - Simon-Pierre arrive à son tour: “Il entre dans le tombeau et voit les linges, à plat v.7 et le tissu qui était sur sa tête n’est pas à plat avec les linges, mais enroulé, lui, en place” *.
Le verbe ici est théorao  qewraw (qui a donné en français : théorie, théoriser, théorème...) Il signifie : observer, regarder attentivement, examiner, inspecter et même contempler. Simon-Pierre se met donc à tenter de comprendre ce qu’il voit, d’en chercher le sens.
v.8 - Entre alors l’autre disciple : “Il vit et il crut”. Un troisième verbe est utilisé : Oraooraw [qui, sous une autre forme conjugale, a donné en français : ophtalmo]. Ce verbe signifie de façon courante : voir, mais il a aussi le sens imagé de « voir avec les yeux de l’esprit, de l’intelligence » c’est à dire comprendre.  D’ailleurs au verset suivant, v.9, l’évangéliste commente : “ En effet, ils n’avaient pas encore vu l’Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts”. Or c’est le même verbe voir/orao qui est traduit habituellement par comprendre.

Voilà donc le chemin de la foi en la Résurrection de Jésus parcouru par « le disciple que Jésus aimait » Il nous invite à le faire à notre tour. On ne peut croire en la Résurrection s’il n’y a pas d’abord le constat (blèpo) de la mort de Jésus selon la chair. Suit notre recherche du sens (théorao) pourquoi n’est-il plus là ? N’y aurait-il pas une vie après la mort ? Mais ces questions, toutes bien normales, ne suffisent pas pour croire : il faut voir (orao) au-delà du visible.
A tous ceux qui chercheraient des preuves de la Résurrection, il leur est demandé de changer leur manière de voir. “Moïse...en homme qui voit (orao) l’invisible (a-oraton), tint ferme” He 11, 27
A tous ceux qui veulent croire, il leur est demandé de partir de la réalité visible de l’existence pour accéder, grâce aux signes et au témoignage de des Apôtres qui ont donné leur vie pour cela, ainsi qu’à l’Ecriture lue ensemble en Eglise, pour accéder à la réalité invisible qui ne se confond pas avec nos imaginaires, tentés par nos délires. (cf. les tentatives sectaires ou à mouvance New Age).

                   Croire, c’est passer du voir-avec-nos-yeux-de-chair Celui qui s’est fait chair pour nous au voir, Celui qui est le Christ, le Fils de Dieu, ressuscité, non sans chercher à comprendre, comme Simon-Pierre.

                  Ce désir de voir n’est pas méprisable. N’est-ce pas pour cela que Jésus a dit à l’apôtre Philippe à la veille de sa mort: “Qui me voit, voit le Père” (Jn 14, 9) ? C’est pour cela encore qu’après sa Résurrection, Jésus « se donnera à voir » aux Apôtres et à Thomas en particulier, afin qu’ils disent ce qu’ils ont vu. Ce qui n’empêchera pas Jésus de féliciter ceux qui ne pourront être les témoins privilégiés, comme les apôtres, de ce voir : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ;  bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » Jn 20, 28.
AMEN !

* Evangile dans la traduction de sœur Jeanne d’Arc, Ed. Desclée de Brouwer.

samedi 23 mars 2013

HOMELIE Dimanche des Rameaux et de la Passion. C Lc 22,14-23,56 – 24 Mars 2013 –


HOMELIE  Dimanche des Rameaux et de la Passion.  C  
Lc 22,14-23,56 – 24 Mars 2013 –

Le “bon larron”

Face à la dérision des chefs “du politiquement et religieusement correct” de l’époque, devant la soldatesque qui se moque de lui et du malfaiteur qui l’injurie, Jésus reste silencieux. N’est-il pas uni à toutes les victimes de la dérision, du déni ou de la violence politique ou médiatique, persécutées parce qu’elles cherchent la justice, le partage des biens et ressources entre tous, le respect de la nature, de la vie ou de toute foi religieuse ?
Les ennemis de Jésus le somment de se “sauver Lui-même”, autrement dit, ils le mettent au défi de démontrer sa toute-puissance divine à laquelle, évidemment, ils ne croient pas. Jusqu’au bout, ils se sont trompés de dieu.
L’autre malfaiteur vient-il à reconnaître ses torts et à s’adresser à Jésus, lui demandant de “se souvenir de lui lorsqu’il viendra inaugurer son Règne” que Jésus lui répond aussitôt : “Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis”. Le salut est donné dès que nous reconnaissons non seulement notre péché, mais aussi Celui qui nous en délivre. Le “bon larron”, loin de tourner en dérision l’attitude et les paroles de Jésus désirant sauver le monde, l’appelle “Jésus”, qui signifie “Dieu sauve” (seule fois dans la Bible où Jésus est appelé par son seul prénom).
Jusqu’au dernier soupir, Jésus accomplit sa mission. A ce malfaiteur repentant, condamné à mort, il donne la plénitude du salut puisqu’il hérite, comme tous les saints, du Paradis. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de quelqu’un. Que notre repentir et notre foi dans ce sauveur, qui nous aime passionnément, nous conduisent à la Vie dont il veut nous combler dès aujourd’hui, et dans le monde à venir.  Les milliers de catéchumènes de l’Eglise de France qui seront baptisés dans la nuit de Pâques ne l’ont-ils pas trop bien compris ?
Bonne Semaine  Sainte et Joyeuses Fêtes Pascales !
AMEN !



Extraits de la Première HOMELIE du Pape FRANCOIS
le 14 Mars 2013

Marcher, édifier-construire, confesser. Mais la chose n’est pas si facile, parce que dans le fait de marcher, de construire, de confesser, bien des fois il y a des secousses, il y a des mouvements qui ne sont pas exactement des mouvements de la marche: ce sont des mouvements qui nous tirent en arrière.
Cet Évangile poursuit avec une situation spéciale. Le même Pierre qui a confessé Jésus-Christ lui dit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suis, mais ne parlons pas de Croix. Cela n’a rien à voir. Je te suis avec d’autres possibilités, sans la Croix; Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur: nous sommes mondains, nous sommes des Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des disciples du Seigneur.
Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix; et de confesser lunique gloire: le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de lavant.

dimanche 10 mars 2013

HOMELIE 5ème Dimanche Carême C Jn 8, 1-11 – 17 Mars 2013


HOMELIE  5ème  Dimanche Carême C   Jn 8, 1-11
17 Mars 2013

Jésus et la femme adultère

Jésus, assis, enseigne dans l’enceinte du Temple de Jérusalem. Les scribes et les pharisiens viennent l’interrompre pour lui demander son avis sur un cas concret : une femme pris en flagrant délit d’adultère. Pourtant, la Loi de Moïse est claire : « Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère » Lv 20,10.
Mais où donc est son partenaire ? Pourquoi ne l’avoir pas amené lui aussi ?
En fait, les scribes et les pharisiens, qui ne peuvent supporter la nouveauté du message évangélique, veulent intenter un double procès : l’un à la femme adultère, l’autre à Jésus. Pour la femme adultère, la Loi est claire. Pour Jésus, ce n’est qu’un prétexte. Il s’agit ni plus ni moins que de Lui tendre un piège : s’Il dit : « Lapidez-la ! » Où donc est la grande miséricorde de Dieu que Jésus ne cesse de révéler au peuple dans ses enseignements ?  (De plus, ils savent très bien que, seuls les romains peuvent décider de la mise à mort de quelqu’un, si bien que Jésus, comme pour l’impôt à César, pourrait être accusé de “résistant”).  Si par contre, Il ne la condamne pas, il serait accusé de juif infidèle à la Loi, voire de complice de l’adultère.  
Que fait alors Jésus ? Il ne répond pas. Il se baisse et écrit du doigt sur le sol, semblant fuir l’affrontement avec ses adversaires. Ceux-ci insistent ; Il se redresse alors et, pour toute sentence, leur répond : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre » Et se baissant de nouveau, Il se remet à écrire.
Quelle merveilleuse pédagogie divine. Les accusateurs qui tendaient un piège à Jésus sont renvoyés à eux-mêmes, invités à se mettre, devant le seul juge, Dieu Lui-même, pécheurs eux-mêmes comme la femme adultère. Et ils semblent comprendre, car ils quittent la scène en commençant par les plus âgés : serait-ce parce que plus pécheurs ou parce que plus sages ? Ou peut-être les deux à la fois !

Jésus reste enfin seul avec la femme. Il se relève : « Où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » Constat du vide, de l’absence d’accusateurs : seul Dieu peut condamner - « Personne, Seigneur »
« Moi, non plus, je ne te condamne pas » Dieu non plus ne condamne pas. Mais Il fait plus encore : «  Va ! A partir de maintenant, ne pèche plus ! ».
Jésus ne condamne personne : ni la pécheresse, ni ses accusateurs. Pas d’indulgence pour le péché, mais miséricorde pour le pécheur.

C’est par ce magnifique passage d’Evangile que l’Eglise nous invite tous, en ce temps de préparation à Pâques à venir auprès du Seigneur. A renoncer tout d’abord à tout jugement qui condamnerait qui que ce soit. Puis à nous tenir humblement mais avec grande confiance devant Lui, avec notre péché, pour être remis dans la grandeur de notre vocation d’enfant de Dieu. En mettant notre confiance et notre joie dans cette démarche de pénitence et de réconciliation, nous “confessons” l’amour de Dieu qui nous régénère dans la grâce de notre Baptême et nous nous entendons dire : «  Va, à partir de maintenant, ne pèche plus ». Cette grâce du pardon et de la réconciliation, elle a été donnée par Jésus Lui-même aux Apôtres au soir de Pâque et elle nous est transmise aujourd’hui encore à travers le sacrement de Pénitence et Réconciliation : vous pourrez l’accueillir aux heures  proposées à la Paroisse indiquées sur les feuilles dominicales.

Bon temps de Pénitence et de Réconciliation dans la joie de l’Amour de Dieu renouvelé.




AMEN !

jeudi 7 mars 2013

HOMELIE 4ème Dimanche Carême C - Luc 15, 1-32. 10 Mars 2013


HOMELIE  4ème  Dimanche Carême C -  Luc 15, 1-32.
10 Mars 2013

Le Père prodigue

Quel est ce père qui accepte de donner son héritage à un fils qui veut le quitter et qui sans doute ne reviendra jamais ? D’habitude, un héritage, çà se reçoit quand le père est mort ! Mais ici, il est bien vivant !
Quel est ce père qui longtemps guette le retour de ce fils égoïste et ingrat pour se jeter à son cou, au lieu de lui poser mille questions sur les raisons de son retour ?       
Quel est ce père qui revêt ce fils d’un habit de fête, lui donne l’anneau à la main (qui équivaut à l’époque à la signature de son compte en banque) ; puis qui fait tuer le veau gras pour festoyer avec toute la maisonnée au lieu de le mettre à l’épreuve et de lui faire expier sa faute ?

Ce père a deux fils, qui l’un comme l’autre n’ont guère de véritable amour pour lui. Le cadet égoïste et jouisseur ; l’aîné, servile, n’ayant avec son père qu’une relation de « donnant- donnant ».

Que va-t-il faire ?
Au cadet, il laisse faire son expérience mais l’attend. Lorsqu’il revient, il est saisi aux entrailles et le rétablit comme fils dans ses droits : ce pardon ouvre la porte de la vie, fait entrer dans le mystère de l’amour total. Le cadet devient libre, parce qu’il fait l’expérience de la gratuité de l’amour, le passage de la mort à la vie : « Mon fils que voila était mort et il est revenu à la vie ! »

Au fils ainé, le père manifeste tout autant sa tendresse : il sort à sa rencontre, il veut le délivrer de son attitude servile et utilitaire qui lui vaut de revendiquer des droits, mais aussi, d’être effroyablement jaloux, coléreux et enfermé sur lui-même : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi ! Et tout ce qui est à moi est à toi ! »

Ce père incroyable, c’est Dieu Lui-même. C’est Jésus, son Fils qui nous en parle parce que seul Lui Le connaît bien.
Il nous le présente ainsi parce que dans notre cœur ou dans notre tête, nous avons bien souvent des images de Dieu à la ressemblance de ce que nous voyons chez les hommes. Dieu nous “juge” ; Dieu nous “punit”. Ce sont des images fausses du Dieu de Jésus. Ce n’est pas compliqué : Dieu est comme Jésus. D’ailleurs, un jour, un des ses disciples, Philippe, lui demande : « Montre-nous le Père et cela nous serons suffit ! – Jésus lui dit : “Il y a si longtemps que Je suis avec vous  et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m’a vu a vu le Père… » Jn 14, 8-9.

Ce Dieu, n’est-Il pas le « Père Prodigue », qui rend à chacun dignité et liberté : par sa parole, par son regard, son émotion. Il nous l’a fait savoir par son Fils « qui est sorti » pour nous faire entrer dans sa maison, réconciliés avec Lui, avec nos frères et avec nous-mêmes.

Qui ne se retrouvera pas, peu ou prou, dans ces portraits de fils. L’un apparemment vertueux, fidèle mais à l’étroit, aliéné. L’autre, tout autant aliéné, égoïste, jouisseur, se perdant dans ses désirs jamais satisfaits.

Oui, en cette période de scrutin qui achemine les catéchumènes vers le Baptême, nous pouvons en toute confiance professer notre foi en ce Dieu tout-puissant, mais de la seule  toute-puissance de l’Amour et nous entendre dire chacun : « Toi mon enfant… ! ». Répondons à cet appel pressant et affectueux ; retrouvons la joie de Lui ouvrir nos cœurs pour entrer dans son amour gratuit et sans mesure pour « être toujours avec eux, Père, Fils et Esprit Saint ».

AMEN !