vendredi 26 mai 2017

HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A– Jn 17, 1b-11a 28 Mai 2017



HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A– Jn 17, 1b-11a
28 Mai 2017

« Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné… ».

Voilà des paroles de Jésus qui, au premier abord, peuvent paraître étranges, voire même sectaires !
         Il faut les replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a célébré la Sainte Cène avec les disciples et Il se rend aux Jardin des Oliviers où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le Vendredi-Saint, Il aura donné sa vie sur la croix. Il aura donc quitté ce monde, mais les disciples, eux, resteront dans ce monde.
         Quant Jésus parle du monde, de quoi parle-t-Il ?
St Jean emploi le mot “Cosmos” qui vient du verbe grec “Kosmeo” : orner (d’où vient le mot “cosmétique”) et ordonner, agencer]. Il désigne non seulement l’univers, ensemble organisé, comme dans notre langue française, mais le lieu où vivent les humains.
Dans l’usage qu’en fait l’évangéliste, le monde” est d’abord synonyme de toutes les forces hostiles à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu le théâtre des méfaits du “prince de ce monde” (Jn 12,31 ;14,31 ; 16.12) le malin ; plus encore, le monde est tombé en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni Jésus, ni ses disciples et, même, il les a pris en haine : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous ; si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; c’est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait » Jn 15, 18-19. De plus, il ne connaît même pas l’être humain en tant que tel : il ne cesse de le défigurer et de le réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a pas pu prier pour ce monde, celui du malin.
Paroles irréelles ?
L’actualité n’illustre-telle pas ce constat d’un monde déshumanisé qui conduit aux pires monstruosités dans bien des pays du monde ? Des forces de libérations se lèvent, mais à quel prix ! Et la suppression de ces maux n’est pas encore achevée : on peut légitimement penser que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit de toute puissance et de domination, de convoitise et de perversion du prince de ce monde
Mais de ce monde, ne nous arrive-t-il pas parfois  d’en être ?
Voilà pourquoi l’évangéliste présente aussi le monde comme l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le visiter dans sa profonde détresse. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16).
Croire en Lui, c’est partager ses valeurs de respect de tout être humain, depuis sa conception, jusqu’à sa mort en passant par les conditions matérielles, sociales, psychologiques, morales et spirituelles décentes de sa vie humaine.
Quant à la “vie éternelle” qu’Il promet, ce n’est ni un lieu, ni un moment qui se situerait après la mort : c’est un état dans lequel il nous est possible, dès à présent, de demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous sauve de l’esprit du monde et rend notre vie libre, joyeuse, en communion avec les autres. A cette vie éternelle, Jésus associe la gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit kavod”, désigne dans la Bible ce qui est dense, qui a de la consistance, qui est lourd [“kaved” en hébreu], ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement vont jusqu’au don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde.

Il n’est pas si facile de vivre ainsi et c’est pourquoi Jésus prie pour ceux qui ont à « rester dans le monde sans être du monde », gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous permettra d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il recrute toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il aime tellement.
Alors, qui que nous soyons, ne crayons pas de le suivre !

AMEN !

mercredi 24 mai 2017

HOMELIE de l’ASCENSION .Année A.- Mt 28,16-20 25 Mai 2017



HOMELIE  de l’ASCENSION .Année A.- Mt 28,16-20
25 Mai 2017

         Les disciples, après avoir passé 40 jours avec Jésus ressuscité, ne semblent pas avoir compris tout à fait le sens de la venue du Christ et s’accrochent encore au rétablissement du royaume pour Israël. Jésus, comme à son habitude, ne répond pas à leur question mais les libère de cette obsession politico-religieuse pour leur révéler le don d’une force afin d’être ses témoins lorsqu’ils seront baptisés dans le Saint-Esprit annoncé par Jean-Baptiste.
         La finale de l’Evangile selon St Matthieu précise ce que sera cette mission  confiée aux premiers disciples : «  Allez ! Faites disciples toutes les nations : baptisez-les dans le nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici : moi, avec vous je suis, tous les jours, jusqu’à l’achèvement de l’ère »” Telle est la traduction littérale : Jésus ne nous demande pas tant de faire du nombre mais de rendre « disciple » toute personne, quelle qu’elle soit et qui est aujourd’hui la nôtre.

        Mission impossible ?  Projet utopique ? Rêve d’un monde idéal ?
        Oui, si l’on retient les innombrables foyers de désordres, d’injustices et de violences, proches ou loin de nous, dont nous abreuvent les médias et devant lesquels nous nous sentons impuissants.
         Non, près de nous, toute la générosité, l’attention, le dévouement manifestés au quotidien dans les familles pour les enfants ; dans les hôpitaux par les soignants ; dans les maisons de retraite par le personnel et les visiteurs ; enfin si nous prenons en compte toute l’immense activité de ceux qui accomplissent leur tâche avec conscience, compétence et esprit de service ; et encore, ceux qui rendent belle la vie par leur art, leur esprit créatif et leur dons.

Et que dire enfin des nombreuses ONG humanitaires qui sont aux premières lignes en Afrique, Asie, Amérique Centrale et souvent animées par la foi, qui agissent le plus souvent avec un courage qui n’a d’égal que les risques que prennent leurs membres et qui, hélas, sont bien réels !

Des jeunes de nos communautés les rejoignent aussi.

Que de raisons de se réjouir et de louer le Seigneur dès à présent pour toutes ces richesses humaines et spirituelles, quand elles sont mises en œuvre et inspirées par l’Esprit d’amour qui conduit au Père. Il faut savoir regarder non pas seulement vers le ciel, forts de l’espérance qui nous est promise, mais aussi sur terre et prendre part à cette mission reçue du Seigneur « qui est avec nous jusqu’à l’achèvement de l’ère » c'est-à-dire, jusqu’à ce que l’humanité et la Création accueillent la nouvelle ère,  « les cieux nouveaux et la terre nouvelle » inaugurés par l’Ascension du Christ.
          
         Que l’offrande de toutes nos tâches soit unie à l’offrande du Christ que nous présentons maintenant avec toute l’Eglise.
                  
                   Paul s’adressant aux chrétiens d’Ephèse priait le Père pour « Qu’il ouvre leur cœur à sa lumière pour leur faire comprendre l’espérance que donne cet appel ». C’est à nous, qu’aujourd’hui, que cet appel est  adressé : répondons avec joie et confiance.


AMEN !

jeudi 18 mai 2017

HOMELIE 6° Dimanche de Pâques A « Il vous donnera un autre Défenseur »Jn 14,15-21 20 Mai 2017



HOMELIE 6° Dimanche de Pâques  A  Jn 14,15-21

20 Mai 2017
« Il vous donnera un autre Défenseur »

Ces paroles de Jésus, rapportées par St Jean, conviennent parfaitement à ce temps liturgique de préparation à Pentecôte, que nous célébrerons dans 15 Jours. Elles ressemblent vraiment à celles d’un Testament que Jésus laisse à ses disciples et amis.
D’abord, si nous l’aimons (c’est dire que Jésus fait appel à notre décision libre de le suivre en l’aimant…) "vous resterez fidèles à mes commandements". Ce mot commandement ne convient pas bien à des relations d’amitié : mais le mot utilisé par l’Evangile (entolas) devrait plutôt être traduit par : recommandation, prescription, un peu comme la prescription du médecin qui nous soigne, une ordonnance en somme…que nous sommes invités à suivre si nous voulons guérir. Les fameux “10 commandements” que nous attribuons à Moïse (qui d’ailleurs sont bien plus nombreux que cela !), ne sont jamais appelés ainsi par les juifs: ils les désignent par les “Dix Paroles”, c’est à dire comme un message divin fait pour nous guider vers la vie. Ainsi en est-il des “commandements de Jésus”.
La suite d’ailleurs confirme cette approche plus amicale qu’autoritaire et contraignante. « Moi, je prierai le Père… » Nous avons un merveilleux intercesseur : le Fils du Père qui est aux cieux !
« …et Il vous donnera un autre Défenseur… » Le mot qui est utilisé ici est : Paraclèton . Etymologiquement, cela signifie : para = à côté, auprès de… (On retrouve cette préposition dans “parabole”, une petite histoire que l’on jette [ballo] à côté de notre vie pour que nous en comprenions le sens) ; Klètos = appelé, convoqué comme dans “Ekklésia” : assemblée des invités par le Seigneur, Eglise…
Ce Défenseur succède à celui qui était jusqu’à présent avec les disciples, c’est à dire Jésus Lui-même, jusque là auprès d’eux, avec eux. « Qui sera pour toujours avec vous… » «  Il demeure auprès de vous », c’est comme un nouvel Emmanuel =  “Dieu avec nous”. Plus loin dans l’Evangile, Jésus leur dira : « Il vous conduira vers la vérité tout entière » (Jn 16,13). Il est en nous cette présence vivante, divine, proche, qui nous fait découvrir que nous ne sommes jamais seuls. Il ne prend pas à notre place les décisions qui nous sont propres, personnelles ; il ne nous décharge pas de nos responsabilités : autrement, qui serions-nous ? Il est là, simplement, Il nous inspire. Plus encore, à notre appel, Il est l’Esprit de sagesse et de discernement, de conseil, de force et de courage ; Il fait connaître le Seigneur et enseigne à l’honorer.
         Ainsi nous pouvons compter sur Lui pour nous éclairer et nous aider en toute situation. C’est Lui, par exemple, qui nous permettra une vraie compassion auprès de celui qui souffre, cherchant à le soulager autant qu’il est possible, mais en restant une présence pleine d’écoute, de respect, parfois de silence. C’est Lui qui nous aidera à exercer notre liberté en même temps que notre responsabilité en étant solidaire de ceux qui vivent des situations de précarité. C’est encore Lui qui nous fera renoncer à une efficacité immédiate qui ne conduit qu’à un cumul de richesse et prépare les révoltes de ceux qui n’en peuvent plus.
         Pierre nous invitait “à rendre compte de l’espérance qui était en nous”, évitant tout propos triomphaliste ou totalitariste et sûr de lui-même mais “en le faisant avec douceur et respect”
Pensons-nous à l’appeler ou plutôt à nous mettre en sa présence puisqu’Il est auprès de nous dès que nous avons des choix et des décisions à prendre ? Pensons-nous à le demander pour les autres, particulièrement, ceux qui entrent en grandes épreuves ou turbulences ?
Voici une prière que je Lui adresse, ainsi qu’au Père, plusieurs fois par jour :
« Viens Esprit-Saint, remplis le cœur  de tes fidèles ;
Allume en nous le feu de ton Amour.
Envoie ton Esprit et tout sera créé
Et tu renouvelleras la face de la terre.
O Dieu qui a instruit le cœur de tes fidèles par la lumière du Saint Esprit, donne-nous, par ce même Esprit,  de goûter la vraie sagesse et de nous réjouir toujours de sa présence,
Nous te le demandons par Jésus le Christ, Notre Seigneur »
AMEN !

vendredi 12 mai 2017

HOMELIE 5° Dimanche de Pâques. A Jn 14,1-12. « Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » (Jn 14,6) - 14 mai 2017



HOMELIE  5° Dimanche de Pâques. A Jn 14,1-12.
14 mai 2017

« Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » (Jn 14,6)

                   A quelques heures de l’arrestation de leur maître, les disciples ont le cœur troublé : ils sont même un peu perdus se demandant ce qu’ils allaient devenir. Malgré les paroles de réconfort plein de promesses de Jésus, deux d’entre eux, Thomas et Philippe ne peuvent s’empêcher de Lui exprimer leurs inquiétudes fondamentales : « Où vas-tu ? » « Montre-nous le Père et cela nous suffit ! »
                   Qui d’entre nous n’a pas eu le désir, à un moment ou un autre, de voir Dieu ? « Celui qui m’a vu a vu le Père…Je suis dans le Père et le Père est en moi ! » Pour les apôtres avec lesquels Jésus est depuis si longtemps, cette révélation a de quoi surprendre. N’ont-ils pas découvert la profonde communion  de Jésus avec son Père ? Qu’ils croient au moins à cause de ses œuvres ! A nous également, si nous désirons voir Dieu, de chercher à mieux connaître les paroles et les œuvres de Celui « par lequel il faut passer pour aller vers le Père »
                   St Pierre, dans la 2ème Lecture de ce jour, nous le rappelle comme en écho. « Bien-aimés, approchez-vous du Seigneur Jésus : Il est la pierre angulaire rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu » (1 P 2,4) Et il ajoute : « Vous aussi, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle… » Autrement dit, nous avons à construire ce Royaume céleste fondé sur la pierre angulaire qui est le Christ : mais comment ?
                   C’est là que nous est précieuse la réponse que Jésus fait à Thomas qui semble ignorer le chemin. « Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie ». Il me semble important de bien comprendre le sens de ces paroles.
                   « Moi, Je suis… » Cette expression ne vous rappelle-t-elle pas une réponse que Dieu fit dans la Bible ? A Moïse, bien sûr, qui venait de le rencontrer au buisson ardent dans le Sinaï pour l’envoyer auprès de pharaon en vue de libérer son peuple de l’esclavage (Ex 3,14). Moïse lui demande de révéler son nom. Difficile à traduire car l’hébreu de la Bible autorise à donner plusieurs traductions :
                    « Je suis qui Je suis », qui serait la manière dont Dieu se révèle aux mystiques qui ne cessent de le chercher et de le contempler, Lui Celui qu’on ne peut précisément nommer dans le mystère de son immensité.
                   Ou encore « Je suis Celui qui est », où Dieu s’adresse davantage aux philosophes qui réfléchissent sur sa nature ;
                    Ou enfin « Je suis qui Je serai » où Dieu se révèle celui qui sera avec nous de la manière que nous découvrirons au fur et à mesure que nous marcherons avec Lui. C’est ainsi qu’Il s’est manifesté tout au long de l’histoire biblique et qu’il le fait encore avec nous aujourd’hui en la personne de son Fils « l’Emmanuel, Dieu avec nous ».
                   Je suis « Le Chemin » odos. (Qui a donné "Exode : chemin de sortie…d’Egypte). Un chemin est une voie qui permet d’aller d’un lieu à un autre, et qui d’une part fait éviter un tout-terrain pénible et d’autre part, mène quelque part, en évitant bien sûr les fausses-pistes ! Jésus marche avec nous, Il nous guide : n’est-Il pas le Beau Berger ? (Jn 10,11)
                   Je suis « La Vérité » aléthéia. La notion biblique de vérité est enracinée dans la notion de solidité, de fiabilité, ce sur quoi l’on peut s’appuyer, bâtir, ce qui fuit les modes et résiste au temps : elle provient de la racine hébraïque "èmet" : la vérité, qui a donné "èmouna" : la foi, la fidélité, la confiance et "amen" : je crois, j’adhère. C’est le contraire du mensonge, de l’illusion et du paraître. Jésus est notre Lumière (Jn 8,12).
                   « La Vie » zoë.  Il ne s'agit pas de la vie biologique (Bios bioV ) mais de ce qui nous anime ; ce qui fait que nous nous levons le matin  pour l’amour de nos proches, pour gagner notre vie, mettre en œuvre nos projets et donne sens à nos activités.
                   Ainsi Jésus nous donne sa véritable identité, celle qui est tournée entièrement vers le Père et vers tous ceux qui croiront en Lui : ils feront les œuvres qu’Il a faites. Ils en feront même de plus grandes encore parce que, partant vers le Père, Il nous transmet la mission qu’Il a reçue Lui-même du Père et qui pourra être mise en Œuvre par l’effusion de l’esprit-Saint. Qu’il en soit ainsi : AMEN !