mercredi 26 avril 2023

HOMÉLIE 4° Dimanche de Pâques A "Jésus, la Porte" n 10,1-10 - 30 avril 2023



 HOMÉLIE  4° Dimanche de Pâques A Jn 10,1-10.

30 avril 2023

Jésus, la Porte

Ce quatrième Dimanche de Pâques est traditionnellement appelé le “Dimanche du Bon Pasteur” et l’Église nous invite tout particulièrement à prier pour que Dieu suscite des vocations de pasteurs.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, voyant que les pharisiens ne comprenaient pas l’image du Bon Pasteur, Jésus propose une autre image : celle de la Porte. En effet, les portes, dans l’espace du culte du Temple de Jérusalem, avaient une grande importance. On accédait à la présence divine par une série de parvis gardés par des portes (voir le dessin suivant l’homélie). Il y avait le parvis des païens où tout le monde pouvait se rendre pour prier ; puis, franchissant un mur qui ceinturait l’espace du Temple, on entrait, au centre, par la “Belle Porte”, sur le parvis des femmes : une inscription en hébreu, en grec et en latin prévenait que tout non-juif serait mis à mort s’il franchissait cette porte. Puis, gravissant un escalier,  on entrait par la porte de Nikanor dans le parvis des hommes qui entourait la cour des prêtres et des lévites, au-dessus duquel se trouvait l’autel des sacrifices. Alors, les prêtres seuls accédaient à l’édifice par une première salle, le “Saint”, séparé par un double rideau du “Saint des Saints”, où seul le grand prêtre au jour de Kippour, pouvait entrer, car il était le lieu par excellence de la présence divine. Tout cela certes, soulignait le caractère de sainteté absolue de Dieu, mais en même temps le rendait inaccessible à bien des catégories de gens et, d’une certaine manière, les excluait.

                   Jésus ne l’entend pas ainsi. Avec nombre de prophètes, de patriarches et de matriarches, Il vient révéler un Dieu qui libère l’homme de tous ses enfermements et exclusions. Aux marchands qui se sont installés sur le parvis des païens, Il s’adresse à eux avec virulence en leur disant : "N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands ! » (Mc 11,17). Lorsque Jésus meurt sur la croix, le double rideau du Temple se déchire : la présence de Dieu est maintenant, en effet, dans Celui qui vient de donner sa vie et ouvre les portes à tous les hommes. Le livre de l’Apocalypse, qui clôt la Bible, se termine par la vision de la Jérusalem céleste aux douze portes toujours ouvertes, face aux quatre points cardinaux : l’invitation à rencontrer Dieu s’adresse à tous les peuples.

                   C’est par Jésus qui est la porte que l’on va vers Dieu.

                   Qui aujourd’hui sera le signe de Jésus “porte” pour aller vers Dieu ? Qui ouvrira pour “aller paître sur de verts pâturages” ? Le prêtre reçoit la triple mission d’ouvrir les esprits et les cœurs à l’enseignement de Jésus, de donner la vie de Jésus et de son Esprit par les signes qu’Il nous a laissés que sont les sacrements et enfin d’être “pasteur” connaissant ses brebis, guidant le troupeau qui lui est confié avec soin.

                   Pour ma part, je suis certain que Dieu appelle, car Il veut sans aucun doute qu’Il y ait des “pasteurs”, certes bien humains, comme St Pierre, mais qu’Il envoie, comme Il a envoyé son propre Fils. Mais savons-nous l’entendre, ou plutôt, donnons-nous aux jeunes et aux moins jeunes les moyens de Lui répondre, tant d’autres appels nous paraissent plus naturels, ou plus sûrs. Mais qui est vraiment sûr aujourd’hui ? N’avons-nous pas tendance, sans forcément en être conscient ou le vouloir, de fermer des portes à ces jeunes, qui ne peuvent qu’entendre un appel couvert par d’autres propos : mise en garde devant les difficultés du sacerdoce; présentation d’un bonheur plus accessible dans l’amour humain et la formation d’une famille qui apportera la joie d’une descendance ;  préférence dans l’attrait des biens de ce monde et plus récemment, peur des scandales provoqués par la conduite immorale et destructrice de certains d’entre eux.  

                   Notre amour de Dieu ne serait-il pas tout simplement tiède ? Jésus est-il vraiment pour nous porte qui nous conduit au Père ? Est-il si difficile de vivre avec Lui dans la force et la joie d’aimer comme Lui ? C’est plutôt une chance et un grand bonheur que de le suivre sur son appel et que de frères et sœurs ne sont-ils pas alors donnés !  Prions pour que les portes soient bien ouvertes afin que tous ceux qui sont appelés puissent répondre pour le bien de tous et la plus grande gloire de Dieu.         AMEN !

Maquette du Temple de Jérusalem au temps du Christ :

                                                                               


Belle Porte

vendredi 21 avril 2023

HOMÉLIE 3° Dimanche de Pâques. A. " Le chemin d’Emmaüs" Lc 24,13-35 - 23 avril 2023

 

HOMÉLIE  3° Dimanche de Pâques. A. Lc 24,13-35.

23 avril 2023

 

Le chemin d’Emmaüs 

 

Qui dans sa vie n’a pas découvert, d’une manière ou d’une autre, qu’il était en chemin, tout particulièrement lorsqu’une épreuve survenait : deuil, accident de santé, rupture de relation, perte d’emploi, examen à passer ou tout simplement, choix difficile à faire lorsqu’il subsiste beaucoup d’inconnues ou d’incertitudes. N’est-ce pas le cas aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous face à l’avenir de notre pays ?

Oui ! Nous sommes en chemin vers l’avenir et nous pouvons ressentir inquiétude, angoisse ou même déception. Est-ce raison pour désespérer et se laisser abattre ?

L’Évangile d’aujourd’hui nous présente le cas de deux proches de Jésus, quittant Jérusalem au soir du 1er jour de la semaine, après la Pâque, le cœur lourd, désemparés, ne comprenant pas ce qui s’y était passé et comprenant encore moins la personne de Jésus en qui ils avaient mis l’espérance de la libération de leur pays. De plus, ils restent enfermés dans leur désespoir, ne pouvant prêter foi aux femmes, venues  dès l’aurore au tombeau, constatant l’absence de corps de Jésus  et  signalant la présence d’anges révélant que Jésus était vivant.

         Sur ce chemin, un « étranger » les rejoint, les écoute et recadre complètement leurs propos à partir de ce qu’ils connaissent de Moïse et des Prophètes (c’est-à-dire toute la première Alliance), mais qu’ils n’ont pas eu l’intelligence de relire et interpréter au sujet de ce qu’ils venaient de vivre et de découvrir en la personne de Jésus ce « Christ qui devait souffrir pour entrer dans sa gloire ».

         Les paroles de l’étranger ont ouvert un chemin brûlant dans leur cœur et ils veulent le retenir : « Reste avec nous… ». Alors qu’ils sont à table, un geste avec le pain, une bénédiction et alors ils voient Celui qui disparaît à leurs yeux. Plus de raison de rester  à l’auberge malgré le soir qui s’est approché et la nuit qui est arrivée : ils reprennent le chemin vers cette ville, Jérusalem,  qui les avait tant déçus et vont, tout brûlants de joie et de certitude, retrouver le groupe des Apôtres qui confirme leur découverte.

Jésus leur a fait comprendre qui Il est vraiment : non pas le Messie libérateur d’une puissance opprimante qui serait vite remplacée par une autre, mais Celui qui ouvre une espérance inimaginable et autrement heureuse : ressuscité, Il est la Vie définitive, qui ne craint plus la mort. Une Vie fondée sur l’amour, qu’Il peut, à présent, communiquer à tous : d’une part en “réchauffant le cœur” par l’intelligence des Ecritures qui révèlent notre destin et celui du monde, d’autre part en se donnant “par la fraction du pain”, Lui Vivant, Lui « le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6 ; Lui, marchant à nos côtés, ne nous laissant jamais seul. « Je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin des temps » Mt 28,20  

Qu’Il continue de nous « apprendre les chemins de vie, de nous remplir d’allégresse par sa présence » comme Pierre le rappelait aux Juifs à la première Pentecôte (1ère Lecture d’aujourd’hui - Ac 2,28)

AMEN !

HOMÉLIE 2° Dimanche de Pâques A. " La foi de Thomas" Jn 20,19-31 - 16 Avril 2023

 

HOMÉLIE  2° Dimanche de Pâques A. Jn 20,19-31

16 Avril 2023

 

La foi de Thomas

                   Quel attachant personnage que ce Thomas ! Qui est-il ? Et pourquoi a-t-il douté ? Il est courageux ; il a du caractère : c’est le seul Apôtre à être sorti du Cénacle où les autres, la peur au ventre, s’étaient verrouillés. C’était un réaliste, qui avait bien compris qu’en montant à Jérusalem avec Jésus pour se rendre auprès de Lazare qui était mort, il risquait la mort avec son maître : "Allons, nous aussi, pour mourir avec lui!"  Jn 11, 16. Il était prêt à donner sa vie pour Jésus qu’il aimait passionnément. Sa mort l’avait profondément déstabilisé : il était persuadé que Jésus saurait s’en sortir, Lui qui était capable de ressusciter Lazare. Et voilà qu’Il était bien mort.

                   Tout devenait pour lui une immense question : quel était le sens de la vie de Jésus ? De son témoignage ? De la pertinence de ses paroles et de son enseignement puisqu’Il avait fini sa vie comme un pauvre malfaiteur, abandonné de tous. Qu’on lui annonce que Jésus était vivant, alors là, c’était trop pour lui : il ne voulait plus être trompé et déçu.

                   Son refus de croire sans preuve venait peut-être aussi de ce que Jésus, s’étant manifesté aux autres apôtres en son absence, il en était un peu jaloux et frustré d’avoir manqué ce moment qu’il désirait inconsciemment si fort au fond de lui.

                  En tout cas, le dimanche suivant, de nouveau Jésus se trouve au milieu d’eux : Il ne lui en veut pas et au contraire s’adresse à lui pour combler son attente. Il l’invite à toucher les "preuves de son identité" par ses plaies : l’a-t-il fait ? Personne ne le sait mais aussitôt éclate sa belle profession de foi, la première qui désigne Jésus comme Dieu : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Jésus peut alors l’inviter à passer du voir au croire.

                   Sur le chemin de la foi, nous sommes invités nous aussi à dépasser le désir bien légitime de preuves visibles, concrètes pour accéder à une adhésion basée sur la confiance.

                   Mais confiance en quoi ou en qui ?

                   D’abord, confiance dans les témoins qui ont donné leur vie pour dire ce qu’ils avaient vu et entendu et qui nous est précieusement rapporté dans les Évangiles.

                   Confiance dans la pertinence, la grandeur, la beauté et le bonheur qu’apporte la vie selon l’Évangile. Et, en ce dimanche de la miséricorde, il est heureux d’évoquer la “présence” concrète, réelle, visible du Christ dans « celui qui a faim, froid, qui est malade, nu, prisonnier » chaque fois que nous allons à leur rencontre (Mt 25, 35-36)

                   Confiance dans la Communauté réunie comme les apôtres au Cénacle qui continue, dimanches après dimanches, à écouter les paroles du Christ, à comprendre ses enseignements et à se nourrir de son Corps.

                   Enfin, confiance dans le don de l’Esprit Saint qu’au soir de sa résurrection, Jésus “souffle” sur les Apôtres et qu’Il donne aujourd’hui à tous ceux qui le Lui demandent.

                   Non ! Le doute de Thomas n’est pas le doute du sceptique, du soupçonneux, limité  par sa raison, étranger au sens des réalités qui lui échappent et qui se ferme à toute nouveauté, qui finalement reste seul avec lui-même. Il est de ceux qui questionnent devant l’extraordinaire, l’insolite, l’inattendu, “l’incroyable” : ils veulent vérifier qu’ils sont bien dans la cohérence et la vérité de ce qu’ils croient et que c’est accessible à tous ceux qui le veulent bien.

                   Dieu est tellement “autre” et les évènements, comme pour Thomas, sont tellement déconcertants qu’il est courant, dans la Bible, d’entendre des croyants et particulièrement des priants lui lancer des questions : Où es-tu ? Que fais-tu ? Jusqu’à quand nous laisseras-tu dans cette détresse ? Souvenez-vous du dernier cri de Jésus Lui-même sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Début du Ps 22 qui se termine par un chant de louange : « J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai ».

 Ce sont des doute-questions qui débouchent sur la foi-louange.

                   Bienheureux Thomas qui éduque nos propres doutes, nous invitant à poser les bonnes questions ; à les partager entre nous ; à les porter et à les dépasser jusqu’à exprimer joyeusement notre foi. Et qui est son “jumeau” ? Ne le serions-nous pas tous un peu ?

 

AMEN !