jeudi 30 avril 2020

HOMELIE 4° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 10,1-10 03.05.2020


       HOMELIE  4° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 10,1-10
     03.05.2020

                         Jésus, la Porte

Ce quatrième Dimanche de Pâques est traditionnellement appelé le “Dimanche du Bon Pasteur” et l’Eglise nous invite tout particulièrement à prier pour que Dieu suscite des vocations de pasteurs.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, voyant que les pharisiens ne comprenaient pas l’image du Bon Pasteur, Jésus propose une autre image : celle de la Porte. En effet, les portes, dans l’espace du culte du Temple de Jérusalem, avaient une grande importance. On accédait à la présence divine par une série de parvis gardés par des portes. Il y avait le parvis des païens où tout le monde pouvait se rendre pour prier ; puis, franchissant un mur qui ceinturait l’espace du Temple, on entrait, au centre, par la “Belle Porte”, sur le parvis des femmes : une inscription en hébreu, en grec et en latin prévenait que tout non-juif serait

mis à mort s’il franchissait cette porte. Puis, gravissant un escalier,  on entrait par la porte de Nikanor dans le parvis des hommes qui entourait la cour des prêtres et des lévites, au-dessus duquel se trouvait l’autel des sacrifices. Alors, les prêtres seuls accédaient à l’édifice par une première salle, le vestibule puis  le “Saint”, séparé par un double rideau du “Saint des Saints”, où seul le grand prêtre au jour de Kippour, pouvait entrer, car il était le lieu par excellence de la présence divine. Tout cela certes, soulignait le caractère de sainteté absolue de Dieu, mais en même temps le rendait inaccessible à bien des catégories de gens et, d’une certaine manière, les excluait.
                   Jésus ne l’entend pas ainsi. Avec nombre de prophètes, de patriarches et de matriarches, Il vient révéler un Dieu qui libère l’homme de tous ses enfermements et exclusions. Aux marchands qui se sont installés sur le parvis des païens, Il s’adresse à eux avec virulence en leur disant : "N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands! » (Mc 11,17). Lorsque Jésus meurt sur la croix, le double rideau du Temple se déchire : la présence de Dieu est en effet dans Celui qui vient de donner sa vie et ouvre les portes à tous les hommes. Le livre de l’Apocalypse, qui clôt la Bible, se termine par la vision de la Jérusalem céleste aux douze portes toujours ouvertes, face aux quatre points cardinaux : l’invitation à rencontrer Dieu s’adresse à tous les peuples.
                   C’est par Jésus qui est la porte que l’on va vers Dieu.
Qui aujourd’hui sera le signe de Jésus “porte” pour aller vers Dieu ? Qui ouvrira pour “aller paître sur de verts pâturages” ? Le prêtre reçoit la triple mission d’ouvrir les esprits et les cœurs à l’enseignement de Jésus, de donner la vie de Jésus et de son Esprit par les signes qu’Il nous a laissés que sont les sacrements et enfin d’être “pasteur” connaissant ses brebis, guidant le troupeau qui lui est confié avec soin vers de verts pâturages.
        
                   Pour ma part, je suis certain que Dieu appelle, car Il veut sans aucun doute qu’Il y ait des “pasteurs”, certes bien humains, comme St Pierre, mais qu’Il envoie, comme Il a envoyé son propre Fils. Mais savons-nous l’entendre, ou plutôt, donnons-nous aux jeunes et aux moins jeunes les moyens de Lui répondre, tant d’autres appels nous paraissent plus naturels ? Ou plus sûrs ? Mais qui est vraiment sûr aujourd’hui ? N’avons-nous pas tendance, sans forcément en être conscient ou le vouloir, de fermer des portes à ces jeunes, qui ne peuvent qu’entendre un appel trop faible et couvert par d’autres propos : mise en garde devant la difficulté du sacerdoce, et en particulier, allusions aux récents scandales qui ont été révélés chez quelques prêtres; présentation d’un bonheur plus accessible dans l’amour humain et la formation d’une famille qui apportera la joie d’une descendance ;  préférence dans l’attrait des biens de ce monde.
        Notre amour de Dieu ne serait-il pas tout simplement tiède ? Jésus est-il vraiment pour nous porte qui nous conduit au Père ? Est-il si difficile de vivre avec Lui dans la force et la joie d’aimer comme Lui ?
        C’est plutôt une chance et un grand bonheur, et que de frères et sœurs ne sont-ils pas donnés à celui qui répond à son appel !  Alors, prions pour que les portes soient bien ouvertes afin que tous ceux qui sont appelés puissent répondre pour le bien de tous et la plus grande gloire de Dieu.


AMEN !

jeudi 23 avril 2020

HOMELIE 3° Dimanche de Pâques. A ."Les disciples d’Emmaüs " Lc 24,13-35. - 26 avril 2020


HOMELIE  3° Dimanche de Pâques. A. Lc 24,13-35.
26 avril 2020

Les disciples d’Emmaüs 

Pourquoi les disciples ont-ils l’air sombre, tout tristes sur le chemin ? Ils le disent eux-mêmes à cet inconnu qui les a rejoints. C’est bien sûr au sujet de Jésus: « Cet homme était un prophète puissant par ses actes devant Dieu et devant tout le peuple ! » Et voilà que les autres puissants de ce monde, religieux et politiques, se sont débarrassés de lui de la façon la plus méprisable, en le traitant comme un malfaiteur criminel et en le faisant mourir du supplice de la croix. « Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! » Toute leur foi en Jésus, toutes leurs attentes, plus ou moins intéressées, sont déçues et même anéanties. Malgré les informations rapportées par quelques femmes, vérifiées par des compagnons, ils sont désemparés et quittent, vides, sans espoir, cette ville de Jérusalem qui leur est devenue maudite.

Ne nous est-il pas arrivé déjà d’être désemparé après une attente déçue alors que nous nous sommes tournés vers Dieu  plein de confiance et d’espérance ? Nous attendions qu’Il veille sur nous, qu’Il exauce une demande qui nous tenait à cœur ou qu’Il fasse réussir ce que nous désirions. Et voilà qu’Il ne répond pas à notre attente, qu’Il semble absent. Alors, on se sent seul ; on prie moins ; on mène notre vie sans Lui. On Lui en voudrait presque ! « Lève-Toi, pourquoi dors-tu Seigneur ? Réveille-Toi… « Ps 44(43), 24, serions-nous tenté de crier vers Dieu comme le fait l’auteur de ce Psaume. Irons-nous jusqu’à penser parfois, avec bien d’autres, qu’Il n’existe pas ?

Jésus va faire comprendre aux deux disciples qui Il est vraiment : non pas le Messie libérateur d’une puissance opprimante qui serait vite remplacée par une autre, mais Celui qui ouvre une espérance inimaginable et autrement heureuse : ressuscité, Il est la Vie définitive, qui ne craint plus la mort. Une Vie qu’Il peut, à présent, communiquer à tous : d’une part en “réchauffant le cœur” par l’intelligence des Ecritures qui révèlent notre destin et celui du monde, d’autre part en se donnant “par la fraction du pain”, Lui Vivant  et marchant à nos côtés, s’unissant à nous par ce sacrement reçu en communauté et ne nous laissant jamais seul.

Les disciples ont tellement bien compris que, quittant leur table et leur auberge, ils refont le chemin inverse, en pleine nuit, mais tellement heureux de partager cette découverte et cette rencontre de Jésus ressuscité avec les autres disciples. Oui, on peut dire qu’ils sont déçus, mais “déçus en bien” ayant découvert que la puissance de Jésus était celle de l’Amour pour nous. A leur arrivée à Jérusalem, ils constateront qu’ils ne se sont pas trompés et recevront confirmation de la part des disciples et de Pierre, témoin de Jésus Vivant.

Demandons à l’Esprit, reçu de Jésus, de nous faire comprendre à notre tour qui est véritablement Jésus, particulièrement dans les temps de difficulté et d’épreuve, que nous vivons tous, et bien sûr, lorsque nous nous sentons un peu perdus alors qu’Il est près de nous. Parcourons ensemble les Ecritures pour y chercher moins ce qui nous intéresse que ce que Dieu veut nous dire, et remercions-Le joyeusement dès maintenant, d’être aussi présent en nous, et en particulier, lorsque de nouveau, nous pourrons aller communier avec nos frères et sœurs dans le Christ, qui se donne Pain de vie.

AMEN !