vendredi 25 février 2022

HOMÉLIE 8ème Dimanche Ordinaire C –"La paille et la poutre " Lc 6,39-45 - 27 février 2022

 

HOMÉLIE 8ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6, 39-45

27 février 2022

« La paille et la poutre » Lc 6,41

L’hiver n’est pas encore terminé, malgré une douce ambiance printanière, que l’Évangile de ce jour nous propose de petites paraboles, l’une sur les arbres bons ou mauvais et leurs fruits respectifs, l’autre qui est passée dans notre patrimoine culturel commun, je veux parler de la paille et la poutre. Il fait suite à l’Évangile que nous entendions dimanche dernier dans lequel Jésus recommandait de ne pas juger. En effet, le disciple doit, à l’image du Père, qui est miséricordieux, être bienveillant, non seulement envers ses ennemis  mais tout particulièrement, cette fois-ci avec ses frères.

Si Jésus met ainsi en garde, c’est que déjà les premiers chrétiens se jugeaient et se disputaient entre eux, en particulier sur la difficile question de savoir si ceux qui devenaient chrétiens devaient observer la Loi juive ou s’ils devaient abandonner ses pratiques pour s’ouvrir à tous les païens accueillant par la foi la grâce de Dieu reçue comme un don et non comme une récompense due aux pratiques de cette Loi. À cette occasion, des échanges vigoureux et enflammés avaient eu lieu entre Pierre et Paul, les Actes des Apôtres (Ac 15,1-35) et la lettre aux Galates de St Paul (2,11-21) y font allusion. Suivront d’ailleurs très vite dans les premières communautés chrétiennes des divisions conduisant à des hérésies dont le gnosticisme et le pélagianisme. Le Pape François, dans sa dernière exhortation apostolique "Gaudete et Exultate" [La joie et l’allégresse - 19.03.2018] les reprend et il alerte sur les formes nouvelles qu’elles prennent à notre époque. Ça vaut le coup de la lire !

Quelles recommandations formule de nouveau Jésus ?

La parabole de la paille et la poutre invite simplement "à balayer devant sa porte" avant de critiquer qui que ce soit et de proposer à autrui une bonne conduite. Il en est bien question actuellement dans les propos tenus le uns et les autres sur les formes liturgiques.

Le véritable disciple agit en conformité avec sa foi. Quelle est la source de son action ? C’est le trésor de son cœur. S’il est bon, il produit le bien, tout comme les paroles qu’il prononce révèlent ce qu’il est au plus profond de lui-même.

Frère et sœurs, prenons conscience de nos paroles et de nos actes ; discernons s’ils produisent le bien autour de nous : « C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments » Sg 24,6 avons-nous entendu dans la première lecture de ce jour.

Mais ne désespérons pas non plus si nos paroles et nos actes nous révèlent nos imperfections, nos défauts, nos erreurs. Nous n’avons pas la prétention de ressembler en tout à Jésus: « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître ». Jésus n’est-Il pas là pour nous guérir, nous former et nous faire grandir ? Nous savons que nous pouvons compter sur sa patience sans limite, sinon nous ne serions pas là !

Alors, rendons grâce à ce Maître qui nous éclaire par Sa Parole et nous soutiens par Son Amour.

                     AMEN !

 

 

mercredi 16 février 2022

HOMÉLIE 7ème Dimanche Ordinaire C – "« À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue»" Lc 6, 27-38 - 30 Février 2022

 

HOMÉLIE 7ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6, 27-38

30 Février 2022

« À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue»

Avec l’Évangile de ce jour, nous avons le cœur du message de Jésus. Sa radicalité me laisse penser qu’il n’est pas d’inspiration humaine à moins de prendre Jésus pour un doux rêveur ou le roi des utopistes, ce que n’ont pas manqué de faire, en leur temps, les Renan et même certains invités d’un plateau télévisuel où j’ai vu et entendu comment la recommandation de Jésus : « A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue » était tournée en dérision. Et c’est vrai : une telle attitude va à l’encontre d’un comportement naturel. Regardons les autres propositions de Jésus : « A celui qui prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à celui qui te demande, ne réclame pas à celui qui te vole » Toutes aussi rebutantes et inaccessibles au commun des mortels. Alors, Dieu voudrait-il nous mettre systématiquement en échec ou nous défier à devenir des héros ?

         Faut-il donc prendre cette invitation de Jésus au pied de la lettre ? Et comment alors comprendre ces paroles, sans les édulcorer ?

D’abord, bien les traduire en respectant le texte original grec. Par exemple, il est écrit : « Si on te frappe sur la joue, présente aussi l’autre chose ». Quand Jésus enseigne quelque chose, il l’applique lui-même : « Pardonnez à vos ennemis », c’est ce qu’il a fait sur la croix. Alors, qu’a fait Jésus à son procès lorsque le serviteur du Grand-prêtre Le frappe sur la joue ? A-t-il présenté l’autre joue ? Non, mais il s’est adressé au serviteur en lui demandant : « Si j’ai mal parlé, montre-le ; sinon pourquoi me frappes-tu ? » Jn 18,23. Il invite son agresseur à justifier son geste pour qu’il prenne une distance par rapport à sa violence et soit responsable de son geste.

         Par ailleurs, ces exigences de Jésus sont encadrées par deux de ses demandes: « Aimez vos ennemis… » 

Alors, que signifie « Aimer ses ennemis » ? Aimez, en grec : “Agapatè”. Il n’est pas question de l’affection que l’on a par exemple pour un membre chéri de sa famille, ni de l’amitié que l’on porte à un égal, ni davantage de l’amour-passion ! Il s’agit d’avoir estime et bienveillance pour l’ennemi, et de le manifester par des gestes et des paroles.

Des exemples sont ainsi formulés avec “Tu” : la non-résistance à la violence, le don de façon généreuse… même au voleur ; il s’agit de céder, dans tous les sens du terme, et en particulier, « de ne pas riposter au méchant » pour ne pas ajouter un mal à un autre mal.

Vient alors la règle d’or (cette fois-ci avec “Vous”), qui suggère de passer du simple rapport personnel à la dimension communautaire : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ».

Jésus va plus loin. Ces exigences sont conclues par : « Alors vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon Lui, pour les ingrats et les méchants ». Elles ne reposent pas sur la bonté foncière de l’être humain, mais sur la bonté de Dieu. C’est Lui le modèle à imiter. Créé à l’image de Dieu, le croyant est appelé à jeter un regard miséricordieux sur tous les hommes, y compris les ennemis. Il nous est impossible de le faire sans sa présence en nous, sans la grâce de son Esprit-Saint. Quand il nous est humainement impossible de pardonner, c’est Lui qui pardonne en nous ; quand il nous est impossible de donner, c’est Lui qui nous aide à relativiser nos biens et à amasser un trésor dans les cieux…

Dans le fond, il n’y a pas de réponse possible aux exigences d’amour de Jésus sans Lui, ce qui revient à dire qu’on ne peut être chrétien sans une communion profonde avec Lui. N’est-ce pas ce qu’Il nous invite à faire à présent avec Lui en continuant notre Eucharistie ?

                     AMEN !

jeudi 10 février 2022

HOMÉLIE 6ème Dimanche Ordinaire C – Les Béatitudes selon St Luc - Lc 6,17.20-26 - 13 Février 2022

 

HOMÉLIE 6ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6,17.20-26

13 Février 2022

 

Les Béatitudes selon St Luc

Voici des paroles de Jésus, claires et sévères à la fois, qui peuvent rebuter, et pourtant on les appelle "Béatitudes", sans doute parce qu’elles commencent par "Heureux".

Voici des paroles de Jésus, claires et sévères à la fois, qui peuvent rebuter, et pourtant on les appelleMais d’abord, que ne dit pas Jésus ? Jésus ne dit pas que les pauvres sont meilleurs que les riches ou qu’ils ont plus de chance qu’eux, parce qu’ils seraient "heureux".

Que dit-Il alors ? S’adressant aux premiers, Il adresse un message d’espoir à tous ceux que le monde oublie, qui n’ont pas le nécessaire pour une vie pleinement humaine, qui ploient sous la maladie, qui ne mangent pas à leur faim ou qu’une grande épreuve les fait irrésistiblement pleurer, comme un deuil. Enfin, ils s’adressent à ceux qui sont méprisés parce qu’ils croient en Lui. Eh bien, tous ceux-là, paradoxalement, qu’ils se réjouissent et sautent de joie (mot à mot, fassent du sirtaki !), car ils ont une place auprès de Dieu.

S’adressant aux seconds, aux nantis, aux repus, Il leur adresse un avertissement sous forme de plainte (et non de malédiction !) : en grec, "quel malheur" se dit : "Ouaï !" (bien proche de notre français : "Ahi haï), Hélas ! Oui, vous allez être malheureux parce que vous vous appuyez sur votre bien-être qui vous satisfait mais vous enferme sur vous-mêmes et vous rend insensible au monde qui vous entoure. Dans le Psaume 49, 13, on retrouve le même constat : « L’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qui va à l’abattoir ». C’est pourquoi Jérémie pouvait dire encore, dans la première lecture de ce jour : « Maudit soit l’homme qui s’appuie sur un être de chair [comprenez, "sur lui-même" ou un proche], tandis que son cœur se détourne du Seigneur ».  (Jr 17,5). Mais Jésus invite à s’appuyer  sur les deux : et l’être aimé et le Seigneur qui nous aime. De fait, trop d’opulence rend aveugle et sourd aux autres et par voie de conséquence, ne permet plus de désirer Dieu : au bout d’un certain temps, elle laisse vide.

En définitive, Jésus nous dit que Dieu nous aime tous de façon différente, mais Il veut nous alerter, les uns pour qu’ils ne se découragent pas ; les autres pour qu’ils n’aillent pas vers des richesses trompeuses qui conduisent finalement à être malheureux.

On a traduit "heureux" du grec "Makarios",  mot qui vient d’un verbe, "Makarizo", qui signifie "qu’on estime quelqu’un heureux" et même : "qu’on l’envie d’être heureux". On le trouve souvent dans la Bible et en hébreu, "ashreï", qui peut se traduire par "En marche ! " ou "Félicitations, Bravo, tu as tout compris ! ". Ce mot désigne la rectitude de l’homme en marche sur un chemin qui mène à Dieu et le conduit à la vie et au bonheur. Alors, suivons avec joie et confiance les recommandations de Jésus.

Remercions-le de nous mettre en garde contre le faux bonheur et, avec l’aide de son Esprit Saint,  "En marche" vers le vrai bonheur !

                    AMEN !

jeudi 3 février 2022

HOMÉLIE 5ème Dimanche Ordinaire C – "la pêche miraculeuse" - Lc 5,1-11 - 6 Février 2022

 

HOMÉLIE 5ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 5,1-11

6 Février 2022

 

 

« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ! ». Désagréable impression de capturer ou de faire du  prosélytisme malveillant ? Le verbe “prendre” a une connotation possessive qui s’accommode mal avec l’infinie considération que le Christ invite à avoir envers toute personne, dans le respect de sa liberté et de sa conscience.

En fait, le mot “prendre”, dans le texte grec, n’a pas le sens de “s’approprier”. Il signifie “prendre vivant” [zoégrèo contient le mot zoé, qui signifie la “vie” non pas biologique qui se dirait « bios » mais celle qui anime un être]. Et même, il peut signifier : “rendre la vie, ranimer”. Ainsi, Jésus dit à Pierre : « Ne crains pas, désormais ce sont des hommes que tu rendras à la vie ! ». Tâche magnifique que Jésus confie à Pierre et ses compagnons : pas étonnant qu’ils le suivent aussitôt, “quittant tout”.

La scène qui précède est pleine de sens concernant la manière de faire de Jésus. Tout d’abord, il s’adresse à des hommes en plein travail, au cœur de leur activité humaine. Il leur demande un service : « Prête-moi ta barque ». Simon le fait volontiers. Puis s’adressant aux foules restées sur le rivage, Jésus les enseigne. Ayant achevé de parler, il s’adresse à Simon et l’invite à aller pêcher en profondeur :  Bathos->bathiscaphe. Qui est-il ce charpentier pour s’adresser à des pêcheurs professionnels et  les envoyer en plein jour de nouveau pêcher, eux qui n’ont rien pris de toute la nuit ? Simon, qui a du écouter le Rabbi Jésus, est sans doute frappé par son enseignement et lui répond : « Sur Ta Parole, je vais jeter les filets ». C’est la pêche miraculeuse !

Simon en est tout bouleversé ; son nom même en est changé : il devient “Simon-Pierre” et lui-même ne s’adresse plus à Jésus comme  “Maître” mais comme “Seigneur”.

Quel parcours !

Jésus demande : « Prête –moi ta barque »

Simon la met à sa disposition.

Jésus enseigne, puis les envoie en eau profonde

Simon, qui malgré son expérience, l’écoute.

Simon-Pierre prend conscience de l’écart entre lui et Celui qu’il découvre comme son Seigneur. Jésus l’invite à ne pas craindre et à aller “rendre vie à d’autres hommes”

Simon-Pierre et les compagnons qui quittent tout et partent à la suite de Jésus.

Jésus est-Il aujourd’hui encore pour nous ce Seigneur qui nous demande : « Prête-moi tes oreilles, ta voix, tes mains, tes jambes, ta santé, ton intelligence, ton art, ton cœur, ta foi, ta maladie et ta vieillesse, bref tous tes talents et ta situation de vie, pour communiquer… pour que Je puisse aller au large vers les gens de tous horizons et particulièrement, pour que Je puisse “rendre vie, ranimer” ceux qui en ont le plus besoin, marqués par les épreuves, la maladie, la vieillesse et les pauvretés de tout genre ? » 

« Ne crains pas : Je suis avec toi ! » 

. AMEN !