mercredi 16 février 2022

HOMÉLIE 7ème Dimanche Ordinaire C – "« À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue»" Lc 6, 27-38 - 30 Février 2022

 

HOMÉLIE 7ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6, 27-38

30 Février 2022

« À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue»

Avec l’Évangile de ce jour, nous avons le cœur du message de Jésus. Sa radicalité me laisse penser qu’il n’est pas d’inspiration humaine à moins de prendre Jésus pour un doux rêveur ou le roi des utopistes, ce que n’ont pas manqué de faire, en leur temps, les Renan et même certains invités d’un plateau télévisuel où j’ai vu et entendu comment la recommandation de Jésus : « A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue » était tournée en dérision. Et c’est vrai : une telle attitude va à l’encontre d’un comportement naturel. Regardons les autres propositions de Jésus : « A celui qui prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à celui qui te demande, ne réclame pas à celui qui te vole » Toutes aussi rebutantes et inaccessibles au commun des mortels. Alors, Dieu voudrait-il nous mettre systématiquement en échec ou nous défier à devenir des héros ?

         Faut-il donc prendre cette invitation de Jésus au pied de la lettre ? Et comment alors comprendre ces paroles, sans les édulcorer ?

D’abord, bien les traduire en respectant le texte original grec. Par exemple, il est écrit : « Si on te frappe sur la joue, présente aussi l’autre chose ». Quand Jésus enseigne quelque chose, il l’applique lui-même : « Pardonnez à vos ennemis », c’est ce qu’il a fait sur la croix. Alors, qu’a fait Jésus à son procès lorsque le serviteur du Grand-prêtre Le frappe sur la joue ? A-t-il présenté l’autre joue ? Non, mais il s’est adressé au serviteur en lui demandant : « Si j’ai mal parlé, montre-le ; sinon pourquoi me frappes-tu ? » Jn 18,23. Il invite son agresseur à justifier son geste pour qu’il prenne une distance par rapport à sa violence et soit responsable de son geste.

         Par ailleurs, ces exigences de Jésus sont encadrées par deux de ses demandes: « Aimez vos ennemis… » 

Alors, que signifie « Aimer ses ennemis » ? Aimez, en grec : “Agapatè”. Il n’est pas question de l’affection que l’on a par exemple pour un membre chéri de sa famille, ni de l’amitié que l’on porte à un égal, ni davantage de l’amour-passion ! Il s’agit d’avoir estime et bienveillance pour l’ennemi, et de le manifester par des gestes et des paroles.

Des exemples sont ainsi formulés avec “Tu” : la non-résistance à la violence, le don de façon généreuse… même au voleur ; il s’agit de céder, dans tous les sens du terme, et en particulier, « de ne pas riposter au méchant » pour ne pas ajouter un mal à un autre mal.

Vient alors la règle d’or (cette fois-ci avec “Vous”), qui suggère de passer du simple rapport personnel à la dimension communautaire : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ».

Jésus va plus loin. Ces exigences sont conclues par : « Alors vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon Lui, pour les ingrats et les méchants ». Elles ne reposent pas sur la bonté foncière de l’être humain, mais sur la bonté de Dieu. C’est Lui le modèle à imiter. Créé à l’image de Dieu, le croyant est appelé à jeter un regard miséricordieux sur tous les hommes, y compris les ennemis. Il nous est impossible de le faire sans sa présence en nous, sans la grâce de son Esprit-Saint. Quand il nous est humainement impossible de pardonner, c’est Lui qui pardonne en nous ; quand il nous est impossible de donner, c’est Lui qui nous aide à relativiser nos biens et à amasser un trésor dans les cieux…

Dans le fond, il n’y a pas de réponse possible aux exigences d’amour de Jésus sans Lui, ce qui revient à dire qu’on ne peut être chrétien sans une communion profonde avec Lui. N’est-ce pas ce qu’Il nous invite à faire à présent avec Lui en continuant notre Eucharistie ?

                     AMEN !

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