vendredi 23 février 2018

HOMELIE 2ème Dimanche de Carême B. La Transfiguration - Mc 9, 2-10 25 Février 2018



HOMELIE 2ème Dimanche de Carême B. La Transfiguration - Mc 9, 2-10
25 Février 2018
La Transfiguration.
Le récit de la Transfiguration de Jésus selon St Marc se termine par une question qui va habiter les Apôtres jusqu’à la fin de la mission de Jésus : « Ils observèrent l’ordre de Jésus, tout en se demandant ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts ». Qui d’entre nous aurait pu leur répondre ? Serons-nous comme eux, “qui ne savaient que dire ?”
         Pour mieux comprendre ce magnifique récit, il faut le resituer dans ce qui précède ce passage de l’Evangile d’où il est extrait. Dans le texte original, le récit commence par : « Six jours après… ». Que s’est-il donc passé six jours avant ? Alors que Pierre venait de reconnaître Jésus comme le Messie, Jésus annonce pour la première fois qu’Il doit souffrir sa Passion, mourir à Jérusalem puis ressusciter trois jours après. Pas facile à comprendre et accepter et d’ailleurs Pierre aussitôt réprimande Jésus et se fait traiter  de Satan (mot hébreu qui signifie “adversaire” et qui désigne l’ennemi du genre humain).
         Ce n’est pas l’idée ou le fait de la résurrection qui questionne les disciples : à l’époque,  beaucoup de juifs y croyaient, mais c’est la manière dont Jésus en parle. Il l’annonce comme prochaine, alors qu’on l’attendait pour la fin des temps. De plus, l’idée que le Fils de l’homme glorieux, transfiguré, comme ils en avaient été témoins, doive passer par la mort puis la résurrection les dérangeaient : le Messie qui venait d’être révélé à leurs yeux par son aspect rayonnant et par la voix céleste, ne devait-il pas se manifester dans toute sa gloire devant son peuple et le monde ?
         Jésus avait donc pris avec lui les trois disciples qu’Il avait déjà choisis pour être témoins de la résurrection de la fillette du chef de la synagogue de Capharnaüm (Mc 5, 37). Mais il leur demandera de nouveau de l’accompagner à Gethsémani pour veiller avec lui avant d’être arrêté : là il ne s’agira plus d’une “transfiguration” glorieuse, mais d’une “défiguration”, tant Jésus sera traversé par la frayeur et l’angoisse. Encore une fois, les disciples “ ne sauront que dire” lorsque Jésus viendra chercher un peu de réconfort. Mais comment comprendre ce destin de Jésus avant la pleine révélation de ce qu’Il est en vérité ? 
         Ce récit est rempli d’allusions aux grandes pages de la Bible. La haute montagne où tous les grands hommes de Dieu se sont rendu pour Le rencontrer : Abraham, Moïse, Elie ; la nuée, présence de Dieu qui, dans le désert,  reposait sur la tente de la Réunion où se trouvait l’Arche d’Alliance ;  Moïse, qui reçut la Torah ; Elie le prophète qui la rappela à son peuple dévoyé ; les deux “enlevés au ciel”. Jésus s’entretient avec eux : il apparaît comme le nouveau Moïse,  législateur de la Loi nouvelle et comme le prophète des temps nouveaux. Pierre propose de dresser trois tentes : il ne s’agit pas de camping, mais du geste rituel de la fête des Tentes, Soukkot, à l’automne, qui célèbre l’espérance d’Israël attendant le Messie pour l’accueillir. C’est la voix du Ciel qui va authentifier le Messie comme Fils bien aimé du Père et qui invite les disciples à se ranger sous son autorité, comme le faisait la Torah : «  Ecoutez-le ! » Jésus n’est-il pas la Torah définitive, qui n’est plus un livre, si précieux soit-il, mais le Fils du Père, vivant, nous parlant, venant planter sa tente parmi nous dira St Jean au début de son Evangile et nous introduisant comme enfants adoptés de ce Père : ne nous a-t-il pas demandé de s’adresser à Lui comme “Notre Père” ?
         Oui,  Jésus sera bien broyé par la souffrance du mal et de la violence d’une humanité loin de son Dieu, comme hélas nous en sommes encore témoins aujourd’hui. Son message d’amour était alors trop fort pour les disciples. Mais Dieu, en leur envoyant son Esprit Saint, à la lumière de Pâque, leur fera comprendre que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. Alors, ils la réponse à leur interrogation.
         Voilà ce qui nous est confié encore aujourd’hui : 
ü Ecouter Jésus vivant, ressuscité, pour témoigner de Lui aujourd’hui, Lui qui est venu pour faire de toute personne, et en particulier nos catéchumènes, un enfant bien-aimé du Père.
ü Porter l’immense espérance, particulièrement à ceux qui traversent des épreuves, que l’amour est plus fort que le mal et la mort.
A nous de prendre le relais, non sans prier chaque jour l’Esprit Saint  de nous remplir de sa lumière et de sa force : sinon, “nous ne saurions quoi dire !”
AMEN !

jeudi 15 février 2018

HOMELIE 1er Dimanche CARÊME. B "Jésus tenté au désert" – Mc 1,12-25 18 Février 2018



HOMELIE 1er Dimanche CARÊME. B – Mc 1,12-25
18 Février 2018

« Dans le désert, Il resta 40 jours, tenté par Satan» Mc 1,13

         Chaque année, en commençant le Carême, nous contemplons Jésus au désert. C’est bien le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu dans la Bible. Étonnant, St Marc ne nous dit pas que Jésus y jeûne ! Certes, Il est tenté par “le satan”, avec l’article, dans le texte original, pour bien nous rappeler que ce mot hébreu commun qui signifie  l’adversaire, l’ennemi de l’homme depuis les origines.
Marc ajoute : « Et il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. » Pourquoi ce détail somme toute insolite ? Jésus a-t-Il eu, en plus des tentations, à se protéger des bêtes sauvages ? Jésus, dompteur ? En fait, cette mention fait référence à une grande prophétie concernant la venue du Messie qui se trouve dans le livre du prophète Isaïe : « Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit de Yahvé…v.6 [Jésus a bien été poussé par l’Esprit au désert]. Le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l'ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer. » (Is. 11, 1-2 ; 6-9) 
         Le Messie apporte avec Lui la Paix et l’harmonie de la création telle que Dieu la veut pour notre plus grand bonheur. Ne s’y est-t-Il pas Lui-même engagé après le déluge, comme nous le rapporte la première lecture ? "Voici que j'établis mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous,  et avec tous les êtres animés qui sont avec vous: oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche, tous les animaux de la terre”  (Gn. 9, 9-10).  Et le signe très symbolique que Dieu choisit pour rappeler cette Alliance c’est l’arc-en-ciel, qui a la forme d’un arc de guerre mais qui devient le signe de la paix et de la beauté harmonieuse de la création dans le prisme de toutes ses couleurs et la richesse de ses différences complémentaires et non opposées : « Je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre. » (Gn. 9,13) 

         En évoquant cela, Marc donne déjà le but de la venue de Jésus. Réconcilier toutes choses, celles de la terre et celles du ciel. Réconcilier l’homme avec la création blessée, dégradée : il y a quelque chose d’écologique (qui vient de oïkos, la maison, le milieu ; logia, le discours). Réconcilier les hommes entre eux : en rejetant toute forme de violence, par le dialogue, la justice, le partage, le commerce équitable… mais aussi le respect, l’attention, le service, le réconfort… Réconcilier les hommes avec Dieu : leur enlever définitivement de l’esprit que Dieu, loin d’être jaloux de leur liberté ou de les surveiller, est Celui qui veille sur l’homme pour lui apprendre à devenir comme Lui, généreux et infiniment respectueux des décisions de chacun, cherchant toujours à donner vie.

         Avec les catéchumènes appelés  aujourd’hui au Baptême par notre évêque,  que ce temps de Carême soit un temps de prière-rencontre avec Dieu et de partage avec des frères moins favorisés, temps qui invite, jour après jour, à toutes les réconciliations qu’il nous soit données de faire et nous fasse goûter la grâce du sacrement de Pénitence et Réconciliation remis aux disciples par Jésus ressuscité, au soir de Pâque.

    
AMEN !

vendredi 9 février 2018

HOMELIE 6ème Dimanche du Temps Ordinaire. Année B –« Guérison du lépreux » - Mc 1,40-45 - 11.02.2018



HOMELIE 6ème Dimanche du Temps Ordinaire. Année B – Mc 1,40-45 - 11.02.2018

« Guérison du lépreux »

         La première lecture du Lévitique nous a rappelé combien la lèpre, que l’on peut à présent guérir, pouvait être non seulement physiquement mais psychologiquement douloureuse. Elle montre à quel point le malade était considéré comme un  “mort vivant ", exclu de la communauté qu’il pouvait contaminer. A cela s’ajoutait la croyance que cette maladie était la conséquence d’un grave péché et d’une punition de Dieu. La lèpre était devenue symbole du péché grave qui dégrade l’homme et l’exclut de la communion avec les autres et avec Dieu.
Eh bien malgré son exclusion, le lépreux de l’Évangile enfreint la Loi et s’approche de Jésus en tombant à ses genoux. Jésus est “ému aux entrailles”, expression très forte qui dit combien Il compatit à cette détresse humaine. Il enfreint à son tour la Loi en le touchant. Pourquoi le fait-Il ? La Loi est faite pour la vie. Jésus est la Vie. Alors Jésus étend la main le touche et dit : « Je le veux, sois purifié. »
Mais en même temps, Il lance au lépreux un interdit : mot à mot, « Après l’avoir menacé, aussitôt, il le "jette dehors" et lui dit : “Vois ! Ne dis rien à personne, mais va, montre-toi au prêtre et apporte pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi…” » Jésus indique bien qu’il n’a pas voulu transgresser la Loi, qui elle aussi conduit à la vie (Deutéronome 30,15-20), mais il invite le lépreux à s’y conformer pour être réintégré dans le peuple de Dieu.
         Mais alors, pourquoi cette consigne de silence ? Pourquoi demander un silence impossible à garder, tant la joie de cette guérison est grande et tant la reconnaissance de ce lépreux veut s’exprimer ? Nous-même, ne nous sentons-nous pas en pleine communion avec tous les malades que nous accompagnons ou que visitons avec lesquels nous avons espéré la guérison, prié pour elle, lorsque nous apprenons leur guérison ?
En effet, cette guérison du lépreux a une valeur symbolique très forte et profonde. Quelle est la mission principale de Jésus ? C’est de nous guérir, pas simplement de la maladie de la lèpre, mais de la lèpre du péché, du mal qui nous habite ?
 Or la guérison de la lèpre était considérée alors comme un acte comparable à la résurrection des morts et attribuée à Dieu seul. Elle annonçait l’approche du Règne de Dieu, elle accompagne la résurrection des morts et elle est comptée parmi les bienfaits des temps du Messie. Lorsque Jésus envoie ses Apôtres en mission, Il leur dit : « En chemin, proclamez que le Règne des cieux s’est approché. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons… » Mt 10, 7-8 ; 11,5.
Avec Jésus, le Messie est là, mais Il n’a pas encore accompli totalement sa mission. Il va prendre la place du lépreux : Il doit rester à l’écart, "hors du camp", dans des endroits déserts. Il ne peut plus aller vers les gens : ce sont eux qui viennent à Lui. Et bientôt, à Jérusalem, après le triomphe des Rameaux, certains viendront se saisir de Lui pour lui ôter la vie, n’ayant pas compris qu’Il venait les délivrer de la lèpre de leurs péchés pour les inviter à vivre de nouveau l’Alliance voulue par son Père des Cieux.
Alors, tant que cet évènement n’est pas arrivé, Jésus demande instamment au lépreux de se taire pour ne pas entraver sa course et l’empêcher de révéler son immense amour pour nous qui ira jusqu’au pardon de ses bourreaux, l’accueil du bon larron et le don de sa propre vie, Lui qui a voulu être solidaire du dernier des innocents maltraité, torturé et mis à mort.
Jésus n’est compréhensible que pour ceux qui le regardent à la lumière de la Croix et de la Résurrection et acceptent un Dieu qui n’est tout-puissant que de la toute-puissance de l’amour.
Seigneur, donne-nous de bien comprendre ta mission, Toi qui es venu nous guérir de nos péchés, de note volonté de puissance, de jugement et d’exclusion. Aide-nous à purifier nos relations envers Toi et envers les autres et qu’elles deviennent contagieuses d’amour vrai, désintéressé et engagé, tout spécialement pour nos frères malades ou handicapés.   AMEN !

jeudi 1 février 2018

HOMELIE 5ème Dimanche du Temps Ordinaire B. – Mc 1, 29-39 4 Février 2018



HOMELIE 5ème Dimanche Ordinaire B.  – Mc 1, 29-39
4 Février 2018

« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée… » Livre de Job Ch.7, 1.

Combien ce cri de Job, entendu dans la 1ère Lecture de ce jour, rejoint ceux d’innombrables hommes et de femmes dont l’existence aujourd’hui est un calvaire, pas simplement dans les contrées lointaines, mais proche de nous : longues et terribles maladies, handicaps profonds, chômages longue durée, immigration forcée… Il en était ainsi du temps de Jésus et c’est bien pour cela qu’au soir du Sabbat, Jésus accompagne son annonce de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle, par toutes sortes de guérisons, jusque tard dans la nuit tant la demande était grande.

         Où Jésus puise-t-Il cette énergie qui le pousse au petit matin à « aller ailleurs dans les villages voisins » ? N’est-ce pas la mission que lui a confiée son Père : « C’est pour cela que je suis sorti ! ». Pas simplement de Capharnaüm, mais d’auprès de Dieu.
Remarquons que c’est la même mission qui a été confiée à Paul. Celui-ci se conduit donc comme son maître, convaincu d’annoncer cette Bonne Nouvelle « pour en gagner le plus grand nombre possible…et en sauver à tout prix quelques-uns. »
L’un et l’autre ne cherche pas leur « avantage matériel » ou « une récompense » dira Paul. Quant à Jésus, Il empêche les démons de révéler qui il était, car Il ne voulait pas de contresens sur son identité : Il ne voulait pas qu’on le prenne seulement pour un super guérisseur.
        
         Ce qui nourrit sa mission, ce sont les temps de rencontre qu’Il vit dans la prière avec son Père : “Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva”. Et quand donc, un jour,  Jésus se lèvera-t-Il avant l’aube ? A Pâque : car ce mot, qui est utilisé ici ( “anastasis”)  désignera la résurrection. De plus, Jésus, comme Moïse et quelques grands personnages de la première Alliance, se rend « dans un lieu désert » et pour y rencontrer son Père : “Et là, Il priait.”
        

Que retenir de ce récit inaugural de la mission de Jésus ?
Jésus est venu nous donner une Bonne Nouvelle, dont le propre est de nous libérer de tout ce qui nous empêche de vivre dans l’amour en enfants de Dieu. Cet Evangile, Il l’a confié à ses Apôtres : Pierre…Paul… Il nous le confie aujourd’hui : il en va du salut, de la “santé” de nos contemporains.
Quelle peut être notre participation à cette annonce ?
D’abord retrouver, réveiller en nous cette passion de l’Évangile. Si je ne rencontre pas le Père comme Jésus le fait quotidiennement, je ne le pourrai pas. Mgr. Coffy disait “Jésus ne serait pas allé si loin dans l’évangélisation s’il ne s’était pas retiré si loin dans la prière.” Et un autre évêque à Lourdes, au Congrès Eucharistique de 1981, le rejoignait en disant : “Un évangélisateur qui ne prie plus, bientôt n’évangélisera plus”.

Jésus annonce la Bonne Nouvelle qui donne sens à la vie mais en même temps, Il se bat contre la maladie et la souffrance.
Il nous invite, là où nous sommes et avec nos propres moyens, d’accompagner, de soulager chaque fois qu’il est possible ceux qui traversent des épreuves. Mais s’Il a pu guérir de nombreux malades, il ne les a pas guérit tous. Les miracles qu’Il a généreusement accomplis sont le signe que le règne de Dieu est déjà là ; mais le risque est de n’y voir que le prodige et de passer à côté de la présence du Seigneur et de son salut profond et définitif. Face à la souffrance de milliards d’êtres humains si bien exprimée par Job, Jésus, à sa Passion, entrera Lui-même solidairement dans la souffrance, mais il faudra l’avènement du monde nouveau promis par Dieu et annoncé par Isaïe (65, 17) puis par l’Apocalypse, pour que la souffrance et la mort disparaissent totalement.
Ap 21,4 : “Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé."
         En attendant cet avènement, retroussons nos manches, soyons les mains de Dieu : “J’étais malade et vous m’avez visité” Mt 25, 36 et ne cessons pas de prier comme Jésus.

AMEN !