mercredi 28 août 2019

HOMELIE 22ème Dimanche Ordinaire année C – Lc 14, 1a.7-14. 1er Sept. 2019


HOMELIE  22ème Dimanche Ordinaire année C – Lc 14, 1a.7-14.
 1er Sept. 2019 

« Mon fils, accomplis toute chose avec humilité»
Ben Sirac le Sage 3,17

L’Évangile de ce dimanche illustre parfaitement cette maxime du sage de la Bible. Jésus, en observateur perspicace et presque amusé, remarque les invités à un repas qui choisissent les premières places. Il nous donne alors une petite parabole pleine de bon sens à la limite de la roublardise puisqu’il invite, non sans humour à choisir la dernière place pour être invité à la première !
Ce petit calcul ne porte sans doute pas toujours ses fruits mais le sens est clair : ne cherche pas à t’élever ; sois toi-même. La véritable humilité (du latin humus,  la terre… qui a donné le mot homo,  l’homme) cherche à faire la lumière sur ce que l’on est sans vouloir être ni inférieur, ni supérieur aux autres. Pour Sainte Thérèse de Lisieux, l’humilité, c’est la vérité.
L’humilité est une disposition intérieure nécessaire lorsque l’on veut se mettre au service des autres, proches ou lointains, et en particulier de ceux qui sont dans le besoin : malades, personnes âgées, enfants ou handicapés. Être invité à « monter plus haut », comme le signale Jésus, ne serait-ce pas entrer davantage en communion avec eux ?
                   Acquérir cette humilité, c’est regarder, contempler et appeler Celui qui s’est fait humble dans la vérité de sa mission, Jésus, Fils de Dieu. Par sa solidarité avec les plus méprisés, il a révélé jusqu’à quelle profondeur allait l’amour de Dieu pour l’humanité. Relisons l’hymne de la lettre aux Philippiens : Ph 2, 3-11. 
                  « N'accordez rien à l'esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l'humilité estime les autres supérieurs à soi;  ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix!  Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».

Mais, dans cet évangile, Jésus se mettrai-il seulement à enseigner les bonnes manières ? Avez-vous remarqué que s’il est invité à un repas chez un pharisien, dans la parabole qu’il raconte, il parle de noces. Or dans la Bible et en particulier dans les Évangiles, le festin de noces désigne le Royaume de Dieu. Dans ce royaume, il n’appartient à personne de s’attribuer les meilleures places : c’est Dieu qui les donne. Plus encore, ce sont les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles qui sont les invités prioritaires comme la deuxième partie de l’évangile d’aujourd’hui nous l’indique à travers les conseils que Jésus donne à son hôte.

En ce temps de reprise d’activités, adoptons dès maintenant les mœurs nouvelles du Royaume par notre humilité envers tous pour manifester l’amour que Dieu porte à tous ses enfants.

AMEN !

vendredi 23 août 2019

HOMELIE 21ème Dimanche Ordinaire, Lc 13,22-30 "Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? " - 25 Août 2019


HOMELIE  21ème Dimanche Ordinaire, 2 Août 2019 –
Lc 13,22-30

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

Question qui était bien d’actualité à l’époque puisque certains rabbins affirmaient que tous les Israélites auront part au monde futur (Mishna, Sanhédrin X, 1) ; mais d’autres rabbins soutenaient que ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés (Quatrième Esdras IX, 15).

Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il entraîne plus loin. Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce pas : « Est-ce que moi je serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »
Personne : mais voici les conditions. « Efforce-toi d’entrer par la porte étroite ». Quelle est cette porte étroite et où se trouve-t-elle ? Elle est dans ma vie de tous les jours. Mais, tout d’abord, une remarque de bon sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît étroite ! Il me faut m’alléger, me détacher de certaines choses non nécessaires, futiles et sans doute de “l’encombrante personne qui est moi-même” disait avec humour St Thomas Moore: traduisez, de mon ego prédominant.
Mais Jésus dit mot à mot: « Luttez pour entrer par la porte étroite». Il parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Ces efforts se présentent à nous le plus naturellement du monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours une façon de passer par la porte étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste que l’on m’a infligé, chaque fois que je dis « oui » à une croix que j’ai à porter, je fais un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume. Par cette image de la porte étroite, Jésus nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition humaine et en même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux valeurs de l’Évangile. Mais qu’écrit St Jean désignant Jésus ? « En vérité, en vérité je vous le dis, je suis la porte des brebis…Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10,7.9). Voilà, d’une certaine façon, la réponse qu’il donne à la question posée au début de notre Évangile. Si la porte c’est bien Lui, alors il suffit, non sans luttes, de le suivre mais ne nous accompagne-t-Il pas, comme une autre comparaison qu’Il fait de Lui-même dans ce même passage d’Évangile de St Jean, où Il se présente comme le Beau Berger ? (Jn 10)

Jésus continue avec l’image de la porte qui cette fois-ci est fermée. Il y a un véritable risque de rester dehors, à l’extérieur du Royaume, parce que nous aurions  été mot à mot, "ouvriers d’injustice"  et que notre vie serait incompatible avec celle du Royaume de l’Amour.       
Jésus adresse à ceux qui le connaissent, à nous, un appel urgent et insistant pour s’engager dans une vraie attitude de conversion. D’autres, « venant du levant et du couchant, du nord et du sud, (qui ne l’ont pas connu ni fréquenté), se verront ouvrir la porte et se mettront à table », car leur vie sera faite de tous ces passages de portes étroites que nous avons évoqués et qui les ont fait connaître du « maître de maison », parce qu’ils ont vécu selon son Esprit.
Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat. Encore une fois, toute familiarité superficielle avec le Christ, toute piété sans conversion ferait trouver la porte fermée. Nous sommes invités avec insistance par le “maître de maison”, Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous introduire dans la compagnie “d’Abraham, Isaac et Jacob et de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus qu’amicale, divine ! N’hésitons pas ; avançons  sans peur avec Lui en passant par ces portes étroites qui se présentent à nous : n’est-Il pas toujours avec nous ?
AMEN !

jeudi 15 août 2019

HOMELIE 20ème Dimanche Ordinaire, Année C -"Je suis venu apporter un feu sur la terre..." Lc 12,49-53 18 Août 2019


HOMELIE  20ème Dimanche Ordinaire, Année C - Lc 12,49-53 - 18 Août 2019

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division».

Voici des paroles qui peuvent nous laisser perplexes, tant elles vont à l’encontre de l’image que nous avons de Jésus, "Prince de la Paix", pardonnant jusqu’à ses ennemis. Il dit encore : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fut déjà allumé ! »  Jésus pyromane ? Mais de quel feu veut-il enflammer la terre ? De quel feu s’agit-il ? En ces périodes d’incendies ravageurs, il est bon de le préciser !

C’est un feu qui purifie : il aide à choisir  de suivre Jésus qui exclut toute haine, toute jalousie, tout mensonge, tout rejet (surtout des "petits", des malades, des socialement faibles) ; il rejette tout racisme de quelque nature qu’il soit et dénonce toute injustice, tout écrasement du pauvre. Il recherche la Paix, non sans la vérité ; l’unité, non sans le pardon ; le respect, qui n’est pas condescendance envers l’enfant de Dieu que chacun est.
Il est évident que de telles dispositions dérangent et suscitent des oppositions violentes dans la société bien sûr, où il est parfois très difficile d’appliquer cela et de dire sa foi, ou même, par exemple, d’exprimer, sans susciter la dérision, son refus de tout acte portant atteinte à la vie en son début ou en sa fin.
Parfois même, et cela est étonnant,  elles provoquent dans les familles et particulièrement chez les parents, une résistance dissuasive, voire une hostilité envers celle ou celui qui a émis le désir de répondre à un appel du Christ et de se consacrer à Lui au service de ses frères. Feu qui purifie, oblige à choisir : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple » Luc 14, 26-27.
Jésus ajoute qu’Il doit recevoir un baptême et que cela l’angoisse avant qu’il ne soit accompli : de quel baptême s’agit-il ? Celui dans lequel Il sera plongé dans Sa mort pour ressusciter à la Vie baptême où il y a mort à soi-même pour s’ouvrir, naître aux autres et au Tout-Autre.

Alors, ce Jésus, impossible à suivre ? Trop dur !
Encore une fois, si nous voulons le suivre par nous-mêmes comme un défi que nous nous donnerions, ou comme une conduite au terme de laquelle nous serions récompensés au vu de nos efforts et nos mérites, c’est peine perdue : tôt ou tard, notre nature humaine nous rattrapera. De plus, Jésus n’a-t-Il pas dénoncé cette manière de faire qui rappelle l’attitude suffisante d’un certain pharisien face à un publicain ? Lc 18,9-14.

Vous avez bien entendu : « Je suis venu apporter un feu… » C’est donc à Jésus qu’il faut demander de nous donner ce feu en nous. Et Il n’attend que cela. Or ce feu, Il l’a initialisé à notre Baptême : « Vous, c’est dans l’Esprit que vous serez baptisés sous peu de jours » (Ac 1,8) promet-Il à ses disciples au moment de les quitter à l’Ascension. Cet Esprit, n’est-il pas le feu de Pentecôte ?
Ce feu de l’Esprit ouvre à une vie nouvelle, à une autre fraternité formée de « ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique » et autour d’un même Père. Mon père, ma mère, mon épouse… me deviennent frères et sœurs autrement, selon l’Esprit d’amour de Dieu.

Donne-nous, Seigneur, ton Esprit de force et de courage pour résister, accueillir les personnes et les évènements, et assumer nos responsabilités humaines et spirituelles d’enfants bien-aimés du Père
AMEN !

mardi 13 août 2019

HOMELIE ASSOMPTION Lc 1, 39-56 - 15 Août 2019


HOMELIE  ASSOMPTION 15 Août 2019
 Lc 1, 39-56

A ma connaissance, il n’existe pas de créature humaine qui soit aussi humble et aussi vénérée que la Vierge Marie. Outre le “Magnificat”, merveilleux cantique que nous venons d’entendre et qui est repris à chaque office de vêpres par des milliers de personnes, laïcs, prêtres, religieuses ou religieux, je n’ai relevé que cinq paroles de Marie dans les Évangiles.
         Marie la servante, disponible au dessein de Dieu, qui veut devenir l’un d’entre nous, en tout point semblable, hormis le péché. Elle cherche, comme pour l’aider, à connaître par quel moyen va se réaliser ce projet : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme » Lc 1, 34. Une fois éclairée par l’ange, elle donne un oui total : « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ! » Lc 1, 38.  Marie permet ainsi à Dieu de réaliser ce Mystère de l’Incarnation, où son Fils demeure pleinement Dieu, tout en devenant pleinement homme.
         Marie louant son Seigneur : Le cantique du Magnificat est entièrement centré sur Dieu et ce qu’Il réalise en elle.
         Marie ne s’évadant pas de notre condition humaine. Non seulement elle évolue dans un monde violent qui a ses propres lois (massacre des saints innocents, passion de son Fils), mais elle éprouve en elle questionnements, angoisse : Lorsqu’elle retrouve Jésus au Temple après deux jours de recherche : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés ! - « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » » Lc 2, 48-49. Luc nous rapporte que Marie et Joseph ne comprirent pas la réponse de Jésus. Cette incompréhension se poursuivra plus tard au sein de sa famille, lorsque Jésus aura commencé sa prédication : « Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère? Et mes frères ?"  Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères.  Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère." » Mc 3, 31-35
                  Marie, attentive aux besoins des hommes et sûre du pouvoir de son Fils. A Cana, s’adressant à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » A la réponse étonnante de Jésus : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore arrivée ». Elle poursuit, assurée : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » Jn 2, 2-5.
                   Marie, compatissante. Quand l’heure de son Fils est venue, elle est là, impuissante au pied de la Croix : « Jésus donc voyant la mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à la mère: " Femme, voici ton fils."  27 Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Jn 19, 26-27.
                   Marie présente à L’Église naissante. Elle est assidue à la prière avec les Apôtres, de quelques femmes et des frères de Jésus. Elle se trouvera avec eux, tous ensemble, à Pentecôte pour recevoir le don de l’Esprit Saint qu’elle avait déjà accueilli en elle à l’Annonciation. Ac 1, 14 et 2,1.  
                  Oui, Marie, discrète, humble servante « bénie entre toutes les femmes… Toutes les générations te diront bienheureuse »
                   Marie, Toi la Femme, n’es-tu pas celle que nous présentait l’Apocalypse, mettant au monde un enfant mâle qui doit mener toutes les nations… ? N’es-tu pas celle qui reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert ? N’es-tu pas celle que la Tradition nous présente s’endormant au milieu des Apôtres pour être enlevée au ciel comme quelques grands personnages de la Bible : Hénoch, le patriarche, enlevé, car « il suivait les voix de Dieu » Gn 5,23. Élie le prophète, qui monta au ciel dans la tempête sur un char de feu : 2 Roi 2, 11 ; peut-être Moïse, qui mourut face à la Terre Promise et dont on ne retrouva jamais la tombe : Dt 34, 6.
                  Marie, sois présente à nos côtés pour nous élever vers ton Fils, maintenant et à l’heure de notre mort,    AMEN !