jeudi 27 février 2020

HOMELIE 1er DIMANCHE CAREME– Année A "Les Tentations du Christ" Mt 4,1-11 - 1er Mars 2020


HOMELIE 1er  DIMANCHE CARÊME– Année A -Mt 4,1-11
1er  Mars 2020

Les tentations du Christ nous montrent le combat qu’Il reprendra à l’agonie (le grec agônia , veut dire précisément “lutte”). Cela peut nous aider à “être tentés sans succomber à la tentation”.
1ère Tentation : Jésus a faim  Comme les hébreux dans le désert, Jésus est éprouvé : Comment réagit-il ? Il se réfère à la Parole de Dieu, celle précisément qui donne le sens de l’épreuve que les hébreux traversent. : Dt 8, 3 “ Il t'a humilié, [mot à mot, en hébreu : “t’a rendu pauvre”, “anav” même racine que anavim, “les pauvres de Dieu”],  il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n'aviez connue, pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé”.  
         Nos contemporains, comme nous-mêmes, sommes exposés à cette tentation de ne rechercher que les nourritures terrestres. Certains le sont en raison de leur précarité, au point que cette préoccupation les obsède dès le matin ; d’autres plus aisés, sont avides de confort et de moyens de plus en plus grands ou sophistiqués, jamais satisfaits, tant est vaste dans nos pays riches, le champ des biens proposés et accessibles. Jésus nous sauve d’un horizon bouché sur l’ “avoir” : par amour, nous sommes parfois tentés de donner des choses au lieu de nous donner nous-mêmes. Jésus nous rappelle que nous sommes appelés à “être”, pour nous donner et accueillir ; et pour “être”, il faut se nourrir de Celui qui EST par excellence et qui s’est fait Pain de la Parole et Pain de vie, qui nous sont offerts aux deux tables de l’Eucharistie. N’est-ce pas ce que Jésus Lui-même nous a appris à demander, dans le Notre Père, le pain “supersubstanciel”, l’Eucharistie, indiquera Tertullien, théologien en l’an 200 dans son traité sur la prière, ch. 6, mais aussi St Cyprien de Carthage, Origène en 250 et Benoît XVI.
Deuxième tentation Cette fois-ci, le tentateur pousse Jésus à provoquer Dieu: il s’agit bien alors de la tentation de Dieu. Elle est bien courante dans la Bible : tenter Dieu, c’est le mettre au défi d’intervenir pour qu’Il prouve son existence. C’est ce qu’ont fait les hébreux dans le désert. Le lieu par excellence de cette tentation est Massa, où le peuple meurt de soif et se rebelle ;  pourtant Dieu leur avait fait passer la Mer Rouge, avait adouci l’eau à Mara, leur avait donné les cailles puis la manne : Ex 17, 7 :  « [Moïse] donna à ce lieu [Rephidim] le nom de Massa [en araméen, tentation, épreuve ] et Mériba,  parce que les enfants d'Israël avaient contesté, et parce qu'ils avaient tenté Yahvé, en disant:    « Yahvé est-il au milieu de nous ou n’est-il pas ?
         Tenter Dieu peut se faire de deux façons. Ou bien on Lui désobéit pour tester sa patience et voir s’Il va intervenir, ou bien on use de sa bonté dans un but intéressé. Mais plus cachée  est l’attitude de beaucoup de nos contemporains qui mettent en doute l’existence de Dieu face aux malheurs partout présents sur notre planète (morts prématurées, cataclysmes, souffrances des innocents…). Ne nous arrive-t-il pas quand les choses ne vont pas comme nous le souhaiterions et qu’une épreuve sérieuse se présente, d’en vouloir à Dieu ? Jésus pose un interdit absolu face à Dieu, que nous connaissons si mal et “ dont les pensées ne sont pas nos pensées, et les chemins ne sont pas nos chemins” Is 55, 8. Jésus Lui-même ne nous a-t-Il pas appris à demander dans le Notre Père: « Ne nous laisse pas te provoquer », que nous prions actuellement avec une expression « ne nous laisse pas entrer en tentation », meilleure que la précédente, qui était : « Ne nous soumets pas à la tentation » (puisque Dieu ne tente jamais personne écrit saint Jacques dans sa lettre : Jc 1, 13),  mais qui n’est pas encore la traduction de la demande.
La troisième tentation : Le tentateur propose à Jésus de l’adorer, en contrepartie d’un pouvoir tout puissant sur le monde (qu’il n’a d’ailleurs pas, mais il est menteur et père du mensonge, dira Jésus (Jn 8,44). Qu’est-ce qu’adorer, sinon reconnaître de façon absolue quelqu’un et se soumettre à lui. Les hébreux ont connu, eux aussi, cette tentation au désert : Le peuple demande à Aaron de lui faire un dieu et il façonne un veau d’or (cf. Ex 32, 1-4). Et pourtant Dieu leur avait dit : Ex 20, 1 “Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.” ». Quels sont nos petits ou grands dieux ? Quelles sont nos idoles ? Choses ou personnes, d’ailleurs, pour lesquelles nous sommes prêts à sacrifier beaucoup ? Sont-elles compatibles avec un véritable amour de Dieu qui est premier ? Que fait Jésus ?  v. 10 : «  Jésus lui dit: Retire-toi, Satan! Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.  Il se réfère aux paroles du Deutéronome : Dt 10, 20.
         De fait, s’Il nous demande d’adorer Dieu seul, c’est que Dieu seul est adorable, parce qu’Il n’est qu’Amour et que  seul le véritable amour renonce à toute forme de domination ou de demande de soumission qui aliénerait l’adorateur ; mais tout au contraire, il recherche son bien. Jésus chasse Satan [en hébreu : “adversaire, ennemi”]. Ne nous a-t-Il pas appris à demander dans le Notre Père à prier Dieu qu’Il nous délivre du Malin, du Satan ? Ainsi le Fils de Dieu, véritable Israël tenté dans le désert, nous enseigne comment combattre le prince de ce monde en restant près de Dieu, gardant sa Parole.
Bon Carême en préparation à Pâques, libérés par le Christ ! AMEN

mercredi 19 février 2020

HOMELIE 7ème Dimanche Ordinaire A. "Si on te frappe sur la joue droite...." - Mt 5, 38-48 - 23 Février 2020


HOMELIE  7ème Dimanche Ordinaire A. Mt 5, 38-48
23 Février 2020
Mt 5,39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre” “Si vous enseignez cela à mon gamin, je le retire du catéchisme” nous dit un jour une maman au cours d’une réunion de parents d’enfants de CE2 dont le thème de la leçon était : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. C’était la première fois que je me trouvais devant une attitude de refus catégorique qui pouvait être lourd de conséquences pour l’enfant et sa famille…et peut-être aussi pour les autres parents. Mais au fond de moi-même, je rejoignais cette “rébellion”, car ce que demandait Jésus relevait de l’héroïsme avec une pointe de soumission, voire de lâcheté, que la maman avait exprimé, comme pour s’excuser : “Je ne veux pas que mon fils devienne une carpette !”
                   Je connaissais les interprétations qu’en donnaient les grands spirituels, voulant exprimer à quel degré d’amour le disciple du Christ devait s’élever (ou s’abaisser ?) pour faire comprendre à son agresseur qu’il n’avait aucune haine envers lui, mais seulement de l’amour, qui excluait toute forme de violence ; je connaissais le style imagé, oriental de Jésus, qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre ; je connaissais le commentaire des exégètes qui disaient que lorsque quelqu’un prononçait un blasphème, il était giflé sur la joue droite : il fallait donc que les premiers chrétiens, qui proclamaient que Jésus était Dieu, s’attendent à être giflé ainsi et même, qu’ils maintiennent leur affirmation en tendant l’autre joue… Ou même, l’interprétation cocasse d’Origène, Père de l’Eglise, qui observait finement que pour frapper quelqu’un sur la joue droite, il fallait être gaucher, et donc qu’il n’y avait pas beaucoup de chance que l’on puisse mettre la parole à exécution ! Mais comment expliquer tout cela à cette maman ? Après un court temps de silence pour accueillir cette question et demander au Seigneur de m’inspirer, il me vint à l’esprit de partir du thème de la leçon : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. Je lui répondis ainsi :
“Lorsque Jésus demande quelque chose à ses disciples, il est en général le premier à le faire. Aimez vos ennemis : c’est ce qu’Il fait envers ses bourreaux. Par contre, lors de sa Passion, le serviteur du grand prêtre le gifle en lui disant : “ Est-ce ainsi que tu réponds au souverain prêtre?”  Que fait alors Jésus ? Présente-t-Il l’autre joue ? Non ! Mais Il s’adresse à lui en disant : Si j'ai mal parlé, fais voir ce que j'ai dit de mal; et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu? Jn 18, 22-23. Je crois que vous pouvez laisser votre enfant au catéchisme, mais en lui apprenant à prendre de la distance face à son agresseur (très dur ! je le sais) et en essayant d’aimer comme le Christ qui a aimé ce serviteur. Comment ? Il a “mis son agresseur en responsabilité” : lui qui s’est laissé emporter par un zèle mal placé, plein de haine et qui l’avilit : “Justifie ton geste ” semble lui dire Jésus ! “ Sois responsable et tu éviteras de te mettre dans cet état-là”. Un peu plus tard, en lisant le livre de Marie Balmary, “Le sacrifice interdit” (Edition Grasset), je suis tombé sur le passage qui aborde ce texte, pp.186-187. Il est interprété par cette psychanalyste qui connaît également l’hébreu et le grec. A ma grande surprise, elle révèle le non-respect de la signification du terme “autre” qui est utilisé dans le texte grec. Le grec dispose de deux termes pour exprimer autre : “L’un, l’autre” dans une relation duelle, par exemple : “Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; (étéron) ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. (étérou) Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon”. Mt 6, 24. C’est ce que nous devrions avoir ici : la joue droite, l’autre (étéren). Or nous avons “allen”, qui est l’autre terme pour dire autre, mais au sens de différent, autrement, en somme l’altérité. Il faudrait alors traduire la parole de Jésus de la façon suivante : “Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui autre choseAutrement dit : présente-lui une alternative, avec le but de le faire sortir de sa violence en le “responsabilisant”. N’est-ce pas exactement ce qu’a fait Jésus envers le serviteur du grand prêtre ? Cette interprétation n’exclut pas les autres plus traditionnelles, exégétiques ou mystiques, qui partent de points de vue différents et qui peuvent enrichir, à leur façon, notre accueil de la Parole de Dieu. Mais je pense qu’il est bon de proposer aussi celle-ci, qui a le mérite de respecter l’ensemble des Evangiles en se fixant sur son modèle, Jésus-Christ, et en évitant les fausses pistes du jeu pervers de la violence : Jésus, qui est le “Chemin et la Vérité et la Vie”, enseigne une autre voie qui fait grandir parce qu’elle appelle à la responsabilité.           AMEN !                                                                       

jeudi 13 février 2020

HOMELIE 6ème Dimanche Ordinaire A. Fidélité dans le mariage - Mt 5, 17-37 16 Février 2020


HOMELIE  6ème Dimanche Ordinaire A. Mt 5, 17-37
16 Février 2020

                S’il y a une question qui fait difficulté dans l’Église et le monde d’aujourd’hui, c’est bien la question de la fragilité de l’union conjugale. Nous connaissons tous et côtoyons des personnes issues de couples séparés, divorcés ou divorcés-remariés : elles souffrent bien souvent et nous souffrons avec elles. L’Évangile de ce jour, entre autres recommandations de Jésus, y fait allusion : « Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation » (sous-entendu, pour que tous les deux soient libres, pouvant envisager une nouvelle union). Et Jésus d’affirmer : « Eh bien moi je vous dis : tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
                   Fort de cette injonction du Christ, beaucoup de gens et de chrétiens, soit se révoltent, soit adoptent une attitude de distance, voire de rejet de ces personnes en situation de rupture conjugale. Jean-Paul II, en 1981, dans son exhortation apostolique “Familiaris consortio”, traitant des “tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui” aborde ces questions. Il distingue le cas des personnes séparées ou simplement divorcées civilement, sans qu’il y ait une nouvelle union contractée, d’avec les divorcés remariés. Voici ce qu’il écrivait au sujet des premiers : « La solitude et d'autres difficultés encore sont souvent le lot du conjoint séparé, surtout s'il est innocent. Dans ce cas, il revient à la communauté ecclésiale de le soutenir plus que jamais, de lui apporter estime, solidarité, compréhension et aide concrète afin qu'il puisse rester fidèle même dans la situation difficile qui est la sienne ; de l'aider à cultiver le pardon qu'exige l'amour chrétien et à rester disponible à une éventuelle reprise de la vie conjugale antérieure »
   « Le cas du conjoint qui a été contraint au divorce est semblable lorsque, bien conscient de l'indissolubilité du lien du mariage valide, il ne se laisse pas entraîner dans une nouvelle union, et s'emploie uniquement à remplir ses devoirs familiaux et ses responsabilités de chrétien. Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Église ; celle-ci doit plus que jamais lui apporter une aide pleine de sollicitude affectueuse, sans qu'il y ait aucun obstacle à son admission aux sacrements. » n°83
                   En ce qui concerne les divorcés remariés, voici ce qu’il recommande : « Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Église, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, a assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, a apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Église prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance ! » n°84
         Les divorcés remariés ne sont donc pas excommuniés, c'est-à-dire en-dehors de la communion ecclésiale. Cependant, l’Eucharistie étant le signe par excellence de l’Alliance d’Amour du Christ avec l'Église, comme le sacrement de mariage en est lui-même le signe, il est demandé à ceux qui ont rompu leur alliance en contractant une nouvelle union de ne pas communier au Corps du Christ.
                   La situation des divorcés remariés est épineuse pour l'Église catholique qui veut à la fois manifester la miséricorde Jésus, en pleine communion avec son Père, et défendre le principe de l’indissolubilité du mariage tel qu’Il l’a demandé. C’est une ligne de crête délicate à suivre entre la compréhension et l’accueil des personnes dans leurs situations souvent douloureuses et l’exigence de leur engagement pris devant Dieu, leurs témoins et leurs familles en vue de la croissance de leur amour mutuel et de celui envers leurs enfants. Seul l’Esprit Saint pourra nous faire trouver une réponse sans doute différente pour chacun, mais qui respecte la Parole du Christ : alors prions-le de nous éclairer et de nous rendre respectueux et  accueillant à toutes ces personnes et prions pour eux, leurs enfants. En abordant cette question, le Synode de la Famille qui s’est réuni par trois fois depuis 2014 a donné ses conclusions au Pape François qui nous fera part de ses réflexions et vraisemblablement décisions qui ne seront évidemment pas en contradiction avec les paroles du Christ mais en accord avec sa miséricorde.
AMEN !

jeudi 6 février 2020

HOMELIE 5ème Dimanche Ordinaire A. "Vous êtes le sel de la terre...vous êtes la lumière du monde" -Mt 5, 13-16 - 9 Février 2020


HOMELIE  5ème Dimanche Ordinaire A. Mt 5, 13-16
9 Février 2020


“Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde…”  Rien que çà !
N’allons pas penser que Jésus nous invite à quelque prétention. Ce n’est pas son habitude de mettre ses disciples en avant. Ceci étant dit, Jésus ne prend pas n’importe quelles images : le sel, la lumière.
Le sel : celui, qui, bien dosé, (attention aux problèmes de poids et cardiaques !) donne le goût et la saveur aux aliments ; mais il est aussi celui qui permet de les conserver, leur évitant la corruption : les salaisons, les poissons salés…harengs ou bacalao…Le sel aide à faire fondre le verglas, brûle également et nettoie en purifiant.
Dans la culture biblique, le symbolisme allait encore plus loin. Lorsqu’on présentait des offrandes à Dieu, on les salait, pour les purifier de toutes souillures : « Tu saleras toute oblation que tu offriras et tu ne manqueras pas de mettre sur ton oblation le sel de l'alliance de ton Dieu; à toute offrande tu joindras une offrande de sel à ton Dieu » Lv 2, 13. Mais aussi pour signifier que l’alliance de Dieu devait durer toujours comme le sel qui la rendait inaltérable : ”Ne savez-vous pas que Yahvé, le Dieu d'Israël, a donné pour toujours à David la royauté sur Israël ? C'est une alliance infrangible [mot à mot: “une alliance de sel”] pour lui et pour ses fils.” 2 Ch 13,5.
Ainsi, nous recevons du Christ la mission d’être “sel de la terre”, pour que grâce à nous et surtout grâce à Lui, le monde reste dans l’Alliance avec Dieu. Mais pour que le sel fasse son effet, il faut qu’il soit mélangé aux aliments ; s’il reste dans la salière, à quoi bon ? Si nous restons entre nous, à quoi bon ?  Il faut donc que nous soyons engagés dans la réalité humaine auprès de nos proches. Etre sel, c’est tout simplement mettre en pratique ce qu’Isaïe proclamait : « Fais disparaître tout forme de joug, de geste de menace, de parole malfaisante : donne de bon cœur à celui qui a faim, comble le désir des malheureux… » Is 58,9 (1ère Lecture de ce Dimanche)
                   Alors soyons sel les uns pour les autres.

                   Jésus nous demande aussi d’être lumière. Avant d’éclairer, la lumière est un repère, comme le phare au bord de la mer. Mais bien sûr, la lumière permet surtout de voir ; elle ne se mélange pas avec son entourage, mais elle l’éclaire ; elle lui permet de distinguer, et elle permet à l’esprit de discerner ce qu’il est bon de faire. Elle ne fusionne pas avec les idées reçues ou « médiatiquement correctes », mais apporte un éclairage propre et en cohérence avec sa foi, les fondamentaux qui font vivre le disciple et son attachement aux enseignements et préceptes de Jésus qui est lumière du monde (Jn.1, 9 ; 8.12). Il nous demande d’accueillir ce don de Lui-même. Nous pourrons alors permettre  au monde de voir ce qui lui est bon, ce qui lui est essentiel et de prendre les grandes décisions pour conduire nos sociétés vers la vie et non vers la mort, vers le « Vivant » et non vers le néant. N’est-ce pas d’actualité ?
                   Témoins de Jésus qui est Lumière, soyons lumière les uns pour les autres.  
                  Si Jésus nous confie ces missions c’est qu’Il a des projets pour nous, ambitieux ou audacieux peut-être; mais en puisant dans la confiance qu’Il nous fait, Il nous donne d’oser entreprendre et de donner toute notre mesure. Cela peut même nous paraître utopique, hors de portée. S’Il nous le demande, c’est que nous pouvons le faire, chacun selon nos moyens. Nous avons un atout supplémentaire : la force d’amour qui nous anime nous vient de Dieu Lui-même : Il s’est  engagé avec nous à notre Baptême et notre Confirmation et nous a donné l’Esprit Saint.
                   Nous ne cherchons ni notre gloire, ni notre avantage personnel. On sait bien aujourd’hui que tous ceux qui se mettent au service de leurs frères ne sont pas à l’abri de critiques, des moqueries ou de jugements, malgré leur lucidité et leur générosité. Jésus, Lui, nous invite à ne pas nous en soucier,  mais, comme le dit l’évangile, à y aller “…pour que les hommes, voyant ce que vous faites de bien, rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux”. (Mt 5, 16)
                   Alors heureux sommes-nous, “en marche” ! Jamais sans Lui, toujours avec Lui, comme dans une Histoire d’Alliance de sel, irrévocable et éternelle. 
AMEN !