jeudi 13 février 2020

HOMELIE 6ème Dimanche Ordinaire A. Fidélité dans le mariage - Mt 5, 17-37 16 Février 2020


HOMELIE  6ème Dimanche Ordinaire A. Mt 5, 17-37
16 Février 2020

                S’il y a une question qui fait difficulté dans l’Église et le monde d’aujourd’hui, c’est bien la question de la fragilité de l’union conjugale. Nous connaissons tous et côtoyons des personnes issues de couples séparés, divorcés ou divorcés-remariés : elles souffrent bien souvent et nous souffrons avec elles. L’Évangile de ce jour, entre autres recommandations de Jésus, y fait allusion : « Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation » (sous-entendu, pour que tous les deux soient libres, pouvant envisager une nouvelle union). Et Jésus d’affirmer : « Eh bien moi je vous dis : tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
                   Fort de cette injonction du Christ, beaucoup de gens et de chrétiens, soit se révoltent, soit adoptent une attitude de distance, voire de rejet de ces personnes en situation de rupture conjugale. Jean-Paul II, en 1981, dans son exhortation apostolique “Familiaris consortio”, traitant des “tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui” aborde ces questions. Il distingue le cas des personnes séparées ou simplement divorcées civilement, sans qu’il y ait une nouvelle union contractée, d’avec les divorcés remariés. Voici ce qu’il écrivait au sujet des premiers : « La solitude et d'autres difficultés encore sont souvent le lot du conjoint séparé, surtout s'il est innocent. Dans ce cas, il revient à la communauté ecclésiale de le soutenir plus que jamais, de lui apporter estime, solidarité, compréhension et aide concrète afin qu'il puisse rester fidèle même dans la situation difficile qui est la sienne ; de l'aider à cultiver le pardon qu'exige l'amour chrétien et à rester disponible à une éventuelle reprise de la vie conjugale antérieure »
   « Le cas du conjoint qui a été contraint au divorce est semblable lorsque, bien conscient de l'indissolubilité du lien du mariage valide, il ne se laisse pas entraîner dans une nouvelle union, et s'emploie uniquement à remplir ses devoirs familiaux et ses responsabilités de chrétien. Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Église ; celle-ci doit plus que jamais lui apporter une aide pleine de sollicitude affectueuse, sans qu'il y ait aucun obstacle à son admission aux sacrements. » n°83
                   En ce qui concerne les divorcés remariés, voici ce qu’il recommande : « Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Église, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, a assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, a apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Église prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance ! » n°84
         Les divorcés remariés ne sont donc pas excommuniés, c'est-à-dire en-dehors de la communion ecclésiale. Cependant, l’Eucharistie étant le signe par excellence de l’Alliance d’Amour du Christ avec l'Église, comme le sacrement de mariage en est lui-même le signe, il est demandé à ceux qui ont rompu leur alliance en contractant une nouvelle union de ne pas communier au Corps du Christ.
                   La situation des divorcés remariés est épineuse pour l'Église catholique qui veut à la fois manifester la miséricorde Jésus, en pleine communion avec son Père, et défendre le principe de l’indissolubilité du mariage tel qu’Il l’a demandé. C’est une ligne de crête délicate à suivre entre la compréhension et l’accueil des personnes dans leurs situations souvent douloureuses et l’exigence de leur engagement pris devant Dieu, leurs témoins et leurs familles en vue de la croissance de leur amour mutuel et de celui envers leurs enfants. Seul l’Esprit Saint pourra nous faire trouver une réponse sans doute différente pour chacun, mais qui respecte la Parole du Christ : alors prions-le de nous éclairer et de nous rendre respectueux et  accueillant à toutes ces personnes et prions pour eux, leurs enfants. En abordant cette question, le Synode de la Famille qui s’est réuni par trois fois depuis 2014 a donné ses conclusions au Pape François qui nous fera part de ses réflexions et vraisemblablement décisions qui ne seront évidemment pas en contradiction avec les paroles du Christ mais en accord avec sa miséricorde.
AMEN !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire