vendredi 10 septembre 2021

HOMELIE 24ème Dimanche ordinaire B. "Pour vous, qui suis-je ? - Mc 8,27-35 - 12 Septembre 2021

HOMELIE 24ème Dimanche ordinaire B. Mc 8,27-35

12 Septembre 2021

 

Pour vous, qui suis-je ?

C’est Pierre qui répond à Jésus avec cette belle profession de foi : « Tu es le Christ ! » (C’est-à-dire l’Oint de Dieu, le Messie). Mais aussitôt, Jésus défend aux disciples de parler de Lui à personne. En effet, il est encore trop tôt pour dire à tous  qu’Il est le Messie car même si tous les juifs de l’époque l’attendaient avec ferveur, ils n’auraient pas accepté, comme Pierre, un Messie tel que le décrivait  Isaïe dans la première lecture de ce dimanche (Is 50, 5-9a), qui souffrirait, serait rejeté par les anciens, les prêtres, les scribes ; qui serait tué et qui 3 jours après ressusciterait. Et Jésus devant les disciples, d’interpeller vivement Pierre : « Passe derrière moi Satan ! » "Satan" : mot hébreu qui signifie "adversaire", "accusateur", "obstacle", "celui qui fait tomber". Jésus ne fait que renvoyer Pierre à sa place : n’avait-il pas dit, en appelant ses disciples à sa suite: « Venez derrière moi ! ».

         Plus encore est le désir de Jésus de révéler l’infinie bonté de son Père, son pardon, sa miséricorde et jusqu’où va son Amour, puis qu’Il demande à son propre Fils de faire le don suprême de sa vie. Aussi peut-Il inviter à sa suite tous les disciples de tous les temps et de nous-même aujourd’hui :

 « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »

Ces paroles ne vont-elles pas à contre-courant (je dirai même "à rebrousse-poil») de tout ce qui, par ailleurs, nous est recommandé : soigner sa santé, sa réputation, ses moyens de vivre pour être autonome et faire de sa vie quelque chose de beau, d’utile ?

Sauver sa vie : mais quelle vie ?

Le texte original n’utilise pas le mot bios qui désigne la vie en soi, biologique ; l'existence; la vie relationnelle, sociale ou politique.

Il n’utilise pas non plus le mot zoë  qui désigne l’existence qui rend vivant et animé.

Il utilise le mot grec : Psukè  qui peut désigner le vital, l’âme, la vie de quelqu’un, une personne : son caractère, sa nature, son psychisme, ce qui a trait à sa psychologie, sa façon de regarder les personnes, les choses, les évènements.

Jésus nous invite quitter notre "moi", notre "ego" , dans le sens "d’égocentrisme" : tous les désirs, les sentiments, les passions, les affects, les intérêts qui sont centrés sur nous-même et qui ont été formatés par notre nature, mais aussi notre éducation, notre formation intellectuelle, notre idéologie, nos choix, nos habitudes et encore notre entourage et nos fréquentations.  Bref, Jésus nous demande d’abandonner notre "regard" pour accueillir le sien, le regard de Celui que nous présente les Évangiles, qui est à la ressemblance de son Père, bon avec tous, attentif, réconfortant, compatissant avec ceux qui souffrent, espérant avec les exclus de tout genre. Mais aussi dénonçant vigoureusement les injustices, démasquant les hypocrisies; et puis, pardonnant ; très à l’écoute de ceux qui viennent le trouver et posant les bonnes questions qui les aideront à changer et se libérer : en somme, « Celui qui est le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6

         Alors oui, vivre maintenant avec Lui, apprendre à regarder comme Il a regardé Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu, Bartimée, Nicodème. M’émerveiller comme Lui de la pauvre veuve qui mets sa piécette au Trésor du Temple, "tout ce qu’elle avait pour vivre" (Mc 12,43) et louer de ce que son Père fait comprendre les choses aux petits (Mt 11,25) ;  enfin, prendre le tablier de service pour soulager et finalement aimer comme il sait aimer.

         Prendre ma croix (pas la sienne qui serait beaucoup trop lourde pour moi) devient accepter mes contraintes quotidiennes, [fatigue des transports, ennuis de santé, exigence du travail, des horaires, des tâches éducatives et familiales, des besoins d’argent, des situations de voisinage …] : bref, tous  les renoncements imposés par l’existence ou librement choisis, parce qu’en mourant un peu à moi, je donne vie à d’autres. 

Nos pensées ne sont sans doute pas encore totalement ses pensées, mais jour après jour, en nous imprégnant de ses paroles et en contemplant Jésus dans la prière, par la grâce de son Esprit-Saint, nous convertirons notre « psukè » et nous sauverons.

AMEN !

 

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