vendredi 4 septembre 2020

HOMELIE 23ème Dimanche Ordinaire, Année A –"Correction fraternelle " Mt 18, 15-20 - 6 Septembre 2020

 

HOMELIE 23ème  Dimanche Ordinaire, Année A –Mt 18, 15-20

6 Septembre 2020

 

Dans ce très bel Évangile, il est question de la correction fraternelle. A vrai dire, pour ceux qui ont essayé de la pratiquer, elle est une démarche particulièrement délicate et risquée et les conseils de St Matthieu nous sont bien précieux, à condition de bien les comprendre, car ils peuvent à première écoute, rebuter voire scandaliser.

 

Ce qui peut rebuter :

-     C’est de se faire juge du comportement de son frère, et résonne à notre conscience cette parole du Christ : « Ne jugez pas, afin de n'être pas jugés… Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas!  » Mt 7,3-4. Et de fait, qui sommes-nous pour faire cette démarche ?

-      C’est aussi d’en parler à d’autres : il y a là comme un relent de dénonciation ou de commérage !

-     C’est enfin, la phrase de Jésus : « Qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. » Ne laisse-t-elle pas  carrément penser à une exclusion, ce qui est souvent rebutant à faire !

 

Que répondre à tout cela ?

         Lorsque Jésus demande de ne pas juger, Il dénonce l’attitude qui consiste à cataloguer quelqu’un et l’enfermer dans une catégorie. Jésus a bien jugé, mais non les personnes (même si parfois elles se font traiter d’hypocrites, de serpents ou d’engeance de vipères : Mt 12, 34 ; 23, 33…). Par contre, Il demande plusieurs fois de discerner, d’examiner, d’être avisés (comme l’homme qui construit sa maison sur le roc (Lc 14, 28), ou comme le serpent (Mt 10,16), ou comme les vierges sages (Mt 25,2).

                   Quant à parler à d’autres du mauvais comportement de quelqu’un, c’est bien risqué : je peux me tromper ou exagérer. Puisque l’autre nie, je dois m’assurer que mon discernement est bon et donc, il peut être utile et même souhaitable d’en référer à un ou plusieurs frères ; et en cas de nouvel échec, à la Communauté toute entière. Tout doit se faire dans le respect et l’amour d’un frère pour qu’il se détourne d’une voie qui le conduit au malheur.

         « Qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. », c’est loin d’être une excommunication, car Jésus, bien souvent, admire les païens comme la Cananéenne ou le Centurion… et mange chez les publicains : Il en a même choisi un comme Apôtre : Matthieu. Que nous dit Dieu par la voix du prophète Ezéchiel que nous avons entendu en première lecture ?  « Si je dis au méchant: "Méchant, tu vas mourir", et que tu ne parles pas pour avertir le méchant d'abandonner sa conduite, lui, le méchant, mourra de sa faute, mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang. » Ez 33,8. Cette Parole de Dieu nous rend « guetteur », solidaire du pécheur et nous oblige à essayer de le détourner de sa mauvaise conduite. Mais, si le pécheur ne veut pas y renoncer, cela pourrait nous conduire à une culpabilité très grande, celle de n’avoir pas réussi, bien que restant solidaire. 

                   A l’époque de Jésus, les publicains et les pécheurs étaient  “excommuniés” de la communauté juive. Souvenez-vous de l’aveugle-né qui, dans son bon sens d’aveugle guéri, avait déclaré Jésus “prophète” (Jn 9,17) et qui s’était fait “jeter dehors” par les pharisiens (Jn 9,34). Non, Jésus n’a jamais excommunié quelqu’un. Jésus a utilisé seulement une expression courante chez les juifs de l’époque. Et lorsque qu’un pécheur, malgré toutes les tentatives entreprises à son égard, refuse de se convertir, alors le frère, les frères ou l’Eglise, qui ont tout essayé, se trouvent déliés de leur responsabilité envers lui.

                   Jésus s’adresse donc à tous ceux qui ont humblement essayé de détourner le pécheur de sa conduite mauvaise pour qu’ils ne portent pas, en plus de la tristesse qu’ils ressentent de son refus à se convertir, une culpabilité qui les blesseraient.

 

                        Que le Seigneur nous aide à être humblement « guetteurs », solidaires avec un frère que nous pensons être en danger et à oser le trouver, après discernement et prière à l’Esprit Saint, esprit d’amour et de respect. Que nous découvrions qu’ensemble nous sommes solidaires avec Dieu-même qui prend au sérieux nos décisions car Il nous a donné le pouvoir de lier et délier. AMEN !

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