mercredi 10 septembre 2014

HOMELIE Exaltation de la sainte Croix Année A. Jn 3,13-17 14 Sept. 2014



HOMELIE  Exaltation de la sainte Croix Année A. Jn 3,13-17
14 Sept. 2014

 La Fête de l’Exaltation de la sainte Croix nous conduit au cœur du message chrétien. 
         Pourquoi parler d’exaltation ? Loin de désigner un moment euphorique, comme le mot exalté pourrait le laisser entendre, c’est à une contemplation grave et profonde que nous sommes conviés. Que faut-il regarder : un objet de supplice infâmant ? Qui, plutôt, convient-il de regarder : un homme cloué sur elle, ouvrant grand ses bras, offrant jusqu’à son dernier souffle. Mais qui est-il, celui-là ? C’est le centurion païen assistant à l’exécution de Jésus qui en donne la réponse : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu » Mc15, 39. Cette profession de foi sera confirmée par les Apôtres, témoins du Christ ressuscité et particulièrement par Thomas, le “dur à croire”. St Paul, par le bel hymne que nous avons entendu dans la lecture de ce jour nous fera comprendre le mouvement d’amour du Dieu éternel et tout-puissant. Pour manifester cet amour, Il renonce à sa toute-puissance. Il envoie son Fils Unique qui se fait humble, vulnérable, accordant à tous, jusqu’à ses ennemis la totale liberté de l’accueillir ou de le rejeter, de l’aimer ou de s’en débarrasser. Cet abaissement de Dieu est trop incroyable pour notre sagesse humaine.  « Nous annonçons Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens…mais ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » 1 Cor 1, 23-24.
         Qui aurait l’idée d’inventer un tel Dieu ? Un Dieu qui rejoint notre humanité et en particulier tous ceux qui sont au plus bas, ceux qui ne “servent à rien”, ceux pour lesquels “il n’y a pas grand-chose à attendre”. Il a vécu la situation de tous les innocents, écrasés depuis les origines et encore aujourd’hui, et Il s’est fait tout proche de ceux qui, par leurs épreuves et leurs souffrances, se sentent au fond du gouffre. A tel point que l’abbé Huvelin, je crois, disait au futur P. Charles de Foucaud : « Jésus a tellement pris la dernière place que personne ne pourra la Lui ravir ». Un Dieu qui ne triche pas avec notre condition humaine et l’assume jusqu’à la mort, et la mort du supplice de la Croix, est crédible et ne peut avoir été inventé par quiconque. Il est sûr et vrai. Voici donc notre Dieu, voici le Seigneur Dieu. Voici Celui qui est élevé au-dessus de tous par Celui qui n’est qu’Amour, Dieu le Père.
L’évangile de St Jean fait allusion à cette élévation de Jésus. Dans le désert, (Nombres 21, 8-9), les hébreux, atteints par la morsure mortelle des serpents, devaient, pour être sauvés, regarder le serpent d’airain que Moïse avait fait dresser sur l’ordre de Dieu. « Quiconque se retournait était sauvé non par l’objet regardé mais par Toi, le Sauveur de Tous » Sg 16,7 Ainsi s’exprimait l’auteur du livre de la Sagesse. Ainsi en est-il pour nous lorsque nous regardons Jésus sur la croix. Il ne s’agit pas d’un geste magique mais, d’un acte de foi en Celui qui est l’amour absolu qui se donne à nous aujourd’hui encore. « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi » Jn 12,32. Nous pouvons alors, petit à petit, comprendre son amour pour nous : il est fait d’un immense respect de notre liberté, et sollicite notre foi : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par Lui  la vie éternelle » Jn 3, 14-15.
         N’est-ce pas ce don qui nous est, non seulement rappelé à chaque Eucharistie, mais rendu actuel par la présence réelle et active de Celui qui se livre encore à nous et nous aide à traverser toute sorte d’épreuves, de souffrances, de renoncement à notre propre égoïsme. Il nous apprend sa façon d’aimer. Nous pouvons le rejoindre, Lui qui nous élève vers le Père. Voilà pourquoi l’Eucharistie est le sommet de la vie chrétienne et que la Croix, loin de nous faire rougir, nous indique le chemin vers la vie.
         Que nous soyons heureux de porter nos petites croix “non pas comme un bijou", rappelait Benoit XVI lors de sa visite à Paris en 2008, mais "comme un signe visible et matériel de ralliement au Christ" ; ces croix qui sont “témoin muet des douleurs des hommes et en même temps, l’expression unique  et précieuse de toutes leurs espérances”
         AMEN !

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