mercredi 15 mars 2023

HOMÉLIE 4ème Dimanche Carême. A. « L’aveugle-né » Jn 9, 1-41 - 19 Mars 2023

 

           HOMÉLIE  4ème Dimanche Carême. A. « L’aveugle-né » Jn 9, 1-41

19 Mars 2023

«…Vous êtes devenus lumière » Ep 5,8.

Merveilleux récit qui nous présente une palette de personnes réagissant à une intervention divine.

Nous avons le personnage central, cet aveugle de naissance, rencontré par Jésus sur son passage. Il subit les interrogatoires inquisiteurs des ennemis de Jésus et leur répond avec un bon sens désarmant et même malicieux ! Lorsqu’on lui demande qui est celui qui l’a guéri, l’aveugle parle d’abord de “l’homme qu’on appelle Jésus” ; puis, il le désigne comme un “prophète” en le qualifiant comme “l’homme qui vient de Dieu”. Enfin, il le reconnaît comme “le Seigneur”. D’une ignorance totale de Jésus, il va jusqu’à professer sa foi en Lui ; d’une situation d’aveugle de naissance qui vient de guérir, il dit : « Maintenant, je vois »v.25 [voir avec ses yeux de chair blepô, blepw] mais plus loin, lorsque Jésus lui demande s’il croit au Fils de l’Homme, il s’entend dire de sa part : « Tu l’as vu »v.36 [voir dans le sens de comprendre : eôrakas, « ewrakaϛ »de ophtalmo, “oftalmw]. Il comprend alors que celui qui est devant lui est Dieu, et il se prosterne devant Lui.

Il y a ensuite les pharisiens que ce signe miraculeux de la guérison d’un aveugle-né contrarie parce qu’il a été accompli le jour du Sabbat. Dans leur conception étriquée de la Torah, ils ne “voient” pas ; ils oublient que Dieu a donnée la Torah à Moïse pour libérer les hommes de toute forme de servitude. Malgré les dires de l’aveugle-né, malgré leur enquête auprès des témoins et des parents de l’aveugle, ils refusent l’évidence et s’enfoncent de plus en plus dans leur aveuglement : leur péché demeure !

Je ne dis rien de l’entourage de l’aveugle qui s’interroge, mais ne se mouille pas devant le risque d’être exclu de la Synagogue.

Enfin, il y a les Apôtres. Jésus va également leur ouvrir les yeux. Le récit commence par leur question, reflétant la croyance (qui se manifeste encore de nos jours) selon laquelle les maladies, les accidents, les malheurs seraient les fruits du péché. « Qui a péché : lui ou ses parents ? » demandent les Apôtres. « Ni lui, ni ses parents n’ont péché ! » Répond Jésus de façon claire et nette. A cette fausse conception qui laisse penser que Dieu punit les mauvais et récompense les bons, et donc que s’il y a punition, il y a eu nécessairement faute, Jésus va modifier leur image de Dieu. A la place d’un Dieu vengeur et punisseur, il présente un Dieu qui sauve les hommes, « qui ne regarde pas les apparences mais regarde le cœur » (1ère Lecture, 1 S 16,7)

 « Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui » v.3. Jésus réalise ce projet, par un geste symbolique, faisant de la boue avec sa salive (cela ne vous évoque-t-il pas Dieu façonnant Adam à partir de la terre “adamah” en hébreu). Il va comme re-créer sa créature blessée, mais plus encore la faire accéder à la foi en son créateur-sauveur. « Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour » v.4. Remarquez que Jésus dit “nous” s’adressant à ses Apôtres et les associe à sa tâche. Voilà bien la mission que Jésus nous confie aujourd’hui encore : éclairer de notre foi tous ceux que Jésus met sur notre “passage”. Préparations aux sacrements, aux obsèques, catéchèse à tous âges, visites aux personnes âgées, aux gens seuls ou aux malades, et tant d’initiatives personnelles en voisinage, en loisirs, au travail ou à l’école : ne sont-elles pas autant de mises en pratique de cette vocation que nous avons reçue au Baptême, que les premiers chrétiens appelaient également “illumination” ? Et qu’aujourd’hui les catéchumènes expriment à l’occasion de leur deuxième scrutin. La lumière, nous la recevons du Christ-Jésus, comme le rappelait St Paul dans la 2ème lecture : « Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière - or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité –et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur » (Ep 5,8).

Combien il nous est nécessaire, “renonçant aux activités des ténèbres”, (Ep 5,11) de nous tourner vers Jésus : de contempler et de s’imprégner de ses attitudes, de ses paroles ; puis dans un appel inlassable à l’Esprit-Saint, nous laisser guider, jour après jour, dans nos projets, nos comportements, nos paroles, afin d’être lumière à notre tour.         

AMEN !

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