vendredi 22 mai 2020

HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A PRIERE SACERDOTALE DE JESUS (Jn 17, 1b-11a) - 24 mai 2020


HOMELIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A
24 mai 2020

« La prière sacerdotale de Jésus » (Jn 17, 1b-11a)

        « Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné… ».
Voilà des paroles de Jésus qui, au premier abord, peuvent paraître étranges, voire même sectaires !
         Il faut les replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a célébré la Sainte Cène avec les disciples et Il se rend au Jardin des Oliviers où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le Vendredi-Saint, Il aura donné sa vie sur la croix. Il aura donc quitté ce monde, mais les disciples, eux, resteront dans ce monde.
         Quant Jésus parle du monde, de quoi parle-t-Il ?
St Jean emploi le mot “Cosmos”, [qui vient du verbe grec “Kosmeo” : ordonner, agencer]. Il désigne non seulement l’univers, comme dans notre langue française, mais le lieu où vivent les humains.
Dans l’usage qu’en fait l’évangéliste, le monde est d’abord synonyme de toutes les forces hostiles à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu le théâtre des méfaits du “prince de ce monde”, le malin ; plus encore, le monde est tombé en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni Jésus, ni ses disciples, ni même l’être humain en tant que tel. Il ne cesse de le défigurer et de le réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a pas pu prier pour ce monde, celui du malin.
Paroles irréelles, d’un autre temps ?
La pandémie que nous vivons nous oblige à repenser la manière dont le monde est géré par plusieurs  systèmes économiques et politiques qui produisent des injustices, des souffrances révélant  un monde profondément déshumanisé. On peut légitimement penser que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit de toute puissance et de domination, de convoitise, de mensonge et de perversion du prince de ce monde . De ce monde, ne nous arrive-t-il pas parfois  d’en être ?

Cependant, l’évangéliste présente également le monde comme l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le visiter dans sa profonde détresse. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » Jn 3, 16.
Croire, c’est partager la bienveillance de Dieu sur tout être humain et le respecter, depuis sa conception, jusqu’à sa mort, en lui donnant les conditions matérielles, psychologiques, morales et spirituelles décentes pour le cours de sa vie.

Quant à la “vie éternelle” que Jésus promet, ce n’est pas seulement un temps infini qui se situerait après la mort : c’est un état dans lequel il nous est possible, dès à présent, de demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous sauve de l’esprit du monde et rend notre vie libre, joyeuse, en communion avec les autres et avec Dieu.

A cette vie éternelle, Jésus associe la Gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit “kavod”, désigne dans la Bible ce qui est dense, lourd [“kaved” en hébreu], ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement et allant jusqu’au don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde, permettent de triompher des forces du mal.

Il n’est pas si facile de vivre ainsi et c’est pourquoi Jésus prie pour ceux qui ont à rester dans le monde sans être du monde, gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous permettra d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il recrute toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il aime tellement. Alors, qui que nous soyons, osons le suivre !
AMEN !

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