mercredi 3 octobre 2018

HOMELIE 27ème Dimanche ordinaire B. « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » - 7 Octobre 2018. Mc 10, 2-10


HOMELIE 27ème Dimanche ordinaire B.
7 Octobre 2018. Mc 10, 2-10

« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Question délicate que l’on pose encore bien souvent à l’Eglise catholique sous la forme suivante : « Pourquoi l’Église ne reconnaît-elle pas le divorce ? ». Il faut, comme le demande Jésus dans le même passage d’Évangile, accueillir les paroles du Royaume de Dieu avec un cœur d’enfant, confiant dans l’immense miséricorde divine.
En bon rabbin, Jésus répond à la question par une autre question : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils le savent bien : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation » ainsi les deux seraient déliés de leur engagement matrimonial et pourraient se remarier. Mais Jésus commente aussitôt : « C’est en raison de l’endurcissement de votre cœur… ».
Jésus donne la raison de cette loi, mais il entraîne vers une autre manière de voir les choses. «[En hébreu, Bereshit, de Rosh, la tête] Au commencement…à l’origine…en tête…dans la pensée, l’intention de Dieu…qu’y avait-il ? » Il y avait l’homme et la femme, créés à son image et ressemblance, capables, par l’amour qui les unit, de révéler l’amour invisible mais pourtant bien réel de Dieu. Ils recevaient la vocation de manifester l’amour de Dieu qui donne et qui accueille sans cesse. Etre un.
Certes, Jésus sait bien que ce n’est pas toujours facile de répondre à cet appel et que chacun en amour peut à certains moments vivre un sentiment de frustration, d’échec. Mais n’y a-t-il pas bien des domaines, autres que la vie conjugale, où les échecs à vivre l’Évangile peuvent se produire ? Quand il s’agit de pardonner, de partager, de refuser tout mensonge, toute combine, toute forme de violence en paroles ou en actes, etc… Cela ne remet  pas en cause les intentions de Dieu : son appel à la sainteté en vivant l’Évangile et en particulier, en faisant grandir un amour conjugal qui doit s’épanouir dans la durée et l’engagement pour la vie est toujours là : Il nous fait confiance. A nous de vivre avec Lui.
Ce faisant, pour aider à mieux comprendre ce qu’est l’amour conjugal, Jésus ajoute une parole qui au premier abord peut paraître tranchante et définitive : « Donc, ce que Dieu a uni, l’homme ne le sépare pas ! » En fait, bien traduite, cette parole peut considérablement éclairer l’engagement qu’Il demande. Il est écrit dans le texte original grec, mot à mot : « Ce que Dieu a mis sous le même joug ». Le mot utilisé par l’Évangéliste Marc (comme Matthieu d’ailleurs) est unique dans tous les Évangiles. C’est donc qu’il n’a pas été choisi au hasard. Le Joug : Çà évoque plutôt pour nous quelque chose de pénible : un vainqueur qui soumet, écrase, tyrannise un vaincu. Mais le sens premier de ce mot est tout autre : joug : “pièce de bois servant à atteler une paire d’animaux de trait” écrit l’encyclopédie de Larousse.
                   Joug vient du grec :  zugon, et a pour racine Indo-européenne “yug”  qui signifie “atteler” (il est de la même famille que yoga, qui en sanscrit signifie : “connexion”, principe philosophique et méthode pour réaliser l’unité entre le physique et le mental, l’esprit). En latin, joug se dit « jugum » : il a donné « conjugum » (“avec le même joug”) et en français « conjugal ».
                   Cette petite remarque étymologique nous oriente vers une dynamique d’unité non pas de  fusion mais de communion. Ainsi Jésus invite le couple à s’aimer d’un amour de communion. Il ne veut pas que l’un disparaisse au profit de l’autre, ou que s’établisse entre eux une relation de  “dominant/dominé”, ou encore que l’un et l’autre soient réduits à l’inconsistance. Ces situations sont à l’origine de bien des dis-fonctionnements, des souffrances, qui aboutissent à des séparations. Au contraire, Jésus invite les conjoints à se donner et s’accueillir, chacun eux-mêmes, bien vivants, se complétant, faisant naître l'autre à une vie sans cesse nouvelle et faisant naître la vie par la venue des enfants, fruits de leur amour généreux, lorsque cela est possible.

                    La première lecture du livre de la Genèse montre Dieu cherchant à l’homme « une aide qui lui correspondra » : mot à mot, écrit en hébreu cette fois-ci, deux traductions sont possibles: Il chercha un  «vis-à-vis » [on ne se découvre et grandit  que grâce aux autres] ou un « côte à côte » [on a besoin d’aide, de soutien et de compagnonnage], les deux aspects favorisant l’épanouissement et le bonheur de l’autre conjoint. Cela ne va pas, bien sûr, sans tensions ou ajustements, mais un peu comme une paire de bœufs sous le même joug, “conjuguant” leurs forces et leurs sens pour tirer des charges inimaginables. « Dieu donne aux époux cette capacité de l’impossible, d’aimer comme Dieu et d’aimer de l’amour même de Dieu » (P. Sébastien CHAUCHAT). C’est dire que le Seigneur est avec les époux pour qu’ils réussissent leur amour : n’est-ce pas cela le sacrement du mariage ?
                  
AMEN !

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