mercredi 26 mars 2014

HOMELIE 4ème Dimanche Carême. A. « L’aveugle-né » Jn 9, 1-4130 Mars 2014



           HOMELIE  4ème Dimanche Carême. A. « L’aveugle-né » Jn 9, 1-4130
Mars 2014

«…Vous êtes devenus lumière » Ep 5,8.

Dans ce récit magnifique, Jean présente toute une palette de réactions de personnes devant un signe extraordinaire que Jésus a opéré quelque temps avant sa mort et sa résurrection, la guérison d’un aveugle de naissance.
Nous avons le personnage central, cet aveugle rencontré par Jésus sur son passage. Lorsqu’on lui demande qui est celui qui l’a guéri, l’aveugle parle d’abord de “l’homme qu’on appelle Jésus” ; puis, il le désigne comme un “prophète” en le qualifiant comme “l’homme qui vient de Dieu”. Enfin, il le reconnaît comme “le Seigneur”. Au début du récit, d’une ignorance totale de Jésus, il va jusqu’à professer sa foi en Lui ; d’une situation d’aveugle de naissance qui vient de guérir, il dit : « Maintenant, je vois »v.25 [voir avec ses yeux de chair blepô, blepw] mais plus loin, lorsque Jésus lui demande s’il croit au Fils de l’Homme, il s’entend dire de sa part : « Tu l’as vu »v.36 [voir dans le sens de comprendre : eôrakas, « ewrakaϛ »de ophtalmo, “oftalmw]. Il comprend alors que celui qui est devant lui est Dieu, et il se prosterne devant Lui.
Il y a ensuite les pharisiens que ce signe miraculeux de la guérison d’un aveugle-né contrarie parce qu’il a été accompli le jour du Sabbat. Dans leur conception étriquée de la Torah, ils ne “voient” pas ; ils oublient que Dieu a donnée la Torah à Moïse pour libérer les hommes de toute forme de servitude. Malgré les dires de l’aveugle-né, malgré leur enquête auprès des témoins et des parents de l’aveugle, ils refusent l’évidence et s’enfoncent de plus en plus dans leur aveuglement : leur péché demeure !
Je ne dis rien de l’entourage de l’aveugle qui s’interroge, mais ne se mouille pas devant le risque d’être exclu de la Synagogue.
Enfin, il y a les Apôtres. Jésus va également leur ouvrir les yeux. Le récit commence par leur question, reflétant la croyance (qui se manifeste encore de nos jours) selon laquelle les maladies, les accidents, les malheurs seraient les fruits du péché. « Qui a péché : lui ou ses parents ? » demandent les Apôtres. « Ni lui, ni ses parents ! » Répond Jésus de façon claire et nette. A cette fausse conception qui laisse penser que Dieu punit les mauvais et récompense les bons, et donc que s’il y a punition, il y a eu nécessairement faute, Jésus va modifier leur image de Dieu. A la place d’un Dieu vengeur et punisseur, il présente un Dieu qui sauve les hommes : « L’action de Dieu devait se manifester en lui » v.3. Jésus réalise ce projet, par un geste symbolique, faisant de la boue avec sa salive (cela ne vous évoque-t-il pas Dieu façonnant Adam à partir de la terre “adamah” en hébreu). Il va comme re-créer sa créature blessée, mais plus encore la faire accéder à la foi en son créateur-sauveur.
« Il nous faut réaliser l’action de Celui qui m’a envoyé » v.4. Remarquez que Jésus dit “nous” s’adressant à ses Apôtres et les associe à sa tâche. Voilà bien la mission que Jésus nous confie aujourd’hui encore : éclairer de notre foi tous ceux que Jésus met sur notre “passage”. Préparations aux sacrements, aux obsèques, catéchèse à tous âges, équipes de quartier St Louis, parcours ALPHA, équipes diverses et tant d’initiatives personnelles ne sont-elles pas autant de réponse à cette vocation que nous avons reçu au Baptême, que les premiers chrétiens appelaient également “illumination” ?
          Dieu a éclairé le prophète Samuel dans sa patiente recherche d’un nouveau roi succédant à Saül : « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur » (1 S 16, 7).
Aujourd’hui la lumière, nous la recevons du Christ-Jésus, comme le rappelait St Paul dans la 2ème lecture (Ep 5,8-14).
Combien il nous est nécessaire, “renonçant aux activités des ténèbres”, (Ep 5,11) de nous tourner vers Jésus : de contempler et de s’imprégner de son comportement, de ses paroles ; puis dans un appel inlassable à l’Esprit-Saint, nous laisser guider, jour après jour, dans nos projets, nos comportements, nos paroles, afin d’être lumière à notre tour.

AMEN !

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