HOMELIE
20°Dimanche ordinaire B. Jn
6, 51-58
19.08.2018
« Comment
cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ».
S’il faut évidemment écarter toute interprétation fondamentaliste
de ces paroles, il est indispensable d’entrer dans l’intelligence de ce que
Jésus a voulu nous faire comprendre, tant Il s’implique à fond dans ces mêmes
paroles. Jésus ne s’est-Il pas engagé totalement en entrant dans l’histoire des
hommes précisément avec une chair ?
[Mais le mot “chair” dans la Bible n’est pas réduit à celui des cellules
biologiques : il désigne tout
l’être humain dans sa condition fragile. Ainsi, Jean écrit : « Le
Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » Jn 1,14]. Jésus
s’est même donné totalement jusqu’à verser
son sang en renonçant à toute forme de violence face aux désirs meurtriers
de ses ennemis.
Oui, Il a bien donné sa chair et son sang, et la réalité de ce don
du Fils de Dieu dépasse toutes nos représentations intellectuelles, mais
s’accorde à l’intelligence de notre cœur. En nous donnant sa chair et son sang,
Il nous donne la totalité de ce qu’Il
est. Lorsque nous aimons quelqu’un, notre
corps ne participe-t-il pas à l’expression réelle de cet amour, qui que
nous soyons : parents, époux, grands parents, parent/enfants et même
frères et soeurs ? De plus, le corps a pris une telle place dans notre
société, malheureusement pas toujours dans le sens de la dignité humaine, que
l’on peut même dire qu’il est devenu l’expression ultime de l’identité
matérielle de l’individu : pensons aux empreintes digitales
incontournables dans les enquêtes policières ; mais aussi le nouveau
passeport biométrique et évidemment, l’ADN !
Si bien que l’on peut dire que lorsque Jésus, au cours de la Sainte
Cène, prononce ses paroles sur le Pain, Il dit à ses disciples : « Prenez
et mangez, Ceci est mon Corps » Cela revient à dire :
« Prenez et mangez : Ceci, c’est Moi, Dieu ! » - De même,
pour le vin : « Prenez et buvez, Ceci est mon sang » Cela revient à
dire : « Prenez et buvez : c’est Moi VIVANT !»
Autre détail que révèle le texte
original. « Qui mange… » Jésus le répète plusieurs fois dans le
texte de l’évangile de ce jour. Au début, trois fois, Il utilise le mot : “Fagueïn”
que l’on retrouve, en français, dans les mots : “aérophagie”,
“œsophage”, “anthropophage”. Il signifie : manger, simplement, nous alimenter.
Puis Il utilise quatre fois le mot “trogôn” qui signifie : mastiquer, comme pour mieux assimiler la nourriture que nous prenons. C’est
d’ailleurs ce qui était recommandé aux juifs dans le “Seder”, rituel de la nuit de la Pâque où l’on consommait l’Agneau
Pascal, pour bien s’imprégner de la mémoire de la libération de l’esclavage
d’Egypte par le Seigneur.
Autrement dit, Jésus nous invite non
plus seulement à venir à Dieu, mais à
accepter que Dieu, en sa personne, vienne à nous ; à accueillir le don
total de Lui-même ! Ce qui veut dire que
nous l’invitions tout entier dans notre vie, nous nous imprégnons de Sa Vie. Cela entraîne que nous tenions la porte de notre cœur et de nos pensées grande
ouverte ; ouverte à Lui et ouverte à tous ceux qu’Il nous envoie. Et tout
cela, pour que nous ayons la Vie (Zoé,
la vie, principe d’animation, et non Bios, la vie physique) : neuf fois nommée dans le
passage d’aujourd’hui !
Ecoutons St Paul : « Ne
soyons pas insensés, mais comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur… » Evitons la folie du monde et
répondons à l’invitation de la Sagesse. « Qui est simple ?
Qu’il passe par ici ! » « A l’homme insensé elle dit :
"Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez votre
folie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence » La
véritable intelligence n’est-elle pas de manger le pain qui est la vraie
nourriture et qui donne la vie éternelle ?
« Il est le grand Mystère de la
foi ! » Oui, il est grand et nous n’avons pas fini de le contempler.
Rendons grâce à Dieu.
AMEN !
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