HOMELIE 17° Ordinaire B. Jn 6, 1-15
29 Juillet 2018.
Chères sœurs et frères, la liturgie de
cette année B ouvre une parenthèse sur la lecture de l’Évangile de St Marc, lu
tout au long de l’année, pour nous présenter l’enseignement de Jésus sur le "Pain de Vie" que nous entendrons en plusieurs séquences dimanche
après dimanche tout au long de ce mois d’Août.
Aujourd’hui, nous entendons le récit de la multiplication des pains
dans la version de l’Évangile de St Jean. Nous le connaissons bien et il se
termine par la réaction des témoins qui ont été nourris par Jésus. A la vue de ce
prodige, les gens disaient à son sujet : « C’est vraiment Lui le
Grand Prophète, celui qui vient dans le monde » Qui donc était ce
Grand Prophète tant attendu par les fils d’Israël ?
Avant de mourir, Moïse n’avait-il pas annoncé : « Le
Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi parmi tes frères, un
prophète comme moi que vous écouterez » Dt 18,15. Et voilà que
l’histoire se reproduisait :
- comme dans le désert, une foule affamée que Dieu nourrit de la
Manne ;
- comme du temps d’Élisée, où une grande famine sévissait et où le
peuple mangea et il en resta !
Dieu
veille « il donne la nourriture en temps voulu » (Ps 144, de ce
jour) et « conduit son peuple sur de verts pâturages » (Ps 22, de
dimanche dernier) : n’y avait-il pas beaucoup d’herbe à cet
endroit-là ?
Jésus devine alors qu’ils veulent en
faire leur roi : « Il se retira, tout seul [comme Moïse] dans la montagne ».
Pourquoi cette fuite ?
Parce qu’ils se trompent de prophète et au-delà, ils se trompent de Dieu.
Combien de gens aujourd’hui disent que cela ne sert à rien,
n’ajoute rien, de croire en Dieu, puisqu’Il n’intervient pas, ne se manifeste
pas ; qu’Il est même parfois dramatiquement absent !…si tant est
qu’Il existe ! Ceux-là en ont fait la cruelle expérience, qui voulaient
mettre Dieu de leur côté : « Gott mit uns », sur le ceinturon
des soldats allemands. Et par moments, lorsque les épreuves sont dures et
successives, on peut les comprendre et surtout, ne pas les juger.
Mais Dieu ne “sert” à
rien !
En échappant à la foule enthousiaste, Jésus veut l’inviter (et nous
inviter) à découvrir qui est Dieu et quel est son prophète. S’effacer après
avoir nourri tant de gens, vraiment, que cherche-t-Il ? Certainement pas
la gloire ! Il veut les mettre en appétit d’autre chose.
Vous avez remarqué que le geste qu’Il a fait avant de donner les
pains et les poissons rappelle bien sûr celui de la consécration eucharistique :
prendre les pains, rendre grâce et leur donner pour qu’ils mangent et en soient
rassasiés.
Manger : “faire corps”
avec nous. Voilà un trait de ce Dieu qui veut être si proche de nous, si
intime, qu’Il se livre totalement jusqu’à être en nous : un vrai mystère
que nous n’avons pas fini de comprendre.
Mais Paul va plus loin encore. Dans sa lettre aux Ephésiens, que
nous avons entendue aujourd’hui, il
donne un éclairage sur ce désir de Jésus. Il n’y a en effet qu’un seul Corps
et un seul Esprit. Le grand désir de Dieu ne ce manifeste-t-il pas dans
l’appel qu’Il nous adresse en nous
rapprochant les uns des autres pour former un seul Corps, même s’il faut,
et c’est bien naturel, « nous supporter les uns les autres
avec beaucoup d’humilité, de douceur, de patience », j’ajoute
d’accueil, de recherche à comprendre ceux qui nous sont différents et surtout,
de refus de juger, de poser un verdict sur quelqu’un. Comprenez bien : ce
n’est pas seulement une attitude de vie morale, c’est théologal : ça vient de Dieu, c’est répondre à l’appel
de Dieu qu’Il nous adresse à garder l’unité dans l’Esprit. Jésus
ajoutera plus tard, à la veille de sa mort : « Afin que le
monde croit ».Jn 17, 21
Quelle joie de pouvoir faire comprendre à ceux qui ont faim de toutes
sortes de biens, qu’ils peuvent être rassasiés en « faisant
corps » avec Celui qui nous donne son Esprit et nous permet de nous
aimer en vérité, évitant d’avoir encore et toujours faim de nourritures qui ne
rassasient pas.
Il faut que nous, qui désirons être ses disciples, nous le
recherchions, non sans efforts, mais combien comblés lorsque l’unité se
réalise dans le respect et l’accueil de chacun.
Que cette eucharistie nous aide encore à « faire corps »
avec le Grand Prophète, bien plus que
prophète, Notre Dieu, qui nous conduit à la vraie vie : écoutons-le !
AMEN !
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