mercredi 15 mai 2024

HOMÉLIE de Pentecôte. Année B “Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26 19 Mai 2024

 

HOMÉLIE de Pentecôte. Année B Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15 

19 Mai 2024

 

   “Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26

 

         Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, il s’appelle “Paraclet” de “para” (para)  [qui signifie “à côté”, comme parabole, un récit que l’on "jette", “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens] et de “clètos” qui signifie “appelé, convoqué” et qui vient du verbe “kaléo(kalew) appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux appelés par le Christ depuis chez eux "ek", qui font Église]. Le Paraclet est donc celui qui est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre défense.

         Mais de qui va-t-il nous défendre ? De trois ennemis.

D’abord, le monde. Dimanche dernier, Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans le monde. Pour définir le monde tel que Jésus le désigne dans ce passage (car il est aussi aimé par Dieu : Jn 3,16), on peut reprendre l’énumération de St Paul dans la lettre aux Galates (Ga 5, 16-25) que nous venons d’entendre (excellent pour un bon examen de conscience…) : ce qui est débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre (v.19-21): bref tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des fruits : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi…(v.22-23). L’esprit du monde agresse continuellement bien des aspects de la vie que les chrétiens proposent : la dérision, le mensonge,  l’hostilité, la haine et la violence sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses adversaires, ont souvent désarmés leurs accusateurs par une sagesse inspirée. Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ! » Ou de Ste Bernadette de Lourdes répondant à ceux qui l’interrogeaient sur ses récits d’apparition : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire mais de vous le dire ».

Le deuxième ennemi, c’est nous-même, lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et notre égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous n’acceptons pas nos limites, nos imperfections, parce que nous nous sommes fait une trop haute idée de nous-même, qui ne correspond malheureusement pas à la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les fruits de douceur, d’humilité et de maîtrise de soi.

Enfin, le dernier ennemi, c’est Dieu ou plutôt, l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, empêcheur de “vivre sa vie” ;  tantôt “bon-papa gâteau”, fermant les yeux sur nos méchancetés et laissant un peu tout faire. Le Paraclet nous guidera vers la vérité toute entière sur Dieu. Il nous permettra d’entrer dans l’intelligence profonde de la mission de Son Fils qui est sa parfaite image ; du don qu’Il nous a fait à tous, manifestant l’amour du Père qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer.

Plus encore : il nous fait comprendre la place que nous avons chacun dans la communauté à laquelle nous appartenons, notamment dans notre paroisse : « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7).

Il en va ainsi pour les 150 adultes du diocèse, dont cinq de notre paroisse, qui sont confirmés à la cathédrale St Louis en cette Vigile de Pentecôte.

Que l’Esprit Saint nous fassent à tous les dons adaptés à la mission que nous avons  reçue de Lui et ceux nécessaires à une vie de chrétien authentique, qui est dans le monde, mais non pas du monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ou des échanges délicats à mener à bien.

Qu’Il nous fasse vivre de manière plus résolue notre état d’homme nouveau reçu à notre Baptême !    

 AMEN !

mercredi 1 mai 2024

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B - “Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres” Jn 15, 9-17 5 Mai 2024.

 

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B- Jn 15, 9-17

5 Mai 2024.

 

“Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres”

Jésus a dit cette parole quelques heures avant sa mort sur la Croix : c’est dire que c’est un peu comme son Testament. Mais n’y a-t-il pas quelque chose d’un peu étonnant dans ce qu’Il demande ? Comment peut-on “commander” “d’aimer” ? N’est-ce pas un peu contradictoire ? Aimer ne suppose-t-il pas un élan, fait de désir, qui entraîne et engage une personne dans sa liberté ? Peut-on aimer sur commande ? Que veut donc dire Jésus ?

         Et tout d’abord, qu’est-ce qu’aimer ? La plupart du temps, nous n’utilisons en français qu’un mot pour exprimer plusieurs réalités que d’autres langues ont su mieux exprimer. Pour ne rester qu’en Europe: en anglais, “I like, I enjoy, I care for et I love” ; en allemand, “Ich habe Gern, Ich habe Gefallen ou Ich liebe” ; en espagnol : “ Te quiero, me gustas ou te amo” – 7 mots en hébreux, 28 en arabe, parait-il !

         Aimer est un sujet si important qu’il ne faut pas s’étonner que notre Pape Benoît XVI en ait fait le thème de sa première Encyclique donnée le 25 Décembre 2005 en la fête de Noël : « Deus caritas est » qui est traduit par : « Dieu est amour »

    Il présente les trois mots qui désignent les trois réalités de l’amour dans la Bible : éros, eroV"” (désir : en français, ce mot a pris une connotation sexuelle : mais il exprime le plaisir, la joie et même le plaisir de la vraie rencontre) ;  philia filia(amitié, relation gratuite, plurielle…) et agapè agaph(don de soi et accueil de l’autre, ou l’on cherche son bien, sa réussite, son épanouissement, son bonheur partagé). Benoît XVI réconcilie ces trois réalités en les présentant comme bonnes puisque voulues par le Créateur et en même temps invite à les purifier pour que nous ne tombions pas dans les contrefaçons de l’amour qui ne serait qu’égoïsme, narcissisme, enfermement sur soi et destructeur de nous-mêmes et des autres ; un amour pour lequel mes semblables ne  compteraient que dans la mesure où ils sont comme moi ou ont un intérêt pour moi

Quand Jésus parle d’aimer, Il parle de donner sa vie ou, plus simplement et quotidiennement, donner de sa vie : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis».

Alors, il y a ce mot : Commander ! Cela n’a-t-il pas un côté un peu obligatoire, autoritaire, contraignant et un rien « volontariste » ?

Le texte grec dans lequel sont écrit les Évangiles, autorise pour le mot commander la traduction : « recommander, prescrire » « en-tolè » "entolh", comme un médecin  « prescrit une ordonnance ». Il y a bien la notion « d’ordre », de forte recommandation qui s’apparente à un commandement,  mais celui-ci est laissé au bon vouloir du malade pour lequel il ne dépend qu’à lui de suivre l’ordonnance s’il veut guérir.

Dans le fond, Jésus est comme un médecin qui veut nous garder en bonne santé et « que sa joie soit en nous et que nous soyons comblés de joie ». Il nous prescrit, nous recommande de tout son cœur : "Allez à la rencontre les uns des autres et créez entre vous des relations amicales, serviables, festives, créatrices, dans lesquelles vous donnez de vos efforts, de votre talent, de votre vie pour que tous vivent mieux et soient plus heureux : et vous le serez vous aussi ! En particulier, soyez attentifs et à l’écoute de ceux qui portent des handicaps de tout genre : physiques, psychiques, affectifs, métaphysiques et même spirituels. Toute personne doit compter pour vous et votre vie sera dense pleine de sens. Et si cela peut vous paraître bien difficile dans certains cas, Je vous ai promis mon aide."

L’occasion de mettre en application cette « ordonnance de Jésus : aimez-vous les uns les autres » n’est pas réservée qu’aux couples dans leur mariage: elle est adressée à tous et nous fait tous entrer dans l’amitié avec Jésus notre Dieu. N’ayons pas peur de suivre Celui qui nous « prescrit » de nous aimer : Il nous en a montré le chemin : il conduit au vrai bonheur.

Humblement mais avec confiance, « demandons-le au Père en son Nom : Il nous l’accordera »                                   

AMEN !