mercredi 1 mai 2024

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B - “Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres” Jn 15, 9-17 5 Mai 2024.

 

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B- Jn 15, 9-17

5 Mai 2024.

 

“Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres”

Jésus a dit cette parole quelques heures avant sa mort sur la Croix : c’est dire que c’est un peu comme son Testament. Mais n’y a-t-il pas quelque chose d’un peu étonnant dans ce qu’Il demande ? Comment peut-on “commander” “d’aimer” ? N’est-ce pas un peu contradictoire ? Aimer ne suppose-t-il pas un élan, fait de désir, qui entraîne et engage une personne dans sa liberté ? Peut-on aimer sur commande ? Que veut donc dire Jésus ?

         Et tout d’abord, qu’est-ce qu’aimer ? La plupart du temps, nous n’utilisons en français qu’un mot pour exprimer plusieurs réalités que d’autres langues ont su mieux exprimer. Pour ne rester qu’en Europe: en anglais, “I like, I enjoy, I care for et I love” ; en allemand, “Ich habe Gern, Ich habe Gefallen ou Ich liebe” ; en espagnol : “ Te quiero, me gustas ou te amo” – 7 mots en hébreux, 28 en arabe, parait-il !

         Aimer est un sujet si important qu’il ne faut pas s’étonner que notre Pape Benoît XVI en ait fait le thème de sa première Encyclique donnée le 25 Décembre 2005 en la fête de Noël : « Deus caritas est » qui est traduit par : « Dieu est amour »

    Il présente les trois mots qui désignent les trois réalités de l’amour dans la Bible : éros, eroV"” (désir : en français, ce mot a pris une connotation sexuelle : mais il exprime le plaisir, la joie et même le plaisir de la vraie rencontre) ;  philia filia(amitié, relation gratuite, plurielle…) et agapè agaph(don de soi et accueil de l’autre, ou l’on cherche son bien, sa réussite, son épanouissement, son bonheur partagé). Benoît XVI réconcilie ces trois réalités en les présentant comme bonnes puisque voulues par le Créateur et en même temps invite à les purifier pour que nous ne tombions pas dans les contrefaçons de l’amour qui ne serait qu’égoïsme, narcissisme, enfermement sur soi et destructeur de nous-mêmes et des autres ; un amour pour lequel mes semblables ne  compteraient que dans la mesure où ils sont comme moi ou ont un intérêt pour moi

Quand Jésus parle d’aimer, Il parle de donner sa vie ou, plus simplement et quotidiennement, donner de sa vie : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis».

Alors, il y a ce mot : Commander ! Cela n’a-t-il pas un côté un peu obligatoire, autoritaire, contraignant et un rien « volontariste » ?

Le texte grec dans lequel sont écrit les Évangiles, autorise pour le mot commander la traduction : « recommander, prescrire » « en-tolè » "entolh", comme un médecin  « prescrit une ordonnance ». Il y a bien la notion « d’ordre », de forte recommandation qui s’apparente à un commandement,  mais celui-ci est laissé au bon vouloir du malade pour lequel il ne dépend qu’à lui de suivre l’ordonnance s’il veut guérir.

Dans le fond, Jésus est comme un médecin qui veut nous garder en bonne santé et « que sa joie soit en nous et que nous soyons comblés de joie ». Il nous prescrit, nous recommande de tout son cœur : "Allez à la rencontre les uns des autres et créez entre vous des relations amicales, serviables, festives, créatrices, dans lesquelles vous donnez de vos efforts, de votre talent, de votre vie pour que tous vivent mieux et soient plus heureux : et vous le serez vous aussi ! En particulier, soyez attentifs et à l’écoute de ceux qui portent des handicaps de tout genre : physiques, psychiques, affectifs, métaphysiques et même spirituels. Toute personne doit compter pour vous et votre vie sera dense pleine de sens. Et si cela peut vous paraître bien difficile dans certains cas, Je vous ai promis mon aide."

L’occasion de mettre en application cette « ordonnance de Jésus : aimez-vous les uns les autres » n’est pas réservée qu’aux couples dans leur mariage: elle est adressée à tous et nous fait tous entrer dans l’amitié avec Jésus notre Dieu. N’ayons pas peur de suivre Celui qui nous « prescrit » de nous aimer : Il nous en a montré le chemin : il conduit au vrai bonheur.

Humblement mais avec confiance, « demandons-le au Père en son Nom : Il nous l’accordera »                                   

AMEN ! 

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