HOMELIE
de l’ASSOMPTION. B. Luc
1, 39 - 56
15 Août 2018
La Visitation.
Cette scène de la Visitation, pleine de grâce, à y regarder de
près, a quelque chose d’étonnant, de merveilleux mais peut-être aussi de
déconcertant. Deux femmes qui portent chacune la vie d’un enfant, l’une, malgré
sa stérilité, l’autre malgré sa virginité, ont défié, par leur accueil du
dessein de Dieu, les impossibilités humaines. En effet, là où on ne l’attendait
pas, Dieu fait jaillir la vie, et quelle vie ! Celle de Jean-Baptiste, le plus grand des
prophètes de la
première Alliance et celle de Jésus, le Fils de Dieu. Ce sont deux humbles femmes, l’une toute
jeune, l’autre plus âgée, qui bénéficient de cette action divine et se
réjouissent ensemble.
Ne nous étonnons pas que l’Assomption de Marie
prolonge et
épanouisse cette “ligne de vie” tracée par Dieu Lui-même.
Quelques « enlèvements au ciel » ont déjà été mentionnés
dans la Première Alliance (que nous appelons l’Ancien Testament). En Gn
5,24 : « Hénok marcha avec Dieu, puis il disparut, car Dieu
l’enleva » et dans Si 44,16 (Ecclésiastique) : « Hénok
plut au Seigneur et fut enlevé, exemple pour la conversion des
générations » et en Si 49,14.
Hénok est devenu l’une des grandes figures de la tradition juive. Mais
il est également cité dans la Nouvelle Alliance en He 11,5 « Par
la foi, Hénok fut enlevé, en sorte qu’il ne vit pas la mort, et on ne le trouva
plus, parce que Dieu l’avait enlevé. Avant son enlèvement, en effet, il lui est
rendu témoignage qu’il avait plu à Dieu ».
Le plus célèbre de ces enlèvements fut certainement celui d’Elie,
enlevé au ciel sur un char de feu : 2 R 2,11.
Il en est peut-être encore ainsi de Moïse, mort au Mt Nébo,
face à la Terre Sainte, dont on n’a jamais retrouvé le tombeau (Dt 34,6) ce qui
est, pour le peuple de la Première Alliance le signe que Dieu l’a accueilli.
Enfin, pour Marie, une tradition de Jérusalem, antérieure au IVème siècle,
le “Transitus Virginis” ou “Dormitio Mariae”, présente les derniers instants de la vie terrestre de Marie. « Il se préoccupe de faire pressentir
au lecteur que dans le cas de Marie le corps ne subit pas les effets de la mort
dans le tombeau mais il fut porté au ciel » (http://www.mariedenazareth.com ). La mort ne peut
retenir celle qui a accueilli et chanté la Vie. Loin d’isoler Marie
de notre condition humaine en en faisant un être à part, mi-femme, mi-déesse, l’Assomption
est à comprendre comme une grâce
accordée par le lien de Marie avec Son Fils et par
son lien avec le peuple de Dieu. C’est bien parce que Jésus a été
ressuscité par le Père que Marie peut, elle aussi, bénéficier de cette Vie non
atteinte par la mort. La
première disciple de son Fils, première croyante dans le peuple de Dieu, ne
fait qu’anticiper le salut promis à tous les chrétiens. Et ce n’est sans doute
pas un hasard si ce dogme fut proclamé en la fête de tous les saints, le 1er Novembre 1950 par Pie XII.
Il
y a en chacun de nous quelque chose qui ne peut pas mourir. En Marie, c’est
son adhésion permanente aux desseins de Dieu qui permet l’essentiel. Elle est la servante du Seigneur, la servante
de la Vie, tellement accordée à Dieu qu’Il la reçoit dans ses bras.
Cet avenir, nous le préparons pour nous
lorsque nous choisissons d’être ajusté
au dessein de Dieu et que nous choisissons de donner notre vie pour les autres.
Accueillons la vie : alors nous franchirons à la suite du Christ, après
Marie, le mur de la mort.
C’est un modèle aussi pour l’Eglise
qui, elle aussi, doit se hâter vers la
vie, rejoindre les hommes dans leur désir de vivre et leur dire qu’ils ne
seront pas déçus en plaçant leur confiance en Celui qui dit : « Je
suis la Vie ». Il les conduira là où déjà se trouve Marie.
Avec elle, réjouissons-nous et louons
ensemble le Seigneur pour son merveilleux dessein ! Oui, magnifique est le Seigneur !
AMEN !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire