HOMELIE
19°Dimanche ordinaire B.
1 R 19,4-8 -Jn 6, 41-51 - 12 Août 2018
L’épreuve d’Elie
Que soupire Elie dans la première Lecture de ce Dimanche ? « Seigneur,
c’en est trop ! Prends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes
pères ! » Autrement dit : Seigneur, la coupe est
pleine : ras le bol ! Je jette l’éponge : à Toi de jouer !
J’exagère sans doute un peu, mais ne vous-est-il pas arrivé, tout
récemment de rencontrer des personnes écrasées par des épreuves
désespérantes ? De façon plus lointaine, pensons aujourd’hui aux victimes
de tous les conflits, oppressions ou calamités naturelles rendues si proches
par les médias ainsi, bien sûr, qu’aux milliers de migrants tentant de gagner
l’Europe et échouant épuisés à ses frontières …
Elie, comme Jérémie, comme Jésus, fait
partie de cette humanité épuisée : il ne s’en prend pas à Dieu, mais
souhaite que Dieu reprenne sa vie tant il souffre.
Dans sa déprime, “il s’endort” : geste symbolique
qui rappelle la mort ; [èkoïmètè
= se coucha koïmètèrion = dortoir ->
cimetière]. Mais un envoyé de Dieu, l’ange, le réveille et lui dit : « Lève-toi… »
[anastèti ! mot qui exprime la
résurrection : anastasis]. Dieu
ne l’abandonne pas : Il est un Dieu de Vie. Elie n’obtempère pas de suite : il se rendort, mais Dieu ne
se décourage pas : Il est là, à ses côtés ; Il tient à la vie de son
prophète et Il va Lui donner une nourriture qui rappelle celle de l’Exode au
désert : la manne et l’eau du
rocher. Elle le conduira, au bout de quarante jours et quarante nuits, à
la montagne de Dieu, l’Horeb (qui est aussi le Sinaï) pour le rencontrer.
Jésus, dans son discours aux gens qui
l’avaient suivi après la multiplication des pains, va proposer également une
nourriture qui conduit à la rencontre avec Dieu. Cette nourriture, c’est
Lui-même, Parole de Dieu par excellence et Pain de la vie.
Jésus dit : « Tout
homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi… » et « …celui qui croit en moi a la vie
éternelle ». Vous avez entendu : « …a la vie éternelle ».
Ce n’est pas au futur : c’est au
présent.
Quelle est donc cette vie éternelle ? Elle n’est pas une
réalité virtuelle ou seulement future, mais un don accordé dès maintenant à
celui qui met toute sa confiance en Jésus. Ce langage peut sembler irréel,
faisant fi de la mort, qui est une dure réalité. Il n’est cependant pas un
opium qui anesthésie la
souffrance. Loin d’empêcher de regarder la réalité en face,
il ouvre au contraire les yeux sur une réalité plus haute. Mais celle-ci est si
haute que nos yeux ont de la peine à la contempler. Jésus
nous invite à regarder le Père avec ses yeux de Fils. Cette contemplation nous
fait découvrir la grandeur de l’humanité. Loin de nous couper des réalités du
monde, ce regard invite à regarder le
monde avec le regard de Dieu. N’est-ce pas ce que nous propose St Paul dans
la lecture de ce Dimanche : « Vous avez reçu la marque de
l’Esprit-Saint de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre
vie tout ce qui est amertume (ressentiment
contre ce qui ne nous plaît pas), emportement (quand quelque chose ou
quelqu’un nous résiste ou n’exauce pas notre désir), colère (dans les
contrariétés), éclats de voix ou insultes (qui peuvent profondément blesser), ainsi
que toute espèce de méchanceté. Par contre, Soyez entre vous pleins de
générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns les autres, comme Dieu vous
a pardonné dans le Christ » (Ep 4, 30-32).
La vie éternelle est un don :
certes, nous avons à travailler et faire effort pour accueillir cette vie selon
l’Esprit, car Dieu ne fait jamais rien sans nous. Mais elle est un don : loin de nous laisser couchés, sans vie,
elle nous ressuscite ! Alors avec grande confiance, nous avons à la Lui
demander, et sur notre chemin vers l’Horeb, en nous nourrissant aux deux
Tables, celle de la Parole et celle du Pain de la Vie, nous l’accueillerons
et nous vivrons dans la grâce de Son Esprit-Saint, évitant de le contrister !
Que le Seigneur nous fasse prendre conscience que la vie éternelle
est déjà là. AMEN !
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