HOMELIE 22ème Dimanche Ordinaire, A Mt 16,21-27
03
Septembre 2017
"Si quelqu’un veut marcher à ma suite…"
Dimanche
dernier, Jésus avait loué Pierre inspiré par Dieu et l’avait choisi comme le
roc pour bâtir son Eglise ; aujourd’hui Il le traite de “Satan” !
Satan, en hébreu, signifie : “ennemi, adversaire” – “Diabolos” en grec : celui qui se
jette (ballos- ballon) en travers (dia-positive).
“Tu es un obstacle”, un “skandalôn”, qui
fait trébucher
“Passe derrière moi”, autrement dit : c’est moi le Maître,
je suis devant ; tu es mon disciple,
tu es derrière ; tu as à me suivre.
Pierre, comme les disciples,
comme nous-mêmes, spontanément voudrait que Jésus manifeste immédiatement qu’Il
est Fils de Dieu et donc, qu’Il a tous les pouvoirs dus à sa nature divine.
Jésus, par trois fois, n’a-t-Il pas été tenté de la même manière ? A cause
de ces faux désirs de gloire, de prodiges, de facilités qui trahiraient sa mission,
Jésus rejette cette manière de voir et accuse Pierre d’être un “satan” ! “Tes pensées
ne sont pas celles de Dieu…” faisant écho aux paroles du prophète
Isaïe : “Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes
voies, dit Yahvé. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant
mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos
pensées.” Is 55,8-9.
Jésus
annonce alors un tout autre chemin, beaucoup moins grandiose et spacieux, un
sentier étroit, un chemin de croix, fait de souffrance et qui conduit à la
mort, mais aussi à la vie définitive, la résurrection. Cette image du Messie
est étrangère aux apôtres et pourtant
conforme à celle de Jérémie et du Serviteur souffrant qu’annonçait Isaïe.
La proposition de Jésus tient toujours et rebute tout autant :
renoncer à sa “vie” (psyché). Toute la mentalité moderne, qui nous
entoure et qui imprègne nos propres réactions, nous parle d’épanouissement, de
plaisir, de liberté, de créativité, de jouissance : « Je veux vivre
ma vie ! ». Jésus propose aussi une autre manière de vivre sa vie,
qui comporte également épanouissement, plaisir, liberté, créativité et répond
bien à nos désirs de
fraternité, de justice, d’amour. Mais, pour vivre cela, il
faut suivre Jésus et apprendre comme Lui à se déposséder de soi-même pour
servir et réaliser la vraie fraternité, la vraie justice, le véritable amour
qui ne trompent pas.
Il
ne s’agit en aucun cas d’être masochiste, mais de ne pas se prendre pour le
centre de l’univers et vouloir conquérir le monde. Ecoutons encore l’extrait de
la lettre de Paul
aux Romains de ce Dimanche.
Il
exhorte “par le tendresse de Dieu”, un Dieu qui nous aime et sait ce
qui est bon pour nous…
“à lui
offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint”… Sacrifice : “sacrum facere”
autrement dit, à faire du sacré dans
notre vie et de notre vie. Comment cela ? “En ne prenant pas pour modèle le
monde présent, mais en nous transformant en renouvelant notre façon de penser
pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu” (Paul a
certainement écouté Isaïe !) “Ce qui est bon, ce qui est capable de lui
plaire, ce qui est parfait”. Voilà qui n’est pas morose et il y a de
quoi faire : on ne va pas s’ennuyer !
Comment,
aujourd’hui ne pas demander à Jésus d’être
avec nous pour le suivre ? Comment ne pas venir puiser au contact de
sa Parole, de sa manière de faire, de regarder, d’être attentifs aux
petits ; comment, à son contact dans la présence eucharistique, ne pas
acquérir les forces nécessaires pour découvrir et faire sa volonté, celle qui nous conduira à la vraie
vie ?
AMEN !
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