HOMELIE 21ème Dimanche Ordinaire, Année A – Mt 16,13-20
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Août 2017.
“Ce n’est pas la chair et le sang… »
Impensable que Pierre ait pu proclamer de lui-même : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu
Vivant !”. Impensable, parce que l’espérance juive attendait un roi
envoyé par Dieu à la fin des temps pour libérer son peuple des occupants
romains et lui permettre de vivre l’Alliance, libre sur sa Terre. Ce n’est pas indifférent
que la scène se passe en territoire païen à Césarée de Philippe, au pied du Mt Hermon : pourquoi ? Pour qu’il soit bien compris que Dieu n’est
plus lié à une Terre mais à tout l’univers et à tous ceux qui voudront bâtir,
en suivant son Fils, son “Ekklésia” [une assemblée] contre laquelle les forces
de la mort ne pourront rien.
Impensable pour un juif comme pour tout croyant qui a
découvert Dieu comme entièrement différent des hommes, le “Tout Autre”,
comme le présente St Paul dans la 2ème lecture de ce dimanche :
« Ses décisions sont insondables,
ses chemins impénétrables ! » (Rm 11,34),
que ce Dieu-là puisse se faire homme ! C’est précisément sur cet impensable-là que vient se greffer la foi chrétienne. Il y eut dans
l’Histoire Sainte bien d’autres “impensables” :
la promesse d’avoir un fils pour le vieux couple d’Abraham ; tout aussi impensable
que lui demander de l’immoler une fois que le fils est là. Impensable pour
Moïse et son peuple de traverser la Mer Rouge à pied sec. Impensable que Dieu donne
la victoire au jeune David devant le géant guerrier Goliath…et je pourrai
continuer la liste. Le
vrai croyant, comme Marie, accueille la parole qui annonce ou demande parfois
de croire l’impensable. Il l'accueille
parce que, plus puissant que l’impensable, il a la force de faire confiance à Celui
pour qui tout est possible. “Car rien n’est impossible à Dieu” dit l’ange à Marie
à l’annonciation. (Lc 1, 37).
Comment ne pas partager l’admiration de Paul
pour Dieu : “Quelle
profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! ” (Rm 11,13 - 2ème Lecture de ce dimanche)
Mais continuons dans la série des impensables. N’est-il
pas tout à fait impensable que Dieu
confie à un homme autant de pouvoirs ? En effet, dans la Bible, le pouvoir
des clefs symbolise, chez celui qui le possède, l’autorité et la domination du
roi. Dans la première lecture de ce jour, Dieu met sur l’épaule d’Héliakim [signifiant :
“Dieu a suscité”] la clef de la maison de David. La formule ouvrir/fermer
[comme lier/délier] exprime la plénitude du pouvoir. Et Jésus remettrait à un
homme fragile ce pouvoir des clefs ? Impensable ? Écoutons ce que Benoît XVI écrivait
en 1998, avant de devenir successeur de Pierre.
« Dans
l’histoire de la
papauté, les erreurs humaines et les manquements, même graves, n’ont pas
manqués ; Pierre lui-même a reconnu qu’il était pécheur. Pierre, homme
faible, fut choisi comme Roc, précisément pour qu’il fut évident
que la victoire n’appartient qu’au Christ et n’est pas la conséquence des
forces humaines »
Et lorsque Benoît XVI accepta sa
charge, il déclara aussitôt dans sa première homélie du 20 avril : “Si le poids des responsabilités qui sont placées sur mes pauvres épaules
est énorme, la puissance divine sur laquelle je puis compter est certainement
sans mesure”
Nous allons
bien sûr prier tout particulièrement pour son successeur, le pape François, afin
que son ministère sur terre soit en communion avec le ciel.
Enfin, un peu plus loin dans cet Évangile de Matthieu, chapitre 18 verset 18, Jésus promet cette autorité à
l’ensemble des disciples. N’y aurait-il pas, dans les intentions de Jésus,
de ne pas faire reposer toute la responsabilité de la vie de l’Église sur les
épaules d’un seul homme, fut-il admirable comme nous les avons connus ces
derniers temps ?
Nous
avons donc chacun notre part de responsabilité pour faire vivre et grandir l’Église : là encore, n’est-ce pas
impensable de la
part de Dieu ?
Mais y a-t-il quelque chose qui soit
impossible quand il s’agit de le faire
avec Lui ?
AMEN !
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