HOMELIE 19ème Dimanche Ordinaire, A. Jésus marche sur la mer - Mt 14,22-33
13 Août 2017
“Confiance ! Moi, Je suis ! N’ayez pas peur”
Le récit de la multiplication des pains et des
poissons, qui précède cet Evangile et que nous écoutions Dimanche dernier, a
été un grand succès et les disciples se disent qu’enfin Jésus va être reconnu
comme le Messie attendu. Les foules d’ailleurs, nous feront savoir St Jean (Jn
6,15), cherchaient à l’enlever pour le
faire Roi. Ce n’est pas comme cela que Jésus sera roi. Il contraint donc
les disciples à embarquer et à le précéder
sur l’autre rive. Ayant congédié les foules, il se rendit dans
la montagne, à l’écart, pour prier. Cela ne vous fait-il pas penser à
quelqu’un, dans la Bible, qui fait de même ? Moïse, après la manne ; Elie, pourchassé
par Jézabel, après les sacrifices du Carmel ? Tous veulent rencontrer
Dieu, seul, dans le silence de la prière.
Vers
la fin de la nuit, les disciples, loin de la terre, rament comme des
malheureux, tourmentés par les vagues, car le vent est contraire. Jésus vient
vers eux marchant sur la mer. Marcher sur l’eau,
c’est évidemment impossible : il y a donc prodige.
Mais pourquoi donc Matthieu, comme les autres évangélistes, parlent de ce lac
comme d’une mer ? (Il n’a que 13 kms de large sur 20 de long).
Parce que dans la Bible, les masses d’eau sont toujours symbole du lieu des
puissances de mort, qui veulent engloutir l’homme. Pensez aux eaux primordiales
sur lesquelles tournoie l’Esprit de Dieu qui sont néant, d’où Dieu va
faire jaillir la terre; le déluge qui engloutit l’humanité arrivée à un point
extrême de violence ; le Mer Rouge, obstacle levé par Dieu pour les hébreux, mais
tombeau pour les chars de pharaon ; Jonas engloutit par le monstre marin, mais sauvé encore
par Dieu, qui lui fait rendre sa proie ; sans compter tous les psaumes,
qui évoquent la mer qui submerge l’homme dans sa détresse.
Devant
ce qu’ils voient, les disciples n’en croient pas leurs yeux, et ils paniquent
devant ce qu’ils pensent être un fantôme, et ils poussent des cris !
Alors, Jésus leur parle : « Confiance ! Moi, Je
suis ! N’ayez pas peur ! » Moi, Je suis ! C’est ainsi que Dieu révèle son identité à Moïse. Sur
cette Parole, la foi de Pierre s’éveille et il lance un défi à Jésus : « Si toi tu es, (autrement dit, si tu es Dieu) ordonne-moi de venir à
toi » - « Viens ! » lui dit Jésus. Et Pierre fait confiance et
marche sur les eaux (à il n’est pas dit sur la mer…car Pierre ne domine pas les
puissances de mort). Mais, voyant le vent fort… Son regard
n’est plus fixé sur Jésus : il perd confiance, il a peur, il coule ! Un cri d’appel : « Seigneur, sauve-moi ! » Délicatesse de Jésus qui étend la main, le
saisit avant de lui reprocher : « Oligopistè,
homme de petite foi (comme les oligoéléments médicament de petite quantité que
prescrit le médecin), pourquoi as-tu douté ? »
Cet
épisode de la vie des Apôtres les préparent au grand passage de Jésus sur l’autre rive : sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Leur foi
sera malmenée : Pierre osera défendre Jésus à Gethsémani ; il
s’engagera à le suivre jusqu’au bout au lavement des pieds ; mais devant
la tournure dramatique des évènements, il Le reniera avant le chant du
coq ; enfin, il retrouvera son Seigneur ressuscité sur le même rivage de
cette mer.
Il est bon pour nous
d’évoquer ces scènes car nous sommes bien proches de ce que Pierre et les
Apôtres ont vécu. Notre foi n’est jamais
acquise :
elle vit, se fortifie ou faiblit, traverse des turbulences, comme celle de
Pierre, au gré des contrariétés, des épreuves, des obstacles, des rencontres,
des événements et des questions qui surgissent sur le chemin de notre vie.
Comme Pierre, tantôt nous nous lançons audacieusement vers Dieu, en pleine
confiance, marchant sur les puissances de mort qui sont en nous ou autour de
nous ; tantôt, nous prenons peur, parce que c’est plus fort que nous, et
nous perdons de vue Jésus : nous oublions qu’Il est là, qu’Il est Dieu,
qu’Il sauve (c’est son Nom !) ; nous ne prions plus ; nous ne
nous raccrochons plus à ses paroles…nous coulons ! Et Il vient nous
chercher, nous ressaisit pour que nous
nous en sortions et que nous vivions après cette épreuve. Notre foi devra
traverser de nombreuses pâques pour que nous arrivions enfin avec Lui sur
l’autre rive.
En cette Eucharistie
dominicale, nous pouvons prier pour ceux qui sont particulièrement éprouvés et,
avec tous les frères et sœurs qui nous entourent, Lui redire notre foi en continuant
à le suivre. AMEN !
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