HOMELIE 23ème Dimanche
Ordinaire. A. Mt 18, 15-20
10 Sept. 2017.
« Si ton frère a commis un péché
contre toi, va lui parler seul à seul… » Mt 18,
15
Qui
sommes-nous pour aller trouver un frère qui a commis un péché contre
nous-mêmes ? Une autre parole de Jésus ne nous vient-elle pas à l’esprit
aussitôt : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton
frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques
pas ? » (Mt 7, 3). Et puis, y voyons-nous si clair pour
discerner ce qui est péché de ce qui est défaut, maladresse, demi-responsabilité ?
Jésus nous demande de
mettre en application les paroles du Seigneur adressée au prophète Ezékiel que
nous avons entendues dans la première lecture de ce dimanche « Si je dis au méchant:
"Méchant, tu vas mourir", et que tu ne parles pas pour avertir le
méchant d'abandonner sa conduite, lui, le méchant, mourra de sa faute, mais
c'est à toi que je demanderai compte de son sang. » (Ez
7,8). Jésus
nous demande donc d’être responsables de la vie du pécheur. Mais alors, ne
risque-t-il pas d’y avoir “ingérence” dans la vie d’autrui ? Mais quel
est le principal dessein de Dieu ? Sauver tous ses enfants afin qu’ils
goûtent le bonheur d’être avec Lui. (Cf. Jn 3, 16-17).
Le passage d’évangile que nous lisons aujourd’hui suit immédiatement la
parabole de la brebis perdue et retrouvée. Jésus est le premier solidaire du
péché des hommes ; Il l’a été avec les publicains et les pécheurs, et ceux
qui le suivent devront l’être aussi. Il l’est avec ceux qui rejoignent
aujourd’hui ceux que l’on considère, de façon un peu rapide et souvent injuste,
comme des pécheurs : les prisonniers, les prostituées, les immigrés, etc.
St Paul,
dans la première lettre aux Corinthiens, illustrait cette solidarité en prenant
l’image du corps humain dont les membres sont liés les uns aux autres : « Si
un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre
est à l’honneur, tous partagent sa joie » (1 Cor. 12, 26).
Cependant, Jésus ne nous laisse pas
démunis dans cette démarche. Il la propose avec des degrés successifs
d’intervention. La première intervention de notre part doit être discrète et
fraternelle. En cas de refus du pécheur, la deuxième fait appel à un ou deux
autres frères ou sœurs pour donner à cette démarche un caractère plus
“objectif” tout en restant fraternelle. La troisième intervention en
appelle à l’Eglise dont l’autorité lui est déléguée par Jésus Lui-même : « Tout
ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous aurez
délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Cette parole de
Jésus est la même que celle qu’il a utilisé envers Pierre et que nous
entendions dimanche dernier (Mt 16, 19). C’est dire que l’autorité de son successeur
doit s’exercer dans la collégialité avec ses frères évêques, successeurs des
Apôtres).
« S’il
refuse encore d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen et un
publicain ». S’agit-il d’une excommunication ? Les publicains et les pécheurs
étaient en effet
“excommuniés” de
la communauté juive de l’époque. Souvenez-vous de l’aveugle-né qui, dans son
bon sens d’aveugle guéri, avait déclaré Jésus “prophète” (Jn 9,17) et qui
s’était fait “jeter dehors” par les pharisiens (Jn 9,34). Non, Jésus
n’a jamais excommunié quelqu’un. Mais lorsque qu’un pécheur, malgré toutes les
tentatives entreprises à son égard, refuse de se convertir, alors le frère, les
frères ou l’Eglise, qui ont tout essayé, se trouvent déliés de leur responsabilité
envers lui. Jésus a utilisé seulement une expression courante chez les
juifs de l’époque. Cela fait d’ailleurs écho à la suite de la même parole du
Seigneur adressée à Ezékiel et rappelée dans la première lecture
d’aujourd’hui : « Si tu avertis le méchant d’abandonner
sa conduite et qu’il ne se détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu
auras sauvé ta vie ».
Il revient alors à Dieu de
convertir le cœur de ce pécheur, qui est aussi son enfant, en lui laissant une
grande liberté, et de lui inspirer son retour à Lui.
Le Christ nous confie le
soin, en toute humilité et en responsabilité, à « chercher la brebis
perdue », fraternellement, avec d’autres frères et sœurs et même en
Eglise. Et lorsque nous échouons, il reste la prière de demande en nous mettant
d’accord (mot à mot “en symphonie” : “sumfwnhswsin”) pour le faire.
AMEN !
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