HOMELIE 13ème Dimanche Ordinaire A – Mt 10,37-42
“Celui qui ne haïra pas son père ou sa mère…”
Encore des paroles de
Jésus qui peuvent nous paraître bien incompréhensibles :
« Celui
qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est
pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de
moi… » Mt
10, 37.
Et
tout particulièrement au moment où commencent les vacances estivales qui sont
un temps privilégié pour que les familles se retrouvent, se recréent, comment
comprendre ce passage d’Evangile ?
Cette
parole porte sur l’amour filial et semble contredire le 4ème
Commandement : « Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la
terre que te donne Yahvé ton Dieu. (Ex 20, 12) ou encore : «Celui qui maudit son père ou sa mère,
qu’il soit puni de mort. (Ex 21, 17)
Jésus
les reprend à son compte en dénonçant l’hypocrisie des pharisiens :
« Mais vous, vous dites: Quiconque
dira à son père ou à sa mère: "Les biens dont j'aurais pu t'assister, je
les consacre", celui-là sera quitte de ses devoirs envers son père ou sa
mère. Et vous avez annulé la parole de Dieu au nom de votre tradition.
Hypocrites ! » (Mt
15, 5-7).
Reprenons
la parole de Jésus : « Celui qui aime son père…. »
Dans
ce verset, le mot “aimer”, que l’Evangile utilise, est le mot grec philein, qui n’est pas celui qui, dans les synoptiques, désigne l’amour de Dieu et du prochain :
agapân. Il a
même chez Matthieu un sens péjoratif : on pourrait le traduire par « affectionne ».
Ainsi, Jésus dit : « Et quand vous priez, ne soyez pas
comme les hypocrites: ils aiment, (ils affectionnent) pour faire leurs
prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu'on les
voie » (Mt 6,5) ou encore : « [Les scribes et les
pharisiens] affectionnent à occuper le
premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, à
recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler Rabbi
par les gens ». (Mt 23,6-7).
Jésus veut faire comprendre à ses
disciples que les liens familiaux, certes légitimes, peuvent devenir des
obstacles sur le chemin de ceux qui veulent suivre Jésus, en particulier dans
les situations fusionnelles entre un père, une mère et son enfant. Et Dieu sait
si en Orient et dans le bassin méditerranéen, ces situations sont encore bien
ancrées dans la réalité des vies familiales. Les disciples eux-mêmes n’ont-ils
pas quitté leur père (et leur filets…) pour suivre Jésus ? Il en a été
ainsi, pour bien des saints, par exemple, pour St François d’Assise, Ste Claire.
Il
s’agit donc de faire un choix nécessaire : les proches et la famille peuvent
être ou une aide ou un obstacle : « Nul
n’est prophète en son pays ! » et Jésus l’annonce clairement,
sans remettre en cause l’amour filial, fondement des liens entre générations. L’amour
de Dieu ne peut qu’élever l’amour filial en lui apportant toute sa force
purificatrice, puisqu’à l’exemple du Christ, il peut aller jusqu’au don de sa
vie. L’amour de Jésus pour Marie, sa mère, n’en est-il pas la meilleure
illustration ?
Prenons
donc ce temps estival pour, par l’attention, l’écoute, le service et le bon
temps à partager ensemble, renforcer les liens d’affection et d’amour avec ceux
que nous côtoyons tout au long de l’année, enfants et parents ;
épouses et époux ; petits-enfants et grands parents: nous rendrons
gloire ainsi au Seigneur et ferons grandir les petites cellules d’Eglise que
sont nos familles. Que nous soyons deux ou trois ou une ribambelle, c’est sans
doute en pensant à tous les couples et à toutes les familles que le Seigneur a
dit un jour à ses disciples : “De même, je vous le dis en vérité, si deux
d'entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit,
cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en
effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux." (Mt
18, 19-20).
AMEN !
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