HOMELIE
12ème Dimanche Ordinaire A Mt
10,26-33
25.06.2017
“Celui qui se prononcera pour moi…”
Certaines paroles de Jésus peuvent nous
paraître très sévères. Il a des mots durs lorsqu’Il s’adresse à ses disciples.
Comment comprendre ce passage d’Evangile ?
« Quiconque
se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui
devant mon Père qui est aux cieux, mais celui qui me reniera devant les hommes,
moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux » Mt 10, 32-33
Cette parole semble manifester de la
part de Jésus comme un « donnant-donnant » qui ne lui ressemble pas
tant ce qu’il fait est toujours gratuit. Qu’en est-il vraiment ?
Ces paroles se situent dans une partie de l’Evangile de St Matthieu
qui aborde la douloureuse condition des disciples de Jésus persécutés, comme ce
fut le cas au début du christianisme, de la part des frères juifs d’abord, puis
des païens. « Ne craignez pas ! » leur dit-il à plusieurs
reprises (366 fois dans la Bible, autant que de jours d’une année
bissextile !): l’Evangile viendra au grand jour pour tous ; vous êtes
bien plus que votre corps et vos cheveux mêmes sont tous comptés par votre
Père ! Il tient tellement à vous, alors n’ayez pas peur de vous prononcer,
de vous déclarer (homologèsei) pour son Fils : mot à mot de « dire la même chose que son
Fils ».
Aujourd’hui encore, que de chrétiens sont persécutés pour leur
seule adhésion au Christ, au risque de leur vie : celle du corps soma
soma, (ce par quoi l'homme s'exprime) , mais non celle de l’âme, psukè, (ce qui maintient une
relation avec le Dieu de la vie). Comme Jérémie, ils ont remis leur cause en
Dieu et ils peuvent Lui demander l’échec de leurs projets.
La deuxième phrase : “Celui qui me reniera devant les hommes, moi
aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux…” choque
peut-être encore plus. Pourquoi Jésus l’a dite ?
D’abord, parce que dans la mentalité sémite, lorsqu’on affirme
quelque chose d’important, on exprime la chose et son contraire :
lier/délier pour St Pierre ; remettre/retenir pour les péchés ;
croire/renoncer pour professer sa foi…
Mais plus certainement, parce que renier quelqu’un, c’est sérieux
et c’est soi-même qui s’exclue de sa relation avec lui : Jésus ne fait que
le reconnaître, sans doute, avec beaucoup de peine. Mais ne serait-ce pas
précisément pour exprimer que nous sommes toujours libres de nous éloigner de
Lui parce qu’Il nous respecte et ne veut de notre part qu’un amour vrai et
libre. Nous pouvons de fait dire : « Je renie, je ne connais pas cet
homme ». Jésus en fera-t-il vraiment autant ?
Il ne peut nous échapper
qu’un certain Simon-Pierre a bien proclamé par trois fois « qu’il ne connaissait pas
cet homme » Mt 26,72. Et pourtant, Jésus le rejoint et par trois
fois le sollicite : « Simon, fils de Jean,
m’aimes-tu ? ».
Il n’y a donc pas dans ces paroles de Jésus une incitation qu’il
nous ferait pour adopter une attitude calculée dans la relation avec Lui, mais
la demande pressante d’être tellement uni à Lui que nous n’en soyons jamais
séparés.
Dieu compte sur notre témoignage, parole et vie, fussent-elles
risquées, pour se faire connaître à tous : « Ce que vous
entendez aux creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits »
Quelle confiance nous fait-il ! Et si nous pouvions tenir à
Lui comme Il tient à nous ?
AMEN !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire