HOMELIE 7ème Dimanche de
Pâques– Année A
01
Juin 2014
La
prière sacerdotale de Jésus
« Ce n’est pas
pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné… ».
Voilà des paroles de
Jésus qui, au premier abord, peuvent paraître étranges, voire même
sectaires !
Il
faut les replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a
célébré la Sainte Cène avec les disciples et Il se rend au Jardin des Oliviers
où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le Vendredi-Saint, Il aura donné
sa vie sur la croix. Il aura donc quitté ce monde, mais les disciples, eux,
resteront dans ce monde.
Quant
Jésus parle du monde, de quoi parle-t-Il ?
St Jean emploi le
mot “Cosmos”, kosmoV, [qui vient du verbe grec “Kosmeo” :
ordonner, agencer]. Il désigne non seulement l’univers,
comme dans notre langue française, mais le
lieu où vivent les humains.
Dans l’usage qu’en
fait l’évangéliste, le monde est d’abord synonyme de toutes les forces hostiles
à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu le théâtre
des méfaits du “prince de ce monde”, le malin ; plus encore, le monde est tombé
en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni Jésus, ni ses disciples,
ni même l’être humain en tant que tel. Il ne cesse de le défigurer et de le
réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a pas pu prier pour
ce monde, celui du malin.
Paroles irréelles, d’un autre temps ?
Ne célébrons-nous
pas cette semaine le 70ème anniversaire du débarquement en Normandie qui
mènera, non sans sacrifices, à la victoire des forces de libération sur un
monde déshumanisé qui a conduit aux pires monstruosités ? D’autres mondes
ont, hélas, surgi depuis et l’irradication
de ces maux n’est pas encore achevée : on peut légitimement penser
que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit de
toute puissance et de domination, de convoitise et de perversion du prince de
ce monde . De ce monde, ne nous arrive-t-il pas parfois d’en être ?
Cependant, l’évangéliste
présente également le monde comme
l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le visiter dans sa
profonde détresse. « Dieu a tant
aimé le monde qu’Il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait
la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le
monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » Jn 3, 16.
Croire, c’est partager la bienveillance de Dieu sur tout
être humain et le respecter, depuis sa conception, jusqu’à sa mort, en lui
donnant les conditions matérielles, psychologiques, morales et spirituelles décentes
pour le cours de sa vie.
Quant à la “vie éternelle” que Jésus promet, ce n’est pas seulement un temps infini
qui se situerait après la mort : c’est un
état dans lequel il nous
est possible, dès à présent, de demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous
sauve de l’esprit du monde et rend notre vie libre, joyeuse, en communion avec
les autres et avec Dieu.
A cette vie
éternelle, Jésus associe la Gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit “kavod”, désigne dans la Bible ce qui
est dense, lourd [“kaved” en hébreu],
ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement et allant jusqu’au
don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde, permettent de triompher des
forces du mal.
Il n’est pas si
facile de vivre ainsi et c’est pourquoi Jésus
prie pour ceux qui ont à rester dans le monde sans être du monde, gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous
permettra d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il
recrute toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il aime tellement. Alors, qui que nous soyons, osons le suivre !
AMEN !
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