HOMÉLIE 26ème Dimanche du Temps Ordinaire B.
29 Septembre 2024– Mc 9, 38-43.45.47-48
“ Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la… ”
Vraiment, très dure cette parole de Jésus et les suivantes !
Bien évidemment, en aucun cas et pour aucune raison, Jésus nous demande de nous
mutiler. Alors, comment comprendre ces paroles ? L’Orient utilise
volontiers un langage imagé : par exemple, en hébreu, le mot
“plage” se dit : “Les lèvres de la mer”. En français aussi, nous avons
bien des expressions que nous ne prenons pas heureusement au pied de la
lettre : rien qu’avec le mot “porte” vous pouvez vous amuser à relever
toutes les expressions imagées qui le
contient : “Prendre la porte” “Fermer sa porte à quelqu’un” “Toutes les
portes lui sont ouvertes” “Frapper à la bonne porte” “Entrer par la grande ou
la petite porte” “Mettre la clé sous la porte” …
La main désigne ce que l’on fait : tu risques de faire du mal, ne le fais pas ! Renonce radicalement à ce qui risque de te faire faire le mal. L’œil désigne ce que l’on regarde : tu risques de regarder des choses mauvaises, malsaines : bagarres, violence, pornographie… dont les images pollueront ton regard sur les personnes : alors coupe ta vue, détourne-toi, éteins ton ordinateur, ton poste…! Le pied désigne la marche qui nous conduit quelque part ou dans un groupe: en ce lieu ou dans ce groupe, tu risques de faire le mal, alors n’y va pas !
Jésus nous parle un peu comme un chirurgien qui sait très bien qu’il faut extirper d’un organe la tumeur qui le ronge. Alors, il nous aide à avoir le courage de le faire… avec Lui : c’est vraiment le bon médecin. Car le mal, au départ, a toujours quelque chose d'attrayant, qui nous fascine et contre lequel il est très difficile de résister. C'est un peu comme une planche savonneuse.
Mais revenons à la première lecture de ce Dimanche : Livre des Nombres ch.11, versets 25-29. Eldad (“Dieu a aimé”) et Medad (“amour”) prophétisent dans le camp des hébreux, alors qu’ils auraient du se rendre avec les autres prophètes à la Tente de la Rencontre auprès de Moïse. Josué lui demande de les arrêter : et pourtant, ils comptaient bien parmi les 70 anciens qui avaient été choisis !
Que nous raconte le début de l’Évangile de ce jour ?
Jean, l’un des Douze, rapporte à Jésus qu’il a voulu empêcher quelqu’un de chasser les esprits mauvais au nom de Jésus, parce qu’il ne faisait pas partie de leur groupe.
Deux situations très voisines à quelques 1200 ans près.
Que lui répond Jésus : « Qui n’est pas contre nous est pour nous »
Et aujourd’hui ?
Comme il est difficile de reconnaître que ceux qui ne pensent pas comme nous, qui ne font pas comme nous, qui ne participent pas aux mêmes activités que nous, et qui pourtant se réclament de Jésus Christ, puissent être cependant très proches et aller dans le même sens que nous ! Nous risquons de juger vite, de classer vite ceux qui ne sont pas du même bord, du même milieu, ceux qui ne sont pas de la même sensibilité liturgique ou plus encore de la même Église que nous. Et pourtant, beaucoup de ceux-là cherchent, comme nous, à mener une vie conforme à l’Évangile et à la fidélité au Christ, principalement dans le service de leurs proches qui en ont besoin.
“Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes !” répond Moïse à Josué.
Que l’Esprit de Pentecôte reçu au Baptême, conforté à la Confirmation, prié tous les jours, nous rende attentifs, accueillants et bienveillants à tous ceux qui, proches ou lointains, se conduisent selon l’Évangile de Jésus Christ.
“Il y en a qui paraissent en dehors du bercail et qui sont au-dedans, disait St Augustin, et d’autres qui paraissent dedans et qui sont dehors”
AMEN !
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