HOMÉLIE 22ème Dimanche Ordinaire Année C. Lc 14,1a.7-14 –
28 Août 2022.
Dans la première partie de cet Évangile, Jésus pourrait sembler, non sans malice, nous donner un "truc" pour se faire bien voir dans une réception ou même un repas de noces. Mais quelle est l’intention réelle de Jésus ? C’est de nous mettre en garde contre toute suffisance, car cette trop grande estime de soi peut tourner à la honte lorsque nous créons des ordres de grandeurs dans le rang familial, social, culturel ou dans la recherche du pouvoir. Ce n’est vraiment pas la manière de voir de Dieu : Il voit autrement, Lui “qui renverse les puissants de leur trône et élève les humbles” Lc.1,52
Autrement dit, pour vivre heureux, vivons humbles.
Dans la seconde partie de l’évangile, Jésus critiquerait-il nos repas conviviaux ? Telle n’est certainement pas son intention ! Le Seigneur sait bien qu’ils entretiennent nos relations familiales et amicales si nécessaires au bonheur que nous pouvons construire ici-bas, fondé sur des rencontres et des marques d’affection, dont je profite bien au milieu de beaucoup d’entre vous et je leur en suis très reconnaissant : c’est très réconfortant ! Qui plus est, j’en suis sûr, Il se réjouit de tous ces moments de bonheur entre nous. Lui-même n’a-t-Il pas été reçu chez ce pharisien ou chez Marthe et Marie ?
Cependant, comme Il nous aime et voudrait nous faire partager sa façon d’aimer, Il nous alerte sur un risque bien naturel qui porte à "rester avec les mêmes", à ne vivre qu’en réseaux, avec une propension à faire des “grumeaux” ! (Ou des "clusters" comme on a appris à le dire aujourd’hui en rapport avec la pandémie). Alors, Il nous éveille à l’attention aux pauvres, car avec eux, il n’en est pas ainsi : “Quand tu donnes un festin, invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles…”
Les pauvres : qui sont-ils ?
Pauvre, en grec, ptokoï…“ : mot à mot, celui qui se blottit, se replie sur lui-même, le même mot que dans la première Béatitude : "Bienheureux les pauvres de souffle…" (MT 5,3 ) Pauvres parce qu’ils leur manquent quelque chose pour pouvoir vivre décemment. Ainsi dans la Bible sont considérés comme pauvres “l’étranger, la veuve et l’orphelin”. Sont encore pauvres aujourd’hui ceux qui vivent un handicap, une situation précaire ou de souffrance physique, morale, psychique ou enfin économique… Pauvre au sens spirituel, c’est aussi très proche de “humble”, ne se gonflant pas d’orgueil, ne se mettant pas en avant : il y a de la place pour les autres dans leur cœur et ils attendent des autres et de Dieu ce qui leur manque.
De nombreuses occasions nous sont données d’ouvrir notre table, mais aussi notre cœur, et de porter notre attention, de donner de l’écoute, du temps, comme le font déjà bien des familles ou des associations. Aux appels qui vous seront bientôt adressés en cette reprise d’année, répondez, selon vos possibilités, en particulier, suite au départ ou même décès de ceux et celles qui assuraient un service dans la Communauté paroissiale ou dans nos villes.
Enfin, avez-vous remarqué que, s’il est invité à un repas chez un pharisien, dans la parabole qu’il raconte, Jésus parle de noces. Or dans la Bible, le festin de noces désigne le Royaume de Dieu. Dans ce Royaume, il n’appartient à personne de s’attribuer les meilleures places : c’est Dieu qui les donne. Plus encore, ce sont les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles qui sont les invités prioritaires comme l’évangile d’aujourd’hui nous l’indique à travers les conseils que Jésus donne à son hôte.
En ce temps de reprise d’activités, adoptons dès maintenant les mœurs nouvelles du Royaume par notre humilité envers tous pour manifester l’amour que Dieu porte à tous ses enfants. Approchons-nous avec reconnaissance de ce festin de l’Eucharistie, qui annonce Celui du Royaume, et où nous goûtons déjà la présence de Celui qui nous y accueilleras à la place qu’Il nous a préparée. Jn 14,3.
AMEN !
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