HOMÉLIE 21ème Dimanche Ordinaire, 21 Août 2022 –
Lc 13,22-30
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »
Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il entraîne plus loin. Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce pas : « Est-ce que moi je serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »
Personne : mais voici les conditions. « Efforce-toi d’entrer par la porte étroite ». Quelle est cette porte étroite et où se trouve-t-elle ? Elle est dans ma vie de tous les jours. Mais, tout d’abord, une remarque de bon sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît étroite ! Il me faut m’alléger, me détacher de certaines choses non nécessaires, futiles et sans doute de “l’encombrante personne qui est moi-même” disait avec humour St Thomas Moore: traduisez, de mon ego prédominant.
Mais Jésus dit mot à mot: « Luttez pour entrer par la porte étroite». Il parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Ces efforts se présentent à nous le plus naturellement du monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours une façon de passer par la porte étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste que l’on m’a infligé, chaque fois que je dis « oui » à une croix que j’ai à porter, je fais un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume. Cette porte étroite peut également se présenter comme la difficulté à accepter une vie de famille, de groupe, de communauté d’habitation, de climat politique ou même de vie d’Église qui me rebute. Alors, par cette image de la porte étroite, Jésus nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition humaine et en même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux valeurs de l’Évangile.
Désignant Jésus, voici ce qu’écrit St Jean : « En vérité, en vérité je vous le dis, je suis la porte des brebis…Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10,7.9). Voilà, d’une certaine façon, la réponse qu’il donne à la question posée au début de notre Évangile. Si la porte c’est bien Lui, alors il suffit, non sans luttes, de Le suivre Lui le Beau Berger, qui nous accompagne et nous guide ! (Jn 10)
Jésus continue avec l’image de la porte qui cette fois-ci est fermée. Il y a un véritable risque de rester dehors, à l’extérieur du Royaume, parce que nous aurions été mot à mot, "ouvriers d’injustice" et que notre vie serait incompatible avec celle du Royaume de l’Amour.
Jésus adresse à ceux qui le connaissent, à nous, un appel urgent et insistant pour s’engager dans une vraie attitude de conversion. D’autres, « venant du levant et du couchant, du nord et du sud, (qui ne l’ont pas connu ni fréquenté), se verront ouvrir la porte et se mettront à table », car leur vie sera faite de tous ces passages de portes étroites que nous avons évoqués et qui les ont fait connaître du « maître de maison », parce qu’ils ont vécu selon son Esprit.
Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat. Encore une fois, toute familiarité superficielle avec le Christ, toute piété sans conversion ou engagement ferait trouver la porte fermée. Nous sommes invités avec insistance par le “maître de maison”, Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous introduire dans la compagnie “d’Abraham, Isaac et Jacob et de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus qu’amicale, divine ! N’hésitons pas ; avançons sans peur avec Lui en passant par ces portes étroites qui se présentent à nous : n’est-Il pas toujours avec nous ?
AMEN !
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